Ce qu’il faut savoir des grandes orientations de la loi de programmation militaire 2024-2030

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Dans un contexte de ruptures technologiques, de réarmement et de contestation explicite des principes du droit international, la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 porte l’ambition d’un modèle rénové pour les armées. Véritable projet politique et militaire de transformation, cette LPM est au service d’une France souveraine qui défend son autonomie stratégique. C’est un budget historique de 413 milliards d’euros qui est prévu pour les armées pour cette période.

Après l’accord trouvé, lundi 10 juillet 2023, en commission mixte paritaire sur le rythme de progression du budget, la loi de programmation militaire 2024-2030 (LPM) a été définitivement adoptée par les représentants des deux chambres du Parlement. D’abord à l’Assemblée nationale mercredi, à 244 voix pour et 37 contre, puis au Sénat ce jeudi par 317 voix pour et 13 contre.

Sébastien Lecornu, ministre des Armées, s’en est félicité sur Twitter : « Fier et heureux d’avoir porté, sous l’autorité du Président de la République, cette loi de modernisation et de transformation de nos armées. Pour tenir notre rang, et pouvoir faire face aux menaces actuelles comme futures. Pour garantir la crédibilité de notre dissuasion nucléaire et investir les nouveaux champs de conflictualité. Mais aussi pour mieux équiper, mieux former, mieux soutenir, plus recruter, plus fidéliser et plus entrainer nos forces ».

Dans un contexte de guerre en Ukraine, la LPM 2024-2030 prévoit de consacrer 413,3 milliards d’euros aux armées sur sept ans. Ce qui représente 118 milliards d’euros supplémentaires et une hausse de 40 % par rapport à la LPM précédente. Cet effort conséquent permet de maintenir l’objectif de porter l’effort national de défense à 2 % du PIB durant cette LPM.

Une ambition historique

Permettre à la France de faire face aux nouvelles menaces et de maintenir son rang parmi les premières puissances mondiales : telle est l’ambition historique de cette LPM. Après la réparation – intervenue durant la LPM 2019-2025 – de nos armées abimées par des décennies de coupes budgétaires, vient le temps de la transformation.

Pour définir les priorités de cette transformation, la LPM 2024-2030 acte la persistance, et même l’amplification, de menaces anciennes comme le durcissement de la compétition entre grandes puissances, durcissement illustré notamment par le retour d’un conflit de haute intensité sur le sol européen. Pour affronter cette dégradation du contexte stratégique, la LPM 2024-2030 veut donc conforter la dissuasion comme clef de voûte de notre politique de défense. L’un de ses principaux objectifs consiste ainsi à garantir la crédibilité de la dissuasion française dans la durée.

Nouveaux champs de conflictualité

La LPM 2024-2030 prend également en compte l’émergence de nouveaux champs de conflictualité comme le cyber, l’espace et les fonds marins. Ces nouvelles menaces, favorisées par des sauts technologiques rapides et brutaux, se développent le plus souvent sous une forme hybride. Elles mettent simultanément à l’épreuve nos intérêts politiques, sociaux, économiques, technologiques et énergétiques.

Cette nouvelle LPM doit donc offrir à la France une capacité d’adaptation rapide aux défis sécuritaires actuels. Six milliards d’euros seront ainsi dédiés au renouvellement et au renforcement des capacités spatiales des armées. Le budget consacré au cyber sera quant à lui multiplié par trois par rapport à la précédente LPM. Et les capacités de surveillance et d’action de la Marine nationale seront élargies dans les espaces inexplorés allant pour certains jusqu’à 6 000 mètres de profondeur.

Les forces morales

Enfin, l’accent est également mis sur l’importance des forces morales de la Nation. Face au retour de la guerre en Europe, la France veut conduire une politique de défense qui aille au-delà de ses forces armées pour impliquer la population toute entière. La LPM 2024-2030 prévoit donc toute une série de mesures pour renforcer l’implication de la société civile dans la protection du pays. L’objectif du ratio d’un réserviste opérationnel pour deux militaires d’active à l’horizon 2035 répond à cette ambition.

Une LPM de transformation et de cohérence

L’élaboration de cette nouvelle LPM a été pensée pour privilégier la cohérence sur la masse.

A de nombreuses reprises, Sébastien Lecornu a insisté sur l’importance de penser les renforcements matériels, en considérant l’ensemble de la chaine. C’est-à-dire de la conception à son utilisation, en passant par sa maintenance : « Une armée qui manque de cohérence est un échec sur le terrain. Cohérence, car chaque achat inclut la formation, les infrastructures – physiques et cyber -, l’entretien, les pièces de rechanges, les femmes et les hommes qui l’utiliseront, etc. Cohérence car avoir 1 000 Caesar ou Leclerc dans les entrepôts, non maintenus, sans munitions ou infrastructures ne sert pas nos armées », explique-t-il.

Toutes les informations sur le site du ministère des Armées

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