Autun, cœur de Bourgogne – Histoire et patrimoine avec Monsieur le Maire Vincent CHAUVET
Le 01 septembre 2024 – Une rencontre culturelle dans la jolie ville de Autun, cœur de Bourgogne, avec Monsieur le Maire Vincent CHAUVET. Nous étions à la première Université d’été du Laboratoire de la République présidée par Monsieur Jean-Michel BLANQUER.
Monsieur Vincent CHAUVET était l’hôte de l’Université d’été. Journaliste, j’étais conviée à participer à l’événement républicain.
Discours d’ouverture de M. Vincent CHAUVET, Maire d’Autun
Monsieur le Président du Laboratoire de la République, cher Jean-Michel, Mesdames et Messieurs les élus,
Chers amis de la République,
Quel honneur de vous accueillir aussi nombreux à Autun dans cette salle de l’Hexagone pour lancer officiellement cette première Université d’été du Laboratoire de la République !
Merci cher Jean-Michel d’avoir choisi la cité éduenne, suggestion judicieuse d’Erevan et Rémy Rebeyrotte que je salue, pour cet événement de rentrée, premier du genre mais auquel l’actualité institutionnelle brûlante donne une dimension inattendue.
Ce choix du lieu, Autun, est particulièrement signifiant pour Le Laboratoire de la République. Vous avez probablement lu comme moi au début du mois d’août, dans un hebdomadaire dominical, récemment acquis par un groupe de médias connu pour son orientation progressiste et son éthique journalistique, dans un billet ironiquement intitulé La République, ça se mérite : Quelle idée d’organiser ça à Autun!.
Et en effet, quelle belle idée d’organiser ça à Autun ! Perle de culture dans un écrin de verdure ainsi que l’a décrit l’écrivain Paul Cazin, Autun, par son passé et par son présent, par sa dialectique entre Empire et République, par son rapport historique à l’école et à la laïcité, Autun, aujourd’hui comme hier, parle à la France.
C’est en effet, passée la Guerre des Gaules, à la République romaine déclinante et à l’Empire romain naissant que nous devons la fondation de la cité d’Auguste, Augustodunum, dont la devise est et demeure Sœur et émule de Rome ; une capitale gallo-romaine rassemblant Eduens déjà romanisés – loin des images d’Épinal de barbares chevelus – et Romains pacificateurs.
Les monuments d’une métropole romaine s’érigent alors, temples, portes, forum, rempart, théâtre, amphithéâtre, thermes, … mais très vite il faudra, déjà à l’époque, entretenir à grand frais ce patrimoine monumental. A la fin du IIIe siècle, par son célèbre discours Pour la restauration des écoles d’Autun, le rhéteur Eumène nous décrit la grandeur des Écoles Méniennes dont les fouilles des années 2010 ont confirmé l’existence ici-même, sous nos pieds. Premières universités de Gaule, elles formaient dans notre ville l’élite gallo-romaine en latin et en grec, et vous savez M. le Ministre notre intérêt commun pour les langues anciennes que vous démontriez lors de vos précédentes venues dans cette salle.
Alors qu’Eumène obtient des crédits supplémentaires et de nouveaux effectifs de fonctionnaires auprès de l’Empereur Constance Chlore, père du Grand Constantin, s’installe à Autun la première communauté chrétienne de France à Saint-Pierre l’Etrier. La fouille de la nécropole paléo-chrétienne de Saint-Pierre par l’Inrap et le service archéologique de la ville d’Autun en 2020 a révélé l’unique exemplaire connu en France et l’un des 5 existants au monde de vase diatrète, chef-d’œuvre de verrerie romaine, et probable cadeau protocolaire donné par l’Empereur aux évêques lors des premiers conciles, objet qui sera une pièce majeure du futur Panoptique d’Autun – Musée Rolin.
L’agrandissement et la rénovation du Musée Rolin, qui intégrera l’ancien palais de justice, la prison panoptique construite sur les plans de Jérémy Bentham, et l’hôtel de Nicolas Rolin, chancelier des Ducs de Bourgogne et fondateur des Hospices de Beaune, est en effet le grand projet de ce mandat municipal.
Il sera un musée à la hauteur de la contribution d’Autun à l’Histoire de France.
Car sans minimiser le rôle d’illustres figures autunoises comme celle du Président Jeannin, qui évita à la Bourgogne un Saint-Barthélémy en conseillant aux autorités d’obéir lentement au roi quand celui-ci commande en colère, ou celle de Jeanne Barret, première femme à avoir fait un tour du monde, déguisée en homme, c’est, après son fondateur Auguste, la figure d’un autre Empereur qui a marqué Autun.
Autun, c’est en effet aussi la ville où Napoléon Bonaparte, arrivant tout droit de Corse à l’âge de 9 ans, apprit la langue française, à l’école qui porte aujourd’hui le nom de Lycée Bonaparte – à ne pas confondre avec le Lycée et Collège militaire, seul collège de l’Armée de Terre. Napoléon II reviendra plusieurs fois à Autun, la dernière pendant les Cent Jours, à l’hôtel Saint-Louis dont nous finalisons actuellement l’acquisition.
Ce XIXe siècle avait 22 ans, et en France, pays des arts, Autun donnait naissance au Procureur Pinard.
Ernest Pinard, qui fit condamner Charles Baudelaire pour Les Fleurs du Mal et Eugène Sue pour Les Mysteres du Peuple, mais échoua face à Gustave Flaubert et Madame Bovary. L’Histoire démontra que les procès littéraires pour offense à la morale publique et à la morale religieuse de ce procureur autunois furent en réalité des procès politiques : l’Empire des moeurs contre la République des lettres, la censure contre la laïcité.
Notre territoire donna également naissance à un Président de la République : le Maréchal de MacMahon, héros de la guerre de Crimée, et Président monarchiste à qui Gambetta, à l’occasion d’une dissolution ratée, lançait Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, il faudra se soumettre ou se démettre…
Enfin, Autun au XXIe siècle c’est l’industrie avec DIM qui a relocalisé sa production d’Allemagne, Nexans, qui investit 40 millions d’euros pour produire dans ce qui sera son usine la plus moderne d’Europe des câbles électriques pour la transition énergétique, Tolix qui relance la production de ses modèles historiques en inox, ou encore Sferis qui va tester une navette rail-route sur batteries, peut-être l’avenir des petites lignes de train.
C’est la première ville de France à avoir accueilli en 2022, 48 heures après les premiers bombardements de Kiev, des déplacés ukrainiens, dont certains ont appris le français et se sont intégrés par le théâtre. Ils ont triomphé cette année au festival d’Avignon avec leur spectacle L’Ailleurs, joué par des réfugiés syriens et ukrainiens autunois dans leur propre rôle.
C’est toujours une terre de formation, avec les Petits Chanteurs à la Croix de Bois, son Campus Connecté ou encore le diplôme national des métiers d’art et du design au pôle professionnel du Lycée Bonaparte.
C’est une ville qui connaît la transition démographique du monde occidental et qui est en même temps au rendez-vous de la lutte pour la biodiversité et contre le changement climatique. J’ai d’ailleurs l’honneur depuis la COP26 à Glasgow de représenter les Maires d’Europe aux négociations climatiques internationales via le Comité européen des Régions. Sur un certain nombre de grand défis mondiaux, nous savons que ce sont les collectivités locales, en prise directe avec les citoyens et les réalités de terrain, qui seront les solutions, dans les démocraties et peut-être encore plus dans les régimes autoritaires.
Pour résumer, quelle belle idée donc, de faire cette université d’été du Laboratoire de la République à Autun ! Car comme le dit si bien le Journal du Dimanche, La République, ça se mérite, et à Autun particulièrement, on sait que la République n’est pas donnée pour acquise, qu’elle ne s’hérite pas, qu’elle ne s’improvise pas, qu’elle s’entretient, qu’elle se construit, en clair, oui, qu’elle se mérite.
Puissent les échanges qui se tiendront ici ces trois prochains jours ébaucher à Autun, les bases renouvelées d’une pensée républicaine.
Excellente première Université d’été d’Autun à toutes et à tous !
Vincent Chauvet.
Un remerciement à Monsieur le Maire pour le Discours d’ouverture éclairant.
Élu maire d’Autun le 5 juillet 2017, Vincent Chauvet est également 1er vice-président de la communauté de communes du Grand Autunois Morvan en charge de l’Attractivité et du Développement économique, vice-président de la délégation française au Comité européen des Régions.
Vincent Chauvet est aussi :
- Président du conseil de surveillance de l’hôpital d’Autun
- Président du CILEF
- Vice-président du SMEMAC
- Vice-président du SMEVOM
Pour mieux le connaitre, découvrez son parcours