Rencontres avec Karine Peuvrier et Anne Duclos-Grisier à la Direction de l’information légale et administrative (DILA)
Le souvenir d’un déjeuner informel fort sympathique avec Karine PEUVRIER situé dans un restaurant italien à deux pas de la Direction de l’information légale et administrative (DILA). Les échanges étaient joyeux en pleine période des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 et nous étions proches du Champs-de-Mars animé de touristes. L’opportunité aussi de mieux comprendre ce qu’est la DILA, son objet, son histoire et ses actualités.
Les semaines passent et nous décidons de nous rencontrer cette fois à la DILA pour son interview, et si la directrice Mme Anne DUCLOS-GRISIER peut se rendre disponible de la rencontrer. J’en serais très honorée.
Bonjour Karine,
Tout d’abord, je vous invite à présenter la Direction de l’information légale et administrative (DILA)
La Direction de l’information légale et administrative est une direction d’administration centrale des services du Premier ministre, placée sous l’autorité du secrétariat général du Gouvernement.
Elle est relativement peu connue en dehors de la sphère publique ou juridique cependant l’ensemble de ses services est bien utilisé par le grand public.
La DILA porte des missions essentielles et utiles qui se traduisent par des marques fortes, une audience cumulée de 818 millions de visites sur ses sites internet en 2023 et l’édition d’une centaine de publications par an.
On retrouve ainsi dans ses missions la production du Journal officiel, la gestion de Légifrance, du Bodacc et du Boamp, du site Service-public.fr et son équivalent professionnel entreprendre.service-public.fr, le site dédié aux politiques publiques Vie-publique.fr et la marque éditeur La Documentation française pour laquelle elle exerce une activité industrielle d’impression.
Les missions de la DILA telles que définies par son décret constitutif visent à garantir l’accès au droit ; offrir aux citoyens les informations nécessaires à leurs droits et obligations et à leurs démarches administratives ; contribuer à la transparence de la vie publique, économique et financière ; proposer des publications, numériques et papier, relatives au débat public ou contribuant à la compréhension des politiques publiques.
La mission Publications officielles et information administrative est structurée en deux programmes budgétaires composant le budget annexe Publications officielles et information administrative (BAPOIA) géré par la DILA :
– Le programme 623 « Édition et diffusion » recouvre les activités de diffusion légale, d’information administrative, d’imprimerie et d’édition ;
– et le programme 624 « Pilotage et ressources humaines » regroupe les moyens logistiques et humains.
Comment se situe l’histoire de la DILA ?
C’est une jeune institution, issue de la fusion en 2010 de deux administrations centrales, avec cependant une longue histoire.
Cette histoire se situe pour partie au 17ème siècle avec l’emblématique Théophraste Renaudot, qui, soucieux de laisser un témoignage sur la vie politique de la Nation, publie le premier numéro de la Gazette avec le soutien politique de Louis XIII et de Richelieu, qui donnera naissance bien plus tard, au Journal officiel de la République française que nous connaissons aujourd’hui.
Et, pour partie à la fin de la seconde Guerre mondiale, dans le sillage du Général de Gaulle, où très vite est apparue à ses équipes, la nécessité de fournir aux agents de l’État, un service de recherche et de diffusion de l’information publique pour accompagner l’activité des services publics. Cette mission est confirmée le 13 novembre 1947 lorsqu’elle est rattachée au Secrétariat général du Gouvernement par décret : son rôle de maison de documentation et d’édition de l’État est reconnu ainsi que le caractère de neutralité attaché à ses productions.
Dans les décennies suivantes, les deux directions poursuivent parallèlement leur projet d’informer aussi bien les acteurs de l’administration publique que les citoyens notamment par la création de bases de données administratives et géopolitiques à La Documentation française (DF), de bases de données juridiques aux Journaux officiels (JO), lesquelles proposent une information complète sur la réglementation française en vigueur et sur une partie de la jurisprudence.
En 2005, un premier rapprochement est opéré entre les directions de la Documentation française et des Journaux officiels, à la faveur d’une redistribution de leurs activités : aux JO, la diffusion de la norme juridique française ainsi que l’impression et à la DF l’édition publique et la diffusion, y compris celles des ouvrages des partenaires publics. Le 12 décembre 2007 dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) lors du premier Conseil de modernisation des politiques publiques (CMPP), les nouvelles orientations gouvernementales conduisent les deux directions à poursuivre leur rapprochement en vue d’une véritable fusion pour janvier 2010.
La DILA fêtera donc ses 15 ans d’existence en 2025 et peut s’enorgueillir d’avoir conservé l’ADN de ses missions historiques tout en embrassant pleinement la modernité et les besoins d’aujourd’hui, tant du côté de l’administration, que celui des particuliers et des professionnels. Elle connaît des cycles de vie structurants, contraints souvent mais assure de manière pérenne ses missions essentielles, y compris au cœur des contextes de crise.
Un exemple éclairant ? Absolument. La capacité à produire à distance et chaque jour le Journal officiel pendant la crise du covid était une prouesse à la fois technique et humaine.
Excellent. Expliquez-nous votre métier
J’occupe aujourd’hui la fonction de dircom selon le terme métier usuel -ou de responsable de département de la communication au sein de la direction pour la justesse administrative.
Après une expérience au service de presse de l’Élysée dans mes jeunes années, puis d’autres en tant que conseil pour le secteur public et privé, c’est mon troisième poste depuis la création de la DILA. J’ai en effet été recrutée au moment de la mission de préfiguration de la communication, dans le cadre du projet de fusion des deux administrations. Une période à la fois inédite et passionnante, je dois dire, dans un contexte difficile, avec deux entités fières de leur histoire, et de nombreux défis à relever !
Mes missions sont variées : le rôle de conseil auprès du comité de direction, la gestion d’un service, les relations avec les médias, les partenariats institutionnels, les événements et participations extérieures, la gestion des différents canaux de communication numériques, la surveillance des marques de la DILA, l’attractivité de sa marque employeur, le respect de ses engagements et labels, la participation au réseau des dircoms de l’État et des associations professionnelles… La liste est longue et concernent les parties prenantes internes et externes.
Je me réjouis chaque jour du caractère polymorphe de mon métier… prenant, stressant parfois et gratifiant pour soi, ses équipes, ses agents.
Je mesure l’exigence de cette fonction où je dois me réinventer à chaque nouvelle nomination au sein de la direction, en intégrant les contraintes, les enjeux et les challenges de la sphère publique, sans oublier les missions régaliennes qui nous obligent. Nous servons les administrés et devons rester humbles, veiller à l’intégrité et la fiabilité de ce que nous délivrons, dans la compréhension et l’exercice de leurs droits.
Les actualités à la DILA : quelles sont-elles ?
Elles sont nombreuses ! Au plus près de nous, c’est l’accueil du Forum européens des journaux officiels du 3 au 5 octobre prochains : une trentaine de pays réunis pour deux jours de travaux autour de la production du droit. Une édition spéciale car nous fêterons les 20 ans du Forum ! C’est un événement qui me tient particulièrement à cœur. Le Forum européens des journaux officiels est très apprécié, il se tient chaque année dans une capitale européenne différente et il est important pour notre administration et les agents qui animent les groupes de travail de valoriser notre expertise et nos savoir-faire.
Pourquoi ? il est un moment de partage, nous allons transmettre notre savoir-faire à des équipes sensibilisées aux sujets de pays européens en présence. Le thème de cette année est Le nouvel Esprit des lois à l’ère de l’Intelligence artificielle.
C’est, en interne, la finalisation de notre nouvel intranet, canal central d’information pour nos agents répartis sur 3 sites, l’avancement des travaux engagés autour de notre plan stratégique DILA 2027 ou la préparation du prochain audit des labels Égalité et Diversité au sein des services du Premier ministre. La DILA est pleinement engagée sur des sujets majeurs qu’il faut accompagner comme la QVCT (qualité de vie et des conditions de travail), la RSE, notre bilan carbone et le suivi de nos plans triennaux relatifs à l’informatique, à l’immobilier ou encore aux finances…
C’est aussi la préparation des premiers travaux engagés autour du passage en .gouv du site officiel de l’administration française, de l’enrichissement des services du site dédié aux entrepreneurs et TPE, ou encore la poursuite du déploiement effectif d’EDILE, nouvel outil de production normative dans les ministères.
De quoi s’agit-il ? Un outil d’aide à la rédaction des projets de lois, de décrets et d’arrêtés développé dans le cadre du programme « Nouveaux outils de production normative » conduit par le secrétariat général du Gouvernement (SGG) et la direction de l’information légale et administrative (DILA).
C’est aussi l’accompagnement médiatique des nouvelles parutions de La Documentation française avec parmi les titres à paraître : Intelligence artificielle : quel progrès ? de la revue Cahiers français qui travaille sur les sujets de fond ; Parlons budget en 30 questions pour la collection Doc en poche, La protection sociale dans la collection Découverte de la vie publique, il y aura aussi le hors collection consacré aux politiques de l’Union européenne ou le prochain Questions internationales consacré à l’Allemagne. Une production variée et nourrie pour cette rentrée !
Des lectures en perspective passionnantes. Souhaitez-vous faire passer un message ?
Peut-être de rappeler les fondements des droits et des obligations de l’agent public qui reflètent les valeurs fondamentales du service public ou encore celles de la réserve et de l’exemplarité.
Enfant de l’école républicaine, je tiens pour essentiel le respect, la loyauté, l’intégrité et l’exemplarité. J’apprécie la curiosité comme moteur individuel majeur pour sortir des préjugés, admettre la pluralité des points de vue et la rhétorique pour sa capacité à décliner l’art de la nuance.
J’ai à cœur la transmission de ces valeurs et suis fière d’accompagner les jeunes profils qui passent par mon service pour leur donner le goût de l’information sourcée, de la persévérance et de viser l’excellence dans la réalisation de leurs travaux.
Je dis souvent qu’il est important d’être curieux, de s’ouvrir à de nouvelles choses. Les métiers de la communication c’est savoir s’adapter d’autant que l’on est subordonné à l’évolution des technologies tout en étant raisonné et raisonnable.
Ce qui est passionnant dans les métiers de la communication c’est qu’il oblige à rester vivant.
Et comment occupez-vous votre temps personnel ?
Je suis une chineuse invétérée ! J’aime l’idée de faire vivre des objets anciens. Je suis très attachée à l’artisanat et au savoir-faire des artisants et au savoir-faire des artisants. Donner une seconde vie à des objets conçus avec des matériaux nobles me plaît en plus d’être écoresponsable ! Je suis très fan de la période 1880-1930 avec l’époque Art nouveau et l’époque Art déco.
Je suis une grande consommatrice de livres et j’ai mes adresses de quartier à qui je rends visite très régulièrement. J’avais le facheux défaut d’acheter parfois deux fois le même titre, maintenant j’ai une appli qui indexe ma bibliothèque, très utile ! Je partage aussi mes lectures avec mes amies dans un blog que j’anime. Nous échangeons nos lectures et points de vue.
Paris pour cela est un trésor. Je fais régulièrement des expos et je vais au théâtre. Un exemple d’expo ? La dernière expo c’était Le Surréalisme au Centre Pompidou qui était extraordinaire. Cette exposition bouscule et elle permet d’apprendre, surtout quand on maîtrise peu ou mal une période.
J’aime beaucoup voyager et je suis très contemplative. Je peux rester une heure devant un coucher de soleil ou un ciel, à la campagne ou à la mer. C’est très agréable et permet d’avoir des plages de silence pour reprendre mon souffle.
Merci Karine pour ce moment de partage.
Nous avons 15 minutes de disponibles avec la directrice.
Superbe nouvelle.
Madame,
je suis honorée de vous rencontrer. Quelle est votre feuille de route ?
En tant que directrice de l’information légale et administrative, j’ai deux types de missions.
La première est d’arriver à faire tourner au quotidien cette maison qui a la particularité d’être une maison très opérationnelle.
Tous les jours, il faut que l’on arrive à produire le Journal officiel. Tous les jours il faut que l’on ait des sites internet qui fonctionnent, qui produisent de l’information de qualité. Donc la DILA est vraiment une administration centrale qui a la particularité d’avoir de l’opérationnalité au quotidien et de devoir produire en permanence.
Et puis surtout, j’ai la responsabilité d’être capable de trouver la bonne stratégie avec mes équipes sur Comment faire évoluer ses services.
Comment on fait pour qu’ils répondent toujours aux enjeux qui sont les nôtres. Donc des enjeux de performance de continuité pour être par exemple capables à tout moment de produire le Journal officiel. Ce sont des enjeux de sécurité, des enjeux de performance, de résilience qui impliquent de travailler sur des aspects à la fois informatiques et aussi et RH.
Comment on fait pour avoir des agents qui soient capables de faire ces missions, et quelles sont les bonnes formations ? Comment on se projette dans l’avenir ? Comment on fait évoluer nos processus pour être toujours plus performants ?
Et puis j’aurais pu commencer par cela. Ce qui nous tient à cœur, c’est Comment faire pour répondre au mieux aux besoins de nos usagers de l’information administrative et les usagers de Légifrance. Ce ne sont pas tout à fait les mêmes. Donc Comment on arrive à répondre toujours exactement à chacun des besoins sachant qu’ils évoluent avec le développement des réseaux sociaux, en particulier. On est tous très motivés dans les équipes, ils sont embarqués pour apporter la bonne information et simplement, c’est passionnant.
Comment vous sentez-vous à ce poste ?
J’avoue que j’ai toujours été enthousiasmée parce que j’ai eu beaucoup de chance dans ma carrière. J’ai toujours été enthousiasmée par mes postes et c’est vrai que j’aime beaucoup cette direction qui est très atypique dans l’administration.
C’est une vraie chance de pouvoir être à la tête d’une administration de ce type qui est à la fois sur des sujets de politique publique importants, stratégiques.
Je trouve que faire en sorte que la relation des usagers à l’administration soit toujours meilleure est un enjeu particulièrement important en ce moment. On voit bien le décalage que parfois on peut avoir. Alors certes, nous on est un peu lointain, on est une administration parisienne qui fait du numérique, mais néanmoins, l’enjeu c’est de voir Comment un citoyen, n’importe où dans les territoires, grâce à nous, arrive à trouver la bonne information, se dire que finalement l’administration n’est pas si compliquée, et qu’il arrive à faire sa démarche en ligne de manière efficace. Qu’il ait accès au site Vie publique ou la Documentation française, il a de l’information de qualité pour comprendre Pourquoi les politiques publiques se passent comme ça, Quelles sont les difficultés, Quels sont les contextes internationaux qui font que par rapport aux autres, on se situe de telle ou telle manière. Donc vraiment, c’est tout l’enjeu pour nous.
Et donc c’est ce sont des missions absolument passionnantes. Et puis j’ai la chance, vous avez pu discuter avec Karine, de voir que je suis en plus entourée de gens assez remarquables. Enfin, cela n’est pas qu’un lieu commun de le dire, c’est une très très belle maison qui a une histoire longue, un peu compliquée parfois, entre les journaux officiels, la Documentation Française et où il y a du coup des profils différents. On a des informaticiens, on a des juristes, on a des gens qui sont des rédacteurs, on a aussi des imprimeurs, des techniques, on a vraiment toutes sortes de métiers. Et donc arriver à faire travailler tous ces gens ensemble, en bonne intelligence, en profitant des qualités des uns et des autres et en essayant de former un collectif fait partie de ce que de ce que j’essaie de faire avec toutes mes équipes et qui me motive au quotidien.
Un remerciement à toutes deux pour ces entretiens éclairants qui permettent une bonne compréhension de la Direction de l’information légale et administrative, administration centrale des services du Premier ministre.
Un bel exemple de réussite d’une administration de l’État qui sait s’adapter avec un service de qualité en accompagnement des citoyens qui vise l’excellence.
Je termine sur une photo d’ouvrages papier propices à la connaissance.
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