Le 25 septembre 2025 – C’est avec joie que je rencontre le commissaire général Fabrice GARDON, directeur des services actifs de la police nationale au 36 Bastion en cette rentrée.
Fabrice GARDON est le patron du « 36 » après 28 ans d’expériences diversifiées de commissaire, en police judiciaire, en sécurité publique, en police aux frontières et en cabinets. L’alternance de postes opérationnels et stratégiques, en administration centrale ou en territoriale fait de Fabrice GARDON un grand flic avec un langage un peu à l’ancienne comme on aime tout en étant un policier moderne de premier ordre pour sa trempe, son efficacité.
En préambule, je vous invite à consulter les interviews précédentes pour une vision plus globale.
Bonjour Fabrice, quel est le bilan du 1er semestre 2025 au « 36 » ?
Bonjour Miss Konfidentielle. Nous avons eu pendant le 1er semestre 2025 à la Police Judiciaire de la Préfecture de Police de Paris, donc au « 36 », une activité très riche.
Je vous partage ces thèmes les uns après les autres de manière synthétique :
On a commencé par monter en puissance notre sous-direction cyber et financière parce que je suis convaincu que les sujets qui tournent autour de la criminalité financière et du cyber sont des sujets d’avenir.
Pour les sujets qui relèvent de la corruption, on a fait une grande réforme qui a abouti à la création de la brigade financière et anticorruption : la BFAC.
La BFAC est une brigade qui a à peu près les mêmes compétences que l’OCLCIFF qui est l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales de la DNPJ (direction nationale de la Police judiciaire). Une brigade de plus de 100 enquêteurs issus de la brigade financière : une vieille brigade du 36 de la PJ et de la BRCF qui était la brigade de répression de la corruption et de la fraude fiscale.
Nous avons fusionné ces 2 brigades et fait plusieurs sections à l’intérieur dont une qui va être spécialisée sur le droit pénal des affaires, donc la délinquance en col blanc de très haut niveau, et une autre qui va être spécialisée sur tous les sujets de corruption.
Une conviction : il faut que l’on muscle nos services sur la répression de la corruption. C’est un vrai grand sujet.
Une forme de révolution pour les équipes du « 36 ». Comment cela s’est-il passé ?
Fusionner des brigades qui avaient une identité forte et une histoire était quelque chose d’assez ambitieux qui a pris plus d’une année.
Il a fallu que le personnel, les enquêteurs adhèrent au projet, cela a été du travail.
Aujourd’hui tout le monde adhère à ce nouveau service avec une nouvelle cheffe, une nouvelle dynamique et on l’espère des dossiers de très haut niveau qui seront confiés par les magistrats à cette nouvelle brigade.
Je vous le souhaite.
Une autre avancée du 1er semestre 2025 c’est le sujet des stups.
On parle beaucoup du narcotrafic ce qui est une autre façon de dire « trafic de stupéfiants ».
Je préfère parler de « narcobanditisme » parce que le narcobanditisme est une notion plus riche et qui correspond mieux aux malfaiteurs auxquels on s’attaque.
Le « narcobanditisme » traduit le fait que les stupéfiants sont la colonne vertébrale de la criminalité organisée mais ce qu’il faut bien savoir c’est que le trafic de stupéfiants génère des trafics d’armes, des enlèvements, des séquestrations, des règlements de compte, des activités de blanchiment, des extorsions, parfois des braquages pour des mises de fond ou pour rembourser des dettes.
Donc les cibles auxquelles on s’attaque, ces voyous, font des stups et tout ce que je viens de citer. C’est pour cette raison que je préfère parler de « narcobanditisme », cela correspond plus à la réalité complexe.
Comment le « narcobandistisme » a-t-il évolué ?
On constate que les points de deal physiques dans les cités ou quartiers de Paris sont en diminution très forte du fait de la pression policière qui est très importante depuis plusieurs années, du fait de la concurrence en termes de lutte de territoires entre les réseaux, et aussi du fait du développement d’un autre mode de distribution qui est le mode d’écoulement en mobilité, ce que l’on appelle à la police judiciaire de la préfecture de Police de Paris (PJPP) : le « cyberstupéfiants ».
C’est quoi le « cyberstupéfiants » exactement ?
Le « cyberstups » c’est l’existence de centrales d’appels avec des trafiquants qui ont des fichiers clients de plusieurs centaines ou plusieurs milliers de consommateurs qui s’achètent à prix d’or. Ils diffusent leurs flyers via des applications sur lesquelles ils vendent tous les types de drogues disponibles sur le marché puis ils vont les faire livrer.
Ce mode d’écoulement est beaucoup moins risqué pour ces trafiquants et encore plus lucratif.
Il n’y a pas tous les frais du réseau à gérer. Un point de deal physique nécessite plusieurs guetteurs, un ou plusieurs charbonneurs, une nourrice à proximité, un coupeur, un réapprovisionneur… toute une logistique de gens à payer.
Alors que là il y a juste une personne qui répond au téléphone, un livreur qui prend la came le matin, qui va la livrer à domicile, sur le lieu de travail… et qui prend seulement 10 euros par livraison.
Et pour le client, il paie son gramme de cocaïne entre 60 et 80 euros c’est à dire exactement le même prix que sur un point de deal physique, voire moins cher. Donc il n’y n’a plus aucun intérêt pour le client d’aller dans des cités de Seine-Saint-Denis et de prendre des risques. Il commande via une application et il est livré. C’est simple.
Pour s’adapter à ce nouveau mode d’écoulement sachant que les points de deals physiques dans l’agglomération parisienne depuis 4 ans ont diminué d’environ un tiers et à l’inverse les réseaux de cyberstupéfiants se sont développés, on a créé ici à la PJPP les 4 premiers groupes en France spécialisés cyberstupéfiants.
Au cours du 1er semestre 2025, ces groupes qui ont été créés en 2024 ont pris leur envol, toute leur ampleur ce qui a permis de réaliser beaucoup d’affaires sur cette thématique avec des techniques nouvelles où on essaie notamment d’associer dans le même dossier les enquêtes sous pseudonymes avec les coups d’achat.
C’est un accord que l’on a passé avec les magistrats et cela fonctionne plutôt bien.
La plaque parisienne est une zone que les voyous expérimentent avec de nouvelles méthodes criminelles. Au « 36 », on est donc confronté de plein fouet à ces nouveaux phénomènes, ce qui explique que la PJPP a toujours innové d’autant que l’on est sur un territoire très giboyeux dans notre domaine d’activité. L’histoire du 36 est donc jalonnée de solutions nouvelles qui ont ensuite été dupliquées en France. Je rappelle que le 36 c’est la maison qui a inventé la PTS moderne avec Alphonse BERTILLON il y a plus de 100 ans, le premier service d’intervention spécialisé avec la BRI-PP en 1964 (le RAID et le GIGN en gendarmerie ont été créés après), le premier service d’enquête spécialisé contre la cybercriminalité, le premier service judiciaire antiterroriste avec la section antiterroriste de la brigade criminelle, le premier service spécialisé sur le proxénétisme, etc.
C’est un peu la maison des premières.
Excellent. Que dire de plus sur le sujet des stups ?
Toujours sur les stups parce que c’est un thème important, on a des cellules qui sont chargées de recueillir tous les renseignements qui proviennent des policiers de terrain, des signalements des riverains…
Ces renseignements bruts sont ensuite analysés, enrichis et recoupés. Lorsqu’ils deviennent exploitables sur le plan judiciaire, on les redistribue aux divers services d’investigation qui vont les présenter aux magistrats pour ouvrir des enquêtes. Ces cellules s’appellent les CROSS, les cellules du renseignement opérationnel sur les stupéfiants.
A la demande du préfet de police, nous avons totalement redynamisé ces CROSS.
Les canaux de remontée des informations terrain étaient un peu complexes.
Donc en début d’année on a complètement revu cela avec la directrice de la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne, la DSPAP, et on a simplifié ces canaux.
Maintenant le policier de terrain qui a un renseignement même parcellaire, non recoupé, on lui dit « ce n’est pas grave, cela nous intéresse parce que deux renseignements parcellaires peuvent devenir un renseignement exploitable ». On dit au policier « envoie-nous tout » directement par un nouveau canal qui est plus rapide.
On a plus la perte de temps de la remontée hiérarchique vers les CROSS.
Il y a 4 CROSS dans l’agglomération parisienne : une par département de petite couronne et une à Paris la brigade des stups au 36.
Avec cette nouvelle organisation, on a multiplié par 4 le nombre de renseignements ce qui permet forcément d’être beaucoup plus efficace.
Parlons du rapprochement avec la Justice
Nous avons une autre actualité impulsée par le préfet de Police, Laurent NUÑEZ, qui accorde une grande importance aux sujets judiciaires.
Le préfet suit tous les sujets, l’ordre public évidemment, mais aussi le renseignement et les sujets judiciaires qui l’intéressent beaucoup.
Et donc sous son impulsion, on fait chaque semaine des grosses opérations de reconquête du territoire « opérations de police d’ampleur ».
Pour ces opérations, on part du judiciaire, on démantèle un réseau qui est actif dans l’espace public et les effectifs de voie publique vont ensuite procéder à des actions de contrôles en renforçant leur présence pendant plusieurs jours.
L’idée est d’éviter le saupoudrage désordonné d’opérations sur l’agglomération parisienne. On a ciblé avec le préfet de Police et en accord avec les procureurs des différents ressorts une vingtaine de secteurs prioritaires dans l’agglomération, à fort enjeu en termes de reconquête du territoire.
On vient et on revient sur ces secteurs et ce sont les chefs territoriaux de police judiciaire, les districts de PJ (DPJ), et les services départementaux de PJ (SDPJ) qui sont chargés sur leur ressort de coordonner l’action judiciaire de ces opérations pour la PJ et pour la DSPAP.
C’est un vrai enjeu de décloisonnement, de travail en commun. On fait ces grosses opérations et on arrive à améliorer largement la situation.
A tel point que l’on considère que certains secteurs sont désormais pacifiés. Donc on y revient moins, et à l’inverse il y a des reports de problématiques comme actuellement sur le secteur des Halles à Paris où on mobilise de gros moyens.
Nous n’avons pas encore évoqué l’EMCO
Il y a aussi toutes les nouvelles mesures impulsées par le ministre d’Etat autour de la criminalité organisée à la suite de la loi narcotrafic, notamment la création de l’état-major interministériel de la lutte contre la criminalité organisée (EMCO). Il y a désormais 3 états-majors interministériels dans l’univers des forces de sécurité intérieure avec l’EMAP en matière antiterroriste à la DGSI et l’EMOF (état-major opérationnel des frontières) que j’avais créé à la police aux frontières quand j’en étais le directeur national.
L’EMCO est à la DNPJ et nous y avons un représentant permanent.
L’idée est de mieux canaliser le renseignement relatif à la criminalité organisée et en déclinaison de la création de l’EMCO, nous avons créé à la PJPP des structures pour accompagner et encore mieux centraliser ce renseignement.
Le préfet de Police a récemment désigné la PJPP comme chef de file pour l’ensemble des actions de la PP sur la « crimorg ».
Donc toutes les directions (DSPAP, Direction du renseignement de la PP…) passent par nous pour interagir avec l’EMCO ce qui donne un rôle encore plus important en termes de décloisonnement à la PJPP.
Donc c’est aussi un sujet très important.
Et puis le dernier sujet du 1er semestre 2025, c’est la crypto.
On a appelé cela les « cryptorapts », les enlèvements de personnes qui sont des proches d’acteurs de la crypto monnaie et qui sont enlevées pour obtenir de l’argent.
On a eu sur le mois de mai 2025, une séquence extrêmement active et complexe pour la PJPP.
Un enlèvement le 1er mai en plein Paris dans le 14ᵉ arrondissement d’un monsieur qui s’est fait enlever et séquestrer. On est parti de zéro et en 58 heures, on a réussi à le libérer. Malheureusement, il a été mutilé puisqu’ils lui ont coupé un doigt. Mais on est intervenu quelques minutes avant une seconde mutilation qui allait arriver. Donc là, c’est la BRB, la BRI, la brigade criminelle, la Brigade de lutte contre la cybercriminalité et autres services qui ont su obtenir ce résultat.
Le 13 mai, on a eu une tentative d’enlèvement d’une jeune femme dans le 11ᵉ arrondissement qui heureusement en réchappe, avec un commando issu de la même nébuleuse criminelle.
Le 26 mai, il y a de nouveau une tentative d’enlèvement dans le secteur de Nantes. Et là, la BRB et la BRI interpellent les malfaiteurs alors qu’ils se rendaient au domicile de leurs futures victimes.
Le 13 mai cela a heureusement échoué. Le 26 mai, c’était nous qui étions derrière les malfaiteurs. On a pu les neutraliser juste avant. On en est très fiers.
Je reviens sur le 1ᵉʳ mai et cette séquence de 58 h qui est un moment très fort parce qu’il a fallu prendre des options d’enquête, prendre des décisions, ne pas paniquer, rester focus sur notre stratégie. Quand bien même les 48 premières heures ne payaient pas, car on n’avait pas encore l’élément déterminant, il fallait rester focalisés sur notre stratégie et ne pas faire n’importe quoi, ne pas s’éparpiller. Donc on est restés solides. Il y a eu un travail collectif exceptionnel de plusieurs services de la PJPP qui a abouti à cette libération. Pour beaucoup de policiers du « 36 » et moi le premier, cette séquence policière restera un moment particulièrement fort dans notre carrière.
Ensuite, parlons des perspectives du second semestre 2025.
Tout ce que j’ai énoncé précédemment se poursuit.
Le premier sujet pour le second semestre 2025 est le Prix du Quai des Orfèvres qui fêtera ses 80 ans.
Sur le plan de la vie du 36, le PQO est un moment important. L’année passée Olivier MARCHAL était le parrain et le prix a été remporté par Olivier TOURNUT avec son livre Post Mortem édité par Fayard, qui est notre partenaire.
Pour les 80 ans du PQO, le jury a lu durant l’été les manuscrits finalistes qui ont été sélectionnés par Fayard. Et au mois de novembre, il y aura la remise du prix avec un nouveau parrain dont je ne peux pas dévoiler l’identité.
Ce que je peux annoncer est que la date de remise du Prix du Quai des Orfèvres 2026 sera le 4 novembre.
Nous venons de délibérer avec le jury pour désigner le lauréat ce qui n’a pas été chose facile parce que de nouveau cette année, nous avions des manuscrits de très grande qualité. Donc le PQO aura un très grand écho accompagné par l’équipe des Editions Fayard et Agnès CATINEAU qui continue à perpétuer la marque PQO que son grand père a initié. Jacques CATINEAU a fondé le Prix du Quai des Orfèvres en 1946.
Toute l’équipe est mobilisée pour le 80ème anniversaire du Prix du Quai des Orfèvres.
Et puis le deuxième sujet est la feuille de route interne de la direction de la police judiciaire que j’ai lancée à mon arrivée il y a deux ans.
Une feuille de route sur d’une part des sujets d’organisation interne de la direction et d’autre part à la demande du préfet de Police sur des sujets qui relevaient davantage du partenariat avec les autres directions de la PP.
On a mis en place des groupes de travail associant des membres du personnel de tout grade sur une vingtaine de thèmes dont les stups. Chaque groupe a planché, réfléchi à des solutions nouvelles. Le résultat est que la plupart de ces groupes a apporté des solutions nouvelles que l’on a mises en œuvre. Il reste encore quelques groupes de travail à achever. Mon ambition est que d’ici la fin de l’année on ait terminé cette feuille de route pour qu’ensuite on passe « en mode conduite ».
Chaque grosse structure a des moments où elle se réforme. Mais on ne peut pas être dans la réforme permanente.
Et cela concerne plein de choses. Il y a par exemple les nouveaux outils métiers très attendus par les enquêteurs, la façon dont on gère toutes nos données. On a des data énormes. Il faut les organiser et les exploiter dans un cadre légal très strict et avec des outils spécifiques pour les protéger. C’est un gros travail.
Il y a aussi des choses très concrètes. Par exemple la BRB, la brigade de répression du banditisme qui a été le service leader sur la crypto, et dont on a fêté les 50 ans cette année au cours d’une soirée qui a été un moment fort de la direction. C’est un service qui est confronté à un nouveau type de banditisme. Donc il faut se réorganiser, spécialiser des groupes sur d’autres thématiques que celles que l’on faisait hier. Il n’y a quasiment plus de braquage de fourgons. En revanche, il y a du trafic d’armes et on peut encore monter en puissance sur ce sujet, très concret.
Et sur des sujets plus globaux en termes de perspectives ?
Poursuivre le décloisonnement.
Je dis souvent que « La police est un sport collectif, ce n’est pas un sport individuel. On est forcément plus fort tous ensemble ».
Dans ce but, on a créé l’année dernière la FIC-PP qui est la force d’investigation conjointe. Elle est la première unité mixte PJ-DSPAP depuis 25 ans et est constituée à parts égales d’enquêteurs de la PJ et de la DSPAP qui sont mis pour emploi auprès de moi ici au 36. La FIC a pour but de faire travailler ensemble les services des deux directions sur les stups, le trafic auto, le blanchiment, ou encore le trafic de cigarettes comme on l’a fait récemment sur le secteur Chapelle/Marx Dormoy à Paris 18ème.
Autre sujet sur le décloisonnement et le partenariat : les échanges sur la crypto.
Ces réseaux de malfaiteurs ont commis également des enlèvements en zone rurale. C’est la gendarmerie nationale qui a été saisie.
De la même façon des malfaiteurs ont commis des enlèvements dans ce milieu en province en zone urbaine, et là c’est la DNPJ qui a été saisie.
Le ministre de l’Intérieur a organisé des réunions au mois de mai à Beauvau avec les principaux acteurs de la cryptomonnaie pour mobiliser toutes les forces. On se parle, on échange, on construit ensemble en partenariat.
Je crois que l’on ne peut plus être à l’époque où il y avait une guerre des services, où chacun gardait ses infos. Il y a trop d’enjeux sur des victimes potentielles. Et donc, il faut vraiment que l’on travaille tous ensemble.
L’autre enjeu est d’entretenir la très belle dynamique qu’il y a eu pendant les Jeux Olympiques (JO 2024) entre la BRI-PP et le RAID. Il y a eu pendant les JO un PC commun au 36 quai des Orfèvres avec BRI, RAID et GIGN (gendarmerie nationale) au siège de la BRI.
Nous avons appris à travailler ensemble et pour ce qui concerne la police on cherche vraiment à renforcer ces liens, notamment en termes d’équipements communs, de doctrine commune même si elles sont déjà très proches. On peut aller encore plus loin sur tous ces sujets.
L’entretien de la dynamique des JO2024 peut permettre d’être sollicités pour les JO 2028 aux États-Unis.
Si on l’est, on accordera notre savoir-faire, notre expérience volontiers.
Quelles sont les informations les plus récentes qui valorisent le « 36 » ?
On a créé à la suite des affaires du mois de mai un « plan enlèvement crypto ».
Il faut savoir que dans les années 70-80, il y avait un « plan enlèvement » qui était basé sur des remises de rançon avec de l’argent en liquide qui est devenu obsolète. Le système aujourd’hui est complètement différent. Donc on s’adapte en permanence.
On souhaite aussi redonner de l’attractivité aux services de la filière investigation. On se rend compte que même si on est un peu moins touché au 36 que d’autres services d’enquête sur la raréfaction des candidatures, on commence à l’être aussi.
Pourquoi ? On attire un peu moins de policiers qui ont envie de faire de l’enquête parce que la procédure est devenue très compliquée, les outils métiers sont obsolètes, d’autres branches de la police notamment celles qui sont en permanence sur la voie publique, celles qui travaillent de nuit, offrent désormais des compensations de différents types qui sont jugées par certains policiers comme supérieures aux compensations que peut offrir la filière investigation pour des contraintes très fortes.
Quand on suit une enquête, on travaille la nuit, on travaille le week-end. Et on constate aujourd’hui que tout le monde n’est pas forcément disposé à réaliser des sacrifices personnels, à être totalement flexible sur son emploi du temps.
Le ministre de l’Intérieur en est très conscient. Le préfet de Police est associé à une réflexion coordonnée par la DGPN / DNPJ avec des mesures à prendre qui sont en cours d’arbitrage. J’espère vraiment que ces échanges vont aboutir.
Et au-delà de ces mesures, on essaie à la PJPP de mieux nous faire connaître.
Pour cela, on a renforcé notre cellule communication : on produit nos propres contenus que l’on publie sur les réseaux sociaux avec des photos, des vidéos courtes…
– à destination du grand public, parce que c’est bien de valoriser la PJ sans forcément parler d’enquêtes qui relèvent de la communication que fait le parquet.
– à destination des jeunes policiers.
La direction de l’ordre public et de la circulation, DOPC, sous l’impulsion de son précédent directeur a une très bonne politique de communication. Depuis quelques années, elle est devenue une direction très attractive pour les jeunes policiers qui voient dans la DOPC une direction avec des services spécialisés qui ont des moyens. Donc on suit cet exemple et on sent aujourd’hui que cela décolle. On se rend compte par exemple que sur les dernières ouvertures de postes au 36, on a reçu plus de candidatures pour la sous-direction cyber et financière.
Donc c’est plutôt très positif. Je pense que l’on avait auprès des jeunes policiers une image avec des contraintes, des procédures fastidieuses… Donc on essaie au contraire de leur montrer les bons côtés, et ils sont nombreux !
On a complètement refait notre site intranet aussi.
Avant la PJPP avait un site intranet qui n’était pas accessible au reste de la police, ce que je trouvais dommage. Donc maintenant, on a un site intranet visible par tous les policiers et qui est moderne. Les policiers qui s’intéressent à nous peuvent voir ce que l’on fait.
Cela serait sympathique de partager des vidéos pour les lecteurs qui n’ont pas encore pris connaissance de la nouvelle stratégie de communication du « 36 »
Vidéo BRI : https://www.instagram.com/reel/DFnjkJloYln/?igsh=MXBtbG4ydjd0cTM0bA==
Vidéo BRB : https://www.instagram.com/reel/DJYl4SJoyV1/?igsh=MTZjMWtsZmE4bXQzNQ==
Compte Instagram du « 36 » : https://www.instagram.com/le36_dpj_pp/
Un dernier point. À vous écouter au fil de notre entretien, je sens un rapprochement fort avec les magistrats, avec la Justice.
On ne peut pas travailler efficacement et sereinement si on n’a pas la confiance des magistrats.
Je prends l’affaire des enlèvements crypto.
La procureure de la République de Paris, Laure BECCUAU, nous a fait confiance. Elle m’a fait confiance dans la stratégie et on la tenait au courant de l’évolution de l’affaire.
Je prends l’exemple de nos « opérations de police d’ampleur ». La confiance des magistrats est bonne.
Et sur des enquêtes compliquées, on a la confiance des magistrats.
Plus globalement, je considère que de la police jusqu’au tribunal nous formons une chaîne et chaque maillon doit s’entendre avec le maillon suivant. Si on ne s’entend pas avec le maillon suivant, notre travail ne sera pas valorisé, pas bien exploité.
Après le parquet, on peut passer directement au stade du jugement en comparution immédiate ou avec des renvois ultérieurs en correctionnelle, ou on peut passer par la phase instruction. Tout cela est une chaîne donc il faut que l’on s’entende.
Nous avons d’excellentes relations avec les quatre procureurs de notre ressort, Paris et trois départements de la petite couronne, ainsi qu’avec les procureurs spécialisés du parquet national antiterroriste (PNAT), du parquet national financier (PNF). Et bientôt nous travaillerons aussi avec le nouveau parquet national anti-criminalité organisée (Pnaco).
Un remerciement Fabrice pour notre entretien riche d’informations clefs à l’automne 2025.
Je vous souhaite une pleine réussite sur les sujets en cours et à venir, et suis en soutien à vos équipes engagées dans leurs missions de sécurité. Prochainement se tiendra le 80ème anniversaire du PQO, un événement fédérateur !
Note importante : il est strictement interdit de copier tout ou partie de l’article sur un autre support sans autorisation préalable écrite de Miss Konfidentielle.