Dans un rapport publié lundi 29 septembre 2025, l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) demande à l’Union européenne (UE) d’accélérer son action pour préserver l’environnement.
Tous les cinq ans, l’Agence européenne de l’environnement (AEE) publie son rapport sur l’état de l’environnement en Europe. Celui dévoilé le 29 septembre 2025 dresse un tableau préoccupant : quelque 81 % des habitats protégés sont en « mauvais ou très mauvais état« , tandis que 60 à 70 % des sols sont dégradés.
« Ce rapport nous rappelle avec force que l’Europe doit maintenir le cap et même accélérer ses ambitions en matière de climat et d’environnement« , a commenté la vice-présidente de la Commission européenne Teresa RIBERA, responsable de la Transition propre, juste et compétitive.
Symbole d’une biodiversité sous pression, la ressource en eau est particulièrement menacée. Selon l’AEE, le stress hydrique touche 30 % du territoire européen et 34 % de la population. L’agriculture est responsable de la pression la plus importante sur les eaux de surface et souterraines. Le ruissellement des engrais et des pesticides « dégrade la qualité de l’eau, favorise la croissance excessive d’algues, appauvrit les niveaux d’oxygène et entraîne la perte de la vie aquatique« , indique le rapport.
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Le coût humain et économique du changement climatique
Selon l’AEE, le changement climatique frappe l’Europe deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Ses effets se traduisent déjà par une multiplication des catastrophes naturelles. Entre 1980 et 2023, les événements extrêmes (canicules, inondations, feux de forêt, glissements de terrain) ont causé plus de 240 000 morts sur le continent. Rien qu’en 2022, plus de 70 000 décès ont été attribués aux vagues de chaleur.
L’impact économique est tout aussi lourd. Depuis 1980, les pertes liées aux catastrophes climatiques atteignent 738 milliards d’euros dans l’Union, dont 162 milliards rien que pour la période 2021-2023. À titre d’exemple, les inondations ont coûté à la Slovénie 16 % de son PIB en 2023, un niveau sans précédent.
Dans le cadre de l’Accord de Paris, signé en 2015, l’ensemble des signataires dont l’UE se sont engagés à respecter des objectifs communs sur la base de rapports scientifiques – notamment ceux du GIEC.
Ceux-ci prévoient de :
- contenir d’ici 2100 le réchauffement climatique bien en-dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels ;
- poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5°C ;
- atteindre la neutralité carbone (objectif de zéro émission nette), à savoir un équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et la compensation permise par les puits ou réservoirs de carbone, comme les forêts.
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Des progrès climatiques réels mais qui restent insuffisants
L’Europe peut toutefois se prévaloir d’avancées notables dans la lutte contre le réchauffement. « Des progrès significatifs ont été réalisés dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la pollution atmosphérique« , souligne l’AEE.
L’agence s’attend à ce que, conformément aux objectifs qu’ils se sont fixés dans le cadre du Pacte vert, les émissions de CO2 des Vingt-Sept soient en baisse, en 2030, de 55 % (par rapport à 1990). En 2023, elles avaient déjà reculé de 37 % et les actions engagées devraient permettre d’y arriver.
Les Européens ont déjà fait beaucoup en matière d’énergie. Entre 2005 et 2023, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale a doublé pour atteindre 24 %, et les émissions carbone du secteur ont été réduites de moitié sur cette période. L’industrie et le bâtiment ont également contribué à cette baisse. Mais les transports et l’agriculture restent les points faibles : leurs émissions n’ont reculé que de 6 % et 7 % respectivement sur la période 2005-2023.
Côté santé publique, les politiques européennes ont permis de réduire de 45 % les décès liés aux particules fines entre 2005 et 2022. Pourtant, « 10 % des morts prématurées en Europe sont encore dues à l’exposition à la pollution de l’air, de l’eau et des sols, au bruit et aux produits chimiques nocifs« , rappelle l’AEE.
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» Bâtir une Europe plus propre pour les générations futures «
Face à ce constat, l’agence insiste sur l’urgence d’une mise en œuvre renforcée des politiques environnementales existantes. « La survie de l’humanité dépend d’une nature de haute qualité », rappelle Catherine GANZLEBEN, chargée des Transitions durables et équitables à l’AEE.
Cet état des lieux climatique intervient à un moment charnière, alors que les États européens se montrent parfois réticents à accroître leurs efforts climatiques et environnementaux. La guerre en Ukraine, le retour de Donald TRUMP à la Maison-Blanche ou encore la concurrence chinoise, dans un contexte de montée des extrêmes, monopolisent désormais l’attention politique.
Au nom de la compétitivité et de la simplification, l’Union a commencé à détricoter certains textes, comme la directive sur le devoir de vigilance des entreprises, et retardé l’application de mesures phares telles que le règlement contre la déforestation. Sous pression du secteur automobile, elle pourrait même revenir sur l’interdiction prévue des ventes de voitures thermiques neuves en 2035.
Malgré leur engagement à atteindre la neutralité carbone en 2050, les Vingt-Sept n’ont toujours pas trouvé d’accord sur un objectif de réduction des émissions pour 2040. Le 24 septembre, ils se sont présentés au sommet de l’ONU sur le climat sans s’être entendus sur une cible claire à horizon 2035, attendue pour la COP30 de Belém en novembre. La présidente de la Commission européenne, Ursula VON DER LEYEN, a toutefois affirmé à cette occasion que l’Europe restait déterminée à maintenir ses ambitions climatiques.
Comme l’indique le rapport de l’AEE, la durabilité n’est pas un choix mais une nécessité. Plus l’action sera retardée, plus les coûts humains, économiques et sociaux s’alourdiront.
« La protection de la nature n’est pas un coût. Il s’agit d’un investissement dans la compétitivité, la résilience et le bien-être des citoyens européens« , a insisté Teresa RIBERA. « En intensifiant nos efforts dès maintenant, nous pouvons bâtir une Europe plus propre, plus juste et plus résiliente pour les générations futures« .
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Un remerciement pour ces informations à la Source : touteleurope.eu que je recommande.