Le 23 septembre 2025 – Une immense joie de m’entretenir à l’hôtel national des Invalides avec le général d’armée (GAR) Christophe ABAD, gouverneur militaire de Paris (GMP), commandant de zone de défense et de sécurité de Paris et commandant de zone Terre Île-de-France de 2020 à 2024 puis inspecteur général des armées de 2024 à 2025.
L’actualité ? Le général publie l’ouvrage passionnant « Haute Sensibilité, Les armées au cœur des Jeux » (Débats Publics) préfacé par le général d’armée Thierry BURKHARD.
En préambule, je vous partage l’interview écrite du général Christophe ABAD, GMP en 2022 et l’interview filmée lors des répétitions du défilé du 14 juillet 2024.
Bonjour général, nous sommes à l’hôtel national des Invalides. J’ai lu avec attention votre livre et j’aimerais en savoir davantage sur le pourquoi de la démarche.
Bonjour Miss Konfidentielle.
En effet, à la suite des Jeux olympiques et paralympiques de l’été 2024, j’ai souhaité me lancer dans la rédaction d’un ouvrage racontant l’aventure que nous avions vécue.
J’ai souhaité le faire parce que, en amont, pendant et bien entendu à l’issue de l’événement, j’ai eu la pleine conscience que j’avais commandé une opération militaire un peu inclassable. Les Jeux de Paris ont constitué un rendez-vous singulier à très forte visibilité puisque la France a été la vitrine du monde pendant tout un été et il me paraissait utile, pour ne pas dire nécessaire, de laisser une trace de l’action déterminante des armées.
On vit dans un monde de l’immédiateté, vous le savez, et les armées françaises conduisent de très nombreuses opérations à l’étranger et sur le territoire national. Il était donc important d’expliquer la façon dont nous avons préparé cette opération militaire hors norme et surtout la façon dont nous l’avons conduite.
Je voulais partager cette expérience unique avec les lecteurs.
La deuxième raison est bien entendu que toute opération militaire est une aventure humaine. Et celle-ci tout particulièrement.
Et je voulais absolument rendre hommage aux nombreux militaires d’active, de réserve, hommes et femmes, que j’ai eu l’honneur de commander durant cette opération et de souligner leur niveau d’engagement, leur professionnalisme, l’enthousiasme qui les animait, leur volonté de réussir la mission, leur culture du résultat. Cela m’a vraiment impressionné. Et il me paraissait important de souligner la force dégagée par ce remarquable collectif.
Et puis la troisième raison est une ouverture vers le monde civil.
Témoigner de ma conviction qu’il existe des ponts très importants entre nos méthodes de préparation et de conduite des opérations et les défis auxquels les dirigeants civils sont régulièrement confrontés dans l’exercice de leurs responsabilités.
En charge par exemple de projets complexes de transformation, les dirigeants doivent savoir appréhender leur environnement et mobiliser leurs équipes pour atteindre un objectif. Je voulais transmettre cette conviction que finalement, ce que nous faisons dans les armées en termes d’anticipation et de préparation, surtout à l’illustration des JOP 2024 qui ont été un succès, est tout à fait transposable au monde de l’entreprise.
Pour quelle raison le choix de la préface par le général d’armée Thierry BURKHARD ? Et pourquoi a-t-il accepté ?
Pour deux raisons simples.
La première raison est qu’en qualité de gouverneur militaire de Paris, commandant l’opération des JOP 2024, je relevais hiérarchiquement de la plus haute autorité militaire, en l’espèce le chef d’état-major des armées, le général d’armée Thierry BURKHARD.
Et puis la deuxième raison est plus intime. Nous avons préparé le concours de Saint-Cyr ensemble au lycée militaire d’Aix-en-Provence, et nous sommes de la même promotion de Saint-Cyr. Nous entretenons une relation d’amitié et de respect depuis maintenant 42 ans. Et il me paraissait légitime de solliciter mon chef militaire et mon ami.
Je lis que l’éditeur est Débats Publics. Pourquoi avoir choisi de travailler avec cet éditeur et comment la relation s’est-elle passée ?
Un concours de circonstances m’a conduit à rencontrer cette maison d’édition.
Je veux dire que nous avons eu d’emblée une véritable relation de confiance, se traduisant par un accompagnement méthodologique très professionnel, ce qui nous a permis de fixer des échéances précises pour respecter les délais. J’ajoute qu’après la parution, ce précieux accompagnement s’est poursuivi dans le cadre de la promotion de l’ouvrage à travers des séances de dédicaces et la participation à des salons, le dernier étant celui organisé aux Invalides par l’armée de Terre à l’occasion des journées européennes du patrimoine les 20 et 21 septembre derniers.

Général d’armée Christophe ABAD à la Séance de dédicaces de son livre Haute Sensibilité au JEP2025 à l’Hôtel national des Invalides © Christophe ABAD
Débats Publics est une maison d’édition digne d’intérêt qui donne la parole à des dirigeants de tous les secteurs d’activité afin qu’ils livrent leurs convictions. C’est ce que je me suis employé à faire dans mon ouvrage afin de partager ce à quoi je crois profondément.
Avec le recul, cette approche m’a beaucoup plu.
Votre retour est précieux. Aujourd’hui de nombreux auteurs sont déçus par le peu d’accompagnement de leur éditeur, surtout en matière de promotion.
Maintenant. Quid de la suite ? Un livre c’est bien, c’est une prise de hauteur avec raison et émotions pour la transmission auprès des militaires d’active et de réserve, des forces de l’ordre, de la Justice… et du grand public. C’est laisser une trace dans l’histoire, donc du patrimoine.
Quand on arrive au terme de son parcours militaire, me concernant au bout de 40 ans, on a le sentiment que l’on est encore jeune et qu’il y a un avenir professionnel.
En réalité, je suis aujourd’hui animé par l’envie de « Servir et Transmettre », deux verbes d’action forts en symboles. Ils ont vocation à guider ma transition professionnelle et mes projets.
L’essentiel est de continuer à servir dans des conditions différentes, donc plus sous l’uniforme, afin de transmettre aux cadres en situation de responsabilité et à la jeunesse. Pour nos armées, vous le savez, notre plus grande richesse, notre matériau au sens noble du terme, c’est la jeunesse. Les armées sont jeunes par essence, compte tenu de la singularité et de l’exigence de leurs missions. Avec humilité, j’estime que l’expérience et les compétences acquises durant 40 ans de carrière doivent continuer à être utiles à mon pays, aux jeunes générations comme aux forces vives de la Nation.
Très concrètement, j’ai fait le choix de créer ma propre entreprise pour être maître de mon temps et des sujets traités. Ce choix de l’autonomie et de la liberté se traduit par des missions de conseil et d’accompagnement stratégique de dirigeants et de cadres de tous niveaux. Je donne également des conférences sur les sujets du leadership, de l’engagement, de la responsabilité, de la prise de risques, de la gestion de la complexité. Dans cette perspective, l’ouvrage « Haute sensibilité – Les armées au cœur des Jeux » représente un cas d’usage particulièrement inspirant.
En effet, les Jeux olympiques et paralympiques de l’été 2024 sont connus du plus grand nombre et incarnent une remarquable réussite planétaire dans les domaines organisationnels, populaires, sportifs et sécuritaires. Ils m’offrent l’opportunité d’exposer les approches méthodologiques et humaines. En évoquant par exemple la manière dont on bâtit un collectif.
Je m’adresse tout autant à des entreprises dans le cadre de COMEX, CODIR, conventions de cadres qu’à des associations dont nombre sont extrêmement dynamiques.
Et puis, bien entendu, je m’adresse au monde étudiant, en ciblant des conférences au sein des grandes écoles.
Ce sont de très beaux projets d’avenir. Et tout cela se fait dans le cadre d’une entreprise, d’un bénévolat. Cela s’organise comment ?
Cela se fait dans le cadre d’une entreprise qui porte le nom de ALTIOR Conseil.
Pourquoi le choix du nom ALTIOR Conseil ?
J’ai considéré que la fin de mon parcours militaire était très connectée aux Jeux olympiques et paralympiques, et tout le monde connaît la devise des Jeux.
Citius, Altius, Fortius, trois mots latins qui signifient « plus vite, plus haut, plus fort ».
Il porte les notions d’élévation, de progrès, d’atteinte d’un objectif, de gravir un obstacle. C’est quelque chose qui me parle et qui est au cœur de mon nouvel engagement.
Ce nom est à la fois porteur de sens et impactant.
Nous n’avons pas encore évoqué le choix du titre du livre.
Je fais un aparté qui me paraît important sur le choix du titre de mon livre.
Le contexte international auquel nous sommes aujourd’hui confrontés est marqué par la superposition des conflits et des crises de toute nature, l’hybridité des menaces et l’incertitude permanente. La guerre en Ukraine comme la situation au Proche-Orient en sont la parfaite illustration. C’est pour y faire face que les armées françaises se préparent, avec pour objectif d’être en capacité de gagner des conflits dits de « haute intensité ».
Bien entendu, l’événement JOP 2024 n’était pas une guerre mais a nécessité de préparer et de conduire une opération d’une rare complexité. Un beau défi que l’on se devait de relever en coordination étroite avec les policiers et les gendarmes.
Par conséquent, il aurait été très présomptueux, pour ne pas dire décalé, d’appeler le livre Haute intensité, parce que la notion de « haute intensité » renvoie à l’engagement possible des armées françaises dans des affrontements durs, exigeants, et meurtriers.
Les JOP 2024, je peux vous l’assurer, étaient vraiment une opération de « haute sensibilité », un événement tout autant sportif, politique que diplomatique. Et la France, grande puissance mondiale, était observée et attendue. Elle ne pouvait pas faillir.
Et la France aurait pu être attaquée…
Absolument. Beaucoup de pays se seraient satisfaits d’une incapacité de la France à être au rendez-vous de l’organisation de cet événement planétaire.
Donc nous n’avons pas eu d’autre choix que de réussir cette mission de sécurisation.

Patrouille du GMP Christophe ABAD avec les militaires de l’opération Sentinelle © cellule COM GMP
Et d’ailleurs, l’engagement des autorités politiques, au premier rang desquelles notre président, a été particulièrement marqué. Leurs attentes étaient extrêmement fortes vis-à-vis des policiers, des gendarmes, et des militaires engagés. Et c’est aussi pour cette raison que j’ai appelé le livre « Haute sensibilité ».
Souhaitez-vous dire un dernier mot aux lecteurs avant de nous quitter ?
J’ai expliqué précédemment en quoi consistait mon projet professionnel et j’ai bien l’intention de maintenir un rythme d’actif, tout en gardant un peu de temps libre pour ma famille à qui je dois beaucoup. J’ai une profonde envie de rendre ce qu’elle m’a donné pendant des décennies.
Cela permet aussi de se consacrer à des activités qui n’étaient pas envisageables lorsque j’étais sous l’uniforme. Je pense à une plus grande assiduité dans la pratique du sport ou à un accès accru à la culture sous toute ses formes, la lecture notamment.
Maîtriser son agenda reste le défi permanent de tous les chefs. Je l’ai vécu comme gouverneur militaire de Paris et j’apprécie de disposer de plus de temps aujourd’hui.
C’est vraiment une ambition très forte que je porte et je vais tout faire pour la satisfaire.
Je vous remercie général. Je vous souhaite une pleine réussite dans votre nouvelle étape de vie qui sera passionnante ! A bientôt donc pour la suite.
Le jour de notre rencontre, nous avons réalisé en complément une vidéo que je vous transmets et vous invite à soutenir
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