Interview de Mohamed Douhane, chef de projet sécurité et tranquilité publique

Le 18 décembre 2021 – Miss Konfidentielle en soutien à l’hommage aux policiers victimes du devoir organisé par Police – Action Solidaire (Didier Cottin ..) le 3 octobre 2021 à 15h00 en l’église de la Madeleine a rencontré des belles figures qui ont fait l’effort de se déplacer un dimanche afin d’entourer avec bienveillance les familles et les victimes. Un hommage très émouvant. L’une de ces figures était Mohamed Douhane, chef de projet sécurité et tranquilité publique, avec lequel les échanges étaient nombreux mais sans pour autant avoir pris le temps de se poser. Chose faite. Il en découle une interview très personnelle dotée d’une grande pudeur. Mohamed Douhane est un homme discret qui mérite d’être connu tant il a à partager et notamment auprès des jeunes issus de milieux modestes qui souhaitent s’en sortir. 

Bonjour Mohamed,

Quels souvenirs conservez-vous de votre enfance ?

Bonjour Miss Konfidentielle,
J’ai eu le bonheur de naître au sein d’une famille joyeuse et soudée originaire d’Echirolles, commune de la banlieue grenobloise. Je suis plus précisément le cadet d’une fratrie de 6 enfants (4 garçons, 2 filles), un père chauffeur de bus et une mère au foyer, qui durant de nombreuses années a occupé des emplois de femme de ménage pour améliorer le quotidien de ses enfants. Bref une maman aimante, à l’énergie débordante et un papa travailleur, généreux mais avec une main de fer…

Nous avons vécu très modestement à huit, dans un quatre pièces de type HLM (au 4ème et dernier étage sans ascenseur !) d’un quartier très populaire à Echirolles, et plus tard à La Villeneuve de Grenoble. Ces deux quartiers concentrent depuis de nombreuses années tous les maux de notre société (insécurité, chômage, exclusion etc.) et défraient régulièrement la chronique judiciaire. J’ai été très attristé en apprenant récemment que plusieurs de mes amis d’enfance avaient très mal tournés (homicides, drogue, suicides etc.).

En ce qui me concerne, avec mes frères et sœurs, j’ai eu une enfance joyeuse, rythmée par les cours à l’école, les matchs de foot du samedi et les bagarres de quartier du dimanche. Pour résumer, c’était la fête jusqu’au « couvre-feu familial » à 17h imposé par mes parents. 17h, pas une minute de plus !

Cette éducation stricte trouvait d’ailleurs son prolongement à l’école, avec des instituteurs qui avaient des méthodes radicales pour faire régner l’ordre et la discipline… C’était des méthodes très éloignées de « l’esprit mai 68 ». Nous étions pourtant au milieu des années 70.  Pour résumer, les gifles à vocation « pédagogique » étaient fréquentes à l’époque et assez bien tolérées par les parents d’élèves, lesquels, il fait le reconnaître, étaient rarement tenus informés par leur progéniture. Nous avions en effet des instituteurs très « vieille France » (le costume-cravate chez eux était la règle !), exigeants mais qui nous terrorisaient littéralement. Devenu adulte, j’ai compris que je devais tout à l’école de la République et à ces fameux « hussards ».

 « Tout ce qui ne tue pas, rend plus fort », disait le philosophe Nietzsche, alors au fil des années, patiemment, j’ai appris à cultiver mon jardin.

Suivent les études …

 J’ai suivi un parcours universitaire assez classique :
En 1983 : Bac Philo-Lettres (A4)  au lycée Champollion de Grenoble,
En 1986 : Diplôme de l’Institut d’Etudes Politiques de Grenoble.

Pourquoi ce choix ? Très tôt, j’avais un fort intérêt pour les sciences humaines, plus particulièrement l’histoire, la philosophie, les idées politiques et le droit des institutions.

J’ai ainsi passé une scolarité exceptionnelle dans cet institut, avec des enseignements variés, riches et des profs de haut niveau. J’en suis sorti diplômé.

En sortant de l’IEP, j’étais un peu perdu. J’enviais certains de mes camarades qui avaient des idées très précises quant à leur orientation. Beaucoup étaient coachés par leur entourage et avaient choisi des préparations de concours de grandes écoles (ENA, EHESP, Sup de Co, etc). Moi j’avais à peine 21 ans et un réseau familial et social assez limité. Par ailleurs, au début des années 80, il n’y avait pas internet pour s’informer et les forums- emplois étaient rares. Bref, je manquais cruellement de repères et il faut le reconnaître d’ambitions.

Finalement sans trop réfléchir, j’ai opté pour un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) « Métiers de la formation/Ressources humaines », que j’ai obtenu en 1987.

En 2012, j’ai suivi un programme de formation de haut niveau à l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ).

Au regard de votre parcours professionnel riche, quels marqueurs souhaitez-vous mettre en lumière auprès des lecteurs ?

Si mon parcours universitaire dans sa configuration est plutôt classique, mon parcours professionnel lui est lui assez atypique.

En réalité, après mon DESS, âgé de 22 ans, je ne savais pas vraiment vers quelle voie professionnelle m’orienter. J’avais juste envie de saisir toutes les opportunités que la vie pouvait m’offrir. Je parvins finalement à me stabiliser un peu sur le plan professionnel avec un CDD de formateur à la chambre de commerce et d’industrie de Grenoble, puis une expérience de conseiller-emploi à la mairie de Grenoble.

Mais un jour, je reçu un ordre d’appel pour le service national. Direction le 61ème régiment d’artillerie à Morhange (Moselle) ! C’était une petite ville de garnison de 2000 âmes, isolée et en plein zone rurale, où les températures l’hiver descendaient fréquemment en dessous de – 5 degrés. Bref, pour moi qui avais toujours vécu entouré de barres d’immeuble, j’avais l’impression de vivre un cauchemar. J’ai passé deux mois d’instruction militaire (« les classes ») dans ce régiment semi-disciplinaire, au sein d’une section qui regroupait des appelés venus des quatre coins de France et commandée avec un capitaine autoritaire. Période assez rude je dois le reconnaître.

A l’issue de cette instruction militaire, je fus muté comme officier-conseiller d’orientation au 1er régiment de Spahis de Valence.

Cette expérience militaire m’a marquée, elle fut riche sur le plan humain et renforça également mon patriotisme. Ainsi, fort de cette expérience au service de la défense de mon pays, je fis mienne la formule culte du grand Romain Gary : « Je n’ai pas une goutte de sang français, mais la France coule dans mes veines » (La Promesse de l’aube – 1960).

Après mon service militaire, je réintégrais mon emploi à la mairie de Grenoble mais très vite je ressentais le besoin de changer d’air et de vivre d’autres aventures.

Par l’intermédiaire de mon père chauffeur de bus, j’eus la chance de rencontrer « Gégé », un inspecteur principal de police des RG. C’était un homme sympathique, d’une grande culture et avec un réseau professionnel impressionnant. Il occupait un des meilleurs postes d’observation de la société que l’institution policière pouvait lui offrir et cela semblait le passionner.

Deux mois après, il me proposait une visite du commissariat de police de Grenoble. J’ai passé ainsi une journée entière à échanger avec des policiers de tous grades et de tous services. J’étais impressionné par la taille du bâtiment et par l’ambiance franchement amicale qui y régnait entre les collègues. Je cherchais un métier d’engagement fait d’actions et de réflexion au service de l’Etat. Mon choix était fait, je serai inspecteur de police.

Un concours étant souvent une loterie, je décidais de me présenter concomitamment aux épreuves de deux concours administratifs : celui d’attaché territorial puis inspecteur de police. Ayant été reçu aux deux concours, j’ai opté pour la police.

C’est ainsi que le 1er septembre 1992, c’est avec une grande émotion que j’intégrais la 39ème promotion des inspecteurs de la police nationale.

Sorti bien classé de l’école de police, j’avais vocation à intégrer une brigade centrale de PJ (Police judiciaire), la DST (Direction de la Surveillance du Territoire), la DCRG (direction centrale des Renseignements généraux)ou les RGPP, ces grandes directions jouissant déjà à l’époque d’un grand prestige.

Sur les conseils d’un formateur de l’école, j’ai alors choisi courant juin 1993 un commissariat de sécurité publique, dans le Val de Marne, avec une affectation dans une unité de police judiciaire et administrative (UPJA). Etant en début de carrière, je souhaitais apprendre le  b.a.-ba du métier, avant de me spécialiser dans un domaine.  Je n’aime pas la routine et bien j’ai été servi ! Le quotidien du métier d’inspecteur OPJ dans un commissariat de la banlieue parisienne est divers, varié et surtout imprévisible : les gardes à vue, les enquêtes de flagrant délit, les commissions rogatoires, les enquêtes-décès en cas de découverte de cadavre, les enquêtes administratives, les « dossiers Parquet » sans oublier les permanences de nuit, du week-end ainsi que les longues planques et filatures de suspects. J’ai passé ainsi cinq années très riches dans deux services du département.

Soucieux de vivre une nouvelle expérience, j’ai postulé en janvier 1998 pour la Direction de la sécurité publique de la préfecture de police de Paris (PP), plus précisément sur un poste d’officier de brigades dans un commissariat d’arrondissement. S’agissant d’un poste de commandement, (j’avais la responsabilité d’une brigade de roulement et d’une BIVP), dans un environnement qui m’était inconnu (la PP avait une organisation spécifique et unique en France), j’avais tout à apprendre : gestion et encadrement des effectifs, interventions de voie publique sensibles et bien sûr les nombreux et grands services d’ordre dont la PP avait la charge.

Pour résumer, j’ai eu une longue carrière de 18 années au sein de la préfecture de police de Paris, en occupant différents postes de commandement, au sein de la DSP (Direction de la Sécurité Publique), la DPUP (Direction de la police urbaine de proximité), puis la DSPAP (Direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne) : chef de brigades, capitaine chargé des opérations puis adjoint du commandant chef du service de voie publique.
J’ai ainsi pu constater au fil des années, que la police nationale, plus qu’aucune autre institution, offrait une diversité de métiers impressionnante et la possibilité à des personnes motivées de faire de belles carrières et d’exercer d’importantes responsabilités.

J’ai par ailleurs eu un engagement syndical, au sein du syndicat d’officiers de police, Synergie-Officiers,d’abord comme délégué de service, puis comme conseiller technique, enfin comme secrétaire national. Ce fut pour moi une période riche et instructive, qui m’a permis de bien maîtriser les rouages et l’organisation de la maison Police, de comprendre les enjeux de la sécurité globale, mais aussi de rencontrer des cadres et des personnalités hors norme du ministère de l’Intérieur et de la préfecture de police.

Avec eux, mes échanges ont toujours été chaleureux et constructifs et certains sont devenus des amis fidèles. Ne pouvant tous les mentionner et je m’en excuse, je me permets d’en citer quelques-uns :
Il y a tout d’abord Christian Sonrier, ex- directeur de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP). Un chef talentueux d’une rare humanité.
Frédéric Péchenard que j’ai connu directeur régional de la police judiciaire à la PP. Après avoir exercé les postes les plus prestigieux du 36, il fut finalement nommé DGPN ! Un couronnement à la hauteur des immenses qualités professionnelles et humaines de l’homme.
Eric Le Douaron, un préfet charismatique et visionnaire. Alors qu’il était directeur de la police urbaine de proximité (DPUP), il mena avec brio une ambitieuse réforme des services de la préfecture de police.
Joël Terry, brillant commissaire divisionnaire, aujourd’hui DDSP de Haute-Corse, un ami de toujours et d’une grande intelligence, que j’ai connu jeune officier au commissariat central du 1er arrondissement de Paris.
Philippe Kerzulec, commandant divisionnaire de police, mon fidèle camarade de promo avec lequel j’ai passé en début de carrière, cinq belles années dans les services de la DDSP 94.
Laurent Mercier, un commissaire divisionnaire chaleureux et d’une grande compétence, ami de longue date que j’ai connu jeune commissaire central du 12ème arrondissement de Paris.
Frédéric Lauze, un haut fonctionnaire de la police nationale au parcours exceptionnel, connu aussi pour ses nombreux romans à succès (Le Testament d’Alexandrie, 2020.)

J’ai eu aussi l’immense privilège de rencontrer et d’échanger avec le plus éminent chef de la « maison d’en face » : le général Richard Lizurey, ex-directeur général de la gendarmerie nationale qui a porté haut les couleurs de l’Arme durant de nombreuses années.

Et enfin, comment oublier Michel Gaudin, ex-préfet de police de Paris, que j’ai eu l’honneur d’avoir comme parrain et qui m’a décoré en personne de la médaille de l’ordre national du Mérite en 2011.

C’est avec une aussi grande émotion, que je fus, quelques années plus tard, décoré de la médaille d’honneur de la police.

Aujourd’hui, à toutes ces personnes qui m’ont accompagné dans mon parcours et soutenu dans mes projets, j’ai envie de leur témoigner toute ma reconnaissance et leur dire un grand merci !

Alors que vous suivez une carrière très honorable,
vous décidez de suivre des formations

Je souhaitais acquérir de nouvelles compétences professionnelles et ouvrir d’autres horizons. C’est ainsi que j’ai passé un Diplôme d’expert en protection des entreprises et intelligence économique (Master II) puis un certificat de conférencier en sécurité économique (Label Euclès), les deux étant dispensés par l’Institut de hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ), en partenariat avec plusieurs partenaires institutionnels (Délégation interministérielle à l’intelligence économique, DGSI, et gendarmerie nationale).

Ces formations me permettent aujourd’hui d’animer des séminaires et des conférences en complément de mes activités professionnelles.

Vous êtes également l’auteur de deux ouvrages ?

Oui, j’ai aussi profité de cette période pour écrire deux ouvrages :
Itinéraire d’un flic français en 2009,
La délinquance des mineurs Relever le défi – livre de Mohamed Douhane 2012. Une belle aventure personnelle, excitante mais éprouvante car pendant deux ans, j’ai passé tous mes week-end et des nuits complètes à rédiger puis corriger plusieurs centaines de pages manuscrites.

A l’occasion de la promotion de mes deux ouvrages, j’ai eu aussi l’opportunité de parcourir les plateaux-télé ainsi que les chaînes de radio avec un passage mémorable dans l’émission « les Grosses Têtes », animée par l’éternel Philippe Bouvard ! Une matinée mémorable !

Malgré la richesse de mon parcours et des missions toujours aussi passionnantes les unes que les autres, j’ai ressenti en 2015, le besoin de sortir d’une certaine « zone de confort » et  faire une mobilité en dehors de l’institution policière. La fonction publique offre cela : disponibilité, détachement ou mise à disposition, le choix est large.

Devenu commandant de police à l’emploi fonctionnel, je souhaitais servir autrement, dans un cadre différent, tout en capitalisant mon expérience professionnelle.

Nous arrivons à votre poste actuel. Racontez-nous …

En octobre 2016, j’ai ainsi rejoint le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET), un service du premier ministre chargé de concevoir et mettre en oeuvre la politique nationale d’égalité des territoires et notamment la politique de la ville. J’ai ainsi été recruté en tant que « Chargé de mission prévention de la délinquance et de la radicalisation ».

Ces nouvelles fonctions ont représenté un vrai virage pour moi.

En 25 ans de police nationale, j’ai appris à gérer des urgences diverses et variées. Sur mon nouveau poste, j’ai dû m’adapter à un autre environnement, à des missions et une culture professionnelle différentes. J’ai surtout appris la transversalité et le travail en partenariat qui sont aujourd’hui des pratiques indispensables, surtout lorsqu’on est amené à gérer des situations institutionnelles parfois complexes dans un cadre interministériel.

Dans ce contexte, mon expérience et ma connaissance de l’organisation des services de l’État m’ont été très utiles.

En janvier 2020, sous l’impulsion du Président Macron, est créée l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). Sous la tutelle du ministère de la cohésion des territoires et des collectivités territoriales, l’agence a pour mission de conseiller et de soutenir les collectivités territoriales et leurs groupements dans la conception, la définition et la mise en œuvre de leurs projets de territoires. Elle conduit également des programmes nationaux.

Le préfet Yves Le Breton, un haut fonctionnaire expérimenté et bienveillant est nommé directeur général et François-Antoine Mariani, en devient le directeur général délégué à la politique de la ville.  Ancien conseiller aux politiques contractuelles territoriales du Premier ministre, F.A Mariani est un homme chaleureux et brillant. Il a aussi une vision claire des enjeux de la politique de la ville et de la cohésion des territoires. J’ai sa confiance. Dès lors, lorsqu’il me propose un poste de « chef de projet sécurité et tranquillité publique » au sein de sa direction, j’accepte sans hésitation. Nouvelle organisation, nouveau management, nouveau défi !

Mes missions sont diverses et variées. J’ai ainsi la responsabilité de concevoir et animer, avec les partenaires du ministère chargé de la Ville et des autres ministères (notamment de l’Intérieur et de la Justice), les actions publiques en matière de sécurité et tranquillité publique, au travers notamment du suivi des conventions interministérielles.

Mes champs d’intervention sont vastes : relations entre les jeunes et la police, prévention situationnelle, accès au droit et aide aux victimes, ingénierie territoriale ; soutien, notamment méthodologique, au suivi et à l’évaluation des actions de prévention prévues par les contrats de ville. J’assure aussi le suivi de la mise en œuvre de la Police de sécurité du quotidien (PSQ) et son articulation avec la politique de la ville (Plan de mobilisation nationale pour les habitants des quartiers du 17 juillet 2018 et Comité interministériel à la ville du 29 janvier 2021).

Dans ce cadre-là, j’ai récemment co-rédigé avec et sous l’autorité du préfet Pierre Lambert, haut fonctionnaire mis à disposition par le ministère de l’Intérieur, un « Guide sur la sécurité dans la politique de la ville, à l’attention des élus et des acteurs locaux ».

J’ai également dans mon périmètre, la prévention de la radicalisation, qui représente un vaste chantier. Les phénomènes de radicalisation sont particulièrement sensibles à gérer et complexes à appréhender. Beaucoup ignorent que la radicalisation n’est pas un délit. C’est un comportement qui peut conduire certaines personnes à l’extrémisme voire au terrorisme. Elle concerne majoritairement des adolescents et des jeunes adultes en situation de fragilité sociale et psychologique. Toute la question est de savoir quelles mesures mettre en place sans porter atteinte à la liberté de culte et de conscience, qui est l’un des piliers de la loi sur la laïcité de 1905.

A ce titre, je suis ainsi chargé d’analyser les plans territoriaux de prévention de la radicalisation qui sont annexés aux contrats de la ville, comme le prévoit le plan national de prévention de la radicalisation du 23 février 2018.

Je participe également à plusieurs groupes de travail mis en place par le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), instance présidée par le préfet Christian Gravel, dont l’ANCT est un des partenaires principaux. Je représente par ailleurs l’ANCT au Conseil scientifique sur les processus de radicalisation, créé par le Premier ministre. Mais dans ce domaine, il faut savoir faire preuve d’une grande humilité, car la prévention de la radicalisation n’est pas une science exacte et les résultats sont toujours fragiles.

J’anime enfin des sessions de formation sur la prévention de la délinquance et de la radicalisation à destination du personnel. Et grâce à une formation complémentaire intéressante suivie en 2016, j’ai été habilité à dispenser des formations aux valeurs de la République et laïcité aux agents publics et responsables associatifs.

Au-delà de vos activités professionnelles, quels sont vos loisirs, vos passions ? Vos centres d’intérêt ?

Tout d’abord ma famille, en particulier mes trois enfants qui sont pour moi, une vraie source d’équilibre. Devenu père de famille, j’ai compris très rapidement qu’une « vie de flic » pouvait engendrer de grandes satisfactions mais aussi des obligations et des contraintes qui peuvent bousculer l’équilibre familial, si on n’y prend garde.

Mes loisirs sont variés : j’ai d’abord beaucoup de plaisir à revoir les vieux westerns de mon enfance, avec le grand et éternel John Wayne. Un déstressant sans égal après une longue journée de travail.

J’aime également le sport et en particulier le rugby et la marche à pied, que je pratique tous les week-end en forêt. Une vraie bouffée d’oxygène et une occasion de me ressourcer.

Je suis par ailleurs un boulimique de lecture, avec un intérêt particulier pour les ouvrages historiques, ceux de Jacques Le Goff sur le Moyen Age et Jean-Christian Petitfils sur la Monarchie, la littérature française bien sûr avec des monuments tels que Balzac, Joseph Kessel, Romain Gary, Albert Camus, Jean d’Ormesson, sans oublier la littérature de langue allemande avec Stefan Zweig, Franz Kafka et Erich Maria Remarque.

Je cultive enfin une véritable passion pour l’épopée napoléonienne que j’ai parcouru à travers les magnifiques ouvrages de Jean Tulard. Napoléon Ier est une personnalité exceptionnelle mais aussi le bâtisseur des grandes institutions de la France. Malgré le désastre de Waterloo, son génie politique et militaire est fascinant !

Je conclurai cette interview en vous remerciant sincèrement pour le temps que vous m’avez accordé et vous féliciter aussi pour la qualité de vos entretiens. Grâce à Miss Konfidentielle sont mis en exergue des personnalités et des talents divers dont les activités méritent d’être connues et valorisées car elles constituent une vraie richesse pour le pays.

Un dernier message si vous le permettez. Depuis de nombreuses années, je rencontre beaucoup de jeunes notamment issus des quartiers populaires. Je constate que la crise sanitaire actuelle a accru leurs doutes, leur isolement et pour certains leur « mal-être ».

Je suis cependant convaincu qu’on ne construit rien de solide et de durable dans la rancœur et le ressentiment. Etre citoyen d’une grande Nation comme la France est une chance, un privilège…

A ces jeunes compatriotes, j’aurais donc envie de dire à l’instar de René Char, poète et résistant français « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront ».


Note importante

Photo en Une de l’interview de Mohamed Douhane : Cérémonie de remise de la médaille de l’ordre national du Mérite, par  Michel Gaudin préfet de police de Paris. Moment solennel chargé d’émotion et de chaleur humaine, en présence de ma famille et de mes amis. Christian Lambert, un grand flic devenu préfet de la Seine -Saint-Denis, m’a fait l’honneur de sa présence. C’était le 21 juin 2011 à Paris © Mohamed Douhane
Toute reproduction est interdite sans l’accord préalable écrit de Mohamed Douhane.

Tout ou partie de l’interview de Mohamed Douhane est interdite de reproduction sans l’accord préalable écrit de Valérie Desforges.

 

8 commentaires
  1. OLIVE Christian dit

    Quelle vie ! Quelle richesse humaine !
    Merci à Mohamed Douhane pour ce témoignage qui devrait “éclairer” les générations qui entrent en activité.
    Merci à MissK pour son “art” de la rencontre avec des femmes et des hommes “ordinaires” qui font des choses “extraordinaires” 🔝

  2. M.Douhane dit

    Je suis très touché par votre message cher Monsieur. Je vous en remercie sincèrement.
    Je vous félicite également pour votre parcours ainsi que pour votre engagement. Ils inspirent le respect et l’admiration.
    Bien à vous.

  3. Daniel K. dit

    Bonsoir,
    J’ai profité de ce dimanche pour lire cette belle interview qu’a réalisé Miss Konfidentielle , une nouvelle histoire qui retrace le parcours personnel et professionnel de M. Mohamed DOUHANE.
    Des passages où je m’y retrouve un peu sur la vie familiale et professionnelle….
    Mais je suis également en admiration devant son engagement et ses actions actuelles.

    Bravo M. DOUHANE , votre exemple devait être mis à l’honneur.
    Mais qui mieux que Miss Konfidentielle pour nous faire découvrir de belles personnes comme vous…

  4. M.Douhane dit

    Cher Monsieur Daniel K.
    Merci pour ce message qui faut chaud au cœur.
    Je ne doute de votre engagement au service de notre société. C’est tout le talent de Miss Konfidentielle que de les valoriser.
    Toutes mes félicitations.
    Bien à vous.
    M.Douhane

  5. Philippe V dit

    Quelle interview, quelle histoire, quel parcours mais surtout quelle vie. Dans ma vie de policier j’ai eu la chance de vous rencontrer, vous qui avez été un mentor pour moi tant vous m’avez impressionné à l’époque et inspiré le respect. Aujourd’hui du haut de mes 42 ans, le petit Ads que vous avez connu est devenu Major de Police, et je le souhaite bientôt peut-être officier. Commandant, je partage ô combien vos valeurs, merci pour tout ce que vous avez fait pour la France, merci d’avoir été aussi humain et bienveillant avec le petit policier que j’étais à l’époque. Enfin, j’espère et ne désespère pas pouvoir à nouveau travailler sous vos ordres afin de continuer d’apprendre. Bravo Commandant, je vous souhaite de merveilleuses fêtes de fin d’année. Amitiés Philippe

    1. M.Douhane dit

      Cher Philippe, je suis très touché par votre message d’amitié. Je me souviens parfaitement de vous lorsque vous étiez ADS: un jeune homme agréable, volontaire et particulièrement motivé.
      Bravo pour votre carrière, exemplaire à plus d’un titre.
      Prochaine étape pour vous: officier ! Je ne doute pas que vous réussirez.
      A bientôt.
      Amitiés.

      1. Jacques Andre Prevost dit

        Bravo Mohamed Douane pour cette interview et ce parcours si riche.
        On se revoit bientôt ?

        1. M.Douhane dit

          Avec plaisir Jacques!
          Merci beaucoup.

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