Charlotte Loichot présente son projet « Cosette et la résilience »

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Le 19 février 2023 – Une nouvelle rubrique se crée, celle de Charlotte Loichot, de manière à valoriser son projet « Cosette et la résilience, ou comment améliorer la prise en charge et l’accompagnement des enfants victimes collatérales des violences intrafamiliales grâce aux éducateurs de jeunes enfants ». Nous suivrons l’évolution de l’aventure, pour le moment, commençons par le début ! 

Bonjour à tous,

Tout d’abord, je remercie chaleureusement Miss Konfidentielle pour la confiance et le soutien qu’elle m’accorde.
Peut-être que certains d’entre vous ne me connaissent pas.

Alors voilà une belle occasion d’y remédier et de vous parler de mon projet professionnel.

Je m’appelle Charlotte Loichot. J’ai grandi en Ile-de-France, plus exactement dans les Hauts-de-Seine (92). Aujourd’hui, je vis dans un village dans le Parc Régional du Vexin, dans le Val-d’Oise (95) avec mes deux enfants.

Suite à l’obtention du Bac Professionnel Commerce et services en 1995, j’ai choisi de me consacrer à la petite enfance. J’ai alors passé 27 mois à l’EFPP (Ecole de Formation Psychopédagogique de Paris) à l’issue desquels j’ai obtenu mon diplôme d’Etat d’Educatrice de Jeunes Enfants (EJE).

Souhaitant commencer ma carrière en travaillant plus précisément auprès d’enfants malades, j’ai profité de la création d’un poste d’EJE en octobre 1999 à l’hôpital de l’AP-HP à La Roche-Guyon, dans le Val-d’Oise, accueillant des enfants polyhandicapés et malades.

Petit à petit, ce service pédiatrique est devenu un service de soins palliatifs pour enfants.

J’ai donc passé onze années auprès de ces enfants mais aussi en travaillant avec les équipes soignantes et paramédicales ce qui m’a significativement enrichie tant à titre personnel que professionnel. Je remercie tout particulièrement Docteur Anne-Marie Boutin et Sophie Mathieu, neuropédiatres, qui m’ont fait confiance et qui m’ont donné pour mission principale « d’apporter de la vie, des sourires aux enfants qui ont pour maison, cet hôpital ».

Depuis octobre 2010, je travaille à la crèche hospitalière Nos Petits Pas du CHIMM (Centre Hospitalier Intercommunal de Meulan- les Mureaux). Cette crèche accueille les enfants du personnel hospitalier âgés de 3 mois à 3 ans. C’est un vrai plaisir de pouvoir consacrer mes journées auprès de ces enfants.

Des projets que j’ai mis en place depuis plusieurs années perdurent dans le temps (cahier souvenirs de la crèche, massages…) et des nouveaux projets comme apprendre à exprimer ses émotions, apprendre à vivre en collectivité par le biais de groupes de paroles, donner différentes responsabilités pour favoriser l’autonomie, sensibiliser les enfants à la nature en étant responsable du potager etc…

Qu’est-ce que le métier d’EJE ?

C’est un travailleur social qualifié, chargé de l’éducation des enfants de 0 à 7 ans. Il exerce à la fois une action sociale, éducative, préventive et de la formation.

En utilisant l’observation fine comme outil de travail, dans son action éducative, l’EJE analyse le comportement de l’enfant et adapte son intervention au profit de ce dernier. Il considère l’enfant comme une personne compétente et capable de communication. Il agit au quotidien sur le plan social, éducatif mais aussi sur le plan psychologique et sanitaire permettant ainsi d’éviter de prévenir ou limiter l’apparition de troubles ou de carences.

L’EJE peut orienter l’enfant vers les autres professionnels spécialisés lorsqu’il repère des retards psychomoteurs ou des troubles du comportement.

Dans sa relation d’éducation, il prend en compte le milieu familial, les références culturelles et le milieu social de l’enfant. Il a également pour mission d’aménager l’espace de vie pour répondre aux besoins de chaque enfant tout en assurant leur sécurité physique et affective. Il anime des temps d’éveil afin de stimuler leur créativité et favoriser leur autonomie. Il apporte un soutien à la parentalité et accompagne les familles confrontées à des situations particulières (handicap, maladie etc..).

Mon projet professionnel : « Cosette et la résilience, ou comment améliorer la prise en charge et l’accompagnement des enfants victimes collatérales des violences intrafamiliales grâce aux éducateurs de jeunes enfants ».

Cela fait maintenant quelques années que je me posais la question « Est-ce qu’il y a des professionnels de la petite enfance au sein de la chaîne de secours de la justice, du primo-intervenant jusqu’au tribunal et à toutes les étapes? ».

C’est ce que ce projet se propose de prendre en compte. La plus-value de ma qualité d’EJE au profit de la justice.

Voici quelques chiffres pour l’année 2020 publiés dans le rapport de l’ONPE (Observatoire National de la Protection de l’Enfance) paru en juillet 2022 :

  • 1 enfant meurt tous les 4 jours d’infanticides
  • 1 enfant meurt tous les 7 jours de violences au sein de la famille. Pour la justice, l’EJE est la seule fonction pouvant recevoir, faire appliquer
  • 39 433 victimes de violences sexuelles
  • 12 286 viols sur mineurs (soit 33 par jours avec en moyenne d’âge de 9 ans)
  • 63 883 victimes de violences physiques (52% au sein de la famille).

Avoir subi des violences dans l’enfance est la principale cause de décès précoce à l’âge adulte, le déterminant principal de la santé 50 ans après, et peuvent faire perdre 20 ans d’espérance de vie.

De facto, il a été établit que SUBIR DES VIOLENCES DANS L’ENFANCE EST LE PRINCIPAL FACTEUR DE RISQUE, TOUT AU LONG DE SA VIE pour

  • le suicide ou la tentative de suicide
  • l’alcoolisme, toxicomanie, tabagisme
  • obésité
  • le développement de comportements à risque
  • la déprime
  • la grossesse précoce
  • la précarité, la marginalisation, ou la prostitution.

Un enfant victime devient potentiellement une grenade dégoupillée invisible.

La charge de son traumatisme est analogue à cette image. Si rien n’est fait soit au titre de la prévention, soit au titre de la prévision et de l’assistance, l’enfant portera cette charge toute sa vie. Un simple évènement déclencheur fera exploser la charge avec de potentiels dommages collatéraux. Il faut toute une équipe pluridisciplinaire pour désamorcer une telle bombe humaine. ET DE TOUTE EVIDENCE IL FAUT PRIVILEGIER LA PREVENTION.

Toute atteinte à l’intégrité physique ou psychologique d’un enfant est un aveu d’échec de la communauté (famille et Etat) et engendre des conséquences incommensurables.

La prévention présente, d’ores et déjà, un retour sur investissement de plusieurs centaines de fois plus intéressant que l’omission, la négligence, l’attentisme.

Trois observations principales ressortent et se confirment de l’étude de ce projet :

1) En tout lieu où il y a des enfants, il y a des professionnels de l’enfance, SAUF dans le cadre de la chaîne prévention et des secours de la justice où l’enfance n’est qu’une spécialisation venant se greffer à une autre profession principale (policier, gendarme, avocat, médecin, juge accessoirement spécialisé enfant et famille).

2) Ce projet offre l’opportunité de mettre l’enfant et la famille concrètement au centre de la stratégie de protection comme prescrit à l’international (actuellement, les victimes ont cette double peine traumatisante du ballotage entre les différents experts). Véritable relais entre les primo-intervenants de la Gendarmerie/Police, le MPF (Maison de Protection des Familles)/ BPF (Brigade de Protection de la Famille), l’UMJ (Unité médico-judiciaire), l’ISG/ISC (Intervenante Sociale en Gendarmerie/Commissariat), l’éducateur de jeunes enfants accueille et accompagne tous les mineurs victimes directes ou indirectes.

3) Dans le cadre de la justice, l’EJE est la/le seul(e) pouvant recevoir, faire appliquer, coordonner les prescriptions des différentes parties prenantes (justice, médecine, enseignement, social etc…) SANS conflit d’intérêts car c’est sa vocation.

Les MPF et les BPF requièrent des compétences pluridisciplinaires et interprofessionnelles; l’EJE dispose du profil de réponse adéquat et immédiat, en sa qualité de primo-intervenant. En effet, il présente un ensemble de compétences, de qualités et statut permettant de répondre aux besoins des MPF et BPF, mais aussi de contribuer fortementà répondreaux objectifs de la France par une réponse concrète simple et innovante. L’EJE s’inscrit dans la PREVENTION dans la protection des mineurs. Il se positionne en catalyseur et facilitateur de résilience entre les parties prenantes. Il vient en complément des moyens humains existant. Il s’inscrit donc parfaitement dans la stratégie nationale et internationale.

Deux conclusions majeures peuvent être tirées de ces trois observations :

L’EJE s’avère véritablement être le maillon manquant d’interface d’excellence entre d’une part la famille et l’enfant, et d’autre part les diverses parties prenantes.

La justice, c’est aussi la bientraitance et la bienveillance à l’égard des victimes. Le sujet de la protection de la famille et des enfants relève d’une composante transversale interministérielle, et c’est exactement la vocation de l’EJE. Il est par ailleurs en prise indirecte avec les services concernés du Conseil Départemental et de la Préfecture. Travaillant en réseau, il dispose de moyens pour démultiplier ses actions. Son action contribue à faciliter l’accès aux prestations d’accueil et aux aides personnalisées en préparant et facilitant les interventions de l’ISG et de l’ISC.

Quels sont les enjeux du projet « Cosette et la résilience » : Humains • Sociétaux • Temps • Légaux • Financiers.

S’agissant du financement, qui a souvent été l’élément bloquant à la mise en place du projet, il peut être soit d’origine publique, soit intégralement ou partiellement issu du mécénat provenant de personnes morales ou physiques (d’association, de fondation, d’entreprise).

Toute personne apportant une contribution à la protection des mineurs peut bénéficier des disposition liées au titre de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) mais pas uniquement. Il peut en effet être envisagé, de délivrer une attestation de mécénat par les instances publiques. Le mécène a droit de l’afficher au titre de sa RSE et ce qui lui permet également un avantage tangible de différenciation dans les appels d’offres publics et privés.

Ce qu’il faut retenir de ce projet, c’est que l’éducateur de jeunes enfants, de par ses compétences, permet de répondre aux obligations de moyens nécessaires pour répondre aux obligations de résultat:

  • Stratégique : enfant et famille au centre
  • moyens techniques : Maison de Protection des Familles (Gendarmerie Nationale), Brigade de  Protection de famille (Police Nationale)
  • moyens humains : Unité de prévention et de protection (membres des forces de l’ordre, ISG/ISC,EJE)
  • moyens organisationnels : améliore ostensiblement le “qui, où, quand, comment…”. et les moyens économiques : le retour sur investissement est très important, il dépasse le coefficient 20.

Ces points s’inscrivent dans les engagements du « plan d’action gouvernemental de lutte contre les violences faites aux enfants ».

Il m’importe à préciser qu’à ce jour, ce projet innovant qui me tient à cœur a séduit bon nombre de personnes issues de différentes administrations et corps d’état.

Parmi les retours que j’ai reçus après l’avoir présenté soit en présentiel soit par voie électronique, j’ai eu le plaisir d’entendre. “qu’il correspond à un besoin”, que c’est un beau projet novateur”, “pertinent et solide”, “une plus-value pour les forces de l’ordre mais aussi pour la protection de l’enfance”, “ce serait effectivement une meilleure prise en charge adaptée pour l’enfant dans la chaîne de secours”… Tous ces encouragements confortent ma détermination et ma motivation à réaliser ce projet.

En attendant de voir le jour de la mise en place de ce projet qui me tient à coeur, j’aurai plaisir à vous informer de son avancement dans cette rubrique grâce à Miss Konfidentielle.

Voilà, maintenant vous me connaissez tous.

A bientôt !


Note : Contenu de l’article et photo interdites à la reproduction.

6 commentaires
  1. Niño dit

    Beau projet qui correspond à une réalité qui ne va pas en s’arrangeant. L’accompagnement est essentiel.

    1. Charlotte Loichot dit

      Merci Marc 😊

  2. sanora dit

    Ce serait une réelle innovation on croise les doigts pour toi Cela me paraît un excellent projet

    1. Charlotte Loichot dit

      Merci Sanora pour ton soutien !😘🤞🏻🤞🏻

  3. Bruno dit

    Voilà un très beau projet qui va apporter une réelle plus value et améliorer les conditions de vie des enfants et mettre un zoom sur ce problème societal. Je t encourage vivement ma Charlotte et te soutiens.
    🙏💫

    1. Charlotte Loichot dit

      Un grand merci pour ton soutien.
      🙏🏻🙏🏻

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