Interview de Alain Bauer, professeur de criminologie

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Miss Konfidentielle est ravie de partager avec vous son entretien avec Alain Bauer. Un homme au parcours bien rempli sur des sujets sérieux comme vous allez le découvrir. Et qui s’ouvre sur des sujets personnels. Le travail.. et l’humain se complètent.

Bonjour Alain,

Nos lecteurs ne connaissent pas tous l’ampleur de votre parcours. Pouvez-vous les éclairer ?

J’ai eu la chance de travailler pour, puis avec Michel Rocard de 1979 jusqu’à son décès, ce qui a façonné ma vision du monde, de la vérité, de la réforme acceptée plus qu’imposée.

J’ai été amené, par hasard, dans les années Matignon, à suivre les dossiers de Sécurité et de Défense (que j’avais eu à traiter comme vice-président de Paris I Panthéon Sorbonne dans la période 1986 des grandes manifestations étudiantes. J’ai rejoint ensuite le groupe SARI ou j’ai eu en charge les contrôles internes et la sécurité du CNIT, de la Colline de l’automobile, du carrousel du Louvre, de la Foire de Marseille, ….. et presque naturellement Sciences Po, puis Paris V, enfin Paris II m’ont demandé de former des étudiants.

J’ai aussi été recruté par le NYPD après 2001 pour mettre en place leur outil antiterroriste, et désormais je suis :

Professeur de Criminologie au Conservatoire National des Arts et Métiers; Professeur associé à l’Université Fudan (Shanghai); Senior Research Fellow Center of Terrorism du John Jay College of Criminal Justice à New York (Etats-Unis); à l’université de Droit et de Sciences Politiques de Chine (Beijing); Directeur de la Chaire Sciences Policières et Criminelles du MBA Management de la Sécurité – EOGN ; Président du Conseil Supérieur de la Formation et de la recherche Stratégiques (CSFRS) auprès du Président de la République, 2009/2019; Editor de l’International Journal on Criminology; Président du Conseil National des Activités Privées de Sécurité (CNAPS), 2012-2017; Président du conseil d’orientation de l’Observatoire national de la délinquance (ONDRP), 2003-2012; Conseil du New York Police Department (NYPD), de la sûreté du Québec (SQ) (Canada) et du Los Angeles Sheriff Department (LASD); Membre de la Task Force de l’OCDE sur le commerce illicite, Membre du groupe d’experts sur le crime organisé (SOCTA) EUROPOL,…

Comment définiriez-vous le métier de criminologue ?

Même si ce sujet reste curieusement très discuté en France, Emile Durkheim a réglé cette question il y a plus d’un siècle. Avec mes quarante collègues « clandestins » ou « sans papiers » puisque je suis le seul professeur de criminologie « officiel » en France (pour quatre cents fois plus en Grande Bretagne et probablement quatre mille fois plus aux USA).

Nous analysons un phénomène qui s’appelle le crime depuis qu’on a défini le concept de l’interdit et du puni. Et nous analysons de la même façon les relations entre le ou les auteurs, la ou les victimes, les circonstances, les lieux, les parcours, la réponse sociale, judiciaire, pénitentiaire, la réinsertion, la réhabilitation ou la récidive.

Avez-vous une actualité ?

Mon actualité c’est souvent l’actualité. Crime, violence, terrorisme, renseignement, qui font les délices des médias, des chaines d’info en continu mais aussi des romans, du théâtre, de la tragédie, du cinéma, ou mobilisent les manifestants et donc les forces de l’ordre, sont mon quotidien.

Auteur de nombreux ouvrages, quels sont ceux qui vous tiennent le plus à coeur ?

Il est toujours difficile de choisir parmi de nombreux ouvrages qui couvrent des secteurs très divers : Franc Maçonnerie, Gastronomie, Criminalité, Terrorisme. Un de chaque pour faire un menu complet…

Récemment j’ai eu la chance avec Marie Christine Dupuis Danon de publier chez Odile Jacob le deuxième Opus de notre série commencée avec « Les Guetteurs » (une histoire intérieure du renseignement) et qui s’intitule « Les Protecteurs » (une histoire intime et intérieure de la Gendarmerie Nationale). Et sur un autre terrain, avec Christophe Soullez, « “3 minutes pour comprendre les 50 plus grandes affaires criminelles de notre histoire” » au courrier du livre, un ouvrage superbement illustré qui revient sur plusieurs siècles de faits divers majeurs.

Avec l’expérience certaine que vous avez, et que nous pouvons retrouver en partie sur votre site, quelle est votre philosophie de vie ?

Oui bien sûr : Il faut vivre et ne pas laisser mourir. 

Ainsi que vos plus grandes sources de détente ?

La plongée sous-marine, les échecs, la marche. ….
Et surtout écrire sur des sujets différents avec plusieurs projets en même temps.

Un grand remerciement d’avoir accepté de répondre très rapidement à l’interview alors que vous êtes très occupé actuellement.

1 commentaire
  1. VALLE Gérard dit

    Le travail…. et l’humain se complètent…. lis je ! “ô combien” ai-je envie de commenter….. La vraie richesse de l’humain est le “savoir” qu’il a accumulé, au travers et par les expériences vécues…. en un mot, la richesse de l’Humain est son parcours, ses implications, ses réalisations, ses partages, etc., tout au long des années d’interaction qu’il a connues…. Peu importe que l’on dise, apprécie, juge, sentencieusement ou discrètement, s’il a tort ou raison….. Ce qui était “vrai” hier est devenu “faux” aujourd’hui ou bien le deviendra demain….. C’est la vie, dit-on communément…. ! L’important est de vivre et de ne pas se laisser mourir….. Ne pas connaître personnellement M. Alain BAUER n’amenuise pas le plaisir que j’ai régulièrement à le lire ; clarté, franchise, synthèse, etc. caractérisent ses propos.

    Il est riche par ce qu’il partage; jouissant d’un espace de parole, quand il s’exprime et que je l’écoute ou le lis, nécessairement je m’enrichis….. car, tout aussi nécessairement, grâce à lui (à cause de lui….), je réfléchis, je recherche, je complète, j’analyse, je cherche à mettre en doute ses propos, je “fouine”, je médite….. donc je “travaille” et donc, je Suis….. Cogito ergo sum… !

    Heureux, que ma vie soit aussi, telle celle de M. BAUER, remplie des plaisirs que procurent la marche, le jeu d’échecs et l’écriture dans un foisonnement de projets ou sujets aussi divers que variés… des “occupations” qui permettent et incitent à “réfléchir”…. à penser…. un chemin vers un équilibre, vers l’équilibre intellectuel et émotionnel, celui qui permet de partager sereinement avec ses semblables…. (le vrai sens de la vie, je pense…).

    Merci M. BAUER, merci Miss Konfidentielle.

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