Tribune de Abel Boyi – La zoopornographie envahit les contenus numériques de notre jeunesse

Le 09 mai 2023 – Une Tribune présentée sous la forme d’une ALERTE auprès des citoyens et des politiques est ouverte à Abel BOYI, président de la plateforme associative et citoyenne FR – Tous uniques, tous unis. Un remerciement à Abdoulaye KANTE, policier à la Direction de la coopération internationale du ministère de l’Intérieur (DCIS), qui a eu la bonne idée de me présenter Abel BOYI. 

– Internet, cet oxymore virtuel du 21ème siècle –

Bonjour,

Je vous transmets une ALERTE que je vous invite à lire avec soin.

Selon sa définition officielle, un oxymore est une figure de style qui consiste à allier deux mots de sens contradictoires. Comment alors « Internet » peut-il être un oxymore à lui seul ?

Je suis Abel BOYI, président de la plateforme associative et citoyenne FR – Tous uniques, tous unis.

Avec mes équipes, nous travaillons sur les questions qui concernent la jeunesse, les violences faites aux femmes et la situation du handicap au travers de modules que nous apportons à des jeunes suivis par des associations et dispositifs dont nous sommes partenaires.

Nous encourageons les jeunes que nous rencontrons à se donner des objectifs pour les uns, à persévérer dans le cheminement de leurs objectifs pour les autres et à comprendre que la réussite ou non de ceux-ci dépend de leurs comportements.

Au-delà d’une liste d’attitudes corporelles, un bon comportement est avant tout le fruit d’un bon état d’esprit.

Pour eux, pour elles leur comportement est observé, apprécié (ou non) dans 3 sphères :

– La famille / les intimes, la sphère privée
– Le lieu de formation / le dispositif jeunesse / le lieu de travail, la sphère professionnelle
– Internet / Les réseaux sociaux, la sphère numérique

Les 3 sphères étant en interconnexion perpétuelle, l’influence sur l’atteinte ou non de son objectif est déterminante.

Parmi ces modules, il y a en a un intitulé « Les comportements numériques ».

Par le biais d’une méthodologie humaine et ludique permettant la mise en confiance des jeunes, nous abordons dans celui-ci le sujet de leur utilisation quotidienne d’internet.

Ça commence par l’évaluation du nombre d’heures par jour pour arriver au contenu.

Je tiens à remercier ces jeunes garçons, ces jeunes filles pour la confiance, la liberté de ton et de parole sans aucun tabou.

8 à 10h par jour en moyenne avec des pointes à 18 heures par jour le week-end pour les plus chevronnés.

Les jeunes que nous côtoyons reconnaissent allègrement dormir peu la nuit.

Je savais que la pornographie était un fléau important.

Je savais qu’à l’âge de 10 ans, plus de 50% de nos jeunes avaient déjà été exposés à du contenu pornographique sur internet au moins 1 fois.

Je savais qu’entre 10 et 17 ans, plus de 3 jeunes sur 5 avaient déjà eu accès à du contenu pornographique en surfant sur internet volontairement.

En 2018 déjà selon une enquête Ipsos, 21% des 14-24 ans regardaient des vidéos pornographiques au moins 1 fois par semaine.

Le dernier sondage Opinion Way datant de mars 2023 est une sorte de synthèse, à 12 ans, 1/3 des enfants ont déjà été exposés aux sites pornographiques.

Au final, au moins 80 % des jeunes de moins de 18 ans ont déjà vu des contenus pornographiques.

Néanmoins le but de mon propos n’est pas d’aborder cette question, d’exposer mon inquiétude par le prisme unique de la perspective analytique.

Je me base sur ce que j’entends sur le terrain, sur ce que me confirment les nombreux jeunes que je côtoie (plus de 200 interventions par an), les nombreux partenaires avec qui je travaille tout au long de l’année en ateliers de groupes ou en entretiens individuels.

Dans une société où la transition vers le numérique a exacerbé les fossés générationnels dans de nombreuses cellules familiales, où le corps de la femme est hyper sexualisé, certains clips et textes musicaux, certaines vidéos sur les réseaux sociaux constituent le 1^erpas, la porte ouverte, le raccourci vers la curiosité, la découverte, voire, l’addiction à la pornographie.

Nous ne reviendrons pas sur la facilité déconcertante pour accéder à ces sites…

Une fois la consommation de la pornographie confessée, assumée dans ce qui constitue malheureusement une normalité, un chemin trompeur et fantasmé d’une éducation sexuelle (pour ces jeunes « tout le monde est hypocrite car tout le monde va sur des sites porno donc pourquoi pas eux ? ») vient la confession de la consultation de vidéos aux sujets encore plus inquiétants… Toujours par simple curiosité… Même quand ils/elles savent que c’est malsain, inhumain…

Des vidéos mettant en scène de la pornographie mêlée à la scatologie (jeux avec des excréments pouvant aller jusqu’à la consommation de ceux-ci)…Par curiosité…

Des vidéos de viols, notamment sur des filles mineures par des adultes… Par curiosité…

Des vidéos aussi bien visionnées par les filles que par les garçons…Par curiosité…

Et comme si ce n’était pas suffisant je suis confronté à des confessions plus étonnantes encore, la consultation de vidéos faisant la promotion de la zoophilie…Oui…

La zoopornographie, c’est-à-dire, des personnes qui ont des relations sexuelles avec des animaux…Toujours par curiosité…

La pornographie « classique », déjà qu’elle fait énormément de dégâts, semble reléguée au stade initiatique, ne plus être suffisante pour assouvir une soif,  une attirance insatiable vers l’interdit, l’abominable, en ce qui concerne le sexe.

Le sujet est tabou, dégueulasse, interdit mais accessible ! Donc il faut aller voir…

Quel effroi en moi à l’écoute du récit d’un jeune concernant une vidéo sur internet mettant en scène une femme, qui après avoir eu un rapport sexuel avec un chien, a fini par jouir en jouant avec un serpent au niveau de son sexe…

D’autres anecdotes, toutes plus folles les unes que les autres, sur des vidéos montrant des relations sexuelles entre des hommes/femmes et des animaux…

Fellations d’animaux sur des hommes, viols de cochons, pratiques « acrobatiques » avec des chevaux et j’en passe…

Mais où trouvent-ils/elles ces vidéos ? Sur le darkweb ?

« Si vous saviez Monsieur !? Il y a des boucles Telegram avec des trucs de malades ! Mais pas que ! Internet et le darkweb c’est vers l’infini et au-delà ! » m’a-t-on répondu une fois.

Je tiens à préciser qu’aucun jeune ne m’a affirmé tolérer, être partisan de la zoophilie.

Tous et toutes ont conscience de l’abomination de la chose.

Néanmoins le besoin de tuer le temps par une fausse sensation de liberté impacte négativement des esprits variablement fragilisés par des parcours de vie parfois très difficiles.

Il n’est pas évident pour les jeunes élèves de parler de cela dans le cadre scolaire classique tant celui-ci est aseptisé.

Que s’est-il passé en une génération ?

J’ai l’habitude de dire que si la génération actuelle de jeunes galérait autant, c’est aussi parce que ma génération, la Y, n’a pas su les protéger ni leur transmettre des valeurs nobles, valeurs que nos parents (qui pour certains sont arrivés en France dans les années 60, 70 et 80) s’étaient pourtant attelés à nous transmettre…

La société a son lot d’injustices mais il y a un manque. Et nous le voyons dans la défiance, le manque de respect de l’aîné dans pas mal de cas, chose inimaginable à notre époque.

Malgré certaines bêtises de jeunesse, nous respections nos aînés, nous ne les défiions jamais du regard. La notion de respect de l’autorité avait encore un sens profond…

J’écris aujourd’hui ce texte pour alerter sur le retard que nous avons en tant que société dans l’approche et le traitement de la prévention quant à l’utilisation d’internet par les jeunes.

Je vois des jeunes de 8-9 ans qui ont déjà des téléphones portables, qui parlent de pornographie dans des termes que je ne connaissais pas à leur âge.

Je vois que sur le sujet de la prostitution des mineures nous avons un retard important. Certains élus ne sont même pas au courant de ce phénomène, affirmant en avoir déjà entendu parler, avoir déjà vu passer des reportages sur le sujet mais minimisant l’ampleur de la chose… Parfois sur leurs propres territoires…

Il y a eu un avant et un après l’affaire concernant cette ancienne escort-girl qui travaillait dans un cabaret et avaient eu comme clients d’anciens joueurs de l’équipe de France de football, mineure au moment des faits.

Nous ne pouvons que nous réjouir de sa succes-story, du fait qu’elle soit sortie de cet engrenage. Néanmoins au moment de l’éclatement du scandale, beaucoup de médias (pas tous) se sont attelés dans leur recherche habituelle du sensationnel, à faire un focus sur les footballeurs concernés puis sur cette fameuse succès-story au détriment d’une prévention sérieuse quant au sujet de la prostitution des mineures.

Le buzz autour de ce fait divers a fortement contribué à l’explosion de nombreuses vocations malheureuses… Au grand jour… Le statut de tabou a presque disparu.

Snapchat est l’une des plateformes préférées des proxénètes, parfois très jeunes (il faut oublier l’image du parrain à l’ancienne en costume borsalino) qui n’hésitent à menacer certaines associations qui aident des filles à s’en sortir.

Je vois que le taux consultation de vidéos sur la zoophilie est en explosion… Par curiosité…

En septembre 2020 une proposition de loi relative à la lutte contre la souffrance et la maltraitance animale portée par les députés Dimitri HOUBRON, Vincent LEDOUX, Olivier BECHT et les membres du groupe Agir ensemble faisait état de 1,6 millions de visites mensuelles.

En 2021 l’association Animal Cross avait alerté sur l’augmentation inquiétante du nombre de visites mensuelles sur des sites spécialisés dans la zoopornographie.

Environ 1,5 millions de visites en France selon leur étude.

Des chiffres quasiment identiques dont il est difficile de douter qu’ils aient augmenté depuis.

Il est intéressant de voir qu’il n’y a pas d’étude sur la consommation de la zoopornographie par la jeunesse.

Les quelques chiffres existants sur le sujet le sont uniquement dans le cadre de la lutte pour la protection animale et c’est une très bonne chose d’alerter sur le sujet.

Néanmoins il faudrait se pencher sur les interdits, les verrous qui sautent tous les jours au sein de notre jeunesse.

Il est vrai que je travaille majoritairement auprès d’un public constitué de jeunes décrocheurs mais les témoignages que je reçois en masse viennent de jeunes issus de toutes catégories sociales en réalité.

Donc je m’inquiète, et encore, le terme est bien faible par rapport à mon réel ressenti.

En effet jusqu’où cette curiosité va-t-elle mener notre jeunesse ?

À partir du moment où il n’y a pas de limite, pas de cadre, comment protéger un jeune qui a conscience d’avoir de l’avance sur ses parents quant à l’utilisation d’internet, qui a conscience qu’il/elle peut se jouer d’eux?

Quelles nouvelles méthodes de prévention doivent adopter les pouvoirs publics pour une efficacité réelle et non de façade ?

Comment peut-on se construire d’une manière saine et équilibrée quand l’outil le plus utilisé par les jeunes, à savoir internet, ne met pas de frein à l’envie de se diriger vers les interdits les plus fous ?

Au travers de ce papier, je n’ai absolument pas la prétention d’avoir le pouvoir, l’influence nécessaire pour tirer la sonnette d’alarme à moi tout seul. En réalité beaucoup le font depuis longtemps sans être réellement écoutés…

Malgré tout je me pose certaines questions.

– Des solutions ont été proposées concernant l’accès aux sites interdits au moins de 18 ans, y compris par des « personnalités » du milieu du X.

– La CNIL travaille déjà depuis des années sur la question.

– Un projet de loi va bientôt être dévoilé pour sécuriser et réguler l’espace numérique avec une prévision de durcissement de la législation actuelle concernant les sites pornos par une attribution de pleins pouvoirs à l’Arcom pour bloquer ou déréférencer un site porno qui n’aurait pas respecté l’injonction d’interdiction aux mineurs, sans passer par le juge.

Qu’attend-on pour imposer réellement à toute personne qui veut se connecter sur un site interdit aux moins de 18 ans la vérification par carte bancaire ou pièce d’identité ?

Force est de constater que sur nombre de sites ce n’est toujours pas le cas.

Qu’attend-on pour se poser sur le sujet de la consultation des sites de viols de mineures et de zoopornographie par les jeunes ?

Pas que les sites classiques d’ailleurs… Les boucles sur Telegram ou Signal semblent aussi avoir la côte.

À partir du moment où nous savons que tout le monde est sur internet, qu’attend-on pour renforcer les ateliers d’éducation au numérique dès l’école primaire ?

Loin de moi l’idée du « y a qu’à / faut qu’on » mais le temps joue clairement en notre défaveur.

J’ai bien conscience que lorsque l’on parle d’internet, le travail est éminemment difficile tant la toile et ses possibilités peuvent paraître infinies.

Pourtant nous savons très bien qu’il n’y pas UNE mais DES pornographies…

Il n’y a pas de solution parfaite mais il est possible d’enclencher des actions concrètes qui seront améliorées avec le temps si besoin est.

Avec mes partenaires, nous allons continuer nos actions jeunesse dans le même état d’esprit, en gardant notre optimisme.

Néanmoins je vous interpelle fortement pouvoirs publics, élus, décideurs, législateurs…

Je ne remets évidemment pas en cause Internet mais la facilité déconcertante d’accès à l’autodestruction.

Le ministre délégué au numérique, Jean-Noël BARROT a déclaré à l’Agence France Presse pas plus tard que le 7 mai dernier « Il est urgent de soustraire nos enfants au déferlement des images porno[graphiques] sur Internet et de faire respecter la loi une fois pour toutes ».

La mesure visant à attribuer les pleins pouvoirs à l’Arcom pour bloquer ou déréférencer un site porno qui n’aurait pas respecté l’injonction d’interdiction aux mineurs, mesure faisant partie du projet de loi visant à « sécuriser et [à] réguler l’espace numérique », sera présenté ce mercredi 10 mai 2023 en conseil des ministres, puis examinée au Sénat cet été et à la rentrée à l’Assemblée nationale.

Internet ? Cette intelligence folle, cette lumière sombre, cette liberté subordonnée à nos humeurs, nos errements… Cet oxymore numérique du 21^e siècle.

Est-il réellement impossible d’agir ? Si tel est le cas, nous sommes perdus d’autant plus qu’avec le développement de l’intelligence artificielle, des folies encore plus sombres pourraient bien pointer le bout de leurs nez, plongeant encore plus une partie non négligeable de notre jeunesse dans l’abîme.

Agissez plus fort, plus concrètement s’il vous plaît !

Abel BOYI, Président de « FR – Tous uniques, tous unis »

---

• Biographie d’Abel Boyi

Né le 10 novembre 1981, Abel BOYI, marié, père de 4 enfants, a grandi dans un quartier « dit » populaire dans le 18 arrondissement parisien.

En parallèle d’un parcours atypique mêlant, vie associative, événementiel, entrepreneuriat, engagement citoyen et dessin, Abel Boyi à toujours été passionné par et engagé pour la jeunesse.

Son premier ouvrage « La jeunesse des quartiers face aux défis du patriotisme et de la cohésion sociale » sorti en 2017, nous livrait son ressenti et sa réflexion sur ce rapport parfois équilibré, parfois des plus confus entre les jeunes et la République.

Son 2e ouvrage sorti en 2020 « Qu’est-ce qu’être Français ? » S’inscrit dans une suite logique et imprévisible à la fois.

Logique par les débats qui gangrènent notre société, imprévisible par l’élément qui en a déclenché la rédaction.

Il est le président fondateur de la plateforme associative et citoyenne « FR – Tous uniques, tous unis »

• Présentation FR – Tous uniques, tous unis

Fondée en 2017 par Abel BOYI, FR – Tous uniques, tous unis est une plateforme associative et citoyenne.

Elle travaille sur les questions inhérentes aux problématiques de la jeunesse, la condition de la femme et la situation du handicap en France.

Travaillant avec beaucoup de dispositifs, pouvoirs publics, associations, établissements scolaires et sportifs, ses équipes font partie de celles et ceux qui militent pour remettre l’humain au centre des débats par la notion de l’inclusion (qu’elle soit à caractère social, civique, professionnel et culturel).

Différents programmes sont mis en place en fonction des convictions personnelles, du besoin et de la demande du territoire concerné, toujours au travers du prisme de la citoyenneté et de la responsabilité civique qui en découle.

Pour cela, différents modules citoyens sont mis en place :

– Théories du comportement (confiance en soi / affirmation de soi) – Les comportements numériques
– Prévention contre la radicalisation
– Les addictions
– Savoir faire et faire savoir
– Le cyberharcèlement
– Dialogue Police/Population
– Comprendre les médias en France
– Accompagnement des jeunes filles (violences, prostitution)
– La posture en entreprise, réussir son entretien d’embauche, la prise de parole en public
– Accompagnement de l’entrepreneuriat au féminin
– Ma vie est une victoire sur la maladie (sensibilisation à la situation du handicap)

L’engagement pour la jeunesse de « FR – Tous uniques, tous unis » renvoie à une invitation. Celle de réanimer la capacité de produire collectivement des réponses nouvelles aux grandes questions qui agitent l’époque, ici et ailleurs.

---

Note importante – Le contenu de l’article est rédigé par Abel BOYI sous sa responsabilité.
Il est strictement interdit de copier tout ou partie de l’article sur un autre support, media.