Interview de Sylvain MAUBÉ, directeur-adjoint chargé de la formation au CHEMI, Centre des Hautes Etudes du Ministère de l’Intérieur

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22 juillet 2019 – Miss Konfidentielle vous invite à découvrir le parcours de Sylvain MAUBÉ, directeur-adjoint du CHEMI, chargé de la formation, après avoir été chef de la division Police Technique et Scientifique (PTS) à la Direction Centrale de la Sécurité Publique (DCSP).

Bonjour Monsieur, merci à vous d’accepter de répondre à Miss Konfidentielle.

Bonjour ! J’ai d’abord hésité avant de répondre à cet autoportrait. Puis je me suis dit qu’il s’agirait avant tout de rendre hommage aux personnes et aux lieux qui ont compté au cours de mes 30 ans de carrière.

Afin d’éclairer nos lecteurs, pouvez-vous nous préciser ce qu’est le CHEMI ?

Créé le 8 janvier 2010 à la demande du ministre de l’Intérieur, le Centre des Hautes Etudes du Ministère de l‘Intérieur a pour vocation d’accueillir, le temps d’un cycle annuel, les cadres supérieurs faisant partie des viviers « haut-potentiel » du ministère, mais aussi de l’armée de terre, afin de les préparer aux plus hautes fonctions. Ces cadres sont issus des corps supérieurs du ministère de l’Intérieur et de l’armée : IGA, corps préfectoral, police et gendarmerie nationales, sécurité civile et armée de terre (missionnée par le ministère de l’Intérieur dans le cadre des opérations Sentinelle).

Pour l’année académique à venir 2019/2020, nous accueillerons ainsi au total une 30aine de ces cadres confirmés (22 auditrices et 8 auditeurs), répartis sur 2 cycles bien spécifiques : la 10ème promotion annuelle d’une part, formation mixte destinée à préparer ses 15 auditeurs à l’exercice imminent de fonctions de direction ou de cabinet ; d’autre part, le cycle supérieur Ariane X, réservé à 15 auditrices issues des mêmes corps, accompagnées d’une auditrice étrangère, dans le cadre de l’application de la loi Sauvadet de 2012 pour la mixité dans la haute fonction publique.

Nos auditeurs réalisent des études individuelles (promotion) ou collectives (cycle Ariane) les amenant à contribuer à la fonction de think tank du CHEMI, et à éclairer leur direction métier en expertisant un sujet prospectif conjointement défini.

En 2017, M. Jean-Martin JASPERS, directeur du CHEMI, a été nommé délégué à la prospective et à la stratégie auprès du secrétaire général du ministère. Une nouvelle dynamique est venue consolider celle du centre des hautes études par l’émergence de nouveaux organes comme : le conseil de la prospective et de la stratégie, institué fin 2016 par le ministre ; le FIESP, fonds destiné à financer des travaux de recherche en matière de sécurité et d’affaires intérieures ; le cycle supérieur d’intelligence artificielle; et plus récemment le Village de l’innovation, projet visant à créer une Station S, sorte de Station F de la sécurité.
Le CHEMI va donc fêter ses 10 ans en 2020 et on compte sur vous pour ce bel anniversaire !

Quel a été votre parcours avant de rejoindre votre fonction de directeur-adjoint chargé de la formation du CHEMI ?

De 2013 à 2017, j’ai occupé les fonctions de chef de la division Police Technique et Scientifique (PTS) à la Direction Centrale de la Sécurité Publique (DCSP), au siège national dans le Rhône à Ecully. J’avais en charge la coordination des services territoriaux de PTS de sécurité publique avec la direction centrale de la police judiciaire, qui hébergeait cette sous-direction pour le compte de l’ensemble de la police nationale. Cette période m’a permis d’accompagner la mise en place d’un réseau d’ingénieurs zonaux pour la gouvernance de la PTS, et j’ai pu y apprécier les qualités humaines et le leadership tout en « soft power » de Madame Brigitte JULLIEN, qui dirige actuellement l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN).

Avant cela j’ai occupé les fonctions de chef de district interdépartemental de sécurité publique d’Arles-Tarascon-Beaucaire, sous les ordres d’un DDSP marseillais charismatique, qui allait devenir en 2012 le grand patron de la sécurité publique, M. Pascal LALLE. Je m’y suis beaucoup plu et j’y ai beaucoup appris, au sein d’un district composé de toutes sortes d’unités parmi celles disponibles dans la police nationale, en étant aussi chargé d’accompagner une réforme territoriale inédite dans l’administration, marier 2 départements au sein d’un même service, la circonscription de Tarascon (13) – Beaucaire (30).

Dans des temps plus anciens, j’ai servi une 15aine d’année au sein de la DCPJ, place Beauvau à Paris puis à Ecully, période où j’ai eu la chance de servir de grandes figures de la PJ comme Bernard GRAVET et Martine MONTEIL, après avoir été directeur départemental adjoint de la police nationale dans l’Orne, puis professeur à l’Ecole Nationale Supérieure de la Police à Saint-Cyr au Mont d’Or (Rhône), fonctions qui m’ont rappelé mon passage sous les drapeaux comme formateur à l’Ecole des Officiers de la Gendarmerie Nationale (EOGN) à Melun.

Vous avez reçu la médaille de la sécurité intérieure échelon argent le 27 juin dernier des mains du secrétaire général du ministère de l’Intérieur. Que représente cette distinction ?

Je remercie vivement le préfet Christophe MIRMAND de m’avoir fait l’honneur de cette distinction. 30 ans de police, ça laisse quelques beaux souvenirs mais aussi quelques cicatrices. Celles d’années passées en centrale mais surtout sur le terrain avec les effectifs, des jours et des nuits qui vous marquent, parfois dans votre chair et peut être encore plus dans votre tête. Une médaille c’est rien et c’est beaucoup à la fois, il n’y a pas que les félicitations et les poignées de main dans la vie…

Un parcours qui fait suite à votre formation à l’Ecole Nationale Supérieure de la Police (ENSP) placée sous la tutelle du ministre de l’Intérieur, que vous allez rejoindre très prochainement en qualité de responsable de la formation continue des commissaires de police ?

Absolument, je vais rejoindre le département de la formation des commissaires de police, en qualité d’adjoint à la cheffe du département, qui m’avait précédée sur mon poste au CHEMI ! La police est (presque) une affaire de famille… C’est pour moi une grande satisfaction de retourner dans cette école qui fut la mienne et où j’ai connu tant de futurs collègues en formation initiale, dont certains sont devenus d’illustres policiers, comme le directeur central de la police judiciaire, Jérôme BONET, ou encore le chef du RAID, Jean-Baptiste DULLION.

Si les Lyonnais de Paris sont exilés, ils n’en perdent pas leurs racines pour autant. Je me trompe ?

A vrai dire, je me considère plus comme un parisien de Lyon qu’un lyonnais de Paris (histoire de préférer y placer la majuscule), même si je ne le suis que d’adoption, étant originaire de la Mayenne. J’y ai laissé mes parents, et deux de mes enfants y sont retournés. Mais mon épicentre affectif et familial est resté à Lyon, région que j’adore malgré la marque indélébile qu’elle laisse à ses visiteurs trop pressés, de ville meurtrie par un affreux tunnel et une activité pétrochimique encore trop envahissante. Il faut entrer dans Lyon pour mériter de mieux la connaître… J’y rejoins mes proches le plus souvent possible, et j’ai un certain attachement à la culture lyonnaise, son architecture, sa gastronomie, ses festivités…

Vous avez pratiqué les arts martiaux. Racontez-nous..

Mes choix de jeunesse et ma formation m’ont amené à pratiquer différents arts martiaux, du judo au karate, en passant par le viet-vo-dao, discipline que j’ai enseignée en club pendant quelques années, ainsi que l’aïkibudo et le chi-cong. J’y ai trouvé une discipline et une solidarité très proches de ce que j’ai pu retrouver dans la police, surtout dans le travail d’équipe, quand votre sécurité dépend de vos partenaires dans certaines situations.

J’y ai aussi trouvé un goût assez prononcé pour l’orientologie et toutes ses disciplines, culturelles, artistiques ou spirituelles. J’ai pu rencontrer l’an dernier le représentant du Dalai Lama en France, pour un bref échange, spontané mais profond. Je milite pour la culture du sourire, qui est la meilleure parade à la bêtise, la méchanceté ou l’agressivité. Un combat peut se gagner au premier regard, et avec un sourire… Il ne faut jamais craindre les fantômes, qui se nourrissent de nos peurs pour prendre le pouvoir !

Enfin si j’avais quelques auteurs à recommander je resterais très classique, Lao Tseu, Sun Tzu et tous les philosophes du confucianisme. On y retrouve des traits communs avec le judéo-christianisme, ce qui fait la force de nos civilisations et permet aussi d’en améliorer la compréhension. 

Etes-vous toujours membre d’équipage à l’association Les Petits Frères des Pauvres ?

Je suis toujours membre de la fraternité de Lyon mais j’ai dû suspendre mon activité d’assistance sur le terrain du fait de ma parenthèse parisienne. J’espère pouvoir la reprendre si mes activités lyonnaises m’y autorisent !

Félicitations pour ce beau parcours professionnel et spirituel. A bientôt, qui sait, autour d’une bonne table lyonnaise.


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Photo en Une :
Juin 2019, salle des fêtes à Beauvau : le préfet MIRMAND remet la médaille de la sécurité intérieure à Sylvain MAUBÉ, sous le regard bienveillant du préfet BOUILLON, directeur de cabinet du ministre © Ministère de l’intérieur / D.M
Seconde photo :
Juillet 2011 : avec l’encadrement du nouveau commissariat de Beaucaire (30) – Tarascon (13) © D.R
Troisième et Quatrième photos :
Novembre 2010 : Installation de Sylvain MAUBÉ à la tête du district interdépartemental de sécurité publique 13/30 par M. Pascal LALLE © Service Communication DDSP des Bouches du Rhône.
Cinquième photo : Sylvain MAUBÉ avec des membres de l’association Les Petits Frères des Pauvres © Sylvain MAUBÉ

1 commentaire
  1. JEAN Patrick dit

    Je conserve un très beau souvenir des années passées à la PTS sous votre autorité où nous étions engagés dans une restructuration des fichiers de police judicaire pour une fusion avec ceux de la Gendarmerie.
    Bien cordialement à vous.

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