Interview du Major Gérard VALLE, en charge à l’OCLAESP de la protection de l’environnement et de la santé publique

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Miss Konfidentielle publie souvent des articles relatifs à la protection de l’environnement et de la santé. Par conviction profonde. C’est ainsi que la nécessité d’interviewer le Major Gérard VALLE est venue. Un gendarme très investi en charge de protéger l’environnement et la santé publique. Un métier de la Gendarmerie Nationale peu connu et pourtant essentiel.

Bonjour Major Gérard VALLE. Qui êtes-vous ?

© Major Gérard VALLE

Bonjour Valérie. Merci à vous de me donner un temps de parole pour évoquer mes camarades et notre métier.

Je suis un gendarme, comme tous mes camarades ou presque. Un gendarme qui, comme plusieurs centaines d’autres, œuvre, travaille, enquête, pour protéger et défendre notre environnement et notre santé.

Au service des personnes se trouvant sur le sol français, le gendarme contrôle, verbalise et lutte contre les délinquants et les criminels. Il est un acteur de la Police Judiciaire, ou plus simplement « PJ. ». Il investigue au quotidien, comme tous les enquêteurs.

Outre ses brigades territoriales, la Gendarmerie Nationale compte de nombreuses unités de Police Judiciaire dans les départements, les régions et en Outre-Mer. Au sommet de l’organisation de la « P.J. » (Paris…) sont implantés des Offices Centraux, en charge de contentieux spécifiques.

La Gendarmerie, présente dans toutes ces structures, en dirige quatre dont l’Office Central de Lutte contre les Atteintes à l’Environnement et à la Santé Publique (OCLAESP).

Pourriez-vous nous expliquer en quelques mots ce qu’est l’OCLAESP ?

L’OCLAESP est un grand « ado » par son âge, mais un “senior master” par ses aptitudes ; né en juin 2004, il est dédié aux enquêtes sur les infractions pénales impactant les « milieux » (l’environnement) et/ou la santé publique.

Il répond aux besoins en haute technicité et en expertise que de nombreux dossiers nécessitent.

Les infractions se rapportant au dopage dans le sport lui ont été confiées en 2009, en raison de leur lien de « parenté » avec la santé publique.

Quelles sont les missions et activités de cet Office Central ?

L’OCLAESP prend en charge les dossiers complexes, impliquant une délinquance structurée, des criminalités organisées, souvent internationales, transverses et protéiformes. Il assiste les unités de Gendarmerie et services de Police Nationale qui dirigent des enquêtes de son spectre. Il est tout autant actif sur l’ensemble du territoire français qu’à l’étranger. Environ 350 gendarmes formés par l’OCLAESP sont ses correspondants en métropole et Outre-Mer. L’Office travaille en étroite collaboration (cosaisine) avec tous les services d’enquête investis de pouvoirs de police judiciaire ou administrative (Police Nationale, Douane, A.F.B., O.N.C.F.S., B.N.E.V.P., DGCCRF, Inspection des Installations Classées pour la protection de l’environnement…).

En constante expansion depuis sa création, l’OCLAESP assiste, appuie, conseille, ses multiples partenaires institutionnels ou privés dans le traitement des contentieux auxquels il est dédié.

Inter-ministériel, pluri-disciplinaire, disposant de conseillers techniques de haut niveau détachés des ministères de la Santé, de l’Environnement, des Sports, il se dédie autant aux investigations qu’à la prospective.

Très actif au sein de l’Union Européenne, il dirige plusieurs priorités de la politique pluriannuelle de l’Union se rapportant à ses matières. Il insuffle une dynamique forte, entraînant les Etats partenaires dans la lutte transnationale contre la délinquance visant les contentieux dont il est investi. Ces derniers sont très diversifiés : pollutions des sols, de l’eau, de l’air, trafics d’espèces protégées (faune et flore), de médicaments, de déchets, de bois précieux, de produits phytosanitaires, d’aliments contrefaits, orpaillage illégal, amiante, pêche illégale, chasse, braconnage, etc.

Les délinquants emploient diverses « couvertures ». Leurs revenus sont soustraits à l’impôt, blanchis, réinvestis dans d’autres activités tout aussi criminogènes ou utilisés pour corrompre.  Aucune charge sociale, aucune taxe ne sont honorées. C’est autant d’atteintes fortes à l’industrie et à notre économie. Ce sont aussi des frais de remise en état colossaux (pollutions par ex.) qui sont souvent à la charge du contribuable. Travail illégal, perte d’emploi, chômage et fermetures d’entreprises sont aussi à déplorer.

Lutter contre ces formes croissantes de criminalité nécessite une forte expertise en coopération policière et judiciaire internationale.  Outre Europol et Interpol, l’OCLAESP est membre de réseaux spécifiques s’étendant de l’Europe à l’Amérique du Sud, centrale et au-delà.

Un patient « travail de fourmi » est aussi mené pour adapter le corpus normatif, les règlements, les conventions internationales, aux réalités des trafics découverts. Les enquêtes portent autant  sur l’activité criminelle que les profits illicitement réalisés. Saisir les revenus du crime pour permettre leur confiscation, identifier et faire saisir les investissements immobiliers des délinquants en France ou à l’étranger, saisir leurs voitures de luxe, bateaux, motos, avions, bijoux, montres, numéraire, etc. fait aussi partie du « job ».  Les biens mal acquis ne doivent jamais profiter.

A vous écouter, vous êtes passionné par votre métier. Je me trompe ?

Vous avez pleinement raison. Je travaille pour notre avenir et celui de nos enfants. J’ai toujours été très attentif à l’écologie, à l’économie et à l’évolution globale du monde. Son équilibre me paraît primordial. Il doit être maintenu et renforcé. Grâce à mon métier, je me sens utile.

Avez vous un message à passer ?

Oui, bien sûr, mais sa teneur est désormais bien appréhendée ou en passe de l’être.
Protégeons notre environnement, préservons notre santé commune, pensons à demain….  Ne soyons pas notre pire ennemi….. n’épuisons pas nos ressources….. nos sols et nous sous-sols……
Prenons conscience que l’espèce humaine est devenue -par son développement et sa créativité inégalés- la garante de toutes les autres et de notre planète.

Major Gérard VALLE, un grand merci pour votre éclairage très utile, éloigné de l’image que nous pouvons avoir de la Gendarmerie Nationale. La Gendarmerie a, de fait, de nombreuses cordes à son arc qui méritent d’être connues du grand public. 

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