Interview du général Julien SABÉNÉ, Chef d’état-major du CTAAE (chef d’état-major du commandement territorial de l’armée de l’Air et de l’Espace)

Le 06 novembre 2023 – Très honorée et heureuse d’interviewer le GDA Julien SABÉNÉ, Chef d’état-major du CTAAE c’est à dire Chef d’état-major du commandement territorial de l’armée de l’Air et de l’Espace. Pour l’anecdote, nous avons réalisé l’entretien en place du Club Guynemer de l’École militaire, Paris. Nous avions déjeuné avec l’équipe du général, cela était la première rencontre. Un souvenir exceptionnel ! Nous allons traverser le temps et raconter son histoire. 

Bonjour Julien,
Quel est votre bilan d’expérience au CESA ? 

 J’ai vécu deux années particulièrement riches au Centre d’Etudes Stratégiques Aérospatiales (CESA).

Il faut dire qu’à chaque fois que l’on change de poste dans l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE), c’est un nouveau métier que l’on doit apprendre.

Je venais du monde des opérations, et notamment de la police du ciel qui a un tempo très rapide, et suis arrivé au CESA où l’on est à la fois dans la réflexion et dans le rayonnement. Il ne s’agit plus de mener des opérations aériennes où il faut synchroniser des effets à la seconde près pour gagner face à l’adversaire mais de s’inscrire sur une autre temporalité et évoluer dans un environnement plus arrondi. A la fois de la réflexion de fond mais aussi des interactions avec de multiples acteurs qui sortent du cadre « purement » militaire. Et donc je retiens tout d’abord la richesse des échanges sur un vaste domaine d’action qui est celui de la puissance aérienne et spatiale au sens large.

Je quittais Lyon, ville que j’avais découvert trois ans plus tôt et beaucoup appréciée, pour revenir sur Paris, où j’ai été en poste à plusieurs reprises, et me suis rendu compte que j’avais encore mille choses à apprendre, même dans des domaines qui m’ont toujours plu comme celui de l’histoire aéronautique.

C’est à la mi-2020 que je suis arrivé à l’École militaire pour prendre la direction du CESA et il fallait saisir les opportunités, notamment trouver des modus operandi compatibles avec les nombreuses restrictions alors liées au COVID puis prendre en compte le retour de la conflictualité en Europe pour se poser les bonnes questions et contribuer à la réflexion stratégique. Cela permettait de mettre à l’honneur l’ADN de l’aviateur, fait notamment d’agilité et d’innovation, pour faire évoluer la façon de travailler au sein de cet organisme.

L’équipe du CESA est très attachante : c’est une petite entité mais avec des gens pointus dans leurs domaines et qui ont envie de valoriser l’action de l’AAE urbi et orbi. Bénéficiant de la confiance de mes chefs et d’une équipe rapprochée de premier plan, nous avons pu explorer ensemble des pistes novatrices, qu’il s’agisse d’exposer des avions de chasse devant l’Hôtel national des Invalides, de créer une nouvelle revue de réflexion sur la puissance aérienne et spatiale en français et en anglais (VORTEX) ou de publier un ouvrage collectif intitulé « la nouvelle histoire de l’armée de l’Air et de l’Espace » qui a eu beaucoup de succès auprès de tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à l’aviation militaire française.

Avec le général Emmanuel BOITEAU désormais à sa tête, je ne doute pas que le CESA a de très beaux jours devant lui, en particulier à quelques mois du 90^ème anniversaire de l’AAE et alors que l’Ecole militaire connait une nouvelle dynamique avec la création récente du regroupement ACADEM, l’Académie de défense de l’École militaire.

Une excellente nouvelle : vous avez été nommé général chef d’état-major du commandement territorial de l’armée de l’Air et de l’Espace le 27 septembre 2023.

 Que cela signifie t-il ?

Précision de Miss K : Par décret du Président de la République en date du 27 septembre 2023 :
« M. le général de corps aérien du corps des officiers de l’air Laurent LHERBETTE est nommé général commandant territorial de l’armée de l’air et de l’espace à compter du 1er octobre 2023 et maintenu dans ses fonctions d’officier général de zone de défense et de sécurité Sud-Ouest.
M. le général de division aérienne du corps des officiers de l’air Julien SABENE est nommé général chef d’état-major du commandement territorial de l’armée de l’air et de l’espace à compter du 1er octobre 2023. » (Legifrance)

Julien : Je vous remercie pour la mention. Depuis le 1^er octobre 2023, je suis officiellement chef d’état-major du plus récent des commandements de l’AAE, installé sur la base aérienne 106 de Bordeaux-Mérignac. Cet été, le Commandement des forces aériennes (CFA) a en effet cédé la place au Commandement territorial de l’armée de l’Air et de l’Espace (CTAAE). Même si mon bureau est resté physiquement le même, cela s’est accompagné de changements de missions et d’insigne. 

En tant que chef d’état-major du CTAAE, je suis en fait le numéro 3 de ce grand commandement [1]. J’ai un chef qui est un officier général de corps aérien (4 étoiles), le général Laurent LHERBETTE et son adjoint qui est général de division aérienne (3 étoiles), le général Michel ROUAT. Ils me donnent le cap stratégique et valident les plans d’actions que nous leur proposons tandis que mon rôle consiste à coordonner l’état-major, à la fois en interne et avec nos partenaires extérieurs. Jusqu’à il y a peu, cet état-major regroupait 800 personnes tout compris mais depuis la mise en œuvre du plan de transformation de l’AAE, intitulé ALTAÏR, nous avons resserré nos structures pour que nos processus soient plus rapides. Ainsi, notre format a été ramené à 400 personnes, ce qui nous a obligés à être plus agiles et encore plus efficaces pour remplir nos nouvelles missions.

Le CTAAE est dédié au volet territorial des actions de l’AAE. A ce titre, nous avons trois missions principales :

• La première consiste à assurer un appui de proximité pour les outils de combat que constituent nos bases aériennes,
• La deuxième est centrée sur la défense sécurité de nos installations, c’est-à-dire la protection rapprochée de toutes nos emprises et un officier général y est dédié : le général de brigade aérienne (2 étoiles) Laurent CHARRIER,
• Pour la troisième, il s’agit de faire du rayonnement au profit de l’AAE au plus près des territoires. 

Pour chacun de ces trois domaines, le CTAAE joue le rôle de courroie de démultiplication vis-à-vis de l’état-major central de l’AAE, qui lui est parisien (site de Balard) et donne le cap stratégique ainsi que les objectifs principaux à atteindre. Notre responsabilité, en tant que commandement de mise en œuvre, est de les décliner à un niveau de granularité plus fin, d’assurer une cohérence d’ensemble au niveau du territoire national et d’assurer un appui de proximité aux aviateurs qui y sont implantés. Dans un monde devenu très normé, beaucoup de paramètres doivent être pris en compte pour solutionner des problématiques de plus en plus complexes. Notre plus-value est de pouvoir en assurer un traitement de bout en bout en étant positionné au-dessus des silos qu’il faut solliciter de façon coordonnée pour assurer le fonctionnement du quotidien dans de bonnes conditions.   

Dans mes nouvelles responsabilités de chef d’état-major, je suis comme un chef d’orchestre qui doit battre la mesure (que l’on appelle dans notre jargon le battle rythm) afin que les gens soient bien au rendez-vous des échéances fixées pour mettre correctement en musique les grandes décisions de nos chefs. Positionnés entre le niveau supérieur, également appelé « stratégique » et celui des bases aériennes, considéré comme « tactique », nous œuvrons en fait au niveau de l’échelon opératif, celui qui a la meilleure vision de ce se passe en France au sein de l’AAE, avec un degré de précision permettant les arbitrages locaux.

[1] Il existe quatre grands commandements dans l’AAE : outre le CTAAE, on y trouve également le CDAOA (Commandement de la Défense Aérienne et des Opérations Aériennes), le CFAS (Commandement des Forces Aériennes Stratégiques) et le CDE (Commandement De l’Espace).

Que dire de plus sur votre action au regard de la réforme Altaïr ?

Depuis cet été, nous sommes en plein dans la mise en œuvre de la réforme Altaïr dont un des effets les plus structurants a été la création du CTAAE.

Au-delà d’un nouveau nom, l’état-major bordelais a considérablement fait évoluer sa structure pour remplir ses nouvelles missions en réduisant notamment le nombre de brigades qui nous sont directement rattachées puisqu’il est passé de sept à deux, de façon à pouvoir nous concentrer sur nos nouvelles fonctions territoriales.

Nous avons également adopté un nouvel insigne qui mérite qu’on le regarde de plus près. Dessus, on retrouve la symbolique de notre mission puisqu’y figure un aigle protecteur relié à toutes nos bases aériennes. Disposant d’une vision d’ensemble sur toute la France métropolitaine, y compris la Corse, ce rapace est en mesure tout à la fois d’assurer l’appui direct et de proximité de toutes nos implantations, de les défendre et de rayonner sur l’ensemble du territoire national.

Cet insigne est tout récent puisque le général Laurent LHERBETTE nous l’a remis à l’occasion d’une cérémonie qui s’est passée juste devant notre état-major le 2 octobre dernier.

Quelles sont les actualités des prochaines semaines ? 

La remise des insignes était une cérémonie en interne visant à marquer le début de nos actions. De façon à remplir efficacement toutes nos missions, nous devons maintenant nous faire connaître auprès de nos nouveaux partenaires qui sont nombreux et qui étaient habitués par le passé à interagir avec d’autres entités de l’AAE, plus éclatées.

En parallèle, une évolution du corpus juridique est en cours de finalisation pour formaliser l’évolution des responsabilités des différents acteurs de l’AAE et faire clairement apparaître celles du CTAAE. Ceci pourrait aboutir avant la fin de l’année.

D’ailleurs, fin décembre, une grande cérémonie présidée par le CEMAAE, le général d’armée aérienne Stéphane MILLE, devrait marquer la fin de notre montée en puissance et attester de notre fonctionnement opérationnel complet.

D’ici là, nous mettons en place un dialogue de proximité avec les bases aériennes de l’AAE – il y en a une trentaine – à la fois par des réunions récurrentes en distanciel mais aussi et surtout en nous déplaçant sur le terrain. Notre rôle n’est pas de nous substituer aux commandants de base, qui ont  toutes les qualités pour les commander et disposent pour cela d’une marge de manœuvre qui leur est accordée au titre de la subsidiarité. Mais il arrive qu’ils soient à la limite de ce qu’ils peuvent faire parce que confrontés à des  problématiques découpées en tuyaux d’orgue. Notre action au CTAAE est alors de décloisonner leurs sujets en nous appuyant sur notre vision « opérative » d’ensemble pour essayer de trouver des solutions durables.

Et puis, comme je l’indiquais tout à l’heure, l’AAE fêtera prochainement son 90^ème anniversaire (1934-2024). Le CTAAE sera naturellement en appui de toutes les bases aériennes du territoire national qui seront sollicitées pour célébrer ce bel événement, selon les prescriptions décidées en central.

Trois thématiques vous tiennent à cœur : la Jeunesse, la Réserve et le Développement durable. 

De manière synthétique, il se trouve que ce sont des sujets que j’ai suivis pour partie au moins lorsque j’étais au CESA.

Et dans le cadre du rayonnement territorial, ces trois sujets que j’estime majeurs ont et auront un retentissement sur notre société tout entière. Notre jeunesse, tout d’abord. On s’aperçoit que dans cette période troublée et parfois difficile à décrypter, les repères peuvent manquer aux plus jeunes qui se cherchent un peu. L’AAE y a répondu en établissant en 2019 le programme des Escadrilles Air Jeunesse (EAJ), pour lequel nous nous sommes inspirés de ce que fait la Royal Air Force depuis plus de 80 ans. A la fin de l’année scolaire, on aura 30 escadrilles de ce type réparties sur toute la France, ce qui représente environ 1000 équipiers, qui sont en quelque sorte nos « scouts de l’air ». Il y a une forte demande pour intégrer ce dispositif qui a beaucoup de succès et le CTAAE a un rôle à jouer pour accompagner les bases aériennes se dotant d’EAJ, en interface avec la direction des ressources humaines de l’AAE (DRHAAE) qui est l’entité qui dirige ce dispositif. J’en profite pour saluer l’action exceptionnelle qui est faite par les aviateurs réservistes opérationnels qui encadrent les EAJ. Les retours que nous avons de la part des jeunes sont fantastiques. Je les croise régulièrement sur les meetings aériens et aux cérémonies, et en voyant leur épanouissement, on se dit que l’on a fait le bon choix et que la généralisation des EAJ s’impose à nous. Cette année, il y a même eu une ouverture à l’international puisque, à l’occasion des journées portes ouvertes de la base aérienne d’Avord, équipiers français et cadets britanniques ont pu se rencontrer pour la première fois, et s’enrichir mutuellement.

Deuxième sujet d’importance, la réserve, qu’elle soit opérationnelle (c’est à dire rémunérée) ou citoyenne (c’est à dire bénévole). L’AAE a plus que jamais besoin de réservistes pour deux raisons principales. D’un point de vue quantitatif tout d’abord, il faut compenser la réduction de notre format. Lorsque je me suis engagé en 1990, nous étions 100 000 aviateurs. Nous n’en sommes plus que 40 000 en 2023 alors que, dans le même temps, nous n’avons jamais été aussi engagés sur le territoire national et à l’étranger. Sur le plan qualitatif ensuite, des conflits comme celui qui se déroule actuellement en Ukraine nous montrent qu’armée et société doivent vivre en symbiose pour pouvoir résister efficacement or le recours à la réserve est une bonne façon d’établir un trait d’union de qualité. C’est d’ailleurs une priorité pour le ministre des armées qui a annoncé il y a peu le doublement du nombre de réservistes.

Dans ce domaine aussi, le CTAAE pourrait apporter une plus-value en fournissant le point de vue « opératif », c’est-à-dire la vision d’ensemble sur le territoire national et ainsi permettre une réelle optimisation des ressources disponibles et faciliter l’embarquement des nouveaux réservistes qui viennent frapper à la porte de l’AAE pour y servir en complément de leur occupation professionnelle habituelle.

Le dernier sujet que je considère incontournable pour nous, c’est le développement durable.

Alors que le réchauffement climatique et ses conséquences occupent une place grandissante dans le quotidien de nos concitoyens, l’AAE a décidé de s’impliquer véritablement dans ce domaine. Evidemment, le fait que les aviateurs soient des consommateurs importants de carburant carboné pour des raisons opérationnelles justifie à lui seul les efforts de sobriété qui nous sont demandés dans notre fonctionnement au quotidien. Mais c’est aussi un problème sociétal que nous devons traiter comme tel car éviter ce sujet reviendrait à prendre le risque de se couper d’une jeunesse pour laquelle il constitue une préoccupation majeure. La bonne nouvelle, c’est que l’aviation est une locomotive technologique incroyable qui nous permet d’envisager des progrès tangibles dans la décarbonation de notre environnement. D’ailleurs, la perspective de fédérer les énergies désireuses de faire avancer la science dans cette direction est un levier de recrutement à ne pas négliger.

Sans surprise, certaines de ces thématiques se recoupent au sein de l’AAE. Ainsi, le premier vol de découverte du pilotage pour les jeunes équipiers des EAJ se fait sur un avion électrique grâce à un partenariat avec la fédération française d’aéronautique (FFA) et au financement de la Fondation Ailes de France. Une façon supplémentaire de leur faire toucher du doigt le côté innovant et évolutif du cadre de travail des aviateurs au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace tout en répondant à leur intérêt pour le développement durable.

Si vous deviez remercier des personnes, à qui penseriez-vous ? 

Naturellement on pense à ceux qui nous ont élevés – c’est important de se rappeler ce qu’on leur doit, même une fois qu’ils ne sont plus là…

Mais j’irais un peu plus loin car je suis conscient de tout ce que mes « anciens » m’ont apporté tout au long de ma carrière. Bien sûr, dans le domaine de l’aviation, il faut lire beaucoup pour savoir un peu mais les valeurs fondamentales on les apprend au contact de personnes qui les incarnent au quotidien. Et puis l’oralité a une place de choix dans l’enseignement des choses de l’air.

Alors je pense tout d’abord à mon premier instructeur, du temps où j’apprenais à voler en aéro-club avant de devenir militaire. Il s’appelle Roland PONTHIER – ancien de l’armée de l’Air, il avait été engagé et blessé au combat – et les préceptes qu’il m’a inculqués ne m’ont jamais quitté. J’ai eu le plaisir de le retrouver en février dernier au cours d’une cérémonie où il a été fait commandeur de la Légion d’honneur, alors qu’il approche bientôt les cent printemps – beaucoup d’émotion de part et d’autre !

J’ai aussi en tête tous les instructeurs militaires qui ont suivis – il faut dix ans pour former un pilote de chasse complet et même après, on continue à apprendre à chaque vol. Finalement, quelle que soit leur place dans la hiérarchie, je me rends compte que tous ceux que j’ai rencontré dans l’AAE ont contribué à me façonner car la transmission est au cœur de notre processus de formation qui ne s’arrête en fait jamais. C’est juste qu’au bout d’un certain temps, on n’est plus celui qui reçoit mais celui qui donne et cela arrive presque sans que l’on sans rende compte !

Malgré le siècle qui nous sépare de nos premiers pionniers, l’état d’esprit des aviateurs d’aujourd’hui est sans doute très proche du leur : réussir la mission coûte que coûte en dépit de contraintes souvent évolutives, défaire l’adversaire en misant sur le collectif et sur notre force morale, accompagner les plus jeunes pour leur permettre de prendre un jour notre place. Mais pour retransmettre correctement, il est fondamental de savoir d’où l’on vient.

D’où l’importance que j’accorde à la connaissance de l’Histoire en général et de notre histoire en particulier. Je suis obligé de le répéter régulièrement à ceux qui ont la mémoire un peu courte : la France est le berceau de l’aviation. De l’invention de l’aérostat par les frères Montgolfier en 1883, au premier vol d’un plus lourd que l’air motorisé par Clément Ader en 1890, notre pays a été à l’initiative de la création de l’aéronautique. Il ne tient qu’à nous de faire fructifier ce patrimoine historique sous-exploité tout en entretenant l’état d’esprit victorieux de nos grands Anciens !

Vous évoquez l’importance du patrimoine de l’armée de l’Air.
Lorsque vous étiez le directeur du CESA, j’ai le souvenir d’avoir participé à des expositions remarquables des « peintres de l’Air ».

Les « peintres de l’air » sont encore trop méconnus. Ils sont une quarantaine, une petite population qui est choisie pour leur capacité à faire rayonner les ailes françaises au travers de leur art. Depuis peu les peintres de l’air ont un uniforme d’aviateurs, mesure symbolique pour les associer plus étroitement à notre grande et belle famille.

Même si l’arme aérienne et spatiale est essentiellement technique, être capable de l’évoquer de façon non scientifique en nous faisant rêver constitue un défi qu’ils réussissent à relever au quotidien. Même si un tableau peut parler à tout le monde, réussir à embarquer le spectateur au cœur d’une mission aérienne à la place du pilote me rend toujours admiratif de leurs talents et je garderai en mémoire de belles rencontres qui nous ont permis de sortir de nos « lignes d’eau » respectives.

La toute dernière question, comment conciliez-vous
vie professionnelle et vie personnelle ?

C’est assez compartimenté en fait car quand j’ai été affecté sur la base aérienne de Mérignac, j’ai choisi de laisser ma famille en région parisienne pour leur éviter un nouveau déménagement (le quatorzième…). C’est donc Bordeaux en solo la semaine mais avec des journées bien remplies qui ne me permettent pas de profiter de cette belle ville autant que je le voudrais. Et la région parisienne en famille le week-end, au cours duquel j’essaie de faire une coupure pour consacrer un temps de qualité suffisant à mes proches.

Et dans les moments de détente que j’apprécie tout particulièrement, il y a l’aviation légère. J’ai la chance de pouvoir la pratiquer avec mon fils qui est lui-même pilote privé et se destine à une carrière dans l’aéronautique civile. Au début, on volait ensemble dans le même appareil et maintenant on évolue en patrouille dans deux avions différents, ce qui est un autre type de pilotage. Pour moi, ce sont vraiment des moments magiques de pouvoir amener mon fils dans mon aile et, de la même façon que je tiens ma passion pour l’aviation de mon papa, j’espère qu’un jour il pourra à son tour la retransmettre à ses enfants.

A échéances plus espacées, mes racines corses me portent sur l’île de Beauté pour me ressourcer. Lorsque je suis dans mon petit village au cœur de la Balagne (Haute-Corse), le temps s’arrête, voire revient en arrière ! Loin de la furia du monde moderne, j’y retrouve le goût des choses simples et non artificielles. Difficile de rêver meilleur cadre pour pratiquer la lecture, le sport ou les réunions de famille. En mission d’entraînement au combat aérien, on définit systématiquement un niveau refuge que l’on doit rejoindre lorsqu’il faut recaler les gyroscopes – le mien se trouve au cœur de la Méditerranée et sent bon le maquis…

Un remerciement appuyé Julien pour l’entretien sincère qui met en pleine lumière la réflexion, l’action, le rayonnement de l’armée de l’Air et de l’Espace ! Une dédicace aux équipes de l’AAE engagées et formidables.

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