L’interview de Marielle SUISSA, Cheffe de l’unité nationale CEPOL France à la DCIS

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Le 1er juillet 2024 – Attachée à la DCIS, Direction de la Coopération Internationale de Sécurité, pour les valeurs qu’elle incarne, je mets en lumière des belles personnes de la Direction placée sous l’autorité du directeur général de la Police nationale et du directeur général de la Gendarmerie nationale.

Je vous invite à prendre connaissance de l’interview de Mme Sophie HATT, directrice de la coopération internationale de sécurité, pour savoir de quoi on parle. Puis, toutes les interviews de personnels de la DCIS, sources d’inspiration.

Aujourd’hui, je suis avec Marielle SUISSA à la DCIS à Nanterre.
Marielle est Cheffe de l’unité nationale CEPOL France à la DCIS.

Bonjour Marielle, le CEPOL, c’est quoi ?

Le CEPOL est l’agence européenne dédiée à la formation des forces de sécurité intérieure depuis la révision du statut de l’agence en 2016. L’acronyme correspond à l’ancienne appellation c’est-à-dire le Collège européen de police. Son siège est situé à Budapest en HONGRIE.

La direction exécutive de l’agence est assurée par l’espagnole María Montserrat MARÍN LÓPEZ qui peut s’appuyer sur une cinquantaine d’agents permanents au siège de l’agence. Pour son fonctionnement, le CEPOL peut également s’appuyer sur le réseau des unités nationales, qui sont ses points de contact nationaux dans chacun des États membres de l’Union européenne, à l’exception du Danemark qui a le statut de pays partenaire.
D’autres États, essentiellement du voisinage européen, bénéficient d’accords de partenariat avec l’agence. C’est le cas, par exemple, de la Tunisie ou encore de l’Arménie ou de la Géorgie.

L’activité principale du CEPOL, consiste dans l’organisation de formations, en présentiel, en ligne ou sous la forme de webinaires à destination des 26 États pour les personnels des forces de sécurité intérieure en privilégiant des thématiques correspondant à des domaines d’action prioritaire au niveau de l’UE.

À titre d’exemples, le CEPOL, en lien avec le CESAN (Commandement pour l’environnement et la santé) et la DCIS, a organisé en France cette année le stage Criminalité environnementale. Les années précédentes d’autres formations ont pu être organisées par des unités de gendarmerie comme par exemple un stage sur l’Ordre et public et état d’urgence en lien avec le CNEFG (Centre National d’Entraînement des Forces de Gendarmerie) ou bien encore sur le crime organisé dans le cadre des atteintes aux biens avec l’OCLDI (Office central de lutte contre la délinquance organisée).

A travers l’offre de formation qu’elle propose, l’agence a vocation à contribuer à l’émergence d’une culture policière commune à l’ensemble des forces de sécurité intérieure .

Cela représente quel budget et combien d’agents du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer formés en 2023 ?

Au niveau français, finalement, c’est assez peu comparé à des agences comme FRONTEX ou EUROPOL, parce que le CEPOL est une petite agence avec un budget d’environ 11 à 12 millions €.

Cette année, on a formé en présentiel une centaine de participants français pour les activités et ensuite, on a également environ 3000 personnels, forces de sécurité intérieure qui s’inscrivent sur la plateforme, qui consultent des webinaires en direct ou en différé.

C’est un bon début même si on aimerait former davantage de personnes pour un pays comme la France : une des difficultés de l’agence, liée à la faiblesse de ses ressources, réside dans le fait que chaque État membre dispose du même nombre de place pour chaque formation proposée alors que les besoins des pays ne sont évidemment pas les mêmes.

Cela est le premier message que vous passez. Absolument, ce constat devrait sans doute conduire à ce que l’agence concentre son offre de formations sur un nombre plus limité de thématiques  qui ont une forte plus-value européenne, mais en offrant la possibilité à un plus grand nombre de participants de bénéficier de ces formations.

Le CEPOL a cette capacité de créer du lien entre professionnels à travers des thématiques particulières. Je pense par exemple à la formation consacrée au Leadership qui permet de mettre en contact des cadres intermédiaires qui ont vocation à être les dirigeants de demain dans leurs forces respectives, et il est important de les sensibiliser à la dimension européenne de l’action policière ainsi qu’au fonctionnement des institutions européennes et des missions des agences relevant du domaine Justice et affaires intérieures.

La formation, même si on n’en voit pas les effets à court terme est quelque chose d’important pour les forces de sécurité intérieure.

Quel était le contexte lors de votre prise de fonction de cheffe de l’unité nationale CEPOL France à la DCIS ?

Je suis arrivée en 2021 à la DCIS affectée à la division Union européenne et bureau de la coopération institutionnelle, et on m’a confié la responsabilité de diriger l’unité nationale CEPOL au moment où se préparait la Présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE) et où la France envisageait de prendre la présidence du conseil d’administration de l’agence.

Avec le général Philippe DURAND, DCIS-adjoint, qui allait occuper pendant 18 mois la fonction de président du conseil d’administration du CEPOL, nous sommes allés à la rencontre du «trio» des présidences qui nous avaient précédés, pour nous assurer une transition harmonieuse avec le trio « montant ». Nous avons également réfléchi collectivement avec nos partenaires tchèques et suédois à l’élaboration de priorités d’action pour le développement de l’agence d’une part et pour le renforcement de l’implication du conseil d’administration dans sa gouvernance d’autre part.

L’élection d’une nouvelle directrice exécutive et notre implication dans son processus de sélection a permis de véritablement percevoir en profondeur le fonctionnement de l’agence. Toute cette période a donc été une expérience extrêmement riche pour comprendre les mécanismes de l’agence et tenter de les faire coïncider avec les attentes des Etats-membres.

Quel bilan peut être tiré de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE) qui s’est tenue du 1er janvier 2022 au 30 juin 2022 ?

Je crois pouvoir dire que, de façon assez unanime, nos partenaires au sein du conseil d’administration, ont reconnu le fort niveau d’implication de notre présidence ainsi que sa capacité d’entraînement des autres pays. Au sein du «trio» des présidences, notre rôle a été central.

Notre action est intervenue de surcroît à un moment assez critique pour l’agence dont le fonctionnement faisait l’objet de critiques, notamment de la part des services de la Commission en raison d’un manque de renouvellement de son offre de formations et d’un défaut d’alignement sur les priorités européennes.

On a initié des changements et aujourd’hui encore, des changements sont en cours et à venir pour l’agence.

Comment s’organise concrètement l’unité nationale CEPOL France à la DCIS ?

Le CEPOL est une petite équipe puisque nous sommes quatre dans le bureau où je vous parle.

On est un peu un bureau témoin de la DCIS puisque la cellule est composée d’un officier de gendarmerie, d’un attaché d’administration, d’un contractuel catégorie A et d’un brigadier chef de police. Des statuts complètement différents mais, au bout du compte, une équipe qui fonctionne très bien, où nous sommes tous complémentaires.

On a été très investis dans la gouvernance de l’agence CEPOL, notamment à l’occasion de la PFUE, mais nous avons continué à contribuer activement à la préparation des réunions du Conseil d’administration en nous appuyant sur les contacts privilégiés que nous avons établis avec les représentants des autres Etats membres pendant notre présidence.

En parallèle, de ce volet institutionnel de notre action, nous sommes également très impliqués dans la gestion, à l’échelle nationale, des activités de formation proposées par le CEPOL, qu’il s’agisse de la diffusion des offres de stage ou de la mobilisation de services susceptibles d’organiser en France, pour le compte de l’agence, des stages figurant au catalogue de l’agence.

Que dire des actualités chaudes du CEPOL ? Ce qui explique notre rencontre aujourd’hui ?

C’est une actualité un peu bouleversée, puisqu’il y a beaucoup de questions qui se posent sur le devenir de l’agence.

La Commission européenne vient justement de décider de lancer une étude qui doit conduire à formuler différentes options pour l’évolution institutionnelle du CEPOL.
L’étude sera probablement lancée après l’été et ses propositions attendues vers la fin du premier semestre 2025. Parmi les options envisagées figure celle de la création d’une académie européenne de police.

Et qu’en pensez-vous ? Je pense que l’ouverture de cette réflexion arrive au bon moment car l’agence est, de mon point de vue, à la croisée des chemins. Ses moyens me semblent actuellement insuffisant par rapport à l’idée ambitieuse du développement d’une véritable culture policière européenne à travers la formation des cadres des forces de police.

Comment définir votre parcours ?

Depuis mon entrée en gendarmerie, j’ai eu la chance d’exercer des fonctions riches et diversifiées qui m’ont permis de découvrir différentes facettes de l’institution à laquelle j’appartiens.

J’ai d’abord commencé en escadron de gendarmerie mobile, en prenant la tête du peloton d’intervention (PI) d’Aurillac. Je retiendrai tout particulièrement de cette expérience la totale immersion dans un milieu quasi exclusivement masculin puisque seuls les officiers féminins étaient autorisés à servir au sein de la gendarmerie mobile en 2013. Malgré cela, je me suis sentie toujours soutenue par mon équipe avec laquelle je garde encore de bons contacts. Les choses ont changé aujourd’hui et c’est une bonne chose de permettre aux femmes d’exercer l’ensemble des missions de la gendarmerie.

J’ai ensuite été affectée en tant que commandant en second de la compagnie de sécurité des palais nationaux de la Garde républicaine. Le changement d’ambiance a été assez radical mais m’a permis de découvrir d’autres aspects de la Gendarmerie nationale en appréhendant l’importance du protocole et l’organisation de la sécurité au sein des « lieux de pouvoir ».

Service d’honneur à l’hôtel de Brienne, Paris © Marielle SUISSA

J’ai ensuite été rattrapée par mes études de droit et j’ai rejoins la commission des recours des militaires. La commission, c’est un peu le baromètre de l’état d’esprit des militaires et plus particulièrement, en ce qui me concernait, celui des gendarmes. J’ai énormément appris sur la gestion des ressources humaines à travers la lecture et le traitement des dossiers des gendarmes. Ce fût également l’occasion de s’adapter à une nouvelle manière de travailler au sein d’un environnement interarmées.

Marielle SUISSA à la CRM, commission des recours des militaires © Marielle SUISSA (Gendarmerie nationale)

Dès mes études de droit et en parallèle, j’ai toujours eu une forte appétence pour les relations internationales. La coopération, c’est vraiment quelque chose que j’avais envie de faire sachant que je parle anglais et italien. Depuis, j’ai souhaité orienter ma carrière dans cette dominante professionnelle dont la DCIS constitue la première étape. J’aurai notamment la chance de suivre, dès la rentrée, dans le cadre de l’enseignement militaire du second degré le mastère spécialisé expert en affaires publiques européennes dispensé par l’INSP grâce auquel je pourrai approfondir ma connaissance du fonctionnement des institutions européennes et des mécanismes de décision à Bruxelles.

En parallèle des postes opérationnels que j’occuperai à l’avenir, j’aspire à continuer à m’investir dans le domaine de la coopération internationale qui me passionne.

Avez-vous des remerciements à formuler ?

A la DCIS, j’ai eu la chance de travailler au contact direct des directeurs-adjoints, le général Philippe DURAND puis le général de division Emmanuel MIGLIERINA, en raison de leur qualité de membre votant au conseil d’administration de l’agence.

Je suis reconnaissante à ces deux chefs de m’avoir fait confiance et laissé une large part d’initiative tout en étant là quand il fallait prendre des positions et fixer un cap lorsque des questions de fond devaient être débattues au sein des instances de gouvernance de l’agence.

Et j’ai aussi la chance de pouvoir m’appuyer sur une équipe très mobilisée. Nous sommes complémentaires avec Vincent, Jules et Jérôme. Vincent a été mon adjoint pendant la PFUE, il a la chance de partir en poste à Madrid et je suis très contente pour lui. On a vraiment travaillé en binôme. Jules a également été une véritable aide en particulier cette année lors de mes nombreuses périodes de formation dans le cadre de l’ES2.

Et après, de manière plus générale, j’apprécie beaucoup de travailler à la DCIS. Je pense que cet environnement mixte est très enrichissant et c’est une chance finalement de découvrir d’autres manières de travailler, d’autres gens, d’autres statuts.

Très bien, côté personnel, est-ce que vous avez des passions, des loisirs qui vous animent ?

Lors de mon temps libre, j’aspire à passer le plus de temps possible avec mon mari et mes filles. Profiter des amis et prendre le temps d’apprécier chaque moment.

J’aime également beaucoup la musique. J’ai d’ailleurs assez récemment pris plaisir à jouer de nouveau de la clarinette en aidant ma fille à l’initiation de cet instrument. C’est presque un regret d’avoir attendu et je songe très sérieusement à reprendre la pratique d’un instrument de musique.

J’aime également beaucoup voyager et profiter de ces occasions pour prendre des photos.

Cette année nous sommes partis à deux reprises en famille aux États-Unis. J’ai pu ainsi faire découvrir pas mal de choses à mes filles. Je pense particulièrement à la Floride dont j’apprécie particulièrement l’ambiance et la douceur de vivre qui y règne. J’aime beaucoup l’Italie aussi et la culture italienne de manière générale. L’ouverture offerte par les voyages est une réelle opportunité de s’ouvrir sur les autres et de découvrir d’autres manières de fonctionner et de voir le monde.

Photo prise lors d’un voyage à Miami © Marielle SUISSA

Et que dire de la gastronomie en voyages ? C’est toujours l’occasion de découvrir d’autres cultures. On apprend beaucoup de choses à travers la gastronomie d’un pays. C’est aussi parfois l’occasion d’apprendre de nouvelles recettes et de m’en inspirer lors de mon temps libre. Le constat peut néanmoins être fait qu’on mange quand même très bien en France !

Un remercielle Marielle pour ce moment de partage fort sympathique ! Je vous souhaite un plein succès pour la suite ! Et de superbes voyages !

Miss Konfidentielle, journaliste et Marielle SUISSA, Cheffe de l’unité nationale CEPOL France à la DCIS © DR

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