Interview de Madame Sophie HATT, Directrice de la coopération internationale de sécurité (DCIS)

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Le 04 mai 2023 – A Nanterre au siège de la Direction de la Coopération Internationale de Sécurité, je suis heureuse de rencontrer Madame Sophie HATT, Directrice de la DCIS.

Souvenez-vous, le 17 janvier 2023, je publiais l’interview de la lieutenant-colonel Camille GLORIEUX, Attachée de Sécurité Intérieure Adjointe à l’Ambassade de France en Espagne précisément à J-2 de la signature du traité d’amitié et de coopération entre la France et l’Espagne par le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, et le président français, Emmanuel Macron. Puis, le 26 janvier 2023, je publiais l’interview du colonel Laurent LESAFFRE, Attaché de Sécurité Intérieure à l’Ambassade de France au Rwanda avec des faits marquants. 

Aujourd’hui, nous sommes au siège amiral avec Madame Sophie HATT, un honneur.

Question 1 – Bonjour Madame HATT, je vous invite à nous présenter la DCIS 

Bonjour, la DCIS est la Direction de la Coopération Internationale de Sécurité.
C’est une Direction centrale qui est placée sous l’autorité du directeur général de la Police nationale et du directeur général de la Gendarmerie nationale.

Une Direction qui est la suite d’un service créé en 1961 et qui s’appelait le Service de coopération technique internationale de Police (SCTIP). Ce service a été créé par nos aînés au moment de la décolonisation lorsque la France s’est retirée et que les pays dans lesquels elle était implantée ont pris leur indépendance. Les autorités françaises ont proposé à leurs partenaires à l’étranger de laisser sur place des conseillers en matière de sécurité intérieure qui leur permettrait de construire des ministères de l’Intérieur, des services régaliens solides et totalement indépendants et autonomes. Le premier a été créé en Mauritanie, le second au Cameroun je crois, et l’idée était d’avoir un conseiller technique du ministère de l’Intérieur français qui soit là pour transmettre le flambeau.
Au fur et à mesure des années, cette coopération policière s’est étendue à d’autres pays sur le continent africain puis en Amérique et en Asie. Elle a pris de l’ampleur en matière de coopération avec les polices amies. A cette époque, la Direction générale de la Gendarmerie nationale qui était au sein du ministère de la Défense avait son service de coopération avec les gendarmeries amies.

En 2009, le ministère de l’Intérieur intègre la Direction générale de la gendarmerie nationale, la DGGN.

En 2010 de manière à mutualiser les compétences de la police et de la gendarmerie en matière de coopération, d’unir nos deux forces, une réflexion est menée par le DGPN et le DGGN. Ils décident de créer la Direction de la coopération internationale, la DCI.

C’était très novateur puisque c’était la première fois que se créait une direction faite de policiers et de gendarmes, et cela bien avant les GIR, avant les Offices centraux, avant le renseignement territorial.
Ils ont réuni ces deux services avec 2/3 de policiers et 1/3 de gendarmes parce que c’était ce qui constituait ces deux services, et ils ont décidé d’une organisation tricéphale, donc de trois sous-directions commandées par deux policiers et un adjoint officier supérieur de gendarmerie.

Et puis à l’étranger on avait ce que l’on appelait les attachés de police et les coopérants militaires qui sont devenus les attachés de sécurité intérieure (ASI) de manière à ce qu’il n’y ait plus de distinction entre policiers et gendarmes.

En 2021, nous avons mené un travail de réflexion sur le fonctionnement de la DCI.

En arrivant, j’ai compris que la dénomination DCI ne précisait pas la notion de sécurité en Europe. Lorsque le président Emmanuel MACRON est élu en 2017, il modifie le nom du ministère des Affaires étrangères, le MAE, et il crée le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Il ajoute le mot Europe qui est au centre de nos relations internationales.

Donc on a mené un travail de concertation et de consultation de tous nos partenaires et donneurs d’ordre au sein du ministère de l’Intérieur mais également au sein du ministère de l’Europe et des affaires étrangères pour savoir ce qu’ils pensaient du fonctionnement et de l’organisation de la DCI. C’est un peu comme une consultation chez le médecin, au début on nous dit que tout va bien et puis les suggestions sont arrivées et souvent on s’entend dire des choses que l’on n’aimerait pas entendre. On a vu tous les donneurs d’ordre partenaires et tous les personnels en interne, cela a été un long travail, accompagné par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) sur la méthodologie. Ensuite on a fait un diagnostic et puis on a convenu de ce qu’il fallait faire, des lignes directrices.
Mais entre-temps le directeur du cabinet du ministre, Stéphane BOUILLON, a eu la volonté de mieux organiser la fonction européenne et internationale au sein du ministère de l’Intérieur. Cependant, jusque-là personne ne rédigeait la stratégie internationale. Ce qui était souvent gênant car lorsque je me déplaçais à l’étranger et que mes interlocuteurs me demandaient « Quelle est la stratégie du ministère de l’Intérieur dans la zone indopacifique ? » par exemple, et bien je n’avais pas le pouvoir de répondre parce que je n’étais pas légitime. Au ministère des Armées, il y a cette légitimité à travers la DGRIS mais pas au ministère de l’Intérieur. De fait, le directeur de cabinet a choisi de changer les choses et a chargé un haut-fonctionnaire de rédiger un rapport sur cette fonction stratégique au sein du ministère de l’Intérieur. Cela a donné lieu à des préconisations et à proposer la création de la Direction des affaires européennes internationales, la DAEI, à placer sous l’autorité du directeur de cabinet ou sous l’autorité du secrétaire général, ou encore une troisième hypothèse hybride. Le préfet Jean MAFART a été nommé et nous l’avons aidé à organiser la création de cette DAEI avec la complémentarité de notre travail parce que l’idée du directeur de cabinet n’était pas du tout de faire une superposition des structures mais de faire une complémentarité. Il y en a un qui dresse la stratégie, et d’autres qui mettent en œuvre. Pour cela il ne faut pas que le stratège descende dans le micromanagement, et à l’inverse, je reste dans la technicité et dans la mise en œuvre, même s’il m’appartient de contribuer à la réflexion.

La même année, en 2021, on met en place notre réforme et nous créons la DCIS.
Le « S » me semble important parce que la DCI cela ne veut pas dire grand-chose à l’extérieur sans la notion de sécurité. Et ce qui est important c’est aussi la réforme en interne, car elle a permis un découpage géographique au sein de la DCIS avec deux sous-directions : une sous-direction Europe, et une sous-direction Monde.

Une sous-direction Europe au sens Union européenne et Europe balkanique, et une sous-direction Monde. Donc nous partageons dans ces deux sous-directions toutes nos activités de réseaux sachant qu’il y a du multilatéral et du bilatéral dans les deux. La France est présente dans 154 pays du Monde où les attachés de sécurité intérieure, les ASI, ont compétence. Nous avons des instruments financés par l’Union européenne pour réaliser cette coopération multilatérale, et on a des sources de financements franco-françaises pour réaliser le travail bilatéral. Tout cela nous permet de savoir ce sur quoi on travaille. De fait, on a mis de l’ordre dans cet univers.

La DCIS est composée de 77 points d’implantation. La direction centrale est à Nanterre, elle est le navire amiral avec 270 personnels qui sont des policiers, des gendarmes et des personnels administratifs. Et puis nous avons 76 points d’implantation dans le Monde que l’on appelle les Services de sécurité intérieure, les SSI, chacun dirigé par un attaché de sécurité intérieure, donc un ASI.
Ces 76 SSI regroupent environ 190 personnels qui sont des policiers, gendarmes et deux attachés d’administration plus une centaine de coopérants. Les SSI sont formés soit d’un seul personnel, en Suisse par exemple, où l’ASI est tout seul, soit formés d’un plus grand nombre de personnels. Le SSI en Espagne est très grand avec 17 personnes dans 4 villes différentes. Le nombre de personnels s’explique en fonction de l’intensité de la coopération et l’Espagne est un de nos partenaires essentiels en raison de la lutte contre le terrorisme, la lutte contre le crime organisé, la lutte contre l’immigration irrégulière, la lutte contre la traite des êtres humains…
Les SSI à l’étranger sont composés de la même manière qu’en centrale avec 2/3 de policiers et 1/3 de gendarmes. L’ASI est policier ou gendarme, il peut avoir un ASI adjoint, et parfois des officiers de liaison qui sont eux aussi des policiers et gendarmes et qui travaillent, qui mettent en œuvre la coopération opérationnelle c’est-à-dire qu’ils ont des thématiques, ils sont spécialisés que ce soit la lutte contre l’immigration irrégulière, la lutte contre la criminalité organisée, la lutte contre les trafics de stupéfiants, la lutte contre la délinquance itinérante, lutte contre la cybercriminalité … et leur spécialité leur permet d’être très souvent insérés dans les services partenaires. C’est-à-dire qu’un officier de liaison en matière de stupéfiants peut être accueilli dans le service équivalent de l’OFAST dans son pays de compétence. Comme l’OFAST en France accueille dans ses services des officiers de liaison en matière de stupéfiants dans ses propres locaux. Ils sont là pour aider les services d’enquêtes français dans leurs investigations soit pour permettre de prévenir des infractions soit pour aider aux investigations des services enquêteurs. Mais ils sont au plus près des services étrangers comme on a l’équivalent dans des services étrangers. Donc ils font de l’opérationnel.

On a aussi des ASI qui peuvent avoir compétences sur plusieurs zones comme l’ASI d’Afrique du Sud en résidence à Pretoria qui a compétence sur 9 pays. Il a des agréments délivrés par les autorités partenaires pour représenter en tant qu’« invité », en référence à la souveraineté de l’État qui reçoit. Ou bien encore l’ASI des Comores, en résidence aux Comores, et qui a compétence par exemple sur la Tanzanie.
On a dans cette répartition également 3 attachés de sécurité intérieure qui ont une compétence régionale ou zonale comme l’ASI du Burkina Faso qui a une compétence sur la région subsaharienne, donc sur 12 États. Ce qui ne veut pas dire qu’il a une compétence hiérarchique sur les 12 ASI, mais il a un rôle de coordination. C’est-à-dire que l’on mène des actions à vocation régionale, il fait en sorte qu’elles ne soient pas contradictoires mais complémentaires. Notre ASI dans les Balkans occidentaux a compétence sur la Croatie, les Balkans occidentaux et lorsque l’on organise un séminaire sur la lutte contre la traite d’êtres humains, l’ASI s’organise pour coordonner le tout. Il y a donc 2 ASI régionaux et on a un ASI à compétence zonale qui est très important, il est à Singapour et a compétence sur l’indopacifique, la zone va jusqu’à l’Australie.

Donc on est présent sur les 5 continents et cette année nous avons ouvert un poste au Rwanda qui a compétence sur le Burundi, nous avons ouvert un poste au Suriname qui a compétence sur le Guyana et on va ouvrir un poste le 1erseptembre en Suède qui aura compétence sur la Norvège, la Finlande et le Danemark. Et on a un officier de liaison en Australie qui va devenir un attaché de sécurité intérieure de plein exercice également. Il y aura 78 ASI le 1erseptembre 2023.

Les missions des attachés de sécurité intérieure sont de 2 types.
D’abord ils sont les représentants du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer français et ils sont les représentants du ministère de l’Intérieur auprès des partenaires.  Les ASI mettent en œuvre la coopération technique, opérationnelle et institutionnelle au nom du ministère de l’Intérieur.

Ensuite ils sont aussi le conseiller sécurité de l’ambassadeur. C’est-à-dire que l’ambassadeur qui représente l’État à l’étranger a tous les services de l’État sous son autorité. Il a un ASI et il a un attaché de défense, un attaché culturel… Une précision, lorsqu’il y a une crise, je pense à la crise sanitaire du COVID-19, et bien on a vu les ambassadeurs monter des cellules de crise pour venir en aide à tous les Français vivant à l’étranger, ou en déplacements à l’étranger et qui voulaient rentrer en France alors que toutes les frontières fermaient au fur et à mesure. Ces cellules de crise ont permis aussi d’apporter des masques en France. Par exemple notre ASI en Chine à ce moment-là s’est organisé pour nous envoyer des masques fabriqués sur place et il a été un des premiers à nous fournir en masques.
Je me souviens de cette période avec des situations incroyables, par exemple une famille française qui était partie chercher leur bébé né d’une mère porteuse aux États-Unis. La mère biologique ne voulait pas le garder, le bébé n’avait pas d’existence légale, pas de passeport, et donc la famille ne pouvait pas rentrer en France avec le bébé. Ou encore des étudiants en Australie qui ne pouvaient pas rentrer et qui n’avaient pas les moyens de rester sur place, il fallait les aider. C’était des situations extrêmement compliquées.

Question 2 – Je vous remercie. Quelles sont vos missions et les actualités de la DCIS ? 

  • Mes missions à la DCIS

Je suis placée sous la direction du Directeur général de la Police nationale et du Directeur général de la Gendarmerie nationale. Ma mission est de mettre en application la stratégie du ministère de l’Intérieur et de piloter la direction centrale et le réseau des ASI de manière à ce qu’il n’y ait pas d’interruption entre les grandes orientations et la mise en œuvre pratique. C’est-à-dire que les attachés de sécurité intérieure ont une lettre d’objectifs lorsqu’ils partent en mission 4 ans. La lettre d’objectifs détaille dans chaque domaine ce vers quoi ils doivent tendre. Après cela ils rédigent un plan d’action et se met en place 4 ans de dialogue entre la centrale et les ASI. Mon rôle est de vérifier que les grandes lignes soient bien suivies et d’être une force de propositions plutôt que d’être en réactions. Dans notre domaine, il est important d’être précurseurs et en cela de ce qui se fait à l’étranger. C’est très important. A la direction centrale, nous avons un bureau qui travaille sur des études comparées, je pense aux violences faites aux femmes ou intrafamiliales, et bien nous attendons de nos ASI qu’ils nous envoient ce qui est précurseur dans leur pays, et ce qui ne fonctionne pas. On le voit aussi en France, on a mis en place la police de proximité à l’époque, maintenant on parle de police de sécurité du quotidien (PSQ) parce que la police de proximité n’obtenait pas les buts souhaités.

Donc je dois m’inspirer de ce qui fonctionne et ne fonctionne pas pour donner à mes autorités des pistes de réflexion ou enrichir leur réflexion. On est des capteurs de ce qui est bien et moins bien pour nos autorités sur tous types de menaces qui pèsent sur l’Union européenne et sur la France : la lutte contre le terrorisme, la lutte contre l’immigration irrégulière, la lutte contre les trafics de stupéfiants, la lutte contre le trafic d’armes et de petits calibres, la lutte contre la traître des êtres humains, du renseignement…

Ma mission est de tracer la déclinaison des grandes orientations et de faire des propositions d’adaptation à mes chefs et c’est aussi un espace de dialogue parce que c’est une petite direction, on est moins de 500 personnels mais présents dans 76 pays du monde.

Cela signifie qu’il faut trouver des fils conducteurs à des problématiques complètement différentes. L’ASI en Argentine par exemple n’est pas du tout concerné par la lutte contre l’immigration irrégulière alors que l’ASI en Italie est totalement submergé par cette thématique. L’ASI en Thaïlande travaille sur la lutte contre le trafic d’animaux sauvages, l’ASI au Canada beaucoup moins. L’ASI du Burkina Faso travaille sur le discours anti-français alors qu’en Haïti il n’y a pas de discours anti-français…
Ma mission ici est de trouver des sujets communs, des missions communes à des personnels qui ont des préoccupations différentes. Tout cela autour des intérêts du ministère de l’Intérieur. On raisonne gagnant-gagnant, il est important que la coopération internationale nous soit utile. Le ministère de l’Intérieur n’est pas un ministère de développement, il faut des résultats. Et surtout il est important d’avoir une continuité, c’est pour cela que l’on parle de continuum de sécurité. On voit par exemples que les kalachnikovs utilisées lors de l’attentat du Bataclan venaient des Balkans ou bien que les terroristes viennent parfois de pays étrangers. On constate aussi que des Français sont partis combattre dans des pays sensibles, que la méthamphétamine qui inonde le marché des stupéfiants en Polynésie vient le plus souvent d’Amérique du Sud en transitant par l’Océanie. Or la Polynésie c’est la France. Ce qui implique dans ce cas de collaborer avec les Américains, les Mexicains…

Vous voyez, la sécurité intérieure ne peut se restreindre au territoire français, ni même à l’Union européenne. La collaboration doit se faire au niveau international.

  • Les actualités de la DCIS

Les deux actualités importantes en ce moment sont la Coupe du Monde de Rugby 2023 et les Jeux Olympiques de Paris 2024.

La Coupe du monde de rugby est un peu le match d’ouverture des Jeux Olympiques.

On avait déjà organisé le Championnat d’Europe UEFA de football 2016, un événement qui n’était pas planétaire et qui se déroulait dans des stades fermés avec des spectateurs plutôt très bienveillants et des troisièmes mi-temps plutôt chaleureuses. Il n’y avait pas d’incidents.
La Coupe du monde de rugby 2023 est à peu près à la même échelle. Cela sera la sécurisation des équipes d’entraînement, des autorités et des spectateurs. Pour se faire, on sollicite nos partenaires européens sur la base des accords de Prüm, on peut ainsi avoir des forces de sécurité européennes, policiers et gendarmes en présence avec nos forces de sécurité sur les sites comme le Tour de France, les grandes festivités… Cela permet dans ce cadre de coopération d’avoir un échange de forces de sécurité intérieures qui vont patrouiller avec les Français en France ou nous à l’étranger comme à la fête de la bière à Munich. Nos policiers et gendarmes portent leur uniforme, leur arme et sont en lien avec la population. Lorsqu’il y a un match France-Italie, il est bien d’avoir des forces de sécurité français et italiens pour échanger avec les spectateurs des deux nationalités.

On aura un centre de coopération internationale pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024, comme à chacun des JO et qui permettra d’accueillir un à deux officiers de liaison pour un échange d’informations sur les sites à risques, les phénomènes à risques de manière à définir l’état de la menace.
On aura un ou deux officiers par délégation sachant qu’il existe 200 délégations étrangères aux côtés de la DCIS. La DCIS informe déjà ses partenaires étrangers de cette possibilité pour eux de venir parce qu’il y aura comme le préfet de police Laurent NUÑEZ nous l’a dit récemment, 4 objectifs majeurs : assurer la sécurité des athlètes, assurer la sécurité des spectateurs, assurer la mobilité et assurer la sécurité cyber parce que l’on sait très bien qu’il y aura des attaques cyber très importantes. Le ministre de l’Intérieur Gérald DARMANIN rappelait lorsque le président de la République Emmanuel MACRON a été réélu, que l’objectif est de réussir les Jeux Olympiques en matière de sécurité. Il n’est pas envisageable de se rater.

Cela paraît loin l’année prochaine mais ce n’est pas du tout loin. C’est demain et il s’agit d’événements importants très concrets.

Je vous ai parlé précédemment de la réforme de la DCIS et le ministre a souhaité que l’on achève cette réforme avec sans doute des ajustements entre tous les acteurs qui travaillent à l’international.
Pour cela, un préfigurateur a été nommé et on travaille avec lui aux propositions qu’il remettra au ministre de l’Intérieur.

– Avez-vous prévu des déplacements ?

Nous organisons annuellement le colloque DCIS au cours duquel sont rassemblés nos attachés de sécurité intérieure et auxquels s’ajoute un grand nombre d’experts nationaux détachés.

Ce colloque annuel a lieu la dernière semaine du mois d’août, le ministre de l’Intérieur nous donne sa feuille de route et de cela découle un échange entre la direction générale du ministère de l’Intérieur et des apports du ministère de l’Europe et des affaires étrangères qui déclinent ses grandes orientations.

Et ensuite il y a des événements qui rythment l’année dont des séminaires régionaux.
Par exemple, vient de se dérouler en avril le séminaire des ASI d’Afrique de l’Est, Afrique centrale et Afrique du Sud et qui s’est tenu en Afrique du Sud. A chaque séminaire, une thématique particulière, traite des êtres humains, lutte contre la criminalité organisée…

Sophie HATT en Afrique du sud lors du séminaire régional des ASI de l’Afrique orientale, centrale et australe, avril 2023.

Un autre exemple, nous avons organisé le séminaire des attachés de sécurité intérieure et des magistrats de liaison du Maghreb, d’Egypte et de Lybie sur la coopération judiciaire et opérationnelle dans cette zone. Le séminaire avait lieu au mois de mars au Maroc.

Sophie HATT au Maroc lors du séminaire des ASI et des magistrats de liaison de la zone Maghreb, mars 2023.

Donc chaque colloque, chaque séminaire a une thématique qui permet de contribuer à enrichir nos connaissances dans la zone de compétences. On va par exemple se réunir en Colombie avec les ASI d’Amérique sur la thématique de la lutte contre les stupéfiants, de la cocaïne surtout, pour enrichir les informations en présence de la MILDECA qui est la Mission interministérielle de la lutte contre les drogues et les conduites addictives et échanger aussi avec d’autres entités, d’autres ministères. La DCIS travaille aussi avec le ministère des Armées sur les trafics de stupéfiants en zone maritime.

Tous ces événements permettent aux ASI de se rencontrer au moins une fois par an lors du colloque annuel, et les ASI rattachés à leur zone géographique se rencontrent lors de séminaires dans l’année.

– Souhaitez-vous parler de votre collaboration avec l’Ukraine ?

La DCIS travaille beaucoup avec l’Ukraine sur les thématiques propres au ministère de l’Intérieur, nous coopérons beaucoup en matière de sécurité civile, de déminage , d’identification criminelle.

Il y a l’Ukraine, et aussi d’autres sujets de collaboration comme le Burkina Faso que j’ai cité, qui voit se développer des discours anti-français. Je pourrais vous citer d’autres pays. Ou bien la question des enlèvements en Haïti avec demandes de rançon.

C’est aussi des collaborations sur les sujets migratoires avec les situations irrégulières.

La DCIS travaille aussi en soutien à la Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises dans des pays du monde victimes de catastrophes naturelles, inondations, séismes …

Question 3 – Etre directrice de la DCIS nécessite-t-il d’être spécialisée ?

Je pense que pour être directrice de la DCIS il faut être spécialiste de tout, plus on a d’expériences diversifiées, plus on connaît de métiers différents, mieux on comprend ce qui fait la DCIS.

J’aurais pu être attachée de sécurité intérieure à une époque dans un pays étranger et demeurer dans la sphère internationale, je serai hyper spécialisée mais sans doute pas assez ouverte sur les nombreux métiers de la police nationale. Sauf que je connaîtrais très bien l’international et que l’international.

J’ai fait de la sécurité publique au début de ma carrière d’abord comme attachée au 2e district de la Direction de la sécurité publique à la préfecture de police de Paris (PP Paris) puis comme chef de commissariats de police à Paris.
Puis j’ai été chef du groupe de sécurité du Premier Ministre (SPHP), chef de division à la Direction régionale des renseignements généraux à Marseille, représentante du coordonnateur des services de sécurité intérieure auprès des préfets de Corse, adjointe au sous-directeur du service de protection des institutions à la DOPC (PP Paris), sous-directrice des étrangers à la Direction du renseignement à la PP Paris, chef du groupe de sécurité de la Présidence de la République (SPHP).

Et puis mes deux dernières fonctions, directrice de la coopération internationale de 2017 à 2021 et, directrice de la DCIS depuis août 2021.

Les expériences de chef du groupe du service de protection des hautes personnalités auprès du 1er Ministre puis du Président de la République étaient très intéressantes, elles m’ont permis de faire beaucoup d’international en collaborant avec mes homologues à l’étranger.

Ces différentes spécialités me permettent d’avoir une vision généraliste. Il est plus facile de comprendre les métiers quand on en a exercé beaucoup.

Question 4 – Je rebondis en pensant aux équipes. Quels sont les métiers à la DCIS ?

La DCIS regroupe de nombreux métiers.

C’est plein de micro-métiers en relation avec l’international, des compétences en matière migratoire, en matière judiciaire, en matière d’ordre public, de renseignement sont très souvent requises.

Question 5 – Avant de nous quitter une dernière question que vous connaissez. Quels sont vos loisirs ?

La priorité est ma famille, mon mari et mes enfants.

J’ai toujours fait du sport et désormais je cours beaucoup. Courir est un sport qui me permet de le pratiquer n’importe quand et à n’importe quel endroit. Lorsque je ne suis pas dans un lieu sûr, je cours sur un tapis d’hôtel, ce n’est pas l’idéal mais cela me fait du bien.

Ce matin je voyais le futur attaché de sécurité intérieure en Australie, on reparlait de la baie de Sydney dans laquelle nous avons couru ensemble lors d’un déplacement, un lieu avec des paysages magiques. Et puis à Paris je peux courir à 05H30 le matin avant de venir travailler parce que cela n’empiète pas sur ma vie personnelle et ma vie professionnelle.

Et puis après, j’adore cuisiner, j’adore voyager.

– Une destination vous touche-t-elle plus que les autres ?

La destination qui me touche le plus est la Corse.

Lorsque j’ai rencontré mon mari qui est Corse, je n’étais encore jamais allée sur l’île de Beauté.
Elle est désormais le centre de notre vie.

A 1h30 de Paris et sur une si petite île vous avez tout ! De la haute montagne, des plages sublimes, des belles randos, on mange bien, la langue régionale est magnifique. Mon mari et mes enfants parlent corse, je ne parle pas la langue mais la comprends un peu.

Tout cela était très inattendu et ce d’autant que nous avons passé 4 ans en poste à Bastia. A ce moment-là, mon mari était directeur départemental de la sécurité publique.

J’ai plein de centres d’intérêt mais c’est d’abord ma famille. D’ailleurs nous allons samedi au cinéma avec les enfants voir Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan ! 

Un grand remerciement à Madame Sophie HATT pour ce moment de partage de haute qualité.
Nous avons pris le temps de l’écoute, de la compréhension de chacune dans une volonté de partage avec vous.
Un remerciement à Patricia qui a conduit d’une main de maître la partie organisationnelle de l’entretien et nos échanges toujours joyeux !

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Photo en Une de Madame Sophie HATT
Une délégation de 5 officiers de la gendarmerie qatarienne à la DCIS (La Direction de la coopération internationale de sécurité) pour la signature d’un protocole financier avec la France dans le cadre de la coupe du monde de foot en présence de Sophie HATT, DCIS.

2 commentaires
  1. Souvira Anne dit

    Formidable interview d une bonne amie et j ai beaucoup aimé travailler avec ses services pour le compte du préfet de Police, les textes internationaux notamment européens qui concernent in fine l’application du droit par les opérationnels.
    Sympa la photo du Maroc où mon mari a été ASI et de voir l ASI d aujourd’hui Nicolas Declerq un très grand ami et longue date !
    La retraitée du 1er mai 😉

    1. Miss K dit

      Chère Anne, un remerciement pour ce joli commentaire à l’endroit de Madame Sophie HATT.
      Amitiés et à bientôt dans la prochaine vie ! 😉

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