A la recherche d’informations fiables sur le niveau de connaissances de nos jeunes à l’école sur l’environnement, je me dirige vers le site internet du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et je fais une découverte. Timss a réalisé en 2023 une enquête qui intègre un module sur la sensibilisation des élèves de CM1 et de quatrième aux enjeux environnementaux. Les résultats sont très intéressants.
« Les connaissances environnementales y sont mesurées à partir d’items issus des sciences. Les résultats des élèves de France sont inférieurs aux moyennes OCDE et UE, mais supérieurs à leurs propres scores en sciences. Les garçons obtiennent de meilleurs résultats que les filles, avec des écarts plus marqués qu’en sciences. Les disparités selon le statut socio-économique sont fortes, notamment en CM1 (116 points d’écart de scores entre les élèves très favorisés et ceux très défavorisés). En CM1, 54 % des élèves de France accordent une très forte importance à l’environnement, contre 37 % en quatrième. L’importance accordée à l’environnement par les élèves est corrélée à leurs performances en connaissances environnementales.
En mai 2023, 72 pays ont pris part à l’enquête internationale Timss (Trends in International Mathematics and Science Study), conduite par l’IEA (International Association for the Evaluation of Educational Achievement). Cette édition intègre notamment un module visant à évaluer la sensibilisation des élèves aux enjeux environnementaux et concerne les élèves de CM1 et de quatrième, niveaux équivalents respectivement aux grades 4 et 8 dans le cadre international.
La conscience environnementale est mesurée à travers deux dimensions complémentaires : les connaissances et les attitudes des élèves face aux problématiques environnementales. En CM1 comme en quatrième, une sous- échelle spécifique de connaissances environnementales a été élaborée à partir d’un ensemble ciblé de questions de sciences incluses dans l’évaluation Timss 2023.
Ces questions sont issues des sous-domaines scientifiques « biologie » et « sciences de la Terre ». Elles portent sur divers enjeux tels que la pollution de l’eau, le changement climatique ou encore ses effets sur les écosystèmes.
En complément des épreuves cognitives, des questionnaires de contexte ont été proposés aux élèves, aux enseignants, aux chefs d’établissement et, pour le niveau CM1, aux parents d’élèves. Ces questionnaires intègrent des items relatifs à l’environnement, permettant d’apprécier les perceptions, les pratiques pédagogiques et les conditions d’apprentissage liées à ces thématiques dans les écoles et les collèges.
Pour mieux comprendre les résultats français, il est pertinent de restreindre la comparaison aux pays qui lui sont les plus proches, soit économiquement (pays membres de l’OCDE), soit d’un point de vue politico-économique et géographique (pays membres de l’Union européenne – UE).
Des performances en connaissances environnementales en deçà de la moyenne internationale, mais supérieures aux scores globaux en sciences pour la France
En 2023, les élèves de CM1 en France obtiennent un score moyen de 496 points en connaissances environnementales.
Ce résultat se situe en dessous de la moyenne des 22 pays de l’Union européenne et de celle des 29 pays de l’OCDE participant à l’enquête (respectivement 517 et 525 points). La communauté flamande de Belgique et la Lettonie affichent des performances proches de celle de la France, tandis que la communauté francophone de Belgique, le Chili et Chypre présentent des scores inférieurs. Avec 575 points, la Corée du Sud présente le score le plus élevé, suivi de celui de l’Angleterre et de la Pologne (557 points chacune).
En quatrième, le score moyen de la France s’établit à 486 points en connaissances environnementales, soit un niveau inférieur à la moyenne des pays de l’UE et/ou de l’OCDE participants (509 points).
La Norvège et Israël présentent des scores similaires à celui de la France, alors que la Roumanie, Chypre et le Chili enregistrent des performances plus faibles. Le Japon présente le score le plus élevé, à 557 points, suivi des scores de la Corée du Sud et de l’Angleterre (respectivement 545 et 531 points).
Pour les deux niveaux évalués, les scores moyens en connaissances environnementales sont fortement corrélés aux performances globales en sciences, les items utilisés pour construire la sous-échelle environnementale étant issus de cette discipline. Toutefois, la France se distingue avec des résultats supérieurs en connaissances environnementales par rapport aux scores globaux en sciences.
En CM1, le score moyen en connaissances environnementales comparé au score global en sciences est supérieur de 8 points en France et est inférieur de 1 point pour l’UE et l’OCDE.
En quatrième, l’écart en faveur des connaissances environnementales est de + 6 points, alors qu’il n’y a aucune différence pour les pays de l’UE et de l’OCDE.
Un écart de scores entre filles et garçons plus marqué qu’en sciences
Dans les pays de l’UE et de l’OCDE participant à Timss 2023, les garçons obtiennent des scores supérieurs à ceux des filles en compétences environnementales, tant en CM1 qu’en quatrième.
En CM1, la France enregistre un écart de 18 points en faveur des garçons, plus prononcé que celui observé dans les pays de l’UE et de l’OCDE (respectivement 9 et 11 points). Parmi les 32 pays étudiés, 12 pays ne présentent pas d’écart significatif entre les filles et les garçons, tandis que 20 pays affichent un avantage significatif pour les garçons, pouvant atteindre jusqu’à 22 points en Turquie.
En sciences de manière générale, l’écart est à l’avantage des garçons, mais dans des proportions plus modestes : 9 points en France, contre 4 points en moyenne dans l’OCDE et 3 points dans l’UE (Cioldi et Raffi, 2024).
En quatrième, l’écart de performances entre les filles et les garçons en compétences environnementales est significatif en France avec 14 points à l’avantage des garçons, contre un écart moyen de 10 points dans les pays de l’UE et de l’OCDE. Dans 9 pays,
la différence entre filles et garçons n’est pas significative, tandis que dans 13 pays, les garçons obtiennent de meilleurs résultats que les filles, avec un écart pouvant atteindre 25 points au Chili. L’écart de performance globale en sciences n’est en revanche pas significatif pour la France et est de 5 points à l’avantage des garçons pour les pays de l’UE et de l’OCDE (Blanche et al., 2024).
Des écarts liés au contexte socio- économique ou aux ressources éducatives du foyer
L’enquête Timss 2023 permet d’analyser les performances des élèves en fonction de leur statut socio-économique, à partir des données collectées dans les questionnaires adressés aux familles pour le niveau CM1.
En France, l’écart de scores en compétences environnementales entre les élèves issus des foyers les plus favorisés et ceux issus des foyers les moins favorisés atteint 116 points, contre 102 points en moyenne dans les pays de l’UE et 98 points dans ceux de l’OCDE. Cet écart est l’un des plus importants parmi les pays participants. En quatrième, la méthodologie diffère : l’indicateur utilisé s’appuie sur une estimation des ressources éducatives disponibles au sein du foyer, telles que le nombre de livres ou l’accès à un ordinateur pour les devoirs. En France, l’écart de scores entre les élèves disposant de nombreuses ressources éducatives et ceux en ayant peu s’élève à 120 points, contre 110 points pour les pays participants de l’UE et de l’OCDE.
Des écarts de performance marqués entre élèves les plus et les moins performants en CM1, plus modérés en quatrième
Les résultats de l’enquête Timss 2023 permettent d’analyser la dispersion des performances des élèves en connaissances environnementales à travers l’écart inter- décile : il correspond à la différence entre le score du neuvième décile (score en dessous duquel se situent 90 % des élèves) et celui du premier décile (score en dessous duquel se situent 10 % des élèves).
En CM1, cet écart atteint 230 points en France, un niveau supérieur à la moyenne des pays de l’UE et de l’OCDE (respectivement 222 et 221 points). À titre de comparaison, les Pays-Bas présentent l’écart le plus faible avec 188 points, tandis que la Bulgarie enregistre l’écart le plus élevé avec 301 points.
En quatrième, l’écart inter-décile est de 243 points en France, un niveau proche de la moyenne des pays participants de l’UE et de l’OCDE, établie à 249 points. Le Japon présente la dispersion la plus faible (209 points), alors que la Suède a l’écart le plus élevé (296 points).
L’écart selon le statut économique et social (SES) est particulièrement marqué en France : 62 % des élèves les plus favorisés déclarent accorder une très forte importance à la préservation de l’environnement, contre 43 % des plus défavorisés. Cet indice est positivement corrélé aux performances en connaissances environnementales : les élèves très engagés ont un score moyen de 514 points en connaissances environnementales, soit 64 points de plus que ceux exprimant une importance moyenne. Cet écart est de 56 points en moyenne dans l’UE et 51 points dans l’OCDE.
En quatrième, 37 % des élèves en France déclarent accorder une très forte importance à la préservation de l’environnement, contre 43 % des pays participants de l’UE et de l’OCDE.
Il n’y a pas de différence significative sur l’importance accordée à la préservation de l’environnement entre les filles et les garçons à ce niveau scolaire pour la France, alors que l’écart de scores est de 4 points en faveur des garçons pour les pays de l’UE et de l’OCDE Parmi les élèves disposant de beaucoup de ressources éducatives, 44 % déclarent accorder une très forte importance à la préservation de l’environnement, contre 28 % des élèves ayant accès à peu de ressources éducatives, un écart proche de celui observé pour les pays participants de l’UE et de l’OCDE (13 points). En France, les élèves qui déclarent accorder une très forte importance à l’environnement ont un score moyen en connaissances environnementales de 511 points, contre 470 points pour ceux qui déclarent accorder une importance moyenne à l’environnement, soit un écart de 41 points. Pour les pays participants de l’UE et de l’OCDE, cet écart est de 36 points, il est le plus faible pour le Japon avec 11 points et le plus élevé pour l’Autriche avec 62 points.
Actions menées par les élèves pour la protection de l’environnement
Timss 2023 interroge les élèves sur la fréquence à laquelle ils entreprennent certaines actions pour protéger l’environnement. En CM1, une majorité d’élèves déclare adopter chaque jour ou presque des comportements favorables à l’environnement . Ils déclarent, notamment, mener des actions concrètes en faveur de l’environnement :
55 % disent essayer de réutiliser des objets (par exemple, des sacs ou des bouteilles) chaque jour ou presque (contre 63 % dans l’UE et 62 % dans l’OCDE), 61 % essayer de consommer moins de ressources comme l’eau ou l’électricité (61 % UE et 59 % OCDE) et 48 % discutent régulièrement de la façon de protéger l’environnement, par exemple en ramassant des déchets (44 % UE et 42 % OCDE). Si 85 % à 90 % des élèves de CM1 déclarent adopter ces gestes individuels liés à la consommation, l’engagement dans des actions plus collectives comme la discussion ou la sensibilisation apparaît un peu moins fréquemment.
Les élèves de quatrième déclarent adopter ces comportements moins souvent qu’en CM1. 61 % disent essayer chaque jour ou presque de réutiliser des objets (60 % UE et OCDE), 44 % limiter leur consommation de ressources (49 % UE et OCDE) et 40 % discuter régulièrement de la façon de protéger l’environnement (27 % UE et OCDE). Par ailleurs, les parts d’élèves n’adoptant jamais ces comportements sont plus élevées qu’en CM1 : elles atteignent 21 % pour la réduction de la consommation de ressources et 20 % pour les discussions autour de la protection de l’environnement. »
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