Interview de Pascal ROBIN, Délégué du Préfet du Val-d’Oise

Le 22 mai 2021 – Miss Konfidentielle vous invite à découvrir le parcours de Pascal ROBIN, Délégué du Préfet du Val-d’Oise ainsi que le métier de délégué du préfet, encore méconnu et pour autant passionnant. Un impératif ? Etre engagé pleinement dans sa mission. Pascal ROBIN répond à cette exigence avec un tempérament pragmatique, synthétique, efficace tout en restant attaché au terrain, au contact de la population. Une belle rencontre, une de plus dans le Val-d’Oise. Le Préfet pour l’Egalité des Chances (PDEC) du Val-d’Oise, Xavier DELARUE interviendra en fin d’interview.

Bonjour Pascal,
Bonjour Valérie,

Quels sont les marqueurs de votre parcours ?

« Mes études d’abord »

Très intéressé par la cité, la justice, la science politique, j’ai suivi à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne les formations de l’UER de Sciences Politiques, je suis sorti avec une licence en droit et une maîtrise en droit public.

J’ai également réalisé notamment de nombreuses formations complémentaires, notamment un stage de formation de sécurité intérieure à l’INHESJ (Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice).

« Diplômes en poche, je me suis lancé dans la vie active »

J’ai d’abord passé le concours externe d’attaché au ministère de la Justice, c’était en 1984, un ministère qui me semblait très intéressant.

Suite à ma nomination à la DDPJJ 95 (Protection judiciaire de la Jeunesse du Val-d’Oise) comme attaché, chef du service économique et financier et de l’Équipement, service de 10 agents, j’ai eu en charge la gestion du budget, des investissements et des équipements de la DDPJJ 95.

Mai 1999 est marqué par ma présentation initiale et réussite à l’examen professionnel d’Attaché principal au titre de l’année 1998. Un bon souvenir. Je suis depuis passé hors classe en janvier 2019.

C’est en janvier 2001 que je deviens chargé de mission sur la Politique de la Ville, pour la DDPJJ 95.
En septembre, je quitte la DDPJJ 95 pour un poste de chargé de mission sur la Politique Judiciaire de la Ville à la Direction des Affaires Criminelles et des Grâces (SGPV).
Le service est malheureusement supprimé, je vais alors vers le médiateur de la République.

En décembre 2002, je suis chargé de mission auprès du Médiateur de la République (développement territorial) avant de retourner à la chancellerie en décembre 2003 en tant que responsable du dossier statut général sur une mission de 6 mois, au bureau RH3 (Ressources humaines de la DPJJ).

Je suis ensuite nommé chargé du suivi des dossiers sur la politique judiciaire de la ville au bureau de politique éducative en 2004, puis en 2007 au bureau des partenaires institutionnels et de territoires de la DPJJ.  Représentant de la DPJJ au SG CIV (Secrétariat général du comité interministériel des villes), à l’ACSE (Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances, devenue ANCT), au CNML (Conseil National des Missions Locales), au CTPS (conseil technique des équipes de prévention spécialisée). Je suis toujours très  intéressé par l’action de la prévention spécialisée.

« Un virage en novembre 2011 »

Celui de prendre un poste de délégué du Préfet du Val-d’Oise sur les territoires de Cergy et Saint-Ouen-l’Aumône.

Depuis mai 2021, je suis délégué du Préfet du Val-d’Oise sur les territoires d’Eragny-sur-Oise, Cergy, Saint-Ouen-l’Aumône, Vauréal, Jouy-le-Moutier et par intérim, Beaumont, Persan et de la Communauté de Communes du Haut Val-d’Oise (CCHVO).

Référent départemental sur la prévention de la délinquance et de la radicalisation depuis 2017.

Je suis par ailleurs co-président de l’association nationale des délégués du Préfet depuis fin 2020 (ANDP), dont je suis membre du CA depuis 2013. Mon objectif est d’échanger avec les principaux ministres sur notre mission, afin de la faire mieux connaître et surtout pour optimiser nos moyens. Je pense que nous pouvons apporter beaucoup à l’action de l’Etat sur les quartiers prioritaires.

Quel est le métier de Délégué de Préfet ?

« Le métier de délégué du Préfet est peu évoqué dans les médias et en cela reste assez méconnu du grand public. Pour autant, il est passionnant. Très varié et transverse. »

Je vous explique de manière synthétique car vous développer le métier serait un inventaire à la Prévert ! (sourire)

Les délégués du Préfet sont des cadres placés sous l’autorité directe des Préfets (Préfet, PDEC ou sous -préfet).

Ils représentent le préfet sur les territoires prioritaires : Quartiers Politique de la Ville (QPV), Quartiers de Reconquête Républicaine (QRR).

Leur mission est de développer la politique de la ville sur ces territoires. Cela touche à de nombreuses thématiques et partenariats. C’est un peu un inventaire à la Prévert… Nous sommes des « médecins généralistes » de la politique de la ville.

Je vous évoque le Val-d’Oise avec des précisions. Les relations avec les élus et leurs équipes, les services publics, les associations : les réunions sont régulières, sur de nombreux sujets avec de multiples partenaires, ainsi :

  • Le financement des actions politiques de la ville (environ 15 000 000 € sur le Val-d’Oise en 2020). Un très gros sujet de travail, notamment relatif aux programmes de réussite éducative. Cela impacte les associations et les villes et EPCI, dans le cadre des contrats de ville. Les crédits sont importants mais la crise du Covid 19 a clairement ralentit la mise en œuvre d’une partie des actions prévues.
  • La rénovation urbaine, par exemple le projet sur Cergy en illustration (opération de plus de 25 millions d’euros, chantier du 12).
  • La prévention de la délinquance et de la radicalisation (CLSPD, GPO, les Cellules départementales de  lutte contre l’islamisme et le repli communautaire CLIR, la lutte contre les Violences faites aux femmes…).
  • Les relations avec les bailleurs sociaux (financement des actions politiques de la ville des bailleurs, via l’abattement 30 % TFPB, environ 10 000 000 € au niveau départemental).
  • La santé : gestion des actions de prévention de la Covid 19 avec l’ARS, relations avec la MILDECA dont le Président est Nicolas PRISSE, les Ateliers Santé Ville.
  • Les relations avec les habitants (Gestion Urbaine de Proximité, les conseils citoyens) dans les quartiers prioritaires.
  • La culture à développer sur les quartiers de la politique de la ville.

« La politique de la ville »

Les délégués sont sur le terrain, c’est ce qui fait leur force, c’est aussi une exigence et une contrainte, ils doivent faire remonter régulièrement des informations actualisées sur les quartiers prioritaires et proposer des solutions sur les problématiques constatées. Ils permettent au Préfet, d’avoir une remontée d’information territorialisée et synthétique.

En même temps, ils sont présents en préfecture ou sous-préfecture, et participent à toutes les réunions sur les sujets signalés par le Préfet, au niveau départemental ou régional (PRIF), voire national (ANCT).

Ces missions larges et très diversifiées nécessitent une grande disponibilité horaire et journalière, nous n’avons pas d’horaire et parfois pas toujours de week-end.

Il faut être très motivé et volontaire pour exercer cette mission passionnante mais lourde.

Le lien avec les Valeurs de la République et la Citoyenneté, est essentiel, dans nos relations partenariales, surtout dans le contexte actuel, de tensions sur les quartiers, c’est un des fondamentaux de notre position, une véritable colonne vertébrale. Une action qui n’est pas en lien risque de poser des difficultés.

« Les missions spécifiques »

Ils peuvent en outre, ce n’est pas systématique, avoir une mission thématique complémentaire.

Pour ma part, j’ai une lettre de mission sur la thématique prévention de la délinquance et de la radicalisation. A ce titre, sous l’autorité du PDEC (le Préfet délégué pour l’égalité des chances), en lien avec les autres DP (Délégués du Préfet), les sous-préfectures, je suis et coordonne pour le PDEC, les actions qui ont un impact départemental, en lien avec le cabinet du Préfet, l’institution judiciaire, les forces de sécurité, le conseil départemental, la prévention spécialisée.

Je peux citer notamment la mise en œuvre de la convention sécurité bailleurs sociaux du 29 mai 2018, le suivi des CLSPD (Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance) et Groupes de Partenaires Opérationnels, des actions FIPDR (Fonds interministériel de la prévention de la délinquance et de la radicalisation ), les actions de lien police-population, avec les associations comme Raid Aventure Organisation  (Bruno POMART, Florent DELEGLISE), le Centre Départemental Loisirs Jeunes, les dispositifs des DCPP et DCGP (Délégués à la Cohésion Police-Population et Délégués à la Cohésion Police-Population et Gendarmerie Population).

Le lien police-population est très important à développer, c’est fondamental ! Les forces de sécurité font un travail indispensable mais complexe, il faut les soutenir.

Je n’oublie pas les actions du PDASR sur la prévention des rodéos, la préfecture va sortir un film dans les jours qui viennent avec VOTV.

Dans le cadre de la convention notamment, il faut signaler la forte implication du DDSP (Directeur Départemental de la Sécurité publique) Frédéric LAUZE et de ses services notamment JP COUDERT, – du Colonel BRUNET et du GGD (Groupement de Gendarmerie Départemental) – du procureur de la République Eric CORBAUX, signataire avec Monsieur le Préfet et 25 organismes sociaux.

« Au niveau national, il y a 290 délégués du Préfet pour 1514 quartiers »

« La politique de la ville est caractérisée par une approche globale des problèmes urbains, économiques et sociaux. Avec la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine de 2014, la géographie prioritaire de la politique de la ville a été redéfinie pour concentrer les moyens vers les territoires les plus en difficulté. Désormais, pour identifier les quartiers prioritaires, un critère unique est retenu : la part de la population ayant un revenu inférieur à 11 250 euros par an. À travers cette démarche, l’État a souhaité simplifier les interventions publiques et resserrer les périmètres d’action pour concentrer les moyens sur les territoires les plus en difficulté. Ce sont ainsi désormais 1 514 quartiers situés dans 859 communes qui bénéficient de la politique de la ville. » Source : Ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales

Les responsabilités et le temps alloué au métier de délégué de Préfet vous permettent-ils de profiter d’une vie personnelle ?

A m’écouter et échanger, vous avez compris que ce métier est passionnant et aussi très lourd de responsabilité et de temps. Il faut savoir être très disponible, parfois le week-end et tard le soir en cas d’urgence. Il s’agit d’un véritable engagement. Je ne prends pas tous mes congés.

Je pense que lorsque l’on s’engage pleinement dans une voie à laquelle vous croyez, tout est possible.
Certes, je suis beaucoup sur le terrain (moins depuis le début de la crise sanitaire malheureusement) et en réunions, souvent en vision-conférence, mais j’arrive aussi à concilier vie professionnelle et vie personnelle.

En dehors de ma mission de service public, je m’intéresse principalement aux voyages à l’étranger, c’est une véritable passion et un besoin pour couper complètement avec mon travail et de façon instance, au mois de septembre.

Je connais un peu les USA, particulièrement la ville de New York, le Canada, Ottawa, Montréal et Québec, en Hiver et en été, Dubaï par 42° à l’ombre, le Golf Persique avec une eau à 37 ° et une architecture futuriste exceptionnelle, la Russie, la somptueuse ville de Saint-Pétersbourg, la Chine, la ville lumière de Shanghai et son exposition universelle, l’Egypte, Hurghada sur la mer rouge, Mecque de la Plongée, la Tunisie, le grand Erg Oriental, et son désert brûlant et lumineux, et la plupart des pays Européens, notamment la Grèce (les Îles, Santorin, Rhodes, notamment) et la Norvège (les fjords grandioses) que j’adore. La fête nationale de la Norvège est le 17 mai, c’est aussi ma fête !

Je pratique la photo, sur les paysages, les architectures (New York , Dubaï), mais aussi un peu la photo sous-marine (Hurghada, la mer rouge). La plongée est un sport particulièrement relaxant mais très technique, et j’ai fait aussi un peu de vidéos lors de ces voyages.

J’ai pratiqué le cyclisme en montagne (une vingtaine de cols) et l’alpinisme (notamment le Mont-Blanc et une dizaine de sommets différents).

Enfin j’adore la musique classique, notamment BACH, VIVALDI … mais aussi Zara LARSSON.

Comme vous le savez Valérie, je suis un fidèle de LinkedIn depuis peu de temps. Un réseau de 1700 membres. J’ai beaucoup d’ami(e)s et de relations sur ce réseau, Mylène FLAMENT Directrice générale chez IDEFHI, Delphine GALTIER Editrice d’acquisition Expertise comptable chez DUNOD, Amel TIR Directrice de cabinet du PDEC, Melissa ARJOUNE Cheffe ajointe de la mission Égalité des Chances et Citoyenneté à la DDETS 95, Christelle GERARD Chef des Unités de Police Secours de Villeneuve-Saint-Georges, Jean Michel VIVES retraité de la Police Nationale… au Soleil, Brigitte PERESSINI Journaliste, Daniel JAAR Chargé de mission cohésion sociale et emploi -Préfecture de Mayotte, Eric BOICHUT Commandant de bord chez Air France et photographe pendant ces heures de vol, Marc LECLERC Responsable des Moyens Généraux chez ESTP Paris, … mais  je ne peux pas citer tout le monde, notamment mon réseau Européen ou Nord Américain, un vrai plaisir d’échanger… sur ce site international.

Je termine sur un bon souvenir, celui d’avoir été interviewé par des jeunes au Collège Simone Veil à Pontoise L’objectif était de sensibiliser les élèves aux dangers du cyber-endoctrinement. Un vrai sujet, notamment dans le Val-d’Oise.

Pascal Robin a accepté de solliciter Xavier DELARUE, Préfet pour l’Egalité des Chances (PDEC) du Val-d’Oise, nommé en Conseil des ministres le 28 octobre 2020, afin de conclure l’interview en beauté. Un remerciement à Monsieur le Préfet :

La petite musique des DP est une mesure à 4 temps, prendre le pouls quotidien des quartiers, accompagner les associations et les collectivités dans leurs projets en faveur de leurs habitants, représenter concrètement l’engagement de l’Etat et relayer ses initiatives et ses impulsions sur ces territoires. 


Des liens utiles afin de parfaire vos connaissances :

Les services de l’Etat du Val-d’Oise
Les délégués du préfet : les relais de l’État dans les quartiers
Visite du chantier “du 12”, un projet de centre socio-culturel à Cergy
Raid aventure et Facebook

Réunion – Bilan 2019 de Raid Aventure Organisation avec Anne Morin PELLET (Préfecture 95), Bruno POMART (RAO), Pascal ROBIN, Michel GARCIA (ex ANDP) sur Miss Konfidentielle © RAO

Note importante

  • Il est obligatoire d’obtenir l’autorisation écrite de Valérie Desforges, auteur de l’interview, avant de reproduire tout ou partie de son contenu sur un autre media.
  • Il est obligatoire de respecter les légendes ainsi que les copyrights des photos.
5 commentaires
  1. Daniel K. dit

    Un trajet professionnel exemplaire et rempli de fonctions et missions différentes.. mais toutes au service de la collectivité.
    Comment ne pas devenir cet homme du Préfet pour Pascal..
    Dans un département où il faut toujours être sur le terrain pour anticiper les événements ou y remédier rapidement.
    Bravo à Miss Konfidentielle, toujours là pour nous faire découvrir de beaux parcours de vie et professionnels pas toujours connus du public.

    1. Pascal ROBIN dit

      Merci beaucoup Daniel, c’est effectivement une mission passionnante.

  2. OLIVE Christian dit

    Très bel entretien.
    Merci à Misskonfidentielle qui nous fait connaître un métier presque ” confidentiel” !
    Félicitations à Pascal Robin pour la richesse humaine qu’il met en œuvre.

  3. Pascal ROBIN dit

    Merci Christian, c’est effectivement une mission à dimension très humaine, proche des habitants des quartiers prioritaires.

  4. Fabien VENOT-SALAS dit

    Merci Pascal et Miss K. de participer à faire connaitre les missions passionnantes et essentielles des délégués du Préfet !

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