Le 14 juillet 2024, j’ai eu l’honneur et la joie de vivre l’expérience du défilé aérien depuis le sommet de l’Arc de Triomphe aux côtés du général de division aérienne Stéphane GROËN, commandant en second du CDAOA, Commandement de la Défense aérienne et des Opérations aériennes au ministère de l’Air et de l’Espace.
A cette occasion exceptionnelle, je me suis attachée à partager auprès de vous des vidéos en live dès 05h00 du matin sur le réseau social LinkedIn
12h00 le 14 juillet, le défilé touche à sa fin et je réalise une interview du GDA Stéphane GROËN rapidement avant que les militaires quittent le site de l’Arc de Triomphe.
Une atmosphère particulière cette année, le défilé s’est tenu sur l’avenue Foch et non sur les Champs-Élysées, en raison des JOP2024. Nous sommes peu au sommet de l’Arc de Triomphe pour des raisons de sécurité.
Voici l’interview que j’ai pris le soin de filmer en une prise. Je remercie le GDA Stéphane GROËN pour l’exercice.
Général Stéphane GROËN,
Vous êtes le commandant en second du Commandement de la Défense aérienne et des Opérations aériennes. Nous sommes le 14 juillet 2024 au sommet de l’Arc de Triomphe.
Comment s’organise un défilé aérien inédit sur l’avenue Foch ?
L’organisation de ce défilé aérien du 14 juillet 2024 a débuté en octobre 2023.
Le gouverneur militaire de Paris nous a communiqué l’axe inédit cette année, puisque nous ne défilons pas sur l’avenue des Champs-Élysées mais bien sur l’avenue Foch.
Donc il a fallu construire avec la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), des espaces aériens de manière à positionner les circuits d’attente des avions qui ont défilé pour ce 14 juillet, et le temps des négociations avec la Direction générale de l’aviation civile est de l’ordre de six mois.
Ensuite, le Gouverneur militaire de Paris, le GCA Christophe ABAD, nous a communiqué le thème de ce défilé.
La thématique de la fête nationale est double : « l’olympisme et les armées » d’une part, et les 80 ans de la Libération de la France d’autre part. Ce qui nous a permis de définir le type d’appareil pour ce défilé inédit du 14 juillet.
Quels sont les appareils défilants en ce 14 juillet ?
Pour l’armée de l’Air et de l’Espace nous avons tenu à ce que tous les appareils qui opèrent dans l’armée de l’Air et de l’Espace puissent défiler, en commençant bien évidemment par le triptyque A330 MRTT, A400M et RAFALE.
Au global, 39 aéronefs (29 de l’armée de l’Air et de l’Espace et 6 de la Marine nationale) participent à ce défilé aérien.
Nous avons aussi, dans le cadre du 60ème anniversaire des forces aériennes stratégiques, fait défiler le dernier C-135 qui reste dans l’armée de l’Air et de l’Espace et nous avons fait défiler nos hélicoptères Caracal dans le tableau des avions.
Comment vous sentez vous à cet instant ?
Écoutez, le défilé s’est remarquablement bien passé.
La synchronisation avec le défilé à pied, qui a nécessité une précision pour nos pilotes de plus ou moins trois secondes, a été optimale.
Je me sens soulagé, je me sens très content.
Et surtout, je salue le travail de l’équipe avec qui j’ai travaillé pendant 10 mois et qui a fait un travail remarquable et qui a permis d’atteindre ce beau résultat.
Pour aller plus loin, quels sont les points marquants de votre parcours ?
J’ai un parcours classique d’officier pilote de chasse de la Promotion 1989 de l’École de l’air « Clément Ader », illustre ingénieur français inventeur de l’aviation.
Je suis ensuite, après avoir été diplômé ingénieur de l’École de l’air, passé par la base aérienne 705 « François et Jean Tulasne » située principalement sur l’aéroport de Tours St-Symphorien, et la base aérienne 120 « Commandant Marzac » située près de la ville de Cazaux. Puis j’ai commencé ma carrière opérationnelle à l’Escadron de Chasse des Cigognes, une unité de combat de l’Armée de l’Air française longtemps installée sur la base aérienne 102 Dijon-Longvic, elle rejoint la BA 116 à l’été 2011.
Les étapes marquantes ont principalement été en état-major et dans le domaine des opérations, que ce soit au niveau tactique, au Commandement de la Défense aérienne et des Opérations aériennes, avec un premier passage il y a 20 ans à Taverny, au niveau stratégique, au centre de planification et de conduite des opérations aériennes, dans le domaine de la planification, il y a une quinzaine d’années, et au niveau opératif, avec la fonction de chef d’état-major interarmées du commandement des forces françaises aux Émirats arabes unis, il y a une dizaine d’années, dans le cadre de la montée en puissance de la base française à Abou Dabi.
Quelle est l’étape qui vous a le plus marqué dans celles que vous m’avez cité ?
L’étape qui m’a le plus marqué, c’est bien évidemment mon passage en escadron de chasse aux Cigognes à Dijon parce que c’est toujours pour un pilote de chasse un attachement particulier à son premier escadron.
Et avoir eu la chance et l’honneur de pouvoir servir au groupe de chasse des cigognes, cela n’est pas donné à tout le monde. Je suis très content.
Nous sommes le 29 juillet, la cérémonie d’ouverture des JOP2024 s’est tenue vendredi sur la Seine à Paris.
Général,
Quelle est votre mission dans le cadre des JOP2024 ?
Au sein de l’organisation générale de la sécurité des JOP 2024, l’armée de l’Air et de l’Espace déploie un ensemble de dispositifs particuliers de sûreté aérienne (DPSA ou « bulles de protection ») pour assurer, dans la durée et sur les différents sites, la sûreté aérienne de ce rendez-vous sportif majeur exceptionnel. A ce titre, elle coordonnera également tous les moyens de luttes anti-drones interarmées et interministériels mobilisés. Les principaux enjeux résideront notamment dans l’identification des différents types de drones transitant dans les zones protégées ou à leurs abords.
Pour assurer la coordination de ces moyens aérien de l’armée de l’Air et de l’Espace, de l’armée de Terre, de la Marine nationale, de la Gendarmerie nationale, de la Police nationale, de l’armée de l’air britannique et de l’armée de terre espagnole. L’AAE a mis en place un état-major de commandement AIR sur la base aérienne 107 de Villacoublay. Je commande cet état-major. Dans ce cadre, ma mission est de m’assurer que le premier Ministre et le commandant de la défense aérienne et des opérations aériennes disposent des moyens nécessaires pour assurer leurs responsabilités dans le domaine de la sûreté aérienne.
Comment avez-vous vécu l’expérience de la cérémonie d’ouverture ?
Participer à la sécurité aérienne de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques a été une expérience à la fois stimulante et gratifiante. Notre équipe a travaillé sans relâche pour assurer un espace aérien sûr, permettant à tous les participants et spectateurs de profiter pleinement de cet événement spectaculaire. Grâce à une coordination minutieuse et à l’expertise de nos personnels, nous avons pu prévenir toute menace potentielle dans la troisième dimension et garantir le bon déroulement de la cérémonie. Voir la réussite de cet événement, avec des milliers de personnes réunies en toute sécurité, a été une immense fierté pour moi et pour toutes les forces engagées. Cette réussite est le fruit d’un travail d’équipe et de l’excellence des personnels des armées, de la police et de la gendarmerie qui composent cette équipe.
Mais ne nous méprenons pas, si la cérémonie d’ouverture s’est bien passée, nous ne relâchons pas nos efforts, et le dispositif particulier de sûreté aérienne restera actif jusqu’à la fin des Jeux Paralympiques, mi-septembre.
Quelle est la suite pour vous et l’équipe du CDAOA ?
A l’issue des Jeux Paralympiques, je serai, compter du 16 septembre 2024, Officier général de la zone de défense et de sécurité Sud-Ouest à Bordeaux. Je prendrai aussi la tête du Commandement territoriale de l’armée de l’Air et de l’Espace.
Le CDAOA va quant à lui continuer d’œuvrer à la défense aérienne du territoire nationale et aux opérations aériennes partout dans le monde.
Merci général. Vous avez peu de temps disponible pour vous détendre. Comment l’utilisez-vous ?
Comme tout bon militaire, j’aime beaucoup le footing. Je m’attache à faire un ou deux footings par semaine. J’adore courir dans le bois de Boulogne à Paris, et j’ai toujours à-peu-près le même parcours. Et je fais 12 à 20 km par semaine.
Ma deuxième passion pourra vous paraître un peu plus originale, mais je suis un passionné de machinisme agricole et donc de tracteurs et de moissonneuses-batteuses ultra modernes.
Vous savez les agriculteurs, comme les pilotes de chasse, utilisent aujourd’hui le GPS, et je pense qu’il y a beaucoup de similitudes aujourd’hui entre un avion de chasse moderne avec de l’électronique, du guidage de précision GPS, et un tracteur moderne comme les derniers John Deere ou les derniers New Holland. C’est ma passion et j’aurais comme ambition, si un industriel de l’industrie agricole voulait m’embaucher dans ma seconde carrière, de travailler pour John Deere ou New Holland. Pourquoi pas.
Mon intérêt pour les tracteurs me vient de ma famille. Mon grand-père s’est installé en France en 1938, en arrivant des Pays-Bas. Il a acheté une grosse ferme du côté de la Sens dans l’Yonne, et aujourd’hui, c’est mon oncle qui l’exploite et bientôt mon cousin.
Excellent. Vous évoquez la Sens dans l’Yonne, je ne connais pas les tracteurs mais le Haras de la Cense pour ses formations d’équitation éthologique. Un beau lieu donc à découvrir à double titre.
Un remerciement appuyé général GROËN pour votre engagement à l’armée de l’Air et de l’Espace. Puisse la jeunesse s’inspirer de votre parcours pour s’épanouir et participer à la « cohésion nationale » dont la France a besoin.
Un remerciement pour votre confiance et les moments partagés. Je vous souhaite de remplir vos missions à la perfection avec l’appui de vos équipes au CDAOA, je pense en particulier au lieutenant-colonel Xavier DEBRAS, pendant les JOP2024.
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