SOPHIE GALVAGNON, portrait d’une visionnaire en Arctique
Sophie Galvagnon est une exploratrice des temps modernes. Enfant, déjà, elle ressent une connexion forte avec l’océan et grandit attirée par les flots.
Une curiosité sans limite, une double nationalité franco-suédoise et un goût prononcé pour l’aventure feront le reste : « J’étais attirée par les zones froides ; j’aimais la magie de l’hiver scandinave, ses étendues enneigées et lac gelés », se souvient-elle.
Après des études dans la Marine Marchande à Marseille, elle navigue sur tous types de navires (porte-conteneurs, RoRo, ferrys, entre autres). Dans ce milieu masculin où elle est souvent seule femme à bord de larges porte- conteneurs, Sophie Galvagnon a un coup de foudre pour les glaces et la navigation polaire. Elle gagne alors la Suède pour se rapprocher d’une flotte plus expérimentée.
L’univers arctique s’ouvre alors à elle, non dans les manuels, mais bien sur le terrain, dans la transmission orale et empirique avec des alliés, mentors et autres personnalités férues du monde polaire. La navigation au milieu des glaces en appelle au pur sens marin : « Il faut une maîtrise parfaite de son environnement et savoir ‘lire’ la glace : l’arctique est un terrain de jeu en mouvement perpétuel ». La jeune commandante de bord mène par exemple, avec l’Institut Polaire Suédois, des campagnes de recherche sur des brise – glace d’état. Elle se rapproche aussi de sommités comme l’explorateur français Jean-Louis Etienne sur le projet Polar Pod, et en particulier sur le navire avitailleur Persévérance, dont elle supervise la construction.
En parallèle, Sophie navigue sur des navires de tourisme de toute taille, testant en 2008 des paquebots de 200 passagers en tant qu’officier puis virant capitaine & “expedition leader” sur des petits bateaux en zone polaire. Attachée à cette zone extrême où elle se sent profondément vivante, en communion avec la nature, elle en vient rapidement à ne plus supporter l’idée de naviguer sur des navires polluants « Je m’ennuyais, tout était devenu trop conservateur. Les brise-glaces sont les bateaux les plus polluants au monde et de manière globale, la flotte mondiale des navires de croisière – et particulièrement polaire – a sombré dans une fuite en avant carbonée. En pilotant ces navires, je participais à dégrader les environnements qui me passionnent », remarque Sophie Galvagnon, première femme à être décorée du Mérite Maritime en 2021.
Consciente que l’aventure commence à perdre de son sens, que trop peu d’initiatives disruptives voient le jour dans le milieu des croisières malgré laréglementation qui évolue et face au changement climatique, Sophie Galvagnon est convaincue qu’un virage radical est possible et nécessaire. Elle se lance dans la conception d’un navire révolutionnaire. Admirative des explorateurs du passé qui sillonnaient les océans avec des voiliers, la navigatrice s’en inspire avec l’architecte naval de renom Laurent Mermier pour trouver des solutions techniques qui jettent les bases d’une alternative décarbonée. Entourés de chercheurs, scientifiques, experts locaux, avec lesquels ils collaborent, les plans du premier navire polaire à propulsion solaire et vélique voient le jour.
C’est à ce moment-là qu’elle fait une rencontre décisive, celle de Julia Bijaoui et Quentin Vacher, entrepreneurs français – fondateurs de Frichti – remarqués pour leur vision et leur créativité. Julia se souvient « Cette rencontre a été un coup de foudre pour Sophie, sa passion et sa détermination sont proprement contagieuses. Nous partagions l’envie de créer des voyages préservant les écosystèmes locaux et transformateurs pour les clients. » Dès lors le trio décide de s’associer pour faire de Selar le premier acteur sustainable-native de la croisière à la fois armateur, créateur d’expéditions hors normes et opérateur d’une future flotte innovante et durable.
À bord du voilier SELAR les passagers vivront une rencontre authentique et totalement immersive avec l’arctique en phase avec la nature « J’ai imaginé quelquechose de différent : chaque expédition doit être le voyage d’une vie. Sur notre voilier solaire, mené par un équipage passionné désireux de partager son amour de l’Arctique, pas d’itinéraires fixes, juste l’esprit de l’exploration avec la liberté de passer beaucoup de temps à terre pour vivre des expériences uniques », explique l’entrepreneure, qui ne cache pas son impatience à l’idée de mettre les voiles au Pôle Nord à bord de son futur navire.
Les commentaires sont fermés.