Intéressée par les enjeux de la Défense et de l’Europe, je pense pertinent de mettre en lumière le sommet informel consacré à la défense du Vieux Continent tenu lundi 3 février 2025 à Bruxelles.
Le secrétaire général de l’Otan, le Premier ministre britannique et les 27 dirigeants des pays de l’Union européenne se sont donnés rendez-vous à Bruxelles le lundi 3 février 2025 pour un sommet informel consacré à la défense du Vieux Continent. Un moment stratégique, dans le contexte du retour remarqué de Donald TRUMP à la Maison-Blanche et de la guerre en Ukraine.
« Pas de texte de conclusion, pas de décision » [La Libre]. « Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne devaient être libérés de la pression de trouver un accord lors de leur ‘retraite informelle’ consacrée à la défense [lundi 3 février] au Palais d’Egmont à Bruxelles », poursuit le quotidien belge.
Sur le plan diplomatique, ce rendez-vous dans la capitale belge marque une « triple première » [RFI]. « [C’est la] première fois que les 27 se [sont retrouvés] depuis la prestation de serment du 47e président américain, [la] première fois que leur rencontre [était] consacrée exclusivement à la défense et [la] première fois qu’un dirigeant britannique [s’est joint] à eux depuis le Brexit », précise le média public.
Deux questions clés devaient occuper les discussions : « les capacités militaires pour lesquelles l’UE devrait dépenser de l’argent en priorité et la manière de financer le développement et l’acquisition de ces capacités » [Euronews].
Relancer l’industrie européenne de la défense
« Face aux menaces multiples, entre attaques hybrides provoquées par Moscou et pressions exercées par Donald TRUMP, l’Europe doit revitaliser sa défense. C’est un constat que plus aucun dirigeant ne conteste […] mais l’argent reste le nerf de la guerre » [Le Temps].
Depuis le lancement de l’invasion russe en Ukraine le 24 février 2022, « les pays européens ont sensiblement augmenté leurs budgets militaires » [France 24]. « Mais ils reconnaissent aussi presque à l’unisson qu’ils ne s’arment pas encore assez vite », complète le média.
« Le contexte est brûlant : Donald TRUMP fait pression sur les pays européens pour qu’ils consacrent désormais 5% de leur PIB aux dépenses militaires, insistant sur le fait que le ‘parapluie de protection américain’ n’est pas éternel » [Le Temps].
« Selon la Commission européenne, l’UE doit investir 500 milliards d’euros dans la défense au cours de la prochaine décennie, alors que seulement 8 milliards d’euros ont été réservés à ce secteur dans le budget 2021-2027 de l’Union » [Euronews]. Le président du Conseil européen António Costa « a déclaré que l’accent devait être mis sur ‘les domaines dans lesquels l’Union européenne apporte une valeur ajoutée évidente » comme la défense aérienne et la défense antimissile, détaille le média européen dans un autre article consacré au sujet.
Pour aller plus loin : Les dépenses militaires des pays de l’Union européenne
Sources de financement
Reste à s’accorder sur la façon de mobiliser les financements nécessaires. A l’issue du sommet, la présidente de la Commission Ursula von der LEYEN a annoncé « créer des nouvelles flexibilités, plus d’espace budgétaire pour les investissements de défense » [Les Echos].
La réaffectation de fonds inutilisés issus d’autres programmes de l’UE fait partie des pistes. L’élargissement du mandat de la Banque européenne d’investissement (BEI) également, qui aurait « un effet d’entraînement sur les banques privées, aujourd’hui réticentes à financer un secteur sur lequel pèse un stigmate » [Les Echos].
Certains États préconisent aussi « une certaine flexibilité des règles fiscales de l’Union afin de permettre aux États membres d’exclure les dépenses de défense de leurs dépenses nationales », relève Euronews. Dernière option sur la table : « un grand emprunt européen. Mais l’Allemagne, qui se prépare à des législatives le 23 février, ne veut pas ouvrir le débat sur ce sujet politiquement sensible », indique dans ses colonnes Courrier international.
Ursula von der LEYEN « présentera les propositions de la Commission dans un Livre blanc sur la défense, attendu à la mi-mars, pour préparer les décisions des Vingt-Sept en juin lors d’un sommet européen » [Courrier international]. Celui-ci tombera opportunément juste après un sommet des dirigeants de l’Otan, au cours duquel un seuil de dépenses et un objectif de capacités révisés devraient être dévoilés.
Pour aller plus loin : La politique de sécurité et de défense commune (PSDC)
Royaume-Uni, Groenland et droits de douane
L’un des points marquants de ce sommet a été la participation du Royaume-Uni, synonyme de rapprochement stratégique après le Brexit. Le Premier ministre britannique Keir STARMER souhaite « apaiser les relations avec son grand voisin européen », alors que “les modalités de retrait de l’UE et le cadre des relations actuelles posent problème sur de nombreux dossiers ou comportent des lacunes”, explique La Croix. Notamment en matière de défense et de politique étrangère. Le chef du parti travailliste britannique peut aussi « aider à persuader les pays de l’UE de dépenser davantage pour la défense et soutenir l’Ukraine » [The Guardian].
Les Vingt-Sept ont par ailleurs réitéré leur soutien au Danemark après les menaces d’annexion du Groenland par Donald TRUMP.
António COSTA « a insisté sur le fait que l’UE ne transigerait pas sur ses intérêts et ne reviendrait pas sur la sacro-sainte ‘inviolabilité des frontières », explique Politico.
Enfin, Ursula von der LEYEN a réagi aux déclarations du président américain annonçant des surtaxes pour les exportations européennes : « Si l’UE est malgré tout frappée de droits de douane supplémentaires, ‘elle répondra de manière équilibrée », a-t-elle assuré [Les Echos].
Pour aller plus loin : L’UE répond aux menaces de guerre commerciale de Donald Trump
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Un remerciement à touteleurope.eu pour les éléments d’informations précieux à la bonne compréhension de la chose publique en France et en Europe.
Légende et Copyright de la photo en Une : Lors du sommet informel consacré à la défense européenne en Belgique, lundi 3 février, le président du Conseil européen António Costa a déclaré que l’accent devait être mis sur « les domaines dans lesquels l’UE apporte une valeur ajoutée évidente » comme la défense aérienne et la défense antimissile – Crédit : Conseil européen