Prenons de la hauteur sur les élections fédérales allemandes dont le verdict a été rendu le dimanche 23 février 2025.
Les conservateurs de la CDU et leurs alliés de la CSU ont remporté le scrutin, marqué par une percée historique de l’extrême droite.
Jamais le scrutin fédéral n’avait autant mobilisé les électeurs outre-Rhin. Ce dimanche, les Allemands ont élu leurs 630 représentants au Bundestag, l’équivalent de notre Assemblée nationale. Des élections fédérales historiques, au moins sur le plan de la participation : 82,5 % des électeurs se sont rendus aux urnes, un record depuis la réunification allemande en 1990.
Les conservateurs en tête, l’extrême droite à un niveau historique
Après avoir échoué d’une courte tête en 2021, les conservateurs allemands ont remporté dimanche les élections fédérales. Crédités de 28,5 % des voix, la CDU et ses alliés de la CSU arrivent ainsi en tête, mais loin du plébiscite un moment espéré. Ce résultat devrait tout de même permettre à son leader Friedrich Merz de devenir le prochain chancelier.
Le principal enseignement de ce scrutin est la percée historique de l’AfD. Arrivée en deuxième position avec 20,8 % des suffrages, elle double son score par rapport à 2021 (10,4 %). Surtout, elle réalise la meilleure performance pour une formation d’extrême droite depuis la Seconde Guerre mondiale. L’AfD avait d’ailleurs le vent en poupe avant ces élections fédérales : elle était arrivée en deuxième position lors des élections européennes en juin 2024, avant de remporter un scrutin régional en Thuringe quelques mois plus tard. Là aussi, une première depuis l’après-guerre pour l’extrême droite.

Allemagne – Résultats des élections fédérales
Recul des sociaux-démocrates, échecs pour les libéraux et de la gauche populiste
Les sociaux-démocrates du SPD subissent la plus forte baisse par rapport au précédent scrutin et arrivent en troisième position. Avec 16,4 %, la formation du chancelier Olaf Scholz enregistre près de 10 points de moins qu’en 2021 (25,7 %).
Les Verts (Bündnis 90/Die Grünen) limitent quant à eux la casse par rapport à 2021. Ils recueillent 11,6 % des suffrages contre 14,8 % quatre ans plus tôt.
La surprise du scrutin est à chercher du côté de Die Linke. A la peine dans les sondages début janvier, la formation de gauche radicale a fortement progressé dans les dernières semaines de la campagne pour finalement décrocher 8,8 % des voix ce dimanche.
Enfin, deux formations manquent de peu la barre des 5 % qui permet d’avoir des élus au Bundestag. Les libéraux du FDP chutent ainsi à 4,3 % (contre 11,5 % en 2021). Mais la plus grosse frustration est sans doute du côté du BSW, un parti créé en 2023 par Sahra Wagenknecht (qui donne son nom au parti) après une scission avec Die Linke. Avec 4,97 % et à quelques 10 000 voix près, il n’enverra pas de représentants dans l’hémicycle allemand.
Vers une « grande coalition », Friedrich Merz futur chancelier
Le malheur du BSW fait le bonheur des conservateurs et des sociaux-démocrates. Avec respectivement 208 et 120 sièges, les deux formations historiques disposent donc à elles deux d’une courte majorité au Bundestag. Une situation qui n’aurait pas été possible si le BSW avait dépassé la barre des 5 %, et mécaniquement engrangé une trentaine d’élus.
La situation libère donc la voix à Friedrich Merz pour devenir le futur chancelier. Agé de 69 ans, il devrait donc pouvoir gouverner à la tête d’une « grosse coalition » (große Koalition ou « Groko » en allemand) composée des conservateurs (CDU/CSU) et des sociaux-démocrates (SPD).
Avec 152 élus, l’AfD va devenir la principale force d’opposition. Tandis que les Verts et Die Linke compteront respectivement 85 et 64 membres au Bundestag. Enfin, le petit parti régional SSW obtient un élu : représentant une minorité ethnique, en l’occurrence les Danois du Schleswig-Holstein, il est exempté de la règle des 5 % requise pour obtenir des sièges au Bundestag.