Interview de Olivier Di Lullo, responsable relations presse à la DGPN au service d’information et de communication de la Police nationale.

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Miss Konfidentielle vous invite à découvrir le parcours de Olivier Di Lullo qui n’avait pas pour vocation de s’engager dans la police et qui pourtant, de par ses valeurs et convictions a suivi un cursus intéressant qui l’a mené au sein même du service communication de la DGPN (Direction Générale de la Police Nationale). Un métier à responsabilité, tout particulièrement lorsque les actualités sont complexes. 

Bonjour Olivier,

Quel est votre contexte familial ?
Bonjour Valérie. Je suis né en Saône et Loire en 1973, puis j’ai grandi à Grenoble (38). Je suis aujourd’hui père de 3 enfants. Mes enfants sont d’ailleurs ma plus grande fierté. Je suis fier d’eux, comme eux semblent l’être de moi.

Vous avez choisi de suivre la formation de BTS Restauration, pour quelles raisons ?
Mes études grenobloises m’ont guidé post-baccalauréat à me diriger vers un BTS de Gestion hôtelière. Mes motivations étaient nombreuses : le travail d’équipe, les rythmes effrénés, l’esprit des cuisines alternant convivialité et stress. Et surtout le goût du travail bien fait. A la fin de mes études, j’ai effectué mes obligations militaires, au sein de la Police nationale en tant que « policier auxiliaire ».

Puis vous intégrez à l’âge de 22 ans la Police. Une toute autre orientation. Pourquoi ?
Me voilà donc à feu l’école nationale de police de Fos Sur Mer (13).

  • Apprentissage des codes 
  • De la manière de servir 
  • D’être au service des personnes 
  • De contribuer à la paix publique et surtout 
  • De protéger les personnes.

Deux mois plus tard, me voilà policier auxiliaire dans le Nord Isère, expérience enrichissante au contact du public, des victimes, des auteurs. J’ai la sensation d’être utile, tant et si bien que je rallonge la mission de huit mois et passe le concours de gardien de la paix. Que j’obtiens, je me souviens encore de ce moment, annoncé dans le véhicule de police par mes gradés.

Quelle a été votre évolution au sein de la BAC (Brigade Anti-Criminalité de la Police Nationale) ?
Cette fois, j’ai suivi une formation d’une année, à l’école de Marseille. De cette formation a découlé une affectation au commissariat de Villeurbanne en police secours puis en tant qu’Îlotier.Très rapidement la lutte contre la petite et moyenne délinquance devient mon quotidien. Le contact avec les commerçants de mon îlot (quartier) me permet d’identifier les petits délinquants qui transitent sur le secteur. 

Je passe les tests BAC et intègre cette unité au bout de quatre ans. J’y passe mes grades de brigadier et de brigadier-chef. Puis, au bout de presque 11 ans, je choisis de passer le concours d’officier de police. Plusieurs opportunités de concours se proposent alors à moi : concours interne, externe et voie d’accès professionnelle (basées sur les acquis). C’est de cette dernière formule dont je suis lauréat.

Félicitations !
Merci. C’est une nouvelle histoire qui débute, avec un déménagement, une installation en région parisienne, à Créteil et de nouvelles responsabilités.
Après 2 années au commissariat de Créteil, je retourne à mes premiers amours, de manière naturelle, et intègre la BAC départementale de nuit du Val de Marne.
J’avoue que cela a été une expérience riche et dense. Trois casquettes pour les trois officiers de cette unité qui gèrent directement près de 80 femmes et hommes, ce n’est pas simple.
Les missions de ces officiers (1 chef et 2 adjoints) sont – Chef de l’unité (gestion RH et organisation du service) et chef de bord d’un équipage, puisque nous sommes toujours ou presque en patrouille ou en intervention, – Responsable de l’ordre public sur le département la nuit.

Avez-vous un souvenir à partager avec nos lecteurs ?
En effet, j’ai le souvenir d’un jour de l’an très animé ! Il s’agissait d’évacuer d’un immeuble insalubre et dangereux près de 600 fêtards agglutinés prenant des risques réels pour leurs vies. Plus de trois heures d’intervention entre négociation et intervention soldées par un résultat plutôt correct : 1 blessé léger pour les policiers, 0 chez les fêtards et une interpellation.

Depuis 2015, vous êtes capitaine de police en charge des Relations Presse de la DGPN. Mais pas que..
Oui, en effet, changement absolu d’orientation avec ce poste en tant qu’officier de presse au service d’information et de communication de la Police nationale. Un monde qui semble plus feutré mais qui en réalité est un véritable réacteur. Il y a certes les demandes de presse, mais ce ne serait pas juste de se limiter à cette fonction qui n’est qu’une petite partie des missions.

La réalité est plus dense, nous avons, en temps réel, des remontées de l’activité des services sur le terrain. De tous les services et de toutes les directions. Grâce à ces remontées, nous valorisons les belles actions des policiers de terrain, faire de belles choses c’est bien, le faire savoir c’est encore mieux.

Plus stratégiquement, sans pour autant tout révéler, nous effectuons aussi des campagnes de communication (recrutement, points presse, conférences de presse, …) ou organisons, pour le volet communication, une riposte médiatique à des attaques injustifiées ou erronées.

La communication est pleinement liée à « l’opérationnel ». Elle est d’ailleurs intégrée à des modules de formation de crise opérationnelle dans lesquels nous intervenons en tant qu’expert y compris à l’étranger. Il est vrai que nous avons eu à gérer de nombreuses crises ces dernières années.

Votre équipe actuelle dit que vous êtes sujet à un certain ‘flegme britannique’. Vous reconnaissez-vous dans cette description ?
Il est toujours difficile de parler de soi. L’équipe est constituée de profils différents, de policiers et de contractuels. Ces différences nous permettent d’avoir des regards plus critiques. Il semblerait que mon côté force tranquille et ma capacité d’absorber la pression soient les qualités qui me sont le plus souvent attribuées.

La plus grande difficulté de ce métier est la capacité d’analyser l’actualité, d’anticiper les risques, et de déterminer l’opportunité de répondre. Vaste programme qui est rendu encore plus difficile de part la multiplicité des sujets à traiter, plus ou moins complexes ou sensibles. Être flegmatique est une nécessité absolue pour garder toujours l’esprit d’analyse intact sur des sujets qui peuvent être rapidement viraux.

La bonne communication en interne avec les personnes en charge des réseaux sociaux est essentielle, elle permet de « sentir », au-delà des médias, les thématiques sensibles ou les tendances.

Quels sont les événements qui vous ont le plus marqués ? Racontez-nous.
Incontestablement le Bataclan. Cela faisait très peu de temps que je me trouvais au service d’information et de communication de la Police nationale, et ce sont « mes anciens gars » qui étaient sur le terrain, au contact des terroristes. Une très grande frustration est apparue ce jour-là de ne pas être avec eux. J’ai passé la nuit à échanger, non pas pour avoir des informations, mais bien pour ressentir leur état d’esprit.

Aujourd’hui, même si elle existe encore parfois, cette frustration est moins forte. Lorsque que vous êtes policier de terrain, vous travaillez pour la population, pour les protéger, pour interpeller les auteurs d’infractions, pour enquêter. 

Aujourd’hui je travaille pour ces mêmes personnes, pour les informer le plus justement possible, mais aussi pour les policiers de terrain, c’est aujourd’hui le plus de cette fonction aux relations presse. C’est une fierté de travailler pour eux, pour les défendre lorsqu’ils sont injustement attaqués, pour expliquer aux journalistes que la vérité n’est pas toujours aussi évidente qu’une photo ou une vidéo.

Faire montre de patience et de pédagogie, pour être le plus juste possible, sans langue de bois et sans mensonge !

Changement de sujet… sur un plan personnel, avez-vous des activités de loisirs ?
Plus personnellement, peu d’activités extra-professionnelles, je m’entretiens physiquement à chaque fois que je peux, mais l’actualité a un vice : elle ne s’arrête jamais !

La question de la disponibilité est subséquente à cette actualité. Un événement notable se produit et c’est l’activation d’un groupe de crise où les cadres du service sont tous conviés.

Un message à faire passer ?
Pour être décalé, je dirais merci à un certain Christophe, commissaire de police qui m’a dit un jour, « tiens je te fais suivre un télégramme pour le SICoP (service d’information et de communication de la Police nationale), tu verras, c’est sympa et fun ». Merci donc à Christophe, c’est vrai que ce service est très sympa, mais pour le « fun », c’est un peu différent, les sujets sont souvent sensibles et rarement légers. Aucun regret cependant, je suis aujourd’hui content d’être au sein de ce service qui est un des engrenages essentiels du cabinet.

Un merci également à toutes les personnes qui m’ont à la fois formé (Vincent), supporté (ils sont trop nombreux) et ceux qui aujourd’hui me font pleinement confiance sur des thématiques souvent sensibles.

Miss Konfidentielle vous remercie pleinement pour cet échange détendu alors que l’actualité ne s’y prête pas. Calme, recul, analyse, rigueur, discrétion… sont des qualités qui font de vous une personnalité qui gagne à être connue au sein de la Police Nationale.

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