Le lundi 16 décembre 2024, le chancelier allemand Olaf Scholz perd le vote de confiance du Bundestag. Un vote qui confirme la tenue prochaine d’élections anticipées.
La campagne électorale allemande entre dans le vif du sujet. Plus d’un mois après l’effondrement de sa coalition gouvernementale, Olaf Scholz a soumis ce lundi le vote de confiance au Bundestag, la chambre basse du parlement. Un vote qu’il a logiquement perdu, compte tenu des équilibres politiques.
Au total, 717 membres du Bundestag ont participé au scrutin. Avec 394 bulletins contre (207 députés ont voté pour et 116 abstentions ont été enregistrées), Olaf Scholz est parvenu à rebattre les cartes.
Présent devant les députés en début d’après-midi, le chancelier a déclaré vouloir “avancer les élections fédérales – afin que les citoyens puissent fixer le cap politique”. “Avons-nous la confiance nécessaire pour investir massivement dans notre avenir en tant que pays fort ? […] Il est grand temps d’investir avec force et détermination en Allemagne”, a-t-il aussi interrogé, évoquant plus généralement l’avenir économique du pays duquel découlera sa “cohésion sociale”.
La coalition gouvernementale, composée du Parti social-démocrate (SPD), des Verts et des libéraux du FDP, est au pouvoir depuis la fin 2021. Elle a volé en éclat le 6 novembre dernier, après le limogeage du ministre des Finances libéral Christian Lindner. En cause, des différends sur la politique économique et budgétaire du pays.
Vers des élections anticipées le 23 février 2025
Dans la pratique, la procédure engagée par Olaf Scholz s’apparente à un vote sur un projet de loi (comme le déclenchement de l’article 49.3 en France). Encadrée par l’article 68 de la “Grundgesetz”, la Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne, elle a pour conséquence une dissolution de la chambre des députés lorsque ceux-ci n’accordent pas leur confiance au chancelier. Il y est indiqué que “si une motion de confiance proposée par le chancelier fédéral n’obtient pas l’approbation de la majorité des membres du Bundestag, le président fédéral peut, sur proposition du chancelier fédéral, dissoudre le Bundestag dans les vingt et un jours”. “Le droit de dissolution s’éteint dès que le Bundestag a élu un autre chancelier fédéral à la majorité de ses membres”, est-il également précisé.
Alors que la première économie européenne traverse une crise inédite, la tenue du vote de confiance est un événement rare dans l’histoire politique de l’Allemagne. Depuis l’après-guerre, seuls quatre chanceliers ont posé la question de confiance au Bundestag, souvent pour provoquer des élections. Ces dernières devant avoir lieu dans un délai de soixante jours après l’annonce de la dissolution, les différents partis se sont déjà entendus sur la date du 23 février.
En attendant, le gouvernement déchu reste en place et expédie les affaires courantes, jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement.
Olaf Scholz, stop ou encore ?
Au pouvoir depuis 2021, le chancelier n’est pas favori des sondages. Selon les dernières estimations de l’Institut pour de nouvelles réponses sociales (INSA) publiées dimanche 15 décembre, le SPD d’Olaf Scholz (17 %) accuse actuellement un retard de 14 points sur les démocrates-chrétiens (CDU/CSU) de son principal adversaire, Friedrich Merz (31 %).
Ce dernier présentera mardi 17 décembre le programme du parti conservateur. En résumé, “le géant (1,98 m) de Westphalie veut incarner le retour à l’ADN de la CDU d’avant Merkel : ligne dure sur l’immigration avec des refoulements à la frontière et conservatrice sur les questions de société”, rappelle l’Alsace. Face au Bundestag ce lundi, il n’a pas manqué de critiquer le bilan de son rival. “Vous avez eu votre chance, vous ne l’avez pas saisie”, a-t-il notamment lancé, lui reprochant par ailleurs de laisser le pays “dans l’une des pires crises économiques de l’après guerre”.
Dans son sillage, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) est crédité de 19,5 % d’intentions de vote.
Olaf Scholz et le SPD misent quant à eux sur les mesures sociales, dans un pays où l’inflation (+ 2,2 % en novembre) entame le pouvoir d’achat des ménages aux bas-salaires. Le parti du chancelier promet notamment une baisse de la TVA et des réductions d’impôt pour les foyers prenant en charge leurs aînés.
La question ukrainienne sera elle aussi au cœur du duel entre les deux candidats les plus scrutés. Olaf Scholz se présente comme le premier soutien européen à Kiev (en armement et en argent), mais aussi comme le garant de la non-escalade du conflit, en rejetant la livraison des missiles longue portée Taurus. “Aujourd’hui, une puissance nucléaire fait la guerre en Europe à seulement deux heures de vol d’ici. Nous devons investir massivement dans notre sécurité et notre défense”, a-t-il déclaré. Friedrich Merz menace pour sa part de livrer ces missiles, dans le cas où Moscou continuerait de bombarder les civils.
Malgré son impopularité chronique et l’échec de sa coalition, le dirigeant social-démocrate veut croire en ses chances d’un second mandat. Et déjouer une nouvelle fois les pronostics, comme il l’avait fait en 2021.