Miss K à la rencontre des gendarmes du Lot – Philippe PHAVORIN, commandant le groupement de gendarmerie départementale du Lot à CAHORS (46)

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Le 05 janvier 2023 – Lorsqu’il m’a été proposé de répondre à une demande d’entretien à Miss Konfidentielle, j’ai accepté de me prêter à l’exercice mais à la condition qu’il soit conduit dans le Lot. Ainsi, en plus d’avoir la satisfaction de faire la connaissance de Valérie, j’ai souhaité, pour ce moment qui pourrait être titré « à la rencontre des gendarmes du Lot », les associer car ils oeuvrent quotidiennement à mes côtés.

S’agissant de mon parcours, je l’ai construit à partir d’une notion qui est chère aux gendarmes, celle de l’engagement.

En liminaire, il est important de rappeler qu’en rejoignant la gendarmerie nationale, nous avons tous choisi de servir : que ce soit à travers des missions de sécurité publique générale, des missions administratives, des missions de police judiciaire ou d’ordre public.

Servir la gendarmerie renvoie nécessairement au serment du gendarme que chacun prononce lorsqu’il parvient au terme de sa formation initiale : « je jure d’obéir à mes chefs en tout ce qui concerne le service auquel je suis appelé et, dans l’exercice de mes fonctions, de ne faire usage de la force qui m’est confiée que pour le maintien de l’ordre et l’exécution des lois ».

En ce qui me concerne, cela me renvoie en juillet 1992, lorsque le commandant d’école de gendarmerie du MANS, le colonel Pierre JACQUET, me remet de manière très symbolique et au nom de tous mes camarades de promotion [1], l’arme de poing alors en dotation dans les unités avant l’organisation de cette prestation de serment.

Cet engagement, au sein du groupement de gendarmerie départementale du Lot, je souhaite le détailler en trois points.

I – Un engagement missionnel :

En premier lieu, l’engagement est nécessairement missionnel en précisant que la gendarmerie du Lot est compétente [2] sur 98 % du territoire et veille sur 85 % de la population de ce département. Parce que cette responsabilité apparaît comme hégémonique, elle engage d’autant plus que les attentes sont marquées de la part des autorités institutionnelles, des acteurs décisionnels et donc des élus, mais aussi de la population qui est respectueuse de « ses » gendarmes.

L’engagement se retrouve, en premier lieu, au titre de la sécurité publique au sein de laquelle toutes ses composantes sont mises à contribution :

– pour assurer la sécurité du quotidien : avec le traitement des 55.000 appels d’urgence par les opérateurs du centre opérationnel (17) avec, en corollaire, la réalisation de 10.000 interventions ;

– pour tenir compte, depuis plusieurs mois, de la notion de « polycrises » qui entraîne, sans nécessairement verser dans la gestion de crise, de nombreux  services de sécurisation lors des rassemblements de personnes sur la voie publique et pour lesquels le travail des analystes renseignements est prépondérant en amont ;

– pour répondre aux recherches de personnes qui sont toujours anxiogènes pour les appelants et chronophages pour nous au regard de l’immensité du territoire et de certains accès dangereux ;

– pour assurer les missions de police judiciaire en soulignant l’impact des violences aux personnes, notamment celles subies au sein de la sphère familiale et qui nous a conduit à créer notre maison de protection des familles le 01 septembre 2022.

Ensuite, le caractère militaire du gendarme lui confère une capacité de projection qui se retrouve dans dans la réalisation de missions internationales ou ultra-marines. En l’espèce, nous avons actuellement trois gendarmes lotois qui participent à ces missions, deux à DOHA pour participer à la sécurisation de la coupe du monde du football et un troisième à SAINT-BARTHELEMY afin de renforcer le soutien automobile localement.

Pour toutes ces formes, l’engagement des gendarmes prend toujours un sens particulier en rappelant que le culte de la mission est « obsessionnel », tant sur le fond que la forme avec la volonté de protéger la liberté d’autrui.

Cette volonté de réussir la mission est réellement une constante dans la vie du gendarme et s’appuie sur deux autres valeurs, la disponibilité et la résilience.

M. Emmanuel MACRON en visite officielle à la brigade de ST-GERY VERS (LOT) avec le colonel Philippe PHAVORIN en période de pandémie © GGD46

II – L’engagement dans le commandement :

Le parcours d’un officier de gendarmerie est ponctué de différentes phases avec des temps de commandements opérationnels qu’il convient de distinguer de responsabilités en unités dites d’environnement.

Pour chacune d’elle, il convient de se préparer à la fonction avec un prisme plus marqué pour les temps de commandement opérationnel.

En effet, il s’agit d’un moment particulièrement effervescent et qui exige donc une véritable appropriation en amont avec une actualisation des connaissances professionnelles assurée par le centre de formation des dirigeants relevant du commandement des écoles de la gendarmerie nationale.

En corollaire, parce que le système d’arme de la gendarmerie repose sur la qualité des femmes et des hommes qui oeuvrent quotidiennement aux devoirs de leurs charges, il est essentiel, à mes yeux, de bien les connaître. Ainsi, il faut, chaque fois que cela est possible, aller à leur rencontre pour bien cerner leurs attentes, leurs difficultés et parfois leurs craintes.

Pour cela, il convient également de s’appuyer sur les titulaires de commandement intermédiaire mais également, sur le dispositif de concertation qui constitue toujours une plus-value en ce sens qu’il complète les informations, tant sur les situations collectives qu’individuelles… Quand il n’est pas lui même à l’origine d’une alerte !

Aller à la rencontre du gendarme est aussi la richesse d’apprécier l’opportunité de mesurer son engagement avec une judicieuse capacité d’adaptabilité et d’innovation, sans jamais perdre de vue sa discipline, de constater son courage et sa très grande humilité avec, l’un des fondamentaux qui caractérise l’état d’esprit de nos gendarmes, celui de faire montre de discernement dans l’action.

De toute évidence, le chef, pour être respecté, doit cultiver, quotidiennement, l’exemplarité dans le commandement, ce qui est nécessairement un gage d’autorité naturelle.

Philippe PHAVORIN, Cérémonie de remise des fanions aux compagnies et EDSR, 12 mai 2022 place Gambetta, CAHORS © GGD46

III – L’engagement de rendre des comptes et celui de bien travailler ensemble :

Il ne faut pas avoir peur de rendre-compte de notre activité. C’est même, au contraire, un devoir de répondre à cet exercice, tant auprès de nos autorités préfectorales et judiciaires, que des élus et, en premier lieu, auprès des maires qui sont toujours en première ligne avec une exigence accrue de la part des administrés, mais aussi vis à vis de la population. Il s’agit là du devoir de redevabilité qui prend différentes formes selon l’interlocuteur.

Enfin, il n’y a pas d’action efficace sans une collaboration opérationnelle optimale. Cela se retrouve, bien évidemment avec les services partenaires au titre des forces de sécurité (police nationale en intégrant les RT et les SI), mais aussi les sapeurs-pompiers et le SAMU, sans oublier la délégation militaire départementale qui joue un rôle particulier dans le département, notamment dans l’accompagnement des communes lors de la conduite d’un exercice relevant du plan communal de sauvegarde, ou encore, avec la formation « sous le feu » de nos gendarmes qui servent en unités dites d’intervention intermédiaire, au sein des pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie.

Au titre du continuum de sécurité, il convient également d’ajouter les agents des polices municipales et ceux de surveillance de voie publique, ceux de l’office français de la biodiversité et les agents des sociétés privées de sécurité qui relèvent du conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS). Ce travail partenarial est aujourd’hui essentiel dans l’exercice de nos missions de sécurité, le tout en confiance et dans le respect des attributions de chacun.

Philippe PHAVORIN avec des enfants lors de la remise des fanions aux compagnies et EDSR du GGD46, 12 mai 2022 © GGD46

S’agissant de mon parcours professionnel.

Je cultive l’atavisme étant fils et petit-fils (grand-père paternel et maternel) de gendarme et j’exprime très logiquement le choix de faire mon service national au sein de la gendarmerie nationale. Après une formation initiale de trois mois au centre d’instruction des gendarmes auxiliaires de SAINT-ASTIER (24), je suis affecté au peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie de RENNES (35).

A l’issue, je rejoins l’école de gendarmerie du MANS en 1992 où je sers sous les ordres du capitaine GENOT avant de rejoindre la brigade territoriale de SAINT-SEBASTIEN-SUR-LOIRE (44) en périphérie nantaise [3].

Il s’agit d’une expérience particulièrement riche tant l’activité était dense et diversifiée au sein d’une équipe particulièrement soudée avec des camarades toujours disponibles et soucieux des uns des autres.

A l’issue, j’intègre en 1998 [4] l’école des officiers de la gendarmerie nationale à MELUN (77) où, pendant trois ans, je suis, avec mes camarades, les cours pour acquérir les fondamentaux militaires, juridiques sans oublier le savoir-être dans l’école du commandement. Au-delà de ces enseignements, j’ai en mémoire la visite de notre école, en 2000, de M. Jacques CHIRAC, président de la République mais aussi l’indéfectible amitié qui nous lie entre les camarades de promotion et dont, depuis cette scolarité, je salue la mémoire de deux d’entre eux, le chef d’escadron Christophe ROCHETEAU et le colonel David NAVET, partis trop tôt.

En 2001, je suis affecté à la compagnie de gendarmerie départementale de MACON (71) en qualité de commandant en second et je suis marqué par les travaux que nous faisons dans le cadre de groupes de travail voulus par notre commandant de légion, le colonel Jean COLIN, sur le concept de communauté de brigades et l’ingéniosité de notre commandant de groupement, le colonel Nicolas GERAUD.

En 2004, je suis désigné pour commander la compagnie de gendarmerie départementale de LANDERNEAU (29). Il s’agit d’une expérience rare et particulièrement riche. En effet,  à la faveur des réorganisations territoriales et des transferts de circonscription publique et donc celle de LANDERNEAU en particulier, la direction générale de la gendarmerie nationale a décidé la création d’une seconde compagnie au sein de l’arrondissement de BREST. Il a donc fallu « tout créer » et cette expérience, si elle a été parfois difficile, a été exaltante sur le plan professionnel avec la volonté marquée de tous les gendarmes de la compagnie de LANDERNEAU de réussir ce challenge, en soulignant l’accompagnement de mon commandant de groupement de l’époque, le colonel Jean-Marc DELETANG.

En 2008, à l’issue de ces deux affectations opérationnelles, je suis appelé à servir au sein de la dominante « ressources humaines » de la région de gendarmerie de Bretagne à RENNES (35), puis au sein de la direction des personnels militaires de la gendarmerie nationale à la direction générale de la gendarmerie nationale à ISSY LES MOULINEAUX (92).

En 2016, je retrouve l’opérationnel et sers en qualité de commandant en second au groupement de gendarmerie départementale du Morbihan à VANNES (56). De cette affectation, outre la gestion de crise avec le départ du mouvement de ce qui deviendra celui dit des gilets jaunes, je retiens la capacité d’innovation du colonel Pascal ESTEVE qui a pu nouer un fructueux partenariat avec l’ENSIBS implantée au sein de l’université de Bretagne sud et les qualités de chef de notre commandant de région, le général de corps d’armée Alain PIDOUX qui me permet de suivre, notamment, l’enseignement de l’IHEDN au titre de la 216ème session régionale avec le général (2S) Jérôme PELLISTRANDI.

Depuis 2020, je commande le groupement de gendarmerie départementale du Lot à CAHORS (46) au sein de cette toute « jeune » région de gendarmerie d’Occitanie commandée par le général de division Charles BOURILLON.

Colonel Philippe PHAVORIN – groupement gendarmerie du LOT à Cahors (45) en conférence de presse © La Dépêche du Midi

Un honneur d’avoir été invitée et reçue par le colonel Philippe PHAVORIN en immersion totale de 48 heures au groupement de gendarmerie départementale du Lot, décembre 2022.

 Un apprentissage du groupement me permettant les méthodes agiles avec des personnels d’active (officiers, sous-officiers, gendarmes-adjoints volontaires, militaires du corps de soutien et civils) et des réservistes opérationnels. De renforcer ma conviction de l’efficacité de la militarité dans une société qui a besoin d’autorité.

L’expérience mène à de prochains articles, je pense à la protection des mineurs, des familles dans le Lot en lien avec l’interview de Dorothée CloîtreA noter que des posts sont déjà parus sur le compte LinkedIn Miss Konfidentielle que je vous invite à suivre. 

Inauguration de la maison de protection des familles avec Serge RIGAL, président du conseil départemental du Lot, Philippe PHAVORIN, commandant le groupement de gendarmerie du LOT, Mireille LARRÈDE, préfète du Lot, Alexandre ROSSI, procureur de la République du TJ de Cahors © GGD46

Les précisions du contenu de l’article

[1] Ecole de gendarmerie du Mans, 24ème stage, promotion adjudant-chef  BERNE.

[2] 308 des 313 communes du département du Lot sont situées en zone gendarmerie.

[3] 20 gendarmes pour 36.000 habitants dont 26.000 à SAINT-SEBASTIEN/LOIRE, 6.000 à BASSE-GOULAINE et 4.000 à HAUTE-GOULAINE.

[4] 105ème promotion, sous-lieutenant FOULON.

Légendes et copyrights des photos qui défilent en Une

Photo N°1: gauche à droite, major Frédéric CROS, lieutenant Cyrille OLEJNICZAK, Adjudante Nathalie PIQUET, gendarme Dimitri VOGEL, adjudant-chef Albino MARTINS, madame Claude DURIEZ, adjudant Sébastien JOUCLAS, adjudante Nathalie MERIC, capitaine Nicolas NENIL et adjudant Philippe GRAU © Valérie Desforges

Photo N°2: Château de LABASTIDE-MARNHAC lors de la prise de commandement du capitaine commandant la compagnie de CAHORS. De gauche à droite, lieutenant-colonel Josselin DE METZ, DMD46, Aurélien PRADIE, député du Lot, Alexandre ROSSI, procureur de la République de Cahors, Nicolas REGNY, secrétaire-général de la préfecture du Lot, Philippe PHAVORIN, commandant le groupement gendarmerie du LOT, et le capitaine Philippe VALVERDE, commandant la compagnie de gendarmerie de Cahors © GGD46

Photo N°3: Contrôles du respect des tonnages par les camions sur les ponts et ouvrages d’art. De gauche à droite, Serge RIGAL, président du conseil départemental du Lot, Michel PROSIC, préfet du Lot (jusqu’au 22/8/22), Philippe PHAVORIN, commandant le groupement gendarmerie du LOT © GGD46

2 commentaires
  1. PHAVORIN dit

    Merci Miss Konfidentielle pour ces moments d’échanges et de l’intérêt que vous portez aux gendarmes du Lot qui, assurément, le méritent ! 😉
    J’ajoute que nous avons été très heureux de vous accueillir et de vous présenter nos missions et nos atouts au sein d’un département où la gendarmerie est fortement représentée pour assurer les missions de sécurité.

    1. Miss K dit

      Très honorée de ce moment auprès du groupement de gendarmerie du Lot. A très bientôt !

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