Rencontre avec Quentin GOURDIN, président fondateur de Fraternité Police
Les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 touchent à leur fin. La place de la Concorde s’anime de touristes joyeux et du bruit des sabots de chevaux de la Garde républicaine.
Je me dirige vers la place de la Madeleine et suis intriguée par la présence de policiers qui prennent un café devant une boutique.
Je suis devant le numéro 7 de la place de la Madeleine et découvre la boutique Fraternité Police. Je rentre et je rencontre Quentin. Bonjour Quentin.
Bonjour.
Fraternité Police, c’est quoi ?
Fraternité Police est une association et l’idée première de l’association était de faire des actions caritatives en mettant en lumière l’image du policier. C’est à dire que j’invitais les policiers à participer à des actions humanitaires ou des actions plus simples, comme faire des opérations de Noël dans les hôpitaux ou dans les orphelinats, et tout en mettant en avant cette volonté de montrer une facette du policier que les citoyens connaissent peu.
On voit souvent les policiers comme des gens qui font appliquer la loi, qui sont un peu durs et vraiment, je pense, en tant que policier, que cette vision est un peu erronée. Et puis je voulais remettre en avant le côté fraternel des policiers de l’intérieur vers l’intérieur, mais également de l’intérieur vers l’extérieur.
C’est-à-dire ? Fraternité Police travaille à organiser des actions qui renforcent la cohésion entre les policiers. Cela peut être des actions sportives, des challenges, des rencontres, des dédicaces de livres… L’idée est de mettre en avant des policiers qui font des belles choses en les soutenant dans leurs actions. J’ai un policier qui a gravi l’Himalaya, un autre le Mont-Blanc, un autre qui a fait le tour de Paris en courant pour 123 Tremplin
Donc notre boulot au tout départ dans l’association, c’était de les aider à financer leur projet, à trouver les causes.
J’avais la chance d’avoir un peu de recul au niveau associatif, donc j’avais déjà un petit réseau de contacts qui m’a permis rapidement de donner un coup de main à des policiers.
Comment est venue l’idée de la boutique Fraternité Police ?
Le premier constat était de se dire que l’association avait besoin de trouver les moyens de financer toutes ces belles actions caritatives. Et on s’est un peu posé la question du Comment on pourrait faire.
Lors d’un voyage aux Etats-Unis, je suis passé devant une boutique qui vendait uniquement des objets en lien avec les policiers New-Yorkais et les pompiers New-Yorkais. Cela m’a interrogé.
Je trouvais le concept fabuleux et j’ai fait le lien avec l’association Fraternité Police. A la question du Comment financer nos belles actions ? J’avais la réponse : créer une boutique à Paris. Le concept n’existait pas en France. A cela je me suis dit Pourquoi ne pas proposer aux amicales qui sont toutes montées en association dans la police de vendre leurs produits dans la boutique ? Et pourquoi ne pas proposer aux amicales de vendre leurs produits aux collectionneurs, au public et aux policiers et d’organiser des bénéfices qui serviraient à alimenter justement nos causes caritatives ? C’est comme cela que c’est parti.
Donc on a contacté toutes les amicales de Paris ou à peu près. 98 % des amicales étaient intéressées, d’autres avaient peu de produits ou de goodies à proposer. C’est ainsi que des amicales sont venues déposer leurs produits et nous avons pu proposer des produits à la vente aux collectionneurs. Et puis il y a eu un effet boule de neige. Des amicales de toute la France nous ont contactés : Marseille, Lyon…
Le fonctionnement est simple : l’Association propose aux amicales de vendre leurs produits. Nous, on vend leurs goodies… et on leur rend leur quote-part parce que de toute façon, c’est comme ça qu’une amicale fonctionne dans la police. Les amicales vendent leurs écussons, leurs T-Shirts et grâce aux ventes, elles organisent des moments de cohésion, je pense à l’arbre de Noël, par exemple qui permet de se rassembler. Et fait, je les aide à alimenter la cagnotte de leur association, leur trésorerie et je leur explique que je vais prendre une toute petite quote-part supplémentaire pour financer mes actions caritatives au nom de l’association.
Le concept est fédérateur. La boutique a ouvert en 2024 ?
La boutique a ouvert au mois d’avril 2024. Donc elle est toute récente.
Au niveau de l’équipe, cela s’organise comment ?
On a vite compris que l’on serait obligé d’employer quelqu’un parce que Qui dit boutique, dit au moins une responsable du magasin, une vendeuse.
Là aussi, on a voulu être utile. Donc on s’est décidé à prendre des gens qui sont en RSA longue durée, qui sont en situation de handicap, ou alors des seniors. C’était vraiment ce que je voulais. Je voulais vraiment que cela soit une embauche qui ait du sens avec une âme, un discours social. Et c’est ce qui s’est passé puisque la jeune femme qui est en caisse sort de 20 ans de RSA.
Son embauche se passe bien. Elle est heureuse, elle a vraiment l’impression d’être sortie de son quotidien qui n’était pas forcément évident. Cela lui a changé sa vie.
En circulant, je vois qu’il y a plusieurs parties dans la boutique. Elle s’organise comment cette boutique ?
Pour que l’on puisse « payer le loyer » de la boutique Fraternité qui est située place de la Madeleine au cœur de Paris, on a décidé de prendre un colocataire avec nous. Il s’agit de la société COPS 13 qui est très connue, et qui vend des produits professionnels pour les policiers. Et vu que les loyers sont assez lourds quand même sur le secteur, on s’était dit que ce serait bien d’avoir justement un partenaire qui nous aide à financer une partie du loyer.
Il y a donc deux boutiques en une. Une boutique grand public et une boutique pour les policiers. Le concept est pertinent pour le grand public et pratico pratique pour les policiers. Intéressant. Comme je l’évoquais au début de notre échange, les JOP2024 se clôturent. Comment avez-vous vécu l’expérience place de la Madeleine ?
C’est une énorme surprise parce que je m’attendais à ce que Paris soit plein de monde. Je m’attendais à avoir énormément de touristes et j’ai très peu vu de touristes, mais énormément de policiers qui étaient là en renfort et venaient de partout ! De toute la France et même d’autres pays. Et en plus, ils s’étaient tous passés le mot et s’étaient dit tous : il faut qu’on passe au moins une fois à la boutique Fraternité Police.
Comme on avait des villages olympiques à 20 mètres, cela a facilité les passages de policiers hors service ou qui venaient acheter du matériel professionnel. Cela nous a aidé à nous faire connaître. C’était impressionnant, je n’en revenais pas. Et fait, le bouche à oreille entre policiers avait tellement bien fonctionné que tout le monde est venu ce qui a permis aussi peut être de faire connaissance les uns avec les autres et de tisser des liens.
Donc c’est un peu une forme de lieu, de point de rendez-vous. Ils viennent, ils échangent, ils prennent une pause.
Je vois que vous avez une machine à café.
Nous avons dans la boutique sur votre gauche un espace sur le modèle d’une salle de commissariat avec notamment une machine à café. Des policiers viennent prendre un café chez nous, échangent pendant leur pause et repartent.
La boutique de la fraternité est plus qu’une boutique classique, elle est un lieu de rencontre, de fraternité. C’est important.
Je l’ai marqué sur ma devanture. C’est une boutique associative et caritative, alors ça fait BAC. C’est rigolo et c’est vraiment un charity fund, c’est à dire que c’est vraiment un lieu de vie.
Des projets de développement de l’association sont-ils en cours ?
Nous avons en projet de développer l’aide au logement pour les policiers.
Nous savons qu’il est très compliqué pour des policiers qui sortent d’école par exemple, de se loger à Paris. Notre idée est de créer une résidence capable d’accueillir ces agents avec des loyers les plus bas possibles tout en gardant une qualité de prestation. Mais également en créant, au sein des locaux, des lieux de vie communs pour rompre avec l’isolement. Certains policiers sont ici loin de leur famille et nous voulons leur proposer une structure familiale tout en gardant leur autonomie. Aujourd’hui 5 appartements ont vu le jour et son loués à des policiers de tous grades : gardiens, officiers..
Quentin, avez-vous un ou des messages à faire passer rapidement aux policiers ?
N’hésitez-pas à passer nous voir à la boutique Fraternité Police !
Et qu’ils n’hésitent pas à orienter leurs amicales vers nous pour que cela leur soit bénéfique aussi pour eux.
Je sais que les amicales ne savent pas trop comment subventionner leur arbre de Noël ou leur sortie paintball entre collègues. La boutique apporte une vraie solution et facile à mettre en place. Il suffit de nous déposer les goodies à la boutique et nous on se charge de leur faire un petit virement sur leur trésorerie chaque mois. Les policiers sont ravis parce que vraiment, encore une fois, j’ai des exemples très concrets d’amicales qui ont pu se faire un restaurant qui permet un moment de cohésion parce qu’on parle. On parlait beaucoup de cela il y a quelques temps et qu’il fallait des moments de cohésion dans les services de police. Voilà, c’est ça. Donc on est content, on est très contents !
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