Le 8 mars 2025, journée internationale des droits des femmes – Je suis avec Madame Isabelle FLORENNES, Sénatrice des Hauts-de-Seine (Ile-de-France) et Vice-Présidente de la Commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d’administration générale, et nous sommes au Sénat à nous entretenir agréablement.
En préambule et dans la démarche de valorisation du Sénat, institution de la Ve République qui forme avec l’Assemblée nationale le Parlement français, je vous invite à consulter la vidéo parfaitement réalisée : « 1875-2025 : Le Sénat de la République a 150 ans ».
Madame la sénatrice, tout d’abord un remerciement de me recevoir au Sénat et je vous invite à vous présenter sur vos fonctions et missions politiques.
Je suis Sénatrice des Hauts-de-Seine depuis septembre 2023 et Vice-Présidente de la Commission des lois du Sénat depuis le mois d’octobre 2024.
Je suis parallèlement conseillère municipale de Suresnes dans les Hauts-de-Seine où je suis élue depuis 2008.
Des actualités et projets sont-ils à partager ?
Pour ce qui est des actualités, je viens de terminer l’examen d’un texte en tant que rapporteure pour avis sur le projet de loi du gouvernement sur la reconstruction en urgence de Mayotte comportant cinq articles qui a été voté la semaine dernière, à l’unanimité, en tout cas au Sénat.
Et nous venons également de voter une proposition de loi visant à donner les moyens aux maires de ne pas célébrer des mariages de personnes en situation irrégulière sur notre territoire, et notamment qui font l’objet d’OQTF. Une proposition de loi a été portée par mon collègue monsieur Stéphane DEMILLY qui est sénateur de la Somme.
Pour ce qui est des projets, je suis actuellement membre d’une mission d’information sur la modernisation et la revalorisation des polices municipales à la Commission des lois.
Nous avons commencé les auditions il y a une quinzaine de jours, avec un déplacement la semaine dernière. Puis hier, nous avons déjà auditionné les associations d’élus comme l’Association des maires de France (AMF)et les principaux syndicats de policiers. Nous avons aussi auditionné, hier soir, en visioconférence des maires polynésiens sur ce sujet. C’était très intéressant.
Une des questions principales de cette mission qui est conduite par ma collègue Jacqueline EUSTACHE-BRINIO, sénatrice du Val-d’Oise, est d’abord de faire un état des lieux des situations parfois disparates des polices municipales sur notre territoire puisque elles sont soumises à la libre administration des collectivités. Puis de voir quels sont les souhaits des collectivités, de savoir si les communes souhaitent que l’on aille plus loin sur les prérogatives de ces polices ou comment on peut mieux encadrer les choses sur le plan législatif ?

Mission Police Municipale avec Mme Isabelle FLORENNES, Sénatrice des Hauts-de-Seine
Si je comprends bien, la question principale est : faut-il donner des fonctions d’officier de police judiciaire à un policier municipal ?
Absolument c’est la question ; nous ne le pensons pas à ce stade.
Il ne faut pas forcément le faire, mais nous pensons que sur certains sujets, notamment les contrôles d’identité, les incivilités, cela peut être intéressant.
Le maire de Suresnes dans les Hauts-de-Seine, monsieur Guillaume BOUDY, souhaite que nous avancions sur certaines de ces questions. Le maire, qui est aux premières loges de ce qui se passe dans sa commune, souhaite pouvoir intervenir puisque les polices municipales sont souvent les premières à intervenir sur certains incidents.
Donc il est important d’avoir cette réflexion et j’espère que notre rapport sera utile au gouvernement et je pense à monsieur Bruno RETAILLEAU, ministre de l’Intérieur, est attaché au travail du Sénat sur ces sujets.
En dehors de cette mission, j’ai déposé deux propositions de loi. L’une a pour but de réparer une erreur en redonnant une place de membre au département dans les conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance.
Et l’autre vise à améliorer le quotidien des 1,9 millions agents publics travaillant dans les collectivités locales en généralisant les contrats collectifs dans le domaine prévoyance et d’assurer des prestations complémentaires en cas de maladie ou d’invalidité.
Quels sont les marqueurs de votre parcours politique ?
J’ai été élue locale pour la première fois en 2008 à Suresnes, comme adjointe à la jeunesse et responsable d’un comité de quartier. Suresnes est une ville de 50 000 habitants située dans la banlieue parisienne, dans les Hauts-de-Seine. Ensuite, j’ai été adjointe aux affaires scolaires. Et en 2017, je me suis présentée, au titre du MoDem, aux élections législatives dans la quatrième circonscription des Hauts-de-Seine qui comprend deux villes : Suresnes et Nanterre. Et, j’ai été élue députée. En juin 2022, je me suis représentée sans avoir été réélue.
En septembre 2023, j’ai eu l’opportunité de me présenter pour la première fois aux sénatoriales aux côtés d’Hervé MARSEILLE, qui est sénateur des Hauts-de-Seine depuis 2011 – président du groupe parlementaire Union centriste au Sénat depuis 2017 et du parti politique Union des démocrates et indépendants-UDI depuis 2022. J’ai été élue à ses côtés le 24 septembre 2023.
Tout cela pour vous dire que je suis très heureuse de retrouver le Sénat que je connais bien.
Vous avez fait vos premiers pas au Sénat avec votre père, Jean-Marie Vanlerenberghe
Absolument. Mon père est sénateur, ancien maire d’Arras, élu en 2001 au Sénat, doyen du Sénat étant toujours sénateur. Je l’ai rejoint au Sénat et au groupe centriste après avoir travaillé quelques années dans cette belle institution à ses côtés comme collaboratrice parlementaire ce qui était une joie.
C’est une histoire familiale et de transmission de valeurs comme cela se fait dans beaucoup de familles. C’est une chance de pouvoir le vivre.

Isabelle Florennes, Sénatrice des Hauts-de-Seine et Jean-Marie Vanlerenberghe, doyen au Sénat dans les jardins de la présidence du Sénat © DR
Nous sommes le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes : quels messages souhaitez-vous transmettre ?
Je pense que depuis que les femmes ont la chance de siéger dans des assemblées parlementaires, un œil plus attentif est porté à la question des droits des femmes. Je suis avec attention sans en être membre le travail de la Commission de la délégation aux droits des femmes du Sénat.
On a un intérêt à porter des propositions, des missions qui visent à renforcer le droit des femmes dans notre pays et au-delà même en Europe et à l’international.
On a fait quelque chose d’intéressant en 2024 même si tout le monde n’était pas d’accord. Grâce au travail des deux assemblées l’IVG a pu être inscrit comme un droit dans la Constitution. Il s’agit d’une avancée constitutionnelle majeure.
Quel message passeriez-vous à des jeunes femmes qui s’intéressent à la vie politique ? Est-ce que vous les encourageriez ? Qu’est-ce que vous leur diriez « Allez-y, osez ! » ?
« Allez-y, osez », bien évidemment !
Encourager des jeunes femmes et des jeunes filles peut passer par le fait de leur offrir l’opportunité, durant leurs études, de venir faire des stages au Sénat.
Je vais être très concrète. Cela passe par les stages de troisième de seconde voire de terminale. Pendant l’année, je prends régulièrement dans mon équipe des stagiaires pour leur donner la vision de ce que peut être le travail d’une sénatrice.
Parce qu’il y a ce qu’on lit dans la presse, ce que l’on voit sur les écrans et il y a la réalité de ce que l’on fait au quotidien.
Les stages permettent aux jeunes de savoir si cela leur plaît. Je pense que plus on incite les jeunes filles à découvrir notre milieu d’activités, plus elles auront envie d’y participer.
Puis dans notre pays, on a fait de grandes avancées avec la parité au niveau local, dans les communes et la parité dans les conseils départementaux et les listes proportionnelles au Conseil régional. Maintenant, les partis politiques sont sanctionnés s’ils ne présentent pas autant de candidats hommes que femmes aux élections législatives.
Je pense que cette question de la place des femmes dans la vie politique a dû et doit toujours passer par des lois. Le 11 mars, peu de temps après la Journée des droits des femmes, une proposition de loi d’une de mes anciennes collègues et amies, Élodie JACQUIER-LAFORGE, députée jusqu’en 2024, doit être votée au Sénat. Ce texte vise à renforcer la parité dans les communes de moins de 1 000 habitants parce que ces communes, surtout des petites communes rurales, ne sont pas obligées, du fait de leur mode de scrutin particulier, de faire cette parité et de l’appliquer.
Je l’espère et je souhaite, et on y travaille, que cette loi puisse permettre justement d’atteindre cette parité et de l’appliquer lors des prochaines élections municipales en 2026 et ainsi, permettre à encore plus de femmes, de jeunes femmes, de femmes de tous âges, de participer à la vie et à l’engagement communal.
Je pense qu’il faut gravir les échelons, comme toute chose, comme pour les hommes, et que le mandat local permet de se dire que l’on apprend le métier, on voit, on participe aux débats.
C’est important. C’est un droit pour toutes les femmes quel que soit leur zone géographique.
Absolument, on se confronte au débat public. C’est cela qui est la principale compétence à avoir. Et on est capable dans une assemblée d’avoir comme on a la chance de l’avoir au Sénat, des débats. C’est ce que nous demandent les Français, c’est ce que nous demandent nos électeurs : des débats apaisés, intéressants et argumentés.
Au Sénat, on pose les choses et on réfléchit calmement.
Une question hors les murs du Sénat : des passions vous animent-elles ?
Je suis passionnée d’expositions, de cinéma, de peinture et de musique.
J’aime beaucoup aller dans les musées, au cinéma, cela me détend.
Je suis allée samedi voir un film qui, à mon avis, va avoir quelques prix, me dit-on, qui s’appelle « The Brutalist » avec Adrien BRODY. L’histoire s’inspire de l’architecte Hongrois Marcel BREUER, l’un des meilleurs élèves du Bauhaus. Une histoire complètement insensée, mais passionnante, de cet architecte échappé de Buchenwald et qui se retrouve aux États-Unis. C’est une fresque de plus de trois heures avec un entracte et on ne voit pas le temps passer. C’était passionnant. Cela permet vraiment de s’évader, de voir autre chose. Ce sont mes passions quand j’ai le temps.
On a la chance de vivre en France, dans un pays de culture. C’est peut-être ce qui nous aidera à nous sortir des périodes compliquées que nous vivons.
Le mot de la fin de Miss Konfidentielle
En ce 8 mars, j’encourage les jeunes filles et les femmes à s’intéresser à la chose publique, à « Oser » prendre la parole et s’engager en respectant ses propres valeurs. Le parcours sera semé d’embûches et la satisfaction de voir ses projets aboutir une véritable satisfaction. Je serai en soutien apolitique dans le respect des valeurs républicaines.
Pour suivre l’activité parlementaire de Madame la Sénatrice, je vous invite à consulter l’article complémentaire à l’interview.
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