Belgique : osez le spa à Spa

Interview de Séverine Philippin, directrice générale des Thermes de Spa

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Sur une superficie d’environ 10.000 m2, le centre thermal de Spa est situé sur la colline surplombant la ville. Accessible depuis le centre par un funiculaire, il occupe un vaste domaine à la charnière entre la charmante petite cité wallonne et les environs boisés qui constituent avec les Hautes Fagnes la zone de captage d’eau. Soins de balnéothérapie, soins esthétiques et massages, depuis 130 ans les thermes offrent à ses 192 000 clients annuels les bienfaits de l’eau thermale carbogazeuse de la source Marie-Henriette.

Rencontre avec Séverine Philippin, la directrice de l’établissement depuis neuf ans :

Pouvez-vous nous présenter les Thermes de Spa ?
Les Thermes de Spa ont été érigés en 2004 sur la colline d’Annette et Lubin. Ils sont reliés directement au centre-ville par une liaison funiculaire. C’est justement cette nature préservée à Spa qui garantit la qualité de nos eaux. Notre spécificité est que notre bâtiment est alimenté en eau de source naturelle. Nous avons trois sources qui alimentent l’édifice. Il y a tout d’abord la Spa Reine qui est la plus connue. C’est la Spa « plate » qui est utilisée pour l’ingestion et qui alimente la petite fontaine à l’entrée des thermes. Elle est notamment recommandée dans les régimes pauvres en sel parce qu’elle est très digeste. Il y a aussi la Clémentine qui est une eau finalement assez similaire chimiquement à la Spa Reine.  C’est elle qui remplit les bassins des piscines. Nous avons 800 m² de surface de piscines intérieures et extérieures. Cette eau est chauffée à 33° été comme hiver. Nous disposons enfin d’une troisième source la Spa Marie-Henriette. C’est une eau qui est également embouteillée. Elle est naturellement pétillante, très riche en gaz carbonique et en fer. C’est avec cette eau Marie-Henriette que nous prodiguons les soins de balnéothérapie.   

Depuis combien de temps le thermalisme existe-t-il à Spa ?
Nous avons fêté l’année dernière les 150 ans de l’ouverture des anciens thermes dont les bâtiments classés se situent dans le centre-ville et qui marquent l’apogée du thermalisme à Spa, puisqu’il y avait 53 cabines de soins qui étaient ouvertes au même moment, avec énormément de baignoires en cuivre. Elles étaient alimentées avec cette eau Marie-Henriette qui a soigné l’Europe entière, mais le thermalisme existe dans la région depuis beaucoup plus longtemps. 

De quelle manière avez-vous en 2004 décidé de créer de toute pièce un nouvel établissement de soins à Spa ?
En 2004, nous avons complètement créé ces thermes tout en sachant que la tradition et le savoir-faire qui font la renommée de la ville ont été rapatriés en quelque sorte ici. Les baignoires en cuivre qui ont plus de 150 ans sont par exemple encore utilisées ici dans ce bâtiment. Elles ont été réinstallées et nous profitons de ces objets historiques pour les soins de nos clients. Le bâtiment est moderne, il répond, je crois, beaucoup plus aux attentes du public d’aujourd’hui, mais nous avons gardé notre savoir-faire tel qu’il existait dans les anciens thermes. Nous avons fait évoluer nos protocoles puisqu’il faut savoir qu’en Belgique il n’existe plus de soins à vocation médicale. Nous n’avons plus aucun remboursement de cures depuis le début des années 80, contrairement  à ce qui se passe chez vous en France. L’âge d’or du thermalisme où les gens venaient suivre de cures de plusieurs semaines s’est brutalement interrompu. Aujourd’hui, le thermalisme spadois s’est reconverti vers du thermalisme de bien-être. Nous essayons ici finalement d’allier un petit peu les deux. Nous gardons la tradition parce que nous savons qu’il y a des bienfaits thérapeutiques reconnus depuis des siècles. Mais nous les proposons dans une carte où nous allons également retrouver des soins de bien-être avec toute la panoplie des soins esthétiques, des massages. Tout ce qui fait aujourd’hui du bien aux gens. 

A qui appartient l’établissement ?
Notre établissement appartient à une société intercommunale qui s’appelle AQUALIS. Au conseil d’administration, nous allons retrouver des élus des différentes villes de l’Ardenne bleue. Ce sont ces communes de la région qui sont actionnaires avec la ville de Spa de notre établissement. En revanche, le développement du thermalisme a été confié à un sous-concessionnaire exploitant, le groupe Eurothermes, une société française située dans les Pyrénées, qui gère des destinations thermales comme Ax-les-Thermes, Casteljaloux ou Digne-les-Bains. Ce groupe implanté également en Suisse nous a apporté son savoir-faire, notamment avec son concept de thermoludisme qui mélange les soins classiques avec une large palette d’activités de bien-être pour la détente et la relaxation.       

Combien de clients peut-il y avoir ici en simultané ?
L’année passée nous avons accueilli 192 000 personnes pour 30 000 curistes. En simultané sur une journée, nous pouvons accueillir jusqu’à 120 clients dans l’établissement. 

Quels sont vos protocoles de soins ?
Pour tout ce qui concerne les soins esthétiques comme les massages, nous faisons appel à des protocoles de soins bien-être. Nous travaillons avec la marque de cosmétiques française Sothys. Elle a développé une gamme de soins pour peau sensible, pour le visage à base d’eau de Spa, la Marie-Henriette avec le groupe Spa Monopole. Nous proposons aussi des soins de balnéothérapie qui sont tout à fait spécifiques avec justement l’eau Marie-Henriette et une équipe de balnéothérapeuthes. Dans la plupart des cas, nous conseillons deux à trois soins sur une journée. Il n’en faut pas plus parce que se relaxer fatigue. De plus, les gens viennent essentiellement pour une journée. C’est ainsi que nous essayons de faire des journées bien-être afin d’avoir une découverte du thermalisme spadois, dans lequel nous allons par exemple insérer un soin de balnéothérapie traditionnel, un soin visage et un massage. C’est la combinaison la plus classique chez nous. 

Pour quels tarifs en moyenne ?
Sur une journée de trois soins bien complète, il faut compter entre 130 et 150 euros par personne. 

Quelle est la typologie de votre clientèle ?
Il faut savoir que Spa est une ville touristique.  La ville de Spa dispose de magnifiques hôtels de chaines internationales. Ce qui permet de faire par exemple venir des gens du Nord du pays notamment pour les fins de semaine. A côté de cela, nous sommes ouverts 7 jours sur 7, ce qui attire en pleine semaine des clients de la région. Notre force, ce sont vraiment les soins puisque nous avons 60 cabines de soins individuelles. Nous avons par exemple une clientèle hollandaise qui aime beaucoup l’Ardenne belge très vallonnée, parce que cela demeure très plat chez eux. D’ailleurs, le nom de Spa est tellement connu en Hollande qu’il est rentré dans le langage commun pour désigner une eau minérale. 

Comment faites-vous pour attirer la clientèle étrangère, chinoise par exemple ?
Certains ont entendu parler de la ville. Il y a un office de Wallonie-Bruxelles qui est très actif sur la promotion de la Belgique à l’étranger, par exemple vers la Chine. Certes, c’est un marché qui est assez lent à se mettre en place, mais qui est petit à petit assez porteur. En revanche, nous privilégions les accueils individuels, en couple ou en famille, mais nous ne cherchons pas, pour des raisons évidentes de relaxation et de tranquillité, à accueillir de larges groupes quel que soit d’ailleurs l’origine ou la provenance de nos clients.

Avez-vous prochainement des projets de développement pour votre établissement ?
Depuis 2004, la fréquentation n’a cessé d’augmenter. Aujourd’hui nous menons une analyse sur les mètres carrés qui restent disponibles dans l’établissement. Nous essayons d’imaginer comment nous pourrions les optimiser afin de mieux répartir nos clients sur les espaces vacants dans le bâtiment. Or, nous savons aussi que si nous voulons attirer un peu plus la clientèle hollandaise ou allemande, nous devrons peut-être dans les années à venir développer les services de saunas et de hammams. Nous avons aussi un espace restauration qui atteint aujourd’hui ses limites. Nous voulons enfin continuer à innover dans les besoins spécifiques en termes de soins, puisque nous sommes l’établissement qui dispose du plus grand nombre de cabines en Belgique. Nous travaillons par exemple sur la déconnexion numérique. Partout ici, la nature nous entoure. L’architecture du bâtiment est ainsi conçu pour que où que vous soyez, vous puissiez regarder par la fenêtre afin de vous délecter de la nature. Ce sont des valeurs et une philosophie que nous essayons de perpétuer dans toutes nos actions. Spa bénéficie d’une vraie reconnaissance en ce qui concerne ses soins séculaires et il est important d’en être dignes.    

Thermes de Spa
Colline d’Annette et, Lubin, 4900 Spa – Tél + 32 87 77 25 60 


Culture générale : l’origine des eaux minérales naturelles de Spa  

Surnommée le cœur de l’Ardenne Bleue, la région de Spa doit ses formidables réserves d’eau à un phénomène géologique unique en son genre, dû à la rencontre de plusieurs éléments naturels, comme l’amoncellement exceptionnel de roches et la multitude de voies d’eau, les Fagnes, l’acide carbonique naturel présent dans le sous-sol et les spécificités du climat. Les eaux de Spa sont très différentes les unes des autres. Tout dépend du sous-sol que la pluie et la neige doivent traverser dans leur long voyage entre le sol et la source. La région spadoise est entourée des hauts plateaux de l’Ardenne, recouverts de tourbe et d’argile. Ces landes marécageuses, la Fagne de Malchamps, sont caractérisées par un sous-sol bourbeux de 5 à 10 m de profondeur. La pluie et la neige fondante sont ainsi « filtrées » avant de pénétrer dans le sous-sol primaire riche en pyrite. Selon l’altitude de la source, on obtient une eau du type Spa Reine (Spa Bleu), filtrée pendant 1 à 2 ans et particulièrement pauvre en sodium et autres minéraux, ou une eau naturellement gazeuse comme Spa Marie-Henriette (Spa Vert) plus riche en minéraux, qui bouillonne littéralement à sa résurgence, lorsqu’elle surgit d’une grande profondeur après de plus de 20 ans de vie souterraine. Spa Reine est une des eaux les plus faiblement minéralisées du monde et peut se boire à volonté. Elle doit son nom à la Reine Marie-Henriette, l’épouse du roi Léopold II, qui l’appréciait tout particulièrement pour sa grande pureté. 


Afin de préparer votre séjour : Office de Tourisme de Wallonie

Lieux testés et approuvés :
L’hôtel de la Reine
A Spa, une belle adresse, notamment pour sa très bonne table inventive.
Rue Adolphe Bastin 4900 Spa – Tél : + 32 87 77 52 10
Domaine des Hautes Fagnes
En pleine nature, au cœur de la réserve naturelle des Hautes Fagnes, un établissement de qualité totalement rénové avec une très belle piscine intérieure, spa et sauna extérieurs. Rue des Charmilles 67, 4950 Ovifat
Tél : + 32 80 44 69 87
Le petit baigneur
Un restaurant flottant sympathique et convivial au bord du lac de Warfaaz. Avenue Amédée Hesse 69, 4900 Spa. Tél : + 32 87 77 54 56
Peak brasserie
Avec sa brasserie située au plus haut point de Belgique, à deux pas du signal de Botrange à 694 mètres d’altitude et de la Baraque Michel, la Peak brasserie  propose une gamme de bières aux saveurs de la région dans un environnement unique et un décor à couper le souffle. Un restaurant et une brasserie à l’architecture très moderne en plein cœur du parc des Hautes-Fagnes. Accès libre à la brasserie possible sur réservation.
Rue de Botrange 123, 4950 Sourbrodt – Tél : +  32 (0) 80 21 48 76 

Bonne découverte de la Wallonie, région francophone du sud de la Belgique. Le temps d’un week-end ou pendant les vacances de Noël !

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