Interview de Christian NUSSBAUM, Chef de la mission Outre-mer à la Direction générale de la Police nationale (DGPN)

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Le 09 juin 2022 – Une rencontre bien sympathique à Beauvau avec Christian NUSSBAUM, Chef de la mission Outre-mer à la Direction générale de la Police nationale (DGPN). Nous avons parlé de ses responsabilités depuis sa prise de poste en novembre 2020, de la réforme de la police dans les territoires ultramarins, de son parcours et de sujets plus personnels.

Bonjour Christian, vous êtes le Chef de la mission Outre-mer
à la Direction générale de la Police nationale. Que cela signifie-t-il ?

Mon poste s’inscrit dans une réforme de l’organisation de la Police nationale en Outre-mer  commencée en 2019 et qui s’est concrétisée au 1er janvier 2020 par la création de trois premières directions territoriales de la police nationale (DTPN).

Ces directions territoriales de la police nationale sont le nouveau mode de fonctionnement des services de police dans les départements ultramarins basés sur des commandements et des fonctionnements unifiés de la police nationale.

Le 1er janvier 2020, trois premières DTPN ont été créées : La Guyane, Mayotte et la Nouvelle-Calédonie sous la direction du DGPN Eric MORVAN.

Le directeur général actuel de la police nationale Frédéric VEAUX en prenant ses fonctions le 03 février 2020 a décidé de poursuivre l’extension de ce dispositif sur l’ensemble des territoires ultramarins.
A cette fin, a été créé au cabinet du DGPN un poste de chef de la mission Outre-mer qui avait pour mission dans un premier temps de gérer les trois premières DTPN. Le poste a été créé au 1er novembre 2020.

Ma mission depuis cette date a été de gérer la gouvernance centrale des trois premières DTPN et de permettre au directeur d’évaluer l’opportunité de poursuivre l’extension du dispositif sur les territoires ultramarins.

C’est ce qu’il a proposé au ministre début 2021 à la suite des comptes-rendus de mes déplacements sur l’efficacité des trois DTPN. Le DG a fait une proposition au ministre qui a validé le principe de l’extension.

Toute l’année 2021 a été consacrée à la création des 4 derniers territoires ultramarins en DTPN que sont la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion et la Polynésie française.

Cela s’est concrétisé par 4 nouvelles DTPN au 1er janvier 2022 et donc depuis cette date les 7 territoires ultramarins sont organisés comme des DTPN.

Christian NUSSBAUM, Chef de la mission Outre-mer, Police nationale (DGPN), et, Jean-Claude LURON, chef logistique de la DTPN Martinique © Christian NUSSBAUM

Cette gouvernance locale s’est organisée sur la base d’un seul chef de police en lieu et place des anciens directeurs territoriaux de chaque direction de la police nationale (DCSP/DCPJ/DCPAF/DCRFPN/SCRT/RAID).
Désormais il y a un chef de police par territoire qui dispose de services territoriaux de police judiciaire, de sécurité publique, d’immigration, de renseignement et de formation, et du RAID qui dépendent sont tous placés sous son autorité.

Ceci fait, le directeur a décidé d’organiser la gouvernance centrale de ces 7 DTPN, dans ce cadre il a décidé depuis le 1er mai 2022 de créer une mission Outre-mer qui dépend directement de lui ayant pour vocation d’organiser et d’assurer la gouvernance centrale des 7 DTPN ultramarines. Voilà où on en est, donc on commence (sourire).

Quels sont les changements les plus importants depuis le 1er mai 2022 ?

Avec la mise en place des DTPN, la réforme de la police nationale en Outre-mer préfigure un petit peu la réforme qui en cours en métropole.

En métropole il y a une réforme en cours avec la création possible de DDPN, directions départementales de la police nationale. Cela s’appelle territoriales Outre-mer parce que tous les territoires ultramarins ne sont pas des départements. L’Outre-mer n’a pas servi de laboratoire mais de précurseur à la réforme qui devrait se mettre en place en métropole avec la création des DDPM coiffés par des directions zonales de la police nationale (DZPN) et si vous voulez la mission Outre-mer est un peu l’équivalent d’une future direction zonale en métropole. Il s’agit en fait d’une direction de « la zone Outre-mer » que l’on ne peut appeler ainsi car l’Outre-mer n’est pas une seule et unique zone de défense.

Dans le futur dispositif de la police nationale, s’il va à son terme, le directeur général aura directement sous son autorité des directeurs zonaux de la police nationale en métropole qui couvriront les 5 zones de défense métropolitaines plus le chef de la mission Outre-mer qui sera en fait « le directeur zonal Outre-mer ».

Ce qui change aussi dans la gouvernance locale, c’est que l’on a un seul chef de police ce qui permet de pouvoir mobiliser l’ensemble des services de police présents sur son territoire.

Et cela permet à ces territoires ultramarins qui sont un peu isolés de la métropole de pouvoir faire face à des crises soudaines qui sont arrivées par exemples en Guadeloupe et en Martinique en fin d’année 2021 et début d’année 2022.

Le projet ultime est prévu pour quand ?

Je ne suis pas en charge du dossier mais c’est un projet en cours.

Il n’est pas impossible qu’il soit mis en place début 2023.

La police nationale recrute des réservistes opérationnels actuellement sous l’impulsion du commandant des réserves Stéphane FOLCHER à la DGPN. Avez-vous des échos en Outre-mer ?

La réserve opérationnelle concerne la métropole et l’Outre-mer de la même manière. Il n’y a pas de différence.

Effectivement les DTPN mettent actuellement en place une campagne de communication pour attirer les candidatures sur la réserve opérationnelle.

On est un peu plus concurrencé en Outre-mer qu’en métropole par les RSMA, Régiments du Service Militaire Adapté, pour autant je ne suis pas inquiet.

Les formations vont bientôt démarrer comme en métropole.

Quelles sont les caractéristiques des territoires ultramarins ?

Les territoires sont plus ou moins difficiles en matière de délinquance.

Les plus difficiles sont incontestablement la Guyane et Mayotte. La Guyane par la violence des faits commis. Mayotte, pour la violence liée à l’immigration des Comores.

Ensuite, on a la Guadeloupe et la Martinique qui sont des territoires aussi assez violents avec une grosse présence des trafics de stupéfiants. C’est zone de rebond pour la cocaïne à destination de l’Europe.

Ensuite on a des territoires comme la Réunion et la Polynésie française qui sont quand même plus calmes.

Et puis la particularité de la Nouvelle-Calédonie qui est un territoire calme mais une poudrière avec les problèmes liés à d’indépendance.

Nous allons aborder votre parcours professionnel. Que souhaitez-vous partager ?

J’ai fait la quasi-totalité de ma carrière en police judiciaire.

J’ai commencé à Strasbourg en 1995.

De 1997 à 2011, j’étais à la police judiciaire à Marseille.

En 2011, je suis parti faire un séjour de 4 ans et demi au Soudan comme attaché de sécurité intérieure à l’Ambassade.

En rentrant du Soudan, j’ai eu la chance d’avoir un poste de directeur Interrégional Antilles-Guyane de la police judiciaire.

A l’époque les territoires ultramarins n’étaient pas organisés en DTPN, donc en tant que directeur Interrégional Antilles-Guyane j’avais la responsabilité des services de police judiciaire en Guadeloupe, Martinique et en Guyane. Cela a duré 4 ans et demi.

Et je suis arrivé au cabinet du directeur général de la police judiciaire en novembre 2020 pour être Chef de la mission Outre-mer.

Nous avons évoqué le thème des territoires ultramarins et de la sécurité. Un autre thème maintenant, celui du tourisme. Quel est votre regard sur les destinations ?

J’aime bien tous les territoires, ils ont tous leurs charmes.

Après d’un point de vue touristique, si vous souhaitez partir en famille, il vaut mieux aller à la Réunion et en Nouvelle-Calédonie, en Martinique et en Guadeloupe.

La Polynésie française pour les voyages de noces.

Il y a des territoires qui ne sont pas touristiques comme Mayotte.

D’après moi, le territoire qui gagne à être découvert pour les gens qui aiment la forêt c’est la Guyane. Un territoire intéressant d’explorer.

Vous aimez voyager, avez-vous d’autres centres d’intérêt ?

Un dimanche à la Muraillette – Un siècle de Rugby à La Seyne avec Christian NUSSBAUM

J’ai beaucoup joué au rugby (sourire).
J’ai joué tant que je pouvais jusqu’à l’âge de 37 ans.

Pendant des années, j’ai joué à Aix-en-Provence, à la Seyne-sur-Mer, à Strasbourg et au PUC à Paris. Aujourd’hui je suis des matchs de rugby dès que je peux. Mon équipe est Castres Olympique ! Pour un toulonnais, je suis un supporter du CO ! (rire)

Pourquoi le choix fort du rugby ?

C’est un lieu de solidarité et de convivialité tout simplement.

Je suis toulonnais et Toulon est une ville qui ne vit que par le rugby.

Donc j’ai baigné dans cet univers depuis mon jeune âge.

Aujourd’hui, je pratique d’autres sports comme le snorkeling.
Je vais me mettre à la pêche avec mon adjoint Valentin THOMAS, un normalien contractuel, qui s’est chargé de la transformation numérique des DTPN.

J’aime la gastronomie des îles.
J’ai passé cinq ans aux Antilles, j’aime bien la cuisine créole, ce qui est épicé … et les langoustes ! (sourire)


Un grand remerciement pour cet entretien éclairant.

Une manière de communiquer sur nos territoires ultramarins qui manquent bien souvent de visibilité dans les médias en métropole. Peut-être à bientôt aux Antilles pour déguster des langoustes !


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