Interview de Jacques-Olivier BOUDON, professeur à la faculté des Lettres de Sorbonne Université et Président de l’Institut Napoléon

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Bonjour Jacques-Olivier,

Un remerciement pour l’invitation à m’entretenir de manière informelle avec vous alors que vous recevrez dans quelques minutes des éditeurs et libraires autour d’un diner qui s’annonce riche d’informations et de débats.

Vous êtes historien français, auteur de livres à succès tels Napoléon le dernier romain, Histoire du Consulat et de l’Empire (1799-1815), Le plancher de Joachim. Histoire retrouvée d’un village français.

Je vous invite à vous présenter plus avant auprès des lecteurs

Je suis actuellement professeur à Sorbonne Université, professeur d’histoire contemporaine, spécialiste de l’histoire de la Révolution et de l’Empire.

Je suis aussi président de l’Institut Napoléon depuis 25 ans cette année, c’est-à-dire que je m’occupe d’une association qui travaille sur l’histoire napoléonienne, qui publie une revue, qui organise des colloques, des conférences.

Mon activité principale c’est de travailler sur l’histoire napoléonienne, ce qui fait que j’ai des contacts à l’international avec tous les pays qui s’intéressent à cette histoire. Et puis j’ai des contacts dans des milieux très différents, je pense évidemment aux milieux militaires puisque Napoléon intéresse beaucoup tout ce qui relève de l’armée, l’administration, les musées. De fait je suis membre ou ai été membre de conseils scientifiques de très nombreux musées comme le musée de l’Armée pour ce qui est de la revue qu’ils ont créée, ou le musée Napoléon 1er du château de Fontainebleau.

Cela est l’essentiel de mes activités actuellement.

Pourquoi ces choix de l’Éducation nationale et ce goût pour l’histoire napoléonienne ?

J’ai commencé par un parcours assez classique en classe préparatoire puis à Normal sup.

J’ai passé l’agrégation d’histoire et puis je me suis lancé dans la recherche en me disant, je me souviens bien de la formule « Si à 35 ans je n’ai pas intégré l’Université je ferai autre chose ».

Et puis, j’ai eu beaucoup de chance.

Au début des années 90, les postes se sont ouverts et j’ai été élu rapidement maître de conférence à la Sorbonne.

A 36 ans, j’étais professeur d’histoire à l’université de Rouen.

Donc pour un historien, c’est une carrière assez rapide.

Et pourquoi Napoléon ? Au départ, je suis arrivé à Napoléon par l’histoire religieuse. Mes premiers travaux portaient sur l’histoire religieuse du XIXème siècle. J’avais commencé avec l’époque napoléonienne.

J’ai travaillé ensuite avec Jean TULARD, professeur à la Sorbonne et grand pape des études napoléoniennes, qui, un jour me dit: « Vous serez mon successeur ». Et lorsque vous entendez ce message, vous ne pouvez décliner.

Donc j’ai commencé à me diversifier, ou plus exactement à me recentrer sur l’Empire. À écrire des livres sur l’Empire.

Arrive sur ce fait le bicentenaire de Napoléon Bonaparte à partir de 1796, si on prend en compte la campagne d’Italie, et surtout 1799 si on prend le Consulat. Je deviens président de l’Institut Napoléon et je suis très sollicité, à la fois pour organiser des colloques, participer à des conférences, et écrire des livres.

Napoléon ce n’est pas une passion, c’est une rencontre.
Une rencontre qui s’est traduite par une forme de fascination.

On ne peut pas s’intéresser à un personnage comme Napoléon sans avoir, je dirais, une double réaction. La fascination et la répulsion. Il y a une fascination incontestable parce que c’est un personnage qui a marqué l’histoire, qui a énormément contribué à l’évolution du pays, et c’est aussi un personnage qui a des aspects négatifs lorsqu’on met en avant l’établissement de l’esclavage, la privation des libertés… Néanmoins, je travaille beaucoup et je fais beaucoup travailler pour contribuer à ce que la recherche sur l’époque napoléonienne s’enrichisse.

Quelles sont vos actualités sur l’histoire napoléonienne ?

À la fin des commémorations du bicentenaire de la mort de Napoléon -la dernière date importante est 2021, on s’est dit : « Il ne se passera plus rien ». Et ce que l’on constate, c’est que les activités napoléoniennes continuent, d’abord autour d’autres bicentenaires et puis autour de projets qui se développent.

Je continue, par exemple, à organiser des colloques, notamment en partenariat avec la Fédération Européenne des Cités Napoléoniennes. On organise le 20 juin prochain à la Sorbonne le colloque Musée, champ de bataille, c’est-à-dire comment on s’intéresse à l’histoire de Napoléon, notamment l’histoire militaire, à travers des lieux, des lieux de mémoire, des lieux de conservation.

Et puis avec une autre association qui est le label Ville impériale, j’organise les 25 et 26 novembre prochain à Rueil-Malmaison un colloque sur La France impériale face aux Amériques. Ce sera l’année de l’élection présidentielle américaine et ce sera aussi l’occasion de revenir sur le bicentenaire des indépendances des pays d’Amérique latine, qui est passé un peu inaperçu en France, mais qui a été très important puisque c’est une reconfiguration complète du continent, au moins du sud-américain.

Sera-t-il possible pour les lecteurs d’assister à ces deux colloques ?

Oui on peut. Pour le colloque du 20 juin à la Sorbonne, la seule contrainte sera de s’inscrire par le biais de la Fédération Européenne des Cités Napoléoniennes. Et je pense que je communiquerai aussi via les médias de l’Institut Napoléon, c’est-à-dire la page Facebook et X (ex-Twitter). Comme c’est à la Sorbonne et qu’il y a des problèmes de sécurité, il faut s’inscrire, on ne peut pas entrer si on n’est pas inscrit.

Pour le colloque au mois des 25 et 26 novembre, il faudra s’inscrire sur le site de la médiathèque Jacques Baumel de Rueil. La différence, c’est qu’il y a une petite contribution qui est demandée, de 10€.

D’autres passions vous animent-elles ?

Je suis historien, spécialiste du XIXème siècle, et j’ai une passion qui est le sport. Le sport pas tellement comme pratiquant, mais comme historien.

Et parmi les livres que j’ai publiés, le dernier en date, est une biographie d’un cycliste qui s’appelle André Darrigade.

Je prépare un numéro spécial de la Revue politique et parlementaire qui sera consacré aux relations entre la politique et le sport. Évidemment, Le sujet s’impose au moment des Jeux Olympiques 2024 à Paris !

Cela rappelle des souvenirs : les boycotts successifs, les africains à Montréal en 1976, les occidentaux à Moscou en 1980, les soviétiques et autres en 1984, Los Angeles. Et puis, il y a toute une série de sujets.

L’autre de mes passions est la cuisine. Pourquoi la cuisine ? Parce que c’est une façon de s’extraire précisément de la recherche de l’écriture dans une fonction qui est à la fois très matérielle, manuelle, et qui, en même temps est aussi une création. C’est aussi un moyen de se dire qu’on va recevoir et faire plaisir.

Parfait Jacques-Olivier, je vous remercie pour notre entretien sympathique. Place au diner !

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Note importante : il est strictement interdit de copier tout ou partie de l’article

Légendes et copyrights des photos dans l’article :

Photo 1 : Jean Tulard et Jacques-Olivier Boudon devant la maison des Mulini, résidence de Napoléon sur l’île d’Elbe en 1814-1815, photo prise en juin 2019 ©Jacques-Olivier Boudon

Photo 2 : Jean Tulard, Laetitia de Witt et Jacques-Olivier Boudon, salle des Actes, à la Sorbonne, le 22 décembre 2023, lors de l’hommage rendu à Jean Tulard, organisé par JO Boudon, à l’occasion de ses 90 ans ©Jacques-Olivier Boudon

Photo 3 :  Jacques-Olivier Boudon et Jean Tulard devant son gâteau d’anniversaire (90 ans) le 22 décembre 2023 ©Jacques-Olivier Boudon


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