Le souvenir d’une interview de Fabrice GARDON à la Direction centrale de la police aux frontières, puis d’une interview aux côtés de Christian SAINTE au 36 dans le cadre du Prix du Quai des Orfèvres 2024.
Une année s’est écoulée et c’est avec joie que je retrouve Fabrice GARDON au 36 Bastion, Commissaire Général, Directeur de la Police judiciaire de la Préfecture de Police. Une rencontre exceptionnelle sur la lettre de mission, les actualités et une mise en lumière du PQO2025… et 2026 !
Bonjour Fabrice,
Quelle est votre lettre de mission de M. Laurent NUÑEZ, préfet de police de Paris ?
Quelques jours après mon arrivée au mois de novembre 2023, le préfet de police de Paris M. Laurent NUÑEZ m’a adressé une lettre de mission dans laquelle il a détaillé ce qu’il attendait de la direction de la police judiciaire de la PP.
La lettre de mission s’articulait autour de deux grands principes. D’une part, le décloisonnement des services judiciaires de la préfecture de police, donc les services de la police judiciaire et les services de sécurité publique qui s’appellent DSPAP à la préfecture de police. Décloisonner c’est trouver des synergies, mais aussi travailler ensemble et d’autre part, davantage territorialiser l’action d’initiative de la PJ.
Pourquoi territorialiser davantage ? L’objet est de faire coïncider cette action d’initiative avec la stratégie globale du PP autour des points chauds des territoires où il y a le plus d’enjeux en termes de reconquête : pourchasser les réseaux qui s’approprient certains secteurs… Et donc pour cela il faut que l’on travaille tous ensemble de façon coordonnée pour plus d’efficacité.
Donc on a entrepris des actions depuis un an. Trois illustrent bien mon propos.
La première est que le PP nous a demandé de coordonner les opérations “place nette” de reconquête du territoire dans l’agglomération parisienne. Que cela signifie-t-il ? Concrètement, les chefs des services territoriaux de la PJ, les districts de police judiciaire et les services départementaux de police judiciaire avec leurs collègues de la DSPAP, ont identifié une quinzaine de secteurs de l’agglomération qui représentent le plus d’enjeux en termes de reconquête du territoire. C’est là qu’ils identifient les cibles à attaquer en accord avec l’autorité judiciaire. Qui a quoi dans les différents services comme affaires judiciaires en cours ? Dans quel ordre on interpelle ? Comment se succèdent les dossiers ? Et une fois que cela est fait, la DSPAP est chargée d’organiser une présence renforcée sur la voie publique à la suite des opérations judiciaires, de faire des contrôles administratifs, de commerces, de débits de boissons auxquels on participe aussi d’ailleurs avec les GIR de la PJ.
Le deuxième grand thème, c’est les JO2024. Ce qui était important, c’était d’avoir un dispositif judiciaire unifié dans le dispositif global des JOP, non seulement pour la PP mais même au- delà pour l’Île-de-France. Et donc c’est ma direction qui a été chargée par le PP de mettre en place une équipe dédiée qui pendant une petite année avant les JO, a préparé ce dispositif global qui nous a notamment permis d’avoir une remontée quotidienne d’informations liées aux JO, à l’attention du préfet de police, du ministre, des autorités judiciaires qui agrégeaient toutes les informations venant de la police judiciaire de la DSPAP, de la direction de l’ordre public et de la circulation, mais aussi des directions interdépartementales de la police nationale en grande couronne et même de la gendarmerie de grande couronne. Donc tout cela a été mis dans un pot commun, dans un centre de synthèse que l’on avait ici au 36 Bastion.
Ma direction a traité dans ce cadre des dossiers liés aux JO et que l’on ne prenait pas d’habitude pour décharger les autres services.
Et puis, troisième thème, c’est la création de la première unité judiciaire mixte PJ-DSPAP depuis 25 ans, c’est à dire depuis la réforme de 1999. On a créé en début d’année 2025, à la demande du préfet de police, la FIC, la Force d’investigation conjointe. C’est-à-dire ? La FIC est une unité qui est constituée à parts égales d’enquêteurs issus de la DSPAP et de la PJ, mais qui sont mis pour emploi ici auprès de moi en tant que directeur PJ donc au 36 Bastion, et qui sont chargés, outre de faciliter les opérations “place nette”, par exemple, de permettre des coopérations renforcées entre les deux directions pour initier des co-saisines ou pour mettre en place des renforts ponctuels ou encore pour délivrer des conseils sur des thématiques judiciaires très particulières. Et donc cela rentre aussi dans l’idée de décloisonner entre les deux directions. La Force d’investigation conjointe, c’est quelque chose de concret, c’est un service qui existe, qui est là. Et c’est la première fois depuis 25 ans que l’on a un service mixte PJ-DSPAP sur le judiciaire.
Un remerciement pour les précisions qui permettent de mieux comprendre le fonctionnement du 36 Bastion et son évolution dans la cité.
Le 5 novembre, se tenait au 36 le Prix du Quai des Orfèvres 2025. Comment avez-vous vécu l’expérience ? Racontez-nous.
C’était ma deuxième cérémonie de proclamation en tant que président du PQO.
L’année dernière, je n’avais pas participé à la lecture des polars finalistes et je n’avais pas participé à la délibération puisque j’étais arrivé quelques jours avant la proclamation. J’avais juste introduit la soirée de proclamation du prix et accueilli tous les invités au 36.
Le poste de directeur de la PJ confère automatiquement le rôle de président du jury. Je succède à des grands noms de notre maison.
Cette année, j’ai fait le travail toute l’année avec nos équipes en interne de la PJ, notamment l’équipe de la communication, mon cabinet et puis Fayard. Le travail aussi avec le parrain Olivier Marchal que je suis allé démarcher via Christophe Gavat, commissaire et ami avec lequel j’ai travaillé à la PJ dans le sud de la France et qui est proche d’Olivier Marchal. Christophe Gavat a d’ailleurs gagné le PQO il y a quelques années. Il m’a permis d’entrer en relation avec Olivier Marchal qui a tout de suite accepté le principe d’être parrain. Et je pense que cela a contribué aussi à la très grande réussite de cette soirée.
Le fait qu’Olivier Marchal soit parrain avait du sens. Le travail que représente l’organisation du PQO se rajoute au travail de PJ, et est intellectuellement très intéressant : c’est une soupape qui permet de rencontrer tous les anciens directeurs, des magistrats, des avocats… Et aussi de faire des lectures tout l’été parce qu’il a fallu lire les cinq ouvrages finalistes. Donc cela prend du temps, mais c’est assez bénéfique parce que s’il n’y avait pas des occasions de sortir un peu la tête du guidon, cela serait plus difficile.
Et puis c’est une tradition ! Le PQO existe depuis 1946. Donc cette année, on était sur la 79ᵉ édition ! Et comme je l’ai dit dans le mot d’accueil à la soirée :
Aujourd’hui, on est dans une société où tout va très vite. C’est l’immédiateté, c’est l’individualisme. Les valeurs ne sont pas celles du temps long. Et le PQO, c’est tout l’inverse, c’est le temps long, justement la tradition. Le 36, la PJ, c’est une maison de tradition. Et donc avoir ce temps, chaque année où on se rassemble, on se retrouve où il y a des représentants de toute la direction, des invités extérieurs avec des magistrats, des journalistes est exceptionnel. Un temps où l’on se retrouve autour non pas d’une affaire que l’on vient de résoudre, ou d’une enquête criminelle ou d’une saisine terroriste, mais d’une œuvre artistique. Je trouve que c’est un bon moment de cohésion. C’est un marqueur fort.
Et puis ce que je disais aussi, ce que j’apprécie beaucoup, c’est conserver ce côté un peu mystérieux de l’événement qui correspond au polar. Finalement, il y a une enquête menée dans chacun des romans policiers du Prix du Quai des Orfèvres, et là aussi, pendant cette soirée, on ne sait pas forcément toujours qui est qui. Et donc cela contribue aussi un peu à ce côté magique de la grande maison.
Que souhaitez-vous dévoiler de plus aux lecteurs sur le Prix du Quai des Orfèvres ?
Je me souviens que quelques semaines avant début septembre, il y avait eu la soirée de délibération de tout le jury. Il y a une vingtaine de membres dans le jury.
Et donc c’était ma première soirée de délibération et j’ai trouvé ce moment génial parce que déjà tout le monde avait vraiment lu les bouquins et bien travaillé ses arguments. Et puis chacun prend la parole à tour de rôle, défend l’ouvrage qu’il préfère, ou les deux ouvrages qu’il préfère. Je ne peux pas trahir évidemment le secret des débats mais ce que je peux dire c’est qu’il y a eu des débats assez passionnés notamment avec les avocats membres du jury. C’était génial parce qu’il s’agissait des vraies plaidoiries d’audience, les avocats mettaient toute leur verve, leur gouaille !
J’avoue que c’était un très chouette moment, alors qu’il y a un enjeu important parce qu’il s’agit de gros tirages : on est sur 100 000 à 150 000 tirages pour la maison Fayard et l’auteur. Donc il faut le faire très sérieusement tout en passant de bons moments.
Et donc on arrive au 80ème anniversaire du PQO ? Donc là, j’imagine qu’il va y avoir plein de surprises !
Tout n’est pas encore prévu. Mais oui, bien sûr, on va faire en sorte qu’il y ait de nouveau un parrain ou une marraine un peu emblématique. Et puis on va essayer de maintenir le haut niveau des ouvrages et du polar qui gagne !
Merci Fabrice pour notre rencontre et toute l’énergie déployée à faire respecter et rayonner la police.
Le souvenir d’une belle soirée en images du Prix du Quai des Orfèvres 2025 sur les réseaux sociaux de la préfecture de police : LinkedIn, Facebook, Twitter, Instagram, TikTok.
Un prix d’exception avec la maison d’édition Fayard. Félicitations au lauréat Olivier Tournut qui a remporté ce mardi 5 novembre le Prix du Quai des Orfèvres 2025 pour son roman Post Mortem !
Note : il est strictement interdit de copier tout ou partie de l’article sur un autre support.