L’interview cash du général Richard LIZUREY, ancien Directeur général de la Gendarmerie nationale (2016-2019)

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Souvenez-vous ! Le 29 février 2020, je rencontrais de manière informelle le général Richard Lizurey afin de mettre en perspective son parcours, ses satisfactions et regrets en tant que DGGN et sa perception de l’évolution de la Gendarmerie nationale. 

Le 23 avril 2024 – Alors que M. Gérald Darmanin lance le Beauvau de la sécurité civile – Résilience France (HCFRN) sous la présidence du général d’armée (2S) Richard Lizurey, ancien directeur de la Gendarmerie Nationale, tient un petit-déjeuner débat au restaurant du Sénat sur la thématique : Les Sapeurs-pompiers face aux enjeux de sécurité civile liés au changement climatique. Un intérêt fort de constater, réfléchir à des pistes d’amélioration sur la sécurité civile, notamment sur les enjeux des JOP2024 puis de partager un moment informel avec le général Richard LIZUREY autour d’un café au calme.

En 2019, l’idée était de poursuivre une activité pour rester en lien avec l’écosystème sécurité, mais aussi avec la société. Et la perspective des élections municipales a été une bonne opportunité. 

Le fait d’être élu local comme Adjoint au Maire de Chartres et Vice-président de l’agglomération de Chartres Métropole permet de continuer à travailler pour les autres, dans l’intérêt général. 

L’élu local est je crois comme le disait le président de la République celui qui a un devoir de redevance à l’égard du citoyen qui nous interroge directement : on a une réponse à lui donner. 

L’avantage c’est qu’on n’a pas quinze couches de responsables et que, globalement, on ne peut pas se retourner, transmettre le “bébé” à quelqu’un d’autre. 

On est en première ligne, on répond à la question ou on n’y répond pas, et la sanction sera évidemment que l’équipe sera renouvelée ou pas. Cela est une fonction plutôt passionnante de l’élu local. 

Je crois que c’est vraiment la continuité de l’engagement en ce qui concerne la Gendarmerie nationale qui est au contact du citoyen. L’élu local est lui aussi à proximité du citoyen.

Finalement, cela a été pour moi une vraie chance et c’est un vrai bonheur de travailler au profit de la population de la ville de Chartres et de l’agglomération au quotidien dans le domaine de la sécurité et de la cybersécurité. 

Les enjeux sont énormes, on ne va pas y revenir, ce sont les mêmes partout
Mais que faut-il ? de la conviction, de la passion et du collectif. Là aussi du collectif, c’est le collectif des élus, c’est le collectif des services et c’est aussi l’écoute du citoyen, parce que l’intelligence, c’est l’intelligence locale. 

Je me bats depuis des années et je continuerai à me battre contre la centralisation permanente. On est sur une centralisation de plus en plus totale avec des obligations permanentes et des injonctions contradictoires constantes.

À un moment donné, il faut sortir de tout cela, redonner les pouvoirs, le pouvoir au local. Redonner l’intelligence au local, reconnaître cette intelligence et ensuite, finalement regarder les résultats ! Mais ce n’est pas “d’en haut” qu’on doit décrèter ce qu’il faut faire en local. 

C’est un peu mon côté passionnel et passionné d’élu local.

Absolument, à travers une petite SAS, Aquilos. J’ai accompagné les industriels de la filière des industries de sécurité, le Comité Stratégique de Filières (CSF), sur la partie JOP2024 notamment. 

L’idée était de développer des technologies qui auraient pu permettre de diminuer l’effectif nécessaire pour assurer la même sécurité. 

Il y a eu un gros travail de fait, des contacts pris, notamment avec le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, mais aussi d’autres structures dans le cadre de la préparation des Jeux Olympiques. 

Je constate aujourd’hui que, finalement, il y a toujours besoin de beaucoup de monde parce que, peut-être, on aurait pu développer davantage les outils technologiques mis à disposition. Là aussi, il y a des choses qui sont perfectibles, des choses sur lesquelles il faut continuer à travailler dans le cadre de la LOPMI, loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur.

Et je crois que la technologie, qui n’est pas une solution à tout, peut malgré tout accompagner des efforts. Des efforts de révision des process, des efforts d’optimisation des outils de sécurité, de mise en en place de dispositifs technologiques pour économiser de la main d’œuvre humaine que l’on engage sur d’autres missions.

Aujourd’hui, pour les JOP2024, on a quand même entre 30 000 et 45 000 personnes qui vont travailler sur la plaque Ile-de-France pendant le JO. Plus les 40 000 bénévoles, plus les 20 000 agents de la sécurité privée. On a une force humaine qui, peut-être, aurait été moins importante si on avait eu un certain nombre d’outils technologiques qui sont peut-être prêts, ou pas loin d’être prêts, chez les industriels français. 

La filière industrielle française a des choses à apporter, des choses à présenter encore une fois aux autorités. 

Je regrette que, là aussi, de temps en temps, on se tourne davantage vers des pays extérieurs à l’Union européenne, même si ce sont des alliés. 

À un moment donné, économiquement, la souveraineté, telle qu’elle est défendue par le président de la République – à juste titre –  doit se traduire par des faits, par une écoute, un accompagnement, un soutien de la filière française, des filières françaises. 

Je note que là, il y a une marge de progression assez importante pour être politiquement correct. En clair, il me semble n’est pas au rendez-vous. 

Ça, c’est le deuxième point. C’est un métier passionnant, ce métier de consultant.

Là aussi, on rentre dans la même logique d’intérêt général. 

C’est la préparation de la gestion de crise, l’infusion de cette culture de préparation de gestion de crise au sein de la société, avec l’ambition de toucher les différents acteurs : collectivités territoriales, entreprises, institutions… parce que les niveaux de préparation sont différents dans notre pays. Les niveaux de prise de conscience sont également différents. On le voit bien. Il y a des endroits où on est très sensibilisé parce qu’on a subi déjà des catastrophes majeures. Et il y a des endroits où on se dit : “Cela n’arrivera pas ici, cela n’arrive qu’aux autres”. Cela n’arrive pas qu’aux autres. Malheureusement, ça peut arriver partout. 

Et l’ambition du Haut Comité Français pour la Résilience Nationale est de créer – ce qui est déjà fait depuis 40 ans – mais surtout d’entretenir, de développer, d’animer un réseau d’adhérents, de collectivités territoriales, d’entreprises, d’institutions, de particuliers, d’experts… qui permettent, encore une fois, de développer notre vision de la préparation de la gestion de crise. Toutes les crises sont différentes. On ne peut pas prévoir la manière avec laquelle on réagira le jour où une crise suviendra. En revanche, on peut se préparer et si on est prêt dans sa tête à ce moment-là, on est un peu moins soumis à l’effet de sidération initiale et on sera peut-être un peu plus actif et réactif. 

Le Haut Comité Français pour la Résilience Nationale a cette ambition, ce réseau, avec un certain nombre d’outils, un site internet, une équipe d’une dizaine de personnes qui travaillent au quotidien pour mettre en place des veilles : une veille France, une veille internationale qui permettent là aussi d’éclairer nos adhérents sur ce qui se passe en France, dans le Monde, sur les enjeux, les risques, et on est bien sur une logique de défense et de sécurité globale. Avec un focus cette année sur les JO avec une veille JOP2024 tous les quinze jours actuellement qui va devenir hebdomadaire, voire quotidienne au fil des jours. Il s’agit d’un engagement associatif au service de la résilience de notre société.

Le HCFRN est une association de loi 1901 reconnue d’intérêt général et ma fonction de président, là aussi, est intéressante. Mais cela prend du temps, ce qui fait que je souhaite transmettre la présidence à quelqu’un au cours de l’été pour que le Haut Comité continue à vivre. 

Je souhaite consacrer plus de temps notamment à la partie familiale qui, pour l’instant malgré tout, est assez réduite, malgré les ambitions initialement affichées. Le temps consacré à la famille reste très restreint, mais j’ai bien l’intention d’augmenter un petit peu ce temps-là. 

Il y a deux petits-enfants qui sont à Bordeaux, une fille qui est à Vancouver donc il y a des enjeux familiaux qui doivent aussi trouver leur place. Et c’est tout l’enjeu de l’équation calendaire que je m’emploie à résoudre.

Je poursuis mon action d’élu local jusqu’en 2026. 

Et je me réengagerai en 2026, si l’équipe le souhaite et si on est réélu.
C’est comme ça. C’est d’abord la réélection bien sûr. La démocratie, c’est le vote.

Ensuite, mon travail de consultant va se poursuivre, parce que c’est aussi intéressant. Au-delà des JO, travailler sur des nouvelles technologies, sur des innovations, accompagner des entreprises françaises qui ont des choses à montrer et qui méritent d’être écoutées par nos responsables. 

Nos responsables aujourd’hui, écoutent plus les sirènes outre-Atlantique qui, elles-mêmes, d’ailleurs viennent leur « piquer » les idées et les marchés. Donc à un moment donné il faut remettre l’église au centre du village et le village, c’est la France, l’Europe. 

On parle d’élection européenne à venir. C’est bien beau d’en parler, c’est mieux de le faire. Et pour faire l’Europe il ne faut pas livrer les clés du camion de l’autre côté de l’atlantique même si ce sont des alliés. Sur le plan économique, ce ne sont pas forcément nos amis. 

Voilà de manière résumée la suite de mon parcours et mes perspectives.


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2 commentaires
  1. Christian OLIVE dit

    Merci à Misskonfidentielle pour ce riche entretien.
    Merci à Richard Lizurey pour ses engagements : d’Élu local, Consultant, Père de famille.
    Et ce, sans langue de bois, alors que se profilent, notamment les prochaines élections européennes, si importantes pour le monde qui vient.
    Je suis évidemment sensible à son implication dans cette belle ville de Chartres, et dans son agglomération.
    L’ACTION, et les IDÉES avant… la COM.
    Bon programme.!!!

    1. Miss K dit

      Un remerciement Christian Olive pour le commentaire enthousiaste à l’endroit de mon entretien avec le général Richard LIZUREY.
      Bien cordialement, Miss K.

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