Gilles REIX est bien connu des services de police, gendarmerie et justice pour son excellent parcours de technicien de scène de crime. Il est aussi connu du grand public grâce à ses interventions réalisées avec pédagogie dans les médias (BRUT, Clique, RTL, BFMTV…) pour citer les références les plus récentes.
Son actualité ? La publication de son second livre : Parmi les morts – Les enquêtes de l’extraordinaire. Gilles met en lumière les coulisses des enquêtes les plus complexes de ces dernières décennies : Tsunami en Thaïlande, crash de l’A320 de la Germanwings, attentat de Charlie Hebdo, le Bataclan… Le livre est publié par Mareuil Éditions (Collection Jacques DALLEST).
Bonjour Gilles,
Tout d’abord, je t’invite à nous partager ton parcours
J’ai 62 ans et je suis à la retraite depuis cinq ans maintenant après avoir travaillé 37 ans au sein de la Police nationale.
Je suis arrivé en tant que gardien de la paix. J’étais un provincial tout droit venu du Limousin, un peu impressionné par le fait de devoir travailler et vivre “à la Capitale”. Tout était nouveau pour moi, mais mon “acclimatation” à été rapide autant d’un point de vue professionnel que personnel.
J’ai fait deux années au Service général du commissariat de Saint-Cloud, dans l’Ouest parisien. Je découvrais mon métier, Police-secours, les accidents de la circulation, les sorties d’école aussi. On faisait tout.
Ensuite, j’ai eu la chance d’être détaché parmi les inspecteurs de police, qui sont devenus officiers de police plus tard, et j’ai travaillé avec eux jusqu’en 1994. Je prenais les plaintes, participais aux enquêtes judiciaires ou administratives, faisais les auditions, c’était passionnant. C’est là que j’ai su que c’était la partie judiciaire du métier qui m’attirait le plus.
Puis j’ai eu l’opportunité d’intégrer sur le département des Hauts-de-Seine la Police technique et scientifique (PTS) alors que les budgets, les techniques et les fichiers se développaient. On voulait optimiser ce que l’on appelait la police de proximité pour s’occuper des problématiques qui se posaient aux gens comme les cambriolages, les vols à la roulotte (dans les voitures). Comme mes collègues, je traitais des affaires délictuelles, mais j’éprouvais encore un manque : je n’allais pas sur les affaires criminelles.

@ Gilles REIX, policier, sur une affaire
Alors tu décides de rejoindre le célèbre 36 Quai des Orfèvres ?
Absolument. En 2000, j’ai fait ma demande pour rejoindre le mythique 36 Quai des Orfèvres. Je souhaitais rejoindre le service de l’identité judiciaire, la Police technique et scientifique compétente pour aller sur les scènes de crime.
RICHARD MARLET m’a accueilli au 36 Quai des Orfèvres, il était alors commissaire divisionnaire et chef de service. Une personnalité très impliquée dans le domaine de la police scientifique.
Ce sont des métiers de passion et Richard MARLET était le premier des passionnés de toute cette joyeuse équipe. Il a été très inspirant pour nous tous.
Il a fait évoluer ce service de manière considérable en intégrant les nouvelles techniques et par la formation des personnels qui se renouvelaient. De fait, il y avait de plus en plus de jeunes dans l’équipe ce qui était très bien.
Parallèlement, arrivent dans les années 2000 les séries télévisées américaines, comme Les Experts : Miami.. qui ont mis un éclairage sur notre métier peu connu auparavant. C’était formidable.
En réalité, avant les années 2000, peu de monde savait ce qui se passait dans les métiers de la police technique et scientifique. On savait bien qu’il y avait des gens qui se déplaçaient sur des scènes de crime. Mais pour quoi faire ? Comment ? Comment étaient-ils formés ? Quelles techniques employaient-ils ?, même nous en interne on n’en savait rien. Les séries télé ont attisé la curiosité et ont apporté des éléments d’informations même si cela reste du cinéma.
Je me souviens que lorsque j’étais au commissariat de Saint-Cloud et que je faisais mes procédures, je me demandais si j’avais le droit de les appeler, s’ils allaient venir et comment ils allaient s’occuper de nos affaires.
Et donc en 2000, cela a vraiment changé.
On était formé en interne par les plus anciens qui partageaient leurs expériences. On venait à Lyon où se situe le siège de la police technique et scientifique et qui a changé de nom. Il s’appelle aujourd’hui le SNPS, le Service national de police scientifique. Avant, c’était une sous-direction, maintenant c’est devenu un service national à part entière. Les protocoles ont changé et fortement évolué : maintenant on est obligé d’expliquer comment on intervient, avec quel matériel on travaille de manière à ce que tout soit tracé et contrôlé. Absolument, je réfère à l’interview de Christel SIRE-COUPET.
Inauguration du nouveau siège de la PJ Parisienne 36 Bastion avec Gilles REIX (2017) @ DR
Aujourd’hui tu es major honoraire de la Police nationale et tu participais à la 21ème édition du Festival international Quais du Polar à Lyon. Quelles étaient tes motivations ?
Je suis venu à Lyon en tant qu’auteur puisque j’ai écrit deux livres jusqu’à présent.
Le dernier, qui s’appelle Parmi les morts – Les enquêtes de l’extraordinaire, est paru en janvier 2025 chez Mareuil Éditions (Collection Jacques DALLEST).
Dans ce livre, je retrace les moments forts de ma carrière. Notamment l’année 2015 qui a marqué les Français avec les attentats parisiens de Janvier et novembre, et puis le crash de l’A320 de la Germanwings dans les Alpes du Sud en mars.
J’y évoque aussi mon expérience au tsunami en Thaïlande en 2004 dans le processus d’identification des victimes de catastrophes. Je parle de ce qu’on ressent sur des telles scènes, des difficultés qu’on rencontre car il y a aussi ce coté psychologique très impactant en parrallèle de la lourdeur de la tâche à accomplir.

Relevage dans la pente du Crash de l’A320 de la Germanwings en 2015 @ Gilles REIX
Le premier ouvrage : de quoi s’agit-il ?
J’ai écrit le premier ouvrage L’Arme du crime (Eska, MA éditions) en collaboration avec une de mes collègues, toujours en activité, et qui s’appelle Perrine ROGIEZ-THUBERT. Elle est commandant de police aujourd’hui et travaille à l’identité judiciaire au Service Régional de Police Technique et Scientifique (SRPTS) de Paris.
Ce premier ouvrage est né lorsque nous avons fêté les 100 ans de la police judiciaire en 2013.
Nous avions participé à beaucoup de conférences et d’animations sur la place des Invalides à Paris et suite à cela, nous avions été invités par Jacques PRADEL dans son émission L’Heure du Crime sur RTL, pour parler à l’antenne de la première affaire qui avait été résolue par Alphonse BERTILLON grâce aux empreintes digitales : l’affaire SCHEFFER en 1902.
L’émission s’était très bien passée et à la sortie de son studio, Jacques PRADEL nous dit : C’est super, revenez quand vous voulez, on parlera d’autres affaires si vous en avez. Et là je me suis dit : Et bien oui, parlons d’autres affaires. On en a beaucoup, mais comment trouver une accroche ?
L’accroche est venue en échangeant avec Perrine et nous avons décidé d’écrire un livre.
Nous avons trouvé une cinquantaine d’affaires en partant de l’assassinat de Henri IV par Ravaillac le 14 mai 1610, jusqu’à l’affaire Petiot en 1944. Nous avons extrait les meilleurs moments de la presse de l’époque. Puis nous les avons condensés pour en faire des petites nouvelles de quatre ou cinq pages. A la fin de chaque histoire, on raconte comment aujourd’hui la police technique et scientifique pourrait résoudre chacune de ces affaires avec nos techniques actuelles.
Aujourd’hui encore, plusieurs de ces armes du crime sont exposées dans des musées nationaux : Musée de la préfecture de Police de Paris … l’École nationale supérieure de Police (ENSP) à Lyon, et dans différentes collections privées.
Donc L’Arme du crime est devenu une référence. Félicitations! As-tu des ouvrages autres à nous faire découvrir ? Un projet d’écriture ?
J’écris des nouvelles policières, des pièces de théâtre dont certaines ont été jouées par des groupes amateurs.
Je me souviens aussi de la période joyeuse où nous avions monté un groupe de Théâtre, au sein de l’Association Artistique de la Préfecture de Police qui fêtait ses 90 ans l’année dernière. Nous organisions des lectures/spectacles à l’occasion du printemps des poètes, écrivions des spectacles pour les enfants, des pièces de théâtre, faisions venir des comédiens professionnels pour jouer avec nous : un grand bonheur.
Et puis en ce moment, j’ai toujours des projets en cours, et quelque part dans un tiroir une histoire, une fiction qui pourrait donner lieu à un roman policier, un polar. J’y travaille.
Excellent. Venons sur le festival international Quais du Polar 2025. Comment as-tu vécu l’expérience ?
Le festival est extraordinaire.
Il a fait beau, il y a eu beaucoup de rencontres.
J’ai échangé avec d’anciens collègues qui écrivent, qui signent. Donc cela est très sympathique et inspirant.
Et puis j’ai assisté cette année à la conférence de James ELLROY, invité d’honneur du festival. Cela a été l’occasion de l’écouter, et de lui poser une question : Dans votre livre « Les enchanteurs » vous nous plongez dans le monde fascinant des policiers et des voyous, et je sais de quoi je parle, mais pourquoi n’avoir pas choisi pour votre carrière de faire partie d’une de ces deux catégories, et d’avoir mal tourné en devenant écrivain ? Je me souviens qu’il est resté sans voix. C’était amusant.
Et donc tu étais présent à la remise de prix du jury de la 1ère édition du Court Polar
Oui, j’étais présent au Court Polar. C’était un très bon moment.
Les lauréats étaient très contents. On sentait leur émotion.
Ils ont fait connaissance pendant le Festival et on les voyait courir tous les quatre réunis dans le salon comme des fous. Ils allaient à la rencontre des auteurs pour des demandes de dédicaces.
Ils se sont fait beaucoup de contacts, c’était fantastique de partager ce moment avec eux.
Un remerciement Gilles pour notre entretien sympathique.
J’ai pris le soin de lire ton dernier livre Parmi les morts – Les enquêtes de l’extraordinaire depuis notre rencontre au Court Polar à Lyon et je le pense bien réalisé sur le fond : de la matière, et la forme : facile et agréable à lire. Je le conseille vivement à mes lecteurs pour une meilleure connaissance du métier de technicien de scène de crime dans la vraie vie. Les séries télé c’est agréable, la réalité est bien mieux ! Peux-être inspirera-t-il des jeunes à rejoindre le métier ?

Livre Parmi les morts – Les enquêtes extraordinaires – de Gilles REIX, Mareuil Editions (Collection Jacques DALLEST) @ Miss Konfidentielle
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