Nicolas NÉNIL : parcours d’officier adjoint, renseignement, prévention et communication (Cahors) à commandant de compagnie d’instruction (Tulle)

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Le 26 septembre 2023 – Rappelez-vous ! Suite à mon séjour au groupement de gendarmerie départementale du Lot, j’ai publié l’interview Miss K à la rencontre des gendarmes du Lot – Philippe PHAVORIN, commandant le groupement de gendarmerie départementale du Lot à CAHORS (46) Un article qui avait suscité beaucoup d’enthousiasme, les vidéos souvenirs publiées sur LinkedIn aussi !

Dans ce cadre, j’avais rencontré Nicolas NÉNIL, officier adjoint, renseignement, prévention et communication.  Ses missions transversales étaient enrichissantes à écouter et son tempérament très agréable. Le savoir aujourd’hui commandant de compagnie d’instruction à l’école de gendarmerie de Tulle (19) permet de partager avec vous deux métiers. La Gendarmerie nationale a cette belle capacité à challenger ses personnels militaires.

Bonjour Nicolas,
Posons le cadre. Comment définir le groupement de la gendarmerie du Lot ?

Depuis le 1er août 2019, le groupement de gendarmerie du Lot est commandé par le colonel Philippe Phavorin.

Fort de 364 personnels et de 145 réservistes opérationnels, son organisation repose sur 3 compagnies implantées à Cahors, Gourdon et Figeac, un escadron départemental de sécurité routière (EDSR) et une maison de protection des familles inaugurée en septembre 2022.

Sa compétence territoriale s’étend sur 98 % de la superficie du département et couvre près de 85 % de la population.

Il fait face à une délinquance diffuse et comme les groupements à forte activité, reste concerné par les mêmes thématiques que ce soit en matière de violence intrafamiliale, trafic de produits stupéfiants ou lutte contre l’insécurité routière et soumis aux mêmes enjeux stratégiques.

Peux-tu nous présenter ton poste Renseignement, Prévention et Communication,
puis les actions menées ?

Nicolas NÉNIL, officier adjoint, renseignement, prévention et communication (Cahors) © Nicolas NENIL

Dans un groupement à taille humaine comme le Lot, il arrive que plusieurs contentieux soient confiés aux officiers adjoints. En ce qui me concerne, je suis principalement chargé du renseignement, mais mon champ d’action s’étend également à la prévention-partenariat (OAP) et à la communication.

Dans le cadre du renseignement, la gendarmerie du Lot peut s’appuyer sur un maillage territorial constitué de 23 brigades, chaque gendarme lotois représentant un capteur essentiel pour la collecte du renseignement, principalement pour anticiper les manœuvres opérationnelles impactant l’ordre public. Ce dispositif est animé par la cellule renseignement du groupement, comprenant deux « analystes renseignement » spécifiquement formés aux analyses du renseignement.

Les renseignements recherchés concernent tous les domaines de la vie institutionnelle, économique et sociale susceptibles d’entraîner des mouvements revendicatifs ou protestataires ou des phénomènes de violence. Ce travail s’effectue bien évidemment en lien étroit avec le renseignement territorial (RT), avec qui les échanges sont fréquents et de qualité permettant ainsi, au commandant de groupement, d’anticiper la manœuvre opérationnelle face à une thématique sensible en lien avec les autorités départementales.

En 2022 par exemple, le travail des analystes renseignement du groupement a permis d’anticiper l’implantation d’un mouvement complotiste à dérive sectaire « One Nation » sur le territoire d’une petite commune lotoise.

Dans le département du Lot, l’ordre public reste une problématique impactante puisque sur le secteur de Figeac, pendant près de 35 semaines consécutives, des manifestations ont été organisées contre l’application des dispositions sanitaires liées à la crise du COVID. Ces dernières semaines, ce sont les actions menées dans le cadre des revendications contre la réforme des retraites qui ont mobilisé la chaîne renseignement du groupement.

Nous apportons également une attention particulière à la lutte contre la radicalisation violente et même si le territoire lotois est à ce jour préservé, chaque semaine je participe avec le commandant de groupement au groupe d’évaluation départementale (GED), dispositif qui, autour de notre préfète, réunit l’ensemble des partenaires, la DGSI, le SDRT et la DMD.

Dans le domaine de la prévention, mon action, dès ma prise de fonction en septembre 2019, s’est concentrée sur la thématique sensible des violences intrafamiliales. La participation au grenelle contre les violences faites aux femmes m’a rapidement permis d’établir de nombreux contacts avec les associations et partenaires institutionnels lotois. De ces contacts, est née une relation de confiance entre les différents partenaires et la gendarmerie permettant une meilleure prise en charge des victimes, en allant par exemple, grâce à notre dispositif de travail en mobilité UBIQUITY, au sein des structures d’urgence pour recueillir les plaintes des victimes de violence conjugale.

De même, un important travail mené avec le conseil départemental du Lot a conduit, après plusieurs mois de travail, à la création du premier poste d’intervenant social en gendarmerie (ISG), un dispositif qui assure une meilleure prise en charge sociale des victimes de violence mais également qui permet de recentrer le gendarme sur son cœur de métier. Un deuxième poste d’ISG devrait venir compléter l’offre lotoise dans les prochaines semaines.

Enfin, le 1er septembre 2022, le groupement du Lot a inauguré la Maison de Protection des Familles (MPF), unité dédiée à la lutte contre les violences intrafamiliales qui assure un important volet préventif de ce contentieux, multipliant les actions que ce soit auprès des scolaires, des instituts de formation des professions médicales, des associations ou des collectivités territoriales.

Pour être complet, dans le domaine de la prévention des cybermenaces, il est également important de souligner l’engagement des gendarmes lotois, qui, autour de l’adjudant-chef Bastien SANCHEZ, expert en nouvelles technologies (NTECH) ont développé un réseau particulièrement actif, multipliant les interventions au profit des établissements scolaires, des PME et des collectivités territoriales. S’appuyant sur des supports novateurs et interactifs, la cellule de prévention CYBER a ainsi, depuis le début de l’année, sensibilisé plus de 1000 élèves lotois au cyberharcèlement sans oublier, avec un discours adapté à ce public, leurs parents.

Ces différentes actions doivent être valorisées et la communication en interne ou en externe prend une place prépondérante.

Ainsi, sur ce volet, je me suis attaché à constituer des contacts de proximité avec nos représentants de la presse quotidienne régionale, avec les acteurs locaux de l’information en ligne, avec les radios également ou les équipes de France télévision que nous sollicitons pour accompagner notre actualité.

Pour renforcer ces échanges, un point presse quotidien est également effectué continuant à maintenir des relations professionnelles de confiance.

Enfin, le groupement de gendarmerie du Lot est présent sur le réseau social Facebook, une page que je me suis employé à développer et qui aujourd’hui est suivie par 36000 followers, une page où le ton est parfois décalé et qui contribue à renforcer ce lien de proximité que nous entretenons avec la population lotoise.

Soucieux de suivre les évolutions de mon institution, mais également de participer activement au dialogue interne à mon institution, j’ai été désigné par mes pairs en novembre 2019, conseiller concertation au niveau du département pour la catégorie des officiers que j’ai eu ainsi l’honneur de représenter. Une fonction qui m’a permis d’être pleinement intégré à la chaîne décisionnelle du groupement, tant le dialogue interne a été valorisé par le colonel Philippe PHAVORIN, commandant de groupement.

Quel chemin parcouru jusqu’au grade d’officier adjoint, renseignement,
prévention
et communication ?

Après une scolarité « chaotique », non bachelier, en février 1992 je suis incorporé à l ‘école de gendarmerie de Tulle en tant que gendarme auxiliaire pour effectuer ma période de service militaire. Dès lors, je ne vais plus plus quitter cette institution.

En juillet 1993, j’effectue ma formation initiale à l’école de gendarmerie de MONTLUCON avant d’être affecté à l’escadron de gendarmerie mobile de GUERET (23). J’y trouve un cadre et j’y développe le goût de l’effort et l’envie de me surpasser au sein du peloton d’intervention, en participant à de nombreuses missions diversifiées, allant de la protection rapprochée d’une autorité préfectorale en Corse, à des missions en territoire ultra marin ou en opération extérieure au Congo – Brazzaville.

Le 1er avril 2000, mon changement de subdivision d’arme me conduit à la brigade de MOISSAC (82), une unité en zone périurbaine à l’activité chargée qui contribuera grandement à mon épanouissement au sein de l’institution et qui développera chez moi un goût prononcé pour la police judiciaire. Après l’obtention de la qualité d’officier de police judiciaire, je débute une carrière de gradé d’encadrement avant de rapidement accéder à mon premier commandement à la brigade territoriale de CASTELSARRASIN (82). Puis il m’est confié la direction d’un groupe d’enquête dédié à la lutte contre les cambriolages et, simultanément, je prends le commandement de la brigade de recherches de CASTELSARRASIN en 2010.

En 2012, j’accède à l’épaulette via le recrutement interne et nommé lieutenant je suis affecté le 1er à la communauté de brigades de SAVIGNAC-LES-EGLISES (24), une expérience de commandement fondatrice qui conditionnera la suite de mon engagement.

En 2016, placé à la tête de la communauté de brigades de FLEURANCE (32), l’expérience acquise sur mon précédent poste me permet de me positionner au plus près des préoccupations de la population et des élus sur un territoire profondément attaché à ses gendarmes.

Au terme d’une expérience de trois ans, j’ai rejoint le groupement de gendarmerie du Lot à CAHORS (46).

Souhaites-tu faire passer des messages aux lecteurs ?

Plus on avance dans la carrière et plus la notion de transmission prend du sens.

Le 1er août 2023, j’ai rejoint l’école de gendarmerie de Tulle (19) en qualité de commandant de la 1ère compagnie d’instruction, 30 ans après quitté cette école de formation. La boucle n’est pas encore bouclée mais je puise dans ce parcours un regain de motivation que je m’attacherai à transmettre à mes futurs élèves.

De plus, à un moment où les objectifs fixés par la Loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI 2023-2027) en matière de recrutement sont importants (12000 gendarmes / an), contribuer en formant des futurs sous-officiers à la mise en place des projets structurant de mon institution comme les 200 nouvelles brigades, la professionnalisation des pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie ou la création de 7 escadrons de gendarmerie mobile ainsi que de nouveaux moyens capacitaires en matière de luttes contre les cybermenaces, renforcent aujourd’hui encore ma volonté d’engagement au sein de l’institution.

Pour cela, je vais m’attacher à transmettre mon expérience pour préparer les sous-officiers de gendarmerie de demain en cultivant les valeurs que chaque gendarme doit avoir, la compétence, la capacité à maintenir son engagement professionnel, le courage et la redevabilité que nous devons avoir à l’égard des élus et donc de la population.

Tes passions sont-elles toutes tournées vers le sport ?

J’ai toujours pratiqué une activité physique, ma pratique sportive s’est orientée depuis plusieurs années vers la course à pied. Après avoir couru une dizaine de marathons sur route c’est maintenant les trails et les ultra-trails qui occupent une grande partie de mes loisirs. Ainsi en 2021, après 47 heures d’effort, j’ai pu terminer la Diagonale des fous, une course de 165 km qui traverse l’île de la Réunion, un souvenir marquant qui renforce aujourd’hui encore ma volonté sur ce type d’effort ou l’accomplissement de mes missions quotidiennes. Il y a encore quelques jours, c’est l’ultra trail du Puy Mary à AURILLAC qui m’a offert une petite balade de 112 km dans les montagnes cantaliennes….

Et pour concilier course à pied et activité professionnelle, j’ai amené avec moi les gendarmes lotois sur plusieurs projets sportifs, l’Ekiden de CAHORS (relais de 42,195 km par équipe de 6 coureurs) et très récemment nous avons accompagné Tiphaine, jeune femme en situation de handicap, en joëlette sur le semi-marathon de Cahors.

Je garde également un peu de mon temps libre pour des escapades en van, au plus près de la nature, pour poursuivre ma découverte des montagnes alpines et pyrénéennes.

Et puis, il y a le rugby, un sport que j’ai pratiqué et qu’aujourd’hui je me contente de suivre assidûment tant les valeurs qu’il véhicule me correspondent. Fervent supporteur du club de Brive, je pourrai dès l’année prochaine, confronté les résultats de mon club de cœur, à celui de mon commandant de groupement dont les attaches sont situées plus à l’Ouest !

Ecusson de l’École de gendarmerie de Tulle (19)

Très belle suite Nicolas ! 

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2 commentaires
  1. PHAVORIN dit

    La gendarmerie offre de véritables opportunités de carrière pour celles et ceux qui souhaiteraient bénéficier de l’escalier social de l’institution.
    Le capitaine NENIL est l’un de ces collaborateurs qui s’est donné les moyens de s’élever sans jamais perdre de vue l’essentiel, faire monter en compétence ses subordonnés.
    Je sais que c’est dans cet esprit que cet officier remplira ses obligations en terme de formation initiale dont les enjeux sont considérables pour l’avenir.

    1. Miss K dit

      Un remerciement Philippe PHAVORIN pour le commentaire enthousiaste. Bien cordialement, Miss K.

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