Interview de Fernand GONTIER, Directeur Central de la Police Aux Frontières. DGPN-DCPAF
Le lundi 19 février 2024 est une de ces journées qui comptent dans une vie. Une journée pour Fernand GONTIER qui annonce la publication de son premier livre : La face cachée de l’immigration aux Editions Baudelaire (Essai au format 21 x 14,8 cm – 304 pages).
Je me souviens de son interview pour Miss Konfidentielle publiée le jeudi 07 janvier 2021 qui mentionnait une petite partie de son métier et qui donnait envie d’en apprendre bien davantage pour comprendre les sujets de l’immigration. Aujourd’hui en âge de la retraite, Fernand Gontier consacre du temps à l’écriture.
07 janvier 2021 – Miss Konfidentielle a le privilège de commencer l’année 2021 en s’entretenant avec Fernand GONTIER. Un homme qui a su évoluer au sein de la Police nationale avec succès tout en conservant sa simplicité. Attaché à toujours rester proche du terrain, il occupe depuis 2017 la fonction de Directeur Central de la Police Aux Frontières. Un poste clef à l’heure du Brexit mais pas que… vous êtes invités à découvrir son univers et ainsi à mieux comprendre les sujets qui font l’actualité.
Bonjour Fernand,
Il serait pertinent pour commencer l’interview de nous présenter la PAF (Police Aux Frontières) et la DCPAF (Direction Centrale de la Police Aux Frontières).
Bonjour Valérie, tout d’abord je souhaite présenter tous mes vœux au media Miss Konfidentielle et à ses lecteurs pour l’année 2021 qui débute.
Vous avez raison, la PAF mérite un éclairage car elle englobe plus de missions que l’on peut penser.
La PAF contrôle l’essentiel des flux internationaux de personnes aux frontières extérieures et intérieures et elle entretient des relations de complémentarité avec les services des Douanes pour le contrôle aux frontières. Elle travaille très étroitement avec la Direction Générale des Etrangers en France sur les aspects juridiques notamment .
Elle développe un partenariat constant avec les opérateurs de transport (aéroports, ports, SNCF, tunnel sous la Manche…) afin d’assurer la sécurité des voyageurs et des usagers.
Nous communiquons surtout sur les trafiquants de migrants, les filières, la fraude documentaire , le travail illégal réalisé dans des conditions dégradantes, l’exploitation des migrants que l’on nomme « les esclavagistes des temps modernes ».
La France est un des pays d’Europe le plus spécialisé sur la répression judiciaire des trafiquants et compte plus de 600 enquêteurs sur son territoire et à l’étranger.
Je peux vous préciser trois dates historiques de la PAF…
1973 : création de la Police de l’Air et des Frontières qui devient un service central autonome en se détachant des Renseignements Généraux ;
14 octobre 1994 : décret de création de la Direction Centrale du Contrôle de l’Immigration et de la Lutte contre l’Emploi des Clandestins (D.I.C.C.I.L.E.C) ;
29 janvier 1999 : l’indispensable maîtrise des flux migratoires et le développement de nouvelles missions nécessitent de restructurer l’échelon central sous l’appellation de Direction Centrale de la Police Aux Frontières (DCPAF).
… et les missions de la PAF.
Le contrôle transfrontière des personnes sur 45 points de passages frontières (PPF) de l’espace Schengen et, en période de rétablissement des contrôles aux frontières intérieures (RCFI), sur 155 points de passage autorisés ;
La lutte contre l’immigration irrégulière organisée, d’emploi d’étrangers sans titre et de fraude documentaire. Elle dispose à cette fin d’une unité interministérielle de coordination opérationnelle de la lutte contre le trafic et l’exploitation des migrants (UCOLTEM) ;
L’éloignement des étrangers séjournant irrégulièrement en France, de la gestion et de la garde de 23 centres de rétention administrative en métropole et en outre-mer ;
La sûreté des moyens de transports internationaux des voyageurs et de l’unité de coordination de la sécurité des moyens de transport ;
Coordination, au plan national, du dispositif de sécurité des personnes et des biens sur les réseaux ferrés (Service National de Police Ferroviaire (SNPF), Brigades des Chemins de Fer centrale, zonales (6 BCFZ) et locales (3 BCF) ainsi que les autres partenaires) et de missions de police sur les emprises aéroportuaires, voire portuaires et ferroviaires de sa compétence (lien fixe Transmanche par exemple) ;
La lutte contre la fraude documentaire et à l’identité. Dans ce cadre, sa mission consiste à maintenir la capacité de la France à détecter les faux documents d’identité et de voyage et de permettre à l’ensemble des administrations de disposer d’outils de détection à la fraude documentaire et à l’identité ;
De la formation de ses agents dans leurs spécialités (détection du comportement des personnes, contrôleur sûreté, imagerie radioscopique, réglementation transfrontière, fraude documentaire…) ;
Au plan des relations internationales, la DCPAF assure la coordination des 10 centres de coopération policière et douanière. La DCPAF anime, conjointement avec la direction de la coopération internationale (DCI), le réseau des officiers de liaison immigration (OLI) et des conseillers sûreté immigration (CSI) postés dans les principaux pays source d’immigration ou de rebond. En tant que point de contact national Frontex, elle assure la suppléance de la DGEF au sein du Conseil d’Administration de l’agence et coordonne le déploiement des policiers, gendarmes et douaniers lors des opérations conjointes organisées par l’agence européenne sur les frontières extérieures ;
La DCPAF, par le biais de ses 7 brigades de police aéronautiques, des missions aériennes dans le cadre de la mise en œuvre d’éloignements spécifiques mais aussi au profit des autres directions de la Police Nationale. Elle assure par ailleurs, le rôle de direction de référence auprès de la DGPN dans le domaine de l’emploi des drones.
La réglementation est très complexe. Il y a une formation, une technicité à acquérir. Et il est vrai que nous sommes des spécialistes.
Les sujets que nous traitons sont sensibles politiquement et il est souhaitable d’avoir une communication opportune. Cette discrétion peut donner l’impression à l’opinion publique que nous travaillons peu. Mais ce n’est pas le cas. Bien au contraire.
Quel est votre rôle concrètement en tant que DCPAF ?
En tant que Directeur Central de la Police Aux Frontières au sein du ministère de l’Intérieur, je dirige une direction active de la Police nationale forte de plus de 12 300 femmes et hommes tant en métropole qu’en Outre-mer et à l’étranger dans des missions de police administrative et judiciaire, d’expertise, de formation et d’appui à des pays tiers.
Ma mission principale consiste à coordonner la lutte contre l’immigration avec d’autres services (Préfecture de Police, Gendarmerie, Sécurité Publique, Forces Mobiles, Armée) et à animer les services territoriaux sur des sujets techniques et sensibles.
Je suis le conseiller technique du Directeur Général sur les questions de frontières et d’immigration. Je travaille régulièrement en lien avec le cabinet du Ministre.
La coopération internationale est essentielle et plusieurs de mes homologues européens sont devenus des amis. La frontière, je le dis souvent est une couture et non une fracture.
Les frontières doivent rassurer : c’est le début de notre souveraineté et c’est là que la sécurité des français commence mais aussi un lieu de partage avec nos voisins pour maîtriser des flux irréguliers ou réprimer des trafics transfrontaliers.
Ce poste est l’aboutissement d’une carrière intégralement (fait unique) consacrée à la PAF sous ses diverses appellations dans l’histoire.
J’ai eu la chance d’avoir un exemple pour m’inciter à intégrer la maison puis un tuteur pour m’apprendre la spécialité puis des directeurs de grand renom qui ont fait grandir l’institution (Robert Broussard, Pierre Debue,Frédéric Perrin, David Skuli …)
Mon bureau est un petit musée de la PAF. Je connais toutes les facettes de cette direction mais sans pour autant basculer dans le conservatisme.
La DCPAF est un service « ouvert vers les autres FSI (Forces de sécurité intérieure) ».
Le mouvement et l’agilité du service lui a permis de suivre toutes les évolutions sociétales, juridiques, les évolutions européennes … et de gérer les crises notamment depuis 2015 (terrorisme et flux migratoire massifs).
Compte-tenu de l’ampleur de vos sujets au quotidien, et afin d’être clair auprès des lecteurs, pourriez-vous répondre de manière factuelle et synthétique aux questions suivantes ?
Oui bien sûr !
- Quels sont vos sujets liés à l’actualité ?
Le Brexit
L’évaluation de la France par la commission Européenne Schengen au printemps 2021
L’éloignement des personnes radicalisées
Le continuum de sécurité avec les opérateurs de transport
L’externalisation de certaines fonctions non régaliennes
La création d’une brigade franco-italienne des polices aux frontières
La lutte contre les traversées maritimes et les trafiquants de migrants en Manche/Mer du Nord
La mise en oeuvre de moyens aériens (drones et avions)
- Quelles sont vos conduites de projets bien engagées ?
La préparation de la France à la mise en place du Corps Européen de Garde Frontières et Garde-Côtes
Une gestion de la frontière franco-espagnole pendant le G7
La montée en puissance des Centres de Rétention Administrative et des éloignements vers les pays d’origine notamment les sortants de prison ou personnes connues pour troubles à l’ordre public
Le contrôle des frontières avec le développement des technologies notamment la reconnaissance faciale et de nouveaux outils pour les Garde-Frontières
La pression migratoire en provenance d’Italie et d’Espagne
La création en Afrique de l’Ouest d’unités de lutte contre les trafiquants de migrants
La gestion des contrôles aux frontières liés au Covid 19
La réorganisation de la DCPAF
- Des projets que vous pouvez évoquer ?
Les systèmes d’information européens (EES et Etias) pour mieux contrôler les frontières de l’UE
La mise en place en 2021 du Corps Européen de Garde –Frontières et Garde –Côtes
La préparation de la présidence française de l’UE
- Des pistes de réflexion à mener visant à améliorer encore davantage le travail des équipes de la PAF, notamment sur le terrain ?
Une bonne adaptation des effectifs à la mission : volume, horaires, organisation…
Des technologies mobiles de contrôle notamment biométriques (véhicules, terminaux embarqués ou piétons), la lutte contre la fraude documentaire et à l’identité.
Merci Fernand. C’est impressionnant.
Il serait bien trop long malheureusement dans le cadre de cette première interview de développer tous les points, pour autant il serait instructif de développer certains.
Comme vous le constatez, nous n’avons pas le temps de nous ennuyer !
Et c’est précisément ce qui fait la richesse de ce métier.
Le point fort à retenir sur notre évolution générale est que l’on tend à devenir une police européenne des frontières pilotée par l’agence Frontex. On sent bien que l’Europe souhaite davantage contrôler et soutenir les organisations nationales afin de « resserrer les mailles » parce que les opinions publiques aspirent à un espace européen sécurisé .
Cette réalité fait suite au double électrochoc que nous avons vécu en Europe en 2015 : le terrorisme et l’entrée en Europe de 2 500 000 migrants.
L’Europe accueille des migrants économiques et il faut assurer des criblages de sécurité. Cependant je pense dommage de trop politiser nos sujets car nous ne gérons ni une forteresse, ni une passoire. Je ne connais pas de frontière hermétique. Les exemples du mur de Berlin (souterrains, catapultes..), d’Israël, des Etats-Unis… prouvent qu’il est toujours possible de passer une frontière lorsqu’on l’a décidé.
Aujourd’hui, nous sommes à la croisée des chemins. Les Etats sont certes très jaloux de leurs prérogatives. Mais avec la pandémie de la Covid-19, nous avons besoin de travailler ensemble au contrôle des frontières.
Je pense aux années 80 (accords de schengen de 1985 ) période relativement calme où nous nous sommes ouverts en supprimant les contrôles aux frontières intra-européennes. Tout allait bien sur le plan économique. L’attractivité de l’Europe reste un facteur de croissance économique ( tourisme, flux de marchandises )
Depuis le 13 novembre 2015 (Bataclan), nous avons rétabli le contrôle aux frontières pour nous protéger des terroristes. Mais on s’est aperçu que cette décision a révélé des entrées intra-européennes et des flux secondaires.
Ainsi on constate en 2019, 10 000 refus d’entrées environ sur les frontières extra-européennes de notre territoire en métropole (ports et aéroports) et 50 000 refus d’entrées environ sur les frontières intra-européennes en métropole.
Environ 130 000 demandes d’asile ont été enregistrées en 2019 en France. Le processus des demandes d’asile prend du temps pour envisager notamment en cas de refus un retour dans le pays d’origine.
S’agissant des migrants économiques, cela génère un important travail car il faut déterminer l’identité, la nationalité, l’âge, obtenir le cas échéant une reconnaissance par le pays de retour … dans le délai contraint de la rétention administrative. De plus, la fraude documentaire et à l’identité sont utilisées pour échapper aux identifications.
Nous sommes en plein BREXIT. La Grande-Bretagne nous quitte. La Manche nous sépare davantage. C’est la première fois qu’un pays quitte l’Union Européenne et j’avoue que cela me semble bizarre, comme une régression. Il va falloir nous réapproprier les frontières avec ce pays si proche physiquement mais qui a choisi une autre voie. J’étais présent le 31 décembre avec les personnels pour le passage au Brexit sur les sites où la DCPAF exerce les contrôles des personnes (Calais, Douvres, Chériton …) : nous sommes bien préparés et tout sera fait pour concilier sécurité et fluidité.
On a une police aux frontières très ouverte vers la coopération en France. Ce qui est une force.
Je dis toujours que la police aux frontières est prestataire pour les autres.
C’est le cas de l’Italie avec laquelle nous venons de créer une brigade franco-italienne des frontières, des pays africains par exemples avec lesquels nous développons des projets.
C’est ainsi que je suis allé en 2018 au Niger en vue de lutter contre les filières intra-africaines. Il est instructif de collaborer ainsi avec d’autres pays et continents. Cela permet d’avoir une vision plus globale et de lutter contre les trafics en amont du continent européen dans le cadre de partenariats conjoints .
- Souhaitez-vous faire passer des messages ?
Il me semble que le message principal est de rappeler que notre police est républicaine et que la PAF est respectueuse des droits des personnes quelles que soient leurs origines.
Pour moi , la déontologie est consubstantielle à notre activité éminemment sensible car touchant à la vie des personnes . Les migrants sont des personnes qui ont une histoire , un métier , des relations dont familiales avec leurs pays d’origine , etc ..: l’approche de la PAF doit rester humaine.
Vous savez que Miss Konfidentielle attache de l’intérêt au côté humain lors de ses interviews. Que souhaitez-vous partager avec les lecteurs ?
Absolument. Et c’est ce qui fait l’intérêt aussi de vos interviews. Derrière les forces de l’ordre il y a des personnalités, des familles. Comme tout citoyen.
Je vais vous parler un peu de mon parcours.
Je suis originaire des quartiers nord de Marseille, ceux qui connaissent savent que ces quartiers sont populaires. Cela m’a permis d’avoir des amis de toutes origines et religions : cela m’a ouvert vers d’autres cultures. Marseille est un bel exemple de brassage : donc , le racisme m’est totalement inconnu.
Tout en étant attaché à mes racines, j’ai souhaité bénéficier de « l’ascenseur social » grâce à l’école publique avec le soutien de bourses d’étude .
Après le Bac, pensant que le droit mène à tout, j’ai décidé de suivre une licence de droit à Aix Marseille 3 que j’ai complété par la formation à l’ENSP (Ecole Nationale Supérieure de la Police) après ma réussite au concours national de commissaire de police.
En fin d’études, je me suis orienté vers la police qui offre des métiers variés.
Celui-ci m’a plu car il est ouvert vers les autres avec le partenariat privé/public, et aussi vers les pays étrangers.
Ce n’est pas un métier de fonctionnaire classique. La diversité, le management des personnels,
les rencontres avec des personnes d’univers différents sont tout autant de raisons de se plaire.
J’ai intégré la PAF en 1985 en qualité de chef de service PAF à Dunkerque puis chef de l’aéroport international de Bâle-Mulhouse, directeur de la PAF de l’Ain, des Pyrénées Orientales, de la zone PAF Sud-Est à Lyon.
Sous-directeur de l’immigration et des services territoriaux à la DCPAF avant d’être directeur central adjoint de la DCPAF. Depuis 2017, je suis le DCPAF.
En choisissant ce métier, j’ai pu évoluer et comprendre mes équipes, connaître mes collègues dans les pays limitrophes qui sont devenus des amis, voyager dans le monde et découvrir la France qui est le plus beau pays du monde.
Vous aimez beaucoup voyager à vous écouter…
Tout à fait.
La Turquie me fascine, située entre deux mondes, l’Occident et l’Orient. Un pays d’une grande richesse culturelle.
Les pays d’Afrique aussi. Les africains sont très attachants. Ils ont une capacité forte à sonder l’humain. Rien qu’en serrant la main par exemple. La Guinée, le Niger, le Tchad m’ont marqué.
En France, j’aime visiter les châteaux (les pays de Loire avec Chenonceaux, Amboise, l’Ile de France et le Périgord avec ses châteaux forts …) qui me font voyager dans l’histoire et la géographie. Notre Histoire en France est fantastique.
J’apprécie également la musique. Toutes les musiques sauf le jazz. Avec une préférence pour le rock qui permet de m’évader : le rock des années 80 plutôt rock progressif (Génésis, Pink Floyd Pendragon ou encore Led Zeppelin, The Who, Queen ou encore plus récent MUSE ou Coldplay.
Et puis la course à pied pour la convivialité et l’effort physique mais aussi un excellent anti-stress : semi-marathons, 10 kms, trail, course nature en forêt, la randonnée dans le Beaujolais où j’ai acquis une maison.
Notre entretien touche à sa fin. Une philosophie de vie vous guide t-elle ?
J’ai l’honneur de servir mon pays : ma philosophie c’est de rester soi-même, de se souvenir de ses racines, des valeurs données par ses parents et d’essayer de les transmettre.
Je pense que les choses se font naturellement et les rencontres vous construisent, vous changent.
Il faut s’adapter également en permanence aux situations du moment et anticiper afin de gérer les crises et les imprévus. La gestion du stress mais aussi des déceptions est importante dans notre métier. Je suis plutôt un optimiste lucide !
Miss Konfidentielle ne cache pas qu’elle aurait aimé passer plus de temps encore avec Fernand GONTIER dont le parcours, les missions, les actualités foisonnent ! Ses missions, comme celles de ses équipes contribuent à renforcer notre sécurité au quotidien. Merci à eux.
Une photo dédiée aux équipes cynophiles et à leurs compagnons.
Notes importantes :
Il est obligatoire d’obtenir l’autorisation écrite de Valérie Desforges, auteur de l’interview, avant de reproduire tout ou partie de son contenu sur un autre media.
Il est obligatoire de respecter les légendes et le copyright des 10 photos publiées dans l’interview.