Interview de Laure Ménétrier : figure culturelle de Beaune… et bientôt d’Epernay

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27 décembre 2019 – C’est avec plaisir que Miss Konfidentielle s’est entretenue avec Laure Ménétrier, directrice des Musées de Beaune, et reconnue pour son engagement dans le monde culturel. Retour sur 15 années passionnantes … et annonce de son nouveau challenge à Epernay !

Bonjour Laure,

Etes-vous originaire de la jolie ville de Beaune ?

Non pas tout à fait ; je suis née à Dijon, capitale de la Bourgogne … et depuis 15 ans je travaille à Beaune, capitale du Bourgogne, deux très belles villes ! 

Votre attirance pour le monde culturel est-elle récente ?

Depuis mon plus jeune âge, je suis attirée par le monde de la culture, des arts et des idées. Je crois que dès que j’ai su lire, on m’a toujours vue avec un livre à mes côtés ! Après un début de cursus universitaire en histoire, je suis entrée à l’Ecole du Louvre, merveilleux établissement d’enseignement d’histoire des arts et des civilisations à Paris, d’où je suis sortie diplômée. Je suis également titulaire d’un Master II en histoire de l’art de l’Université de Bourgogne.

En cette fin d’année 2019, vous fêtez 15 années consacrées à la valorisation culturelle de Beaune. Ce n’est pas rien !  L’occasion peut-être de dresser un bilan…

Effectivement, 15 années ce n’est pas rien ! Je travaille au sein de la Ville de Beaune depuis 2004.

En 2010, j’ai été nommée à la tête du service mutualisé des Musées, ce qui me conduit à gérer 3 Musées de France : le musée des Beaux-arts, le musée du vin de Bourgogne et le musée Marey. Cela signifie que je pilote des aspects incontournables au fonctionnement de ces établissements : aussi bien la gestion (inventaire et récolement notamment) que la mise en valeur des collections et les facettes administratives, managériales et techniques.

Grâce au soutien d’Anne Caillaud, adjointe à la Culture, et de Sonia Dollinger, directrice du Patrimoine culturel, nous avons pu procéder à la rénovation du musée du vin de Bourgogne de 2013 à 2018 : modernisation du parcours muséographique, actualisation du propos, mise en réseau avec des partenariats culturels, touristiques et quelques mécénats qui ont été un vrai coup de pouce. 

J’ai également été la commissaire de belles expositions (celle sur le peintre Félix Ziem en 2011-2012). Monter une exposition s’apparente à une synthèse de nos missions et de nos métiers : c’est d’abord un peu comme une enquête policière – on exhume des archives, on vérifie ses sources – puis vient le moment de la restitution, du partage et de l’interprétation. 

Par ailleurs, j’ai eu la chance de représenter la Ville de Beaune au sein de l’association des Climats du vignoble de Bourgogne, candidats au Patrimoine mondial de l’Unesco, dès 2007. Professionnellement, cela a été une expérience très enrichissante : s’interroger sur l’identité d’un territoire, en l’occurrence la Bourgogne viticole comme modèle de viticulture de terroir, et fédérer les acteurs de ce dernier pour garantir sa préservation et sa transmission aux générations futures. Je remercie en cela le Maire de Beaune de m’avoir confié cette mission. 

Une déception ? Les collections du musée des Beaux-arts (peintures et sculptures essentiellement : Brueghel de Velours, François Rude, Félix Ziem, Paul Day…) mériteraient que le musée soit plus grand pour une meilleure valorisation.

Un espoir ? J’espère que le musée Marey ouvrira prochainement, même si je suivrai cela de l’extérieur et d’un peu loin désormais. 

A vous écouter, vous vivez une période de transition. Allez-vous nous annoncer que vous vous lancez dans une nouvelle aventure ?

Oui en effet, dès le mois de février 2020 je deviendrai la nouvelle directrice du musée du vin de Champagne et d’archéologie régionale à Epernay… Je ne quitte pas le Patrimoine mondial de l’Unesco puisque le Château Perrier qui abrite ce musée est situé avenue de Champagne. C’est l’un des sites témoins du dossier des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco le même jour que les Climats en juillet 2015 ! 

Il s’agit d’un très beau challenge à relever. Fermé pour des raisons de sécurité en 1998, le musée rouvrira ses portes au public en mars 2020. La Ville d’Epernay s’est engagée dans un vaste projet de réhabilitation du Château Perrier dont la finalité est de partager avec le plus grand nombre une demeure et des collections de renommée internationale (une des plus importantes collections d’archéologie nationale et un fonds vitivinicole remarquable). 

Le défi sera celui d’inscrire ce musée dans le territoire, à la fois comme un équipement culturel et touristique incontournable, un lieu de référence d’un point de vue scientifique et un espace d’échanges et de débats. Bref, faire connaître et faire vivre cette institution afin que chacun – habitants, touristes, acteurs économiques, chercheurs, jeune public …– puisse se l’approprier.  

C’est très enthousiasmant. Mais ne brûlons pas les étapes – premier objectif : rejoindre la Ville d’Epernay et l’équipe des musées – qui a mené un travail de titan de suivi du chantier des collections et de la programmation muséographique – et piloter l’ouverture du musée dans les meilleures conditions.   

Félicitations pour ce challenge. Celui-ci laissera t-il la place à des moments de détente ?

Effectivement, les frontières sont floues et poreuses entre ma vie professionnelle et ma vie privée. Je suis une curieuse de beaucoup de choses … et 24 heures dans une journée me semblent bien peu ! 

Outre les musées que je parcours dès que j’en ai le temps, la littérature, le cinéma et les vins sont au cœur de ma vie. Je donne d’ailleurs fréquemment des conférences sur ces sujets. Et pour évacuer et se ressourcer …  de la randonnée et de la course à pied. Découvrir d’autres cultures à travers des voyages fait aussi partie des expériences qui me motivent et me font avancer, avec tout d’abord un pays dont je ne me lasserai jamais, l’Italie. J’y retourne régulièrement tant pour l’art, les vins, l’art de vivre, le sens de la beauté, la gastronomie, la langue, le cinéma… Je pense également à l’Amérique du Nord pour ses grands musées et pour ses paysages. Les Rocheuses, du Yellowstone au Jasper national park, m’ont beaucoup impressionnée avec ce contact fort et (presque) authentique que l’on peut avoir avec la nature, c’est enivrant. Enfin, je reconnais un véritable coup de cœur esthétique pour les civilisations pré islamiques et islamiques et leur sens du décoratif dans la céramique, les textiles, l’architecture, l’enluminure. La Perse (l’Iran) surtout … une civilisation d’une richesse et d’un raffinement rares et où j’ai rencontré beaucoup de personnes très accueillantes et chaleureuses.

Un dernier mot avant de nous quitter ?

J’aspire à pouvoir mettre à profit mon envie de partager et de transmettre tant sur le plan personnel que professionnel. Et s’enrichir grâce à des rencontres littéraires, artistiques et humaines … car comme dit un proverbe chinois, « On commence à vieillir quand on finit d’apprendre » ! 

Merci Laure pour ce partage. Lorsque le musée du vin de Champagne et d’archéologie régionale à Epernay ouvrira ses portes, Miss Konfidentielle sera ravie de découvrir le lieu.

A respecter : Copyright de toutes les photos publiées © Laure Ménétrier 

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