Interview de Nicolas Boulanger, Responsable du Comité Sécurité Intérieure des Jeunes IHEDN

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Le 27 janvier 2021 – Miss Konfidentielle met en lumière le gendarme responsable du Comité Sécurité Intérieure des Jeunes IHEDN Nicolas Boulanger qui non seulement a répondu présent avec enthousiasme et humilité à l’exercice complexe de l’interview… et a aussi relevé le défi lancé par Miss Konfidentielle de réaliser lui-même ses premières interviews sur le terrain en vue de valoriser la nouvelle génération de gendarmes ! Félicitations à lui. 

Bonjour Nicolas,

Quel parcours vous a mené au poste de Responsable du Comité Sécurité Intérieure des Jeunes IHEDN ?

Je suis né à Paris, d’un père parisien et d’une mère originaire de Calais. Rapidement, mes parents ont pensé que nous serions plus heureux sur la Côte d’Opale, alors nous avons déménagé.

J’ai ainsi passé mon enfance sur cette terre du Nord riche par son histoire, ses paysages et ces gens qui la peuplent. Le Nord de la France a toujours été une terre d’intérêt et ce à toutes les époques : Rome Antique, Moyen-Age, Empire, guerres mondiales (14-18 et 39-45)… C’est une terre de mémoire et d’interactions humaines fortes. Pour l’anecdote, Édouard Lévêque, peintre touquettois, écrivain, botaniste, est l’inventeur de l’appellation « Côte d’Opale » en février 1911.

  • Quel a été votre parcours étudiant ? Et pourquoi ces choix ?

J’ai eu un parcours étudiant non linéaire mais dont l’objectif au fond était de « rentrer dans l’Armée ».

Cette idée m’est venue très tôt lors de la participation de notre famille aux diverses cérémonies patriotiques.

Mes parents n’étaient pas militaires. Pour autant, j’ai vécu la première partie de ma vie dans cet univers mêlé d’histoires, d’uniformes, de drapeaux… A ce titre mon enfance a été baignée de récits d’anciens combattants et de résistants issus des recherches effectuées par mes parents pour l’écriture d’un livre.

Ensuite, à l’issue d’un bac « S » , j’ai tenté le concours d’entrée à l’ESSA de Bordeaux (anciennement Santé Navale). Puis j’ai effectué deux premières années de médecine à l’Université Paris V Descartes.

La voie d’Hippocrate s’arrêtant là pour moi, je me suis réorienté vers une autre branche de mon université : le Droit.

En suivant mes études, j’ai ressentis le besoin croissant d’être « utile » à mon pays.
Je souhaitais donner de mon temps pour la protection des personnes qui m’entourent et la défense des valeurs de notre patrie.

Dans l’époque actuelle ce genre de discours peut paraître désuet voire politiquement marqué mais ce n’est pas le cas.

Je me suis donc renseigné sur les carrières militaires possibles. J’ai alors intégré la réserve opérationnelle de la Gendarmerie nationale en 2012.

A l’issue d’une préparation militaire gendarmerie, j’ai pu effectuer diverses missions de renfort aux unités opérationnelles, côtoyant ainsi « l’active ». J’alternais entre les cours à la fac et les journées de réserve.

Ce choix a été décisif puisqu’il a orienté mon parcours. J’ai présenté le concours de sous-officier de gendarmerie pendant ma troisième année de Droit. Désirant entrer dans la vie active, je voulais enfin toucher au concret du métier de gendarme (sourire).

Toujours curieux et désireux d’apprendre, j’ai postulé pour suivre une « session jeunes » auprès de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN) au sein de l’Ecole Militaire (2014).

Ponctués de conférences, visites et travaux de groupes sur des thématiques liées à la Défense, ce séminaire m’a permis de rencontrer des personnes avec des profils variés mais unis par les mêmes centres d’intérêts. J’ai pu aussi prendre conscience de la nécessité du lien « Armée-Nation » et de l’importance que son rayonnement peut avoir sur notre société.

A l’issue de cette session, j’ai adhéré à l’association des jeunes auditeurs appelée « Les Jeunes de l’IHEDN » puis suis nommé responsable d’un comité d’études.

En 2017, j’ai également suivi la session « jeune » de l’Institut des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice (INHESJ) désormais IHEMI. J’y ai approfondi mes connaissances naissantes sur ce vaste domaine qu’englobe la sécurité et la justice.

J’en ai aussi appris un peu plus sur les autres maisons existantes que sont la Police Nationale, l’administration pénitentiaire et le ministère de la Justice par exemples. Au final nous oeuvrons pour atteindre le même but.

  • Quel a été votre parcours professionnel jusqu’à votre poste actuel ?           

J’ai tout d’abord passé le concours de sous-officier de gendarmerie en octobre 2013. Puis j’ai intégré rapidement l’école de Châteaulin (dans le Finistère) en juillet 2014.

A l’issue de cette période durant laquelle j’ai pu suivre la formation initiale du gendarme (actes du combattant, maintien de l’ordre, police judiciaire), j’ai été affecté dans une brigade des Yvelines.

Dans cette unité au plus près des gens, j’ai enfin pu vivre le métier de gendarme. J’ai découvert une profession à nulle autre pareil : avec ses hauts, ses bas, ses moments de franche camaraderie, ses « coups de gueule », ses fous rires.

Nous sommes au service de la population, nous intervenons pour elle et chez elle. Et cela nous amène parfois à des situations très difficiles sur le plan humain mais aussi et heureusement à des situations cocasses.

Il s’agit d’un métier passion qui demande de l’engagement, de l’humilité, et un certain état d’esprit.

Volontaire, j’ai rapidement passé le diplôme d’Officier de Police Judiciaire (qualification interne permettant notamment d’augmenter les prérogatives en police judiciaire). Et chose importante à souligner dans notre Arme, j’ai pu continuer à me former personnellement.

J’ai choisi un autre domaine : les langues. En validant par exemple le TOEIC (anglais) grâce à la gendarmerie.

Puis grâce aux nombreuses formations proposées en interne, j’ai eu l’opportunité d’aller suivre un stage linguistique de deux semaines outre-Rhin (à Lahr) au sein d’une école de la Polizei dans le cadre du partenariat franco-allemand.

Il s’agissait d’un stage réunissant quelques militaires de la Gendarmerie nationale et des membres de la Polizei du Land pendant deux semaines. Une expérience formidable, ponctuée de cours, rencontres et découvertes que je renouvellerai sans hésitation.

C’est d’ailleurs à ce stage que j’ai pu rencontrer le Lieutenant Bertrand LOUBETTE, chef de l’UOFA, l’Unité Opérationnelle Franco-Allemande, que vous connaissez.

Vous exercez la fonction de Responsable du Comité Sécurité Intérieure des Jeunes IHEDN. Que cela signifie t-il ?

Les « Jeunes de l’IHEDN » est la première association européenne et générationnelle sur les questions d’engagement, de défense et de sécurité. Apolitique, elle est placée sous le double parrainage de la ministre des Armées et du chef d’état major des Armées.

L’association regroupe les auditeurs jeunes formés par l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale et s’ouvre à l’ensemble de la jeunesse.

Plateforme d’engagement et réservoir de réflexions, l’association offre, en France et à l’international, différents moyens de s’investir au profit des grands enjeux d’avenir qui animent notre pays.

Citoyenneté, défense, sécurité nationale, souveraineté ou encore relations internationales sont autant de thématiques sur lesquelles la jeunesse peut faire émerger des solutions concrètes et durables. Cela passe par la sensibilisation du plus grand nombre et c’est là que réside notre mission : l’Engagement.

Membre de l’association avant mon incorporation, j’ai gardé le contact puis m’y suis de nouveau investi jusqu’à présent en reprenant le flambeau au sein du comité sécurité intérieure.

A ce titre, mes prédécesseurs et nos membres ont pu participer à différents projets en lien avec la police de sécurité et du quotidien, le nouveau livre blanc, et tout récemment sur le lien que notre association a appelé « force de l’ordre – nation » à l’instar du lien armée-nation. Nous travaillons également sur divers projets de conférences, ateliers et visites avec des acteurs plus ou moins connus de cette thématique sécuritaire.

Cette association est un véritable foyer d’idées où se côtoient d’anciens auditeurs jeunes et d’autres membres volontaires, dynamiques, passionnés, de toutes catégorie et de tous niveaux animés par les mêmes intérêts.

Nous sommes des jeunes qui ont fait le choix de s’engager « apolitiquement » sur ces questions d’actualité et d’avenir afin de faire rayonner l’esprit de Défense et de maintenir ce lien fondamental avec la Nation.

A ce propos, nous avons le projet avec Eric Emeraux, ancien chef de l’OCLCH, de partager son expérience auprès des auditeurs cette année.

Pour les lecteurs de Miss Konfidentielle qui souhaitent davantage d’informations, je leur conseille de visiter le site internet jeunes-ihedn.org

Au regard de votre métier de gendarme, souhaitez-vous faire passer des messages ?

 Oui, j’aimerais bien.

J’ai envie de dire aux citoyens :  n’oubliez pas que la Gendarmerie nationale, et d’une manière générale les forces de l’Ordre, sont là pour vous et non contre vous.

La gendarmerie a pour missions de protéger, secourir, rassurer la population.

Derrière l’uniforme se trouve un homme, une femme (un père, une mère, une soeur, un frère). Avant d’entrer dans cette vénérable institution, ces hommes et ces femmes qui la composent étaient civils et se trouvaient à la même place qu’eux.

C’est un choix non sans conséquence que celui de s’engager, de mettre l’uniforme et de partir en intervention. Celles et ceux qui ont fait ce choix disent : « Nous savons quand nous partons mais nous ne savons pas quand nous reviendrons. »

Ce métier n’est pas facile, il demande de la préparation (tant physique que mentale), un goût de l’effort, du dépassement de soi, de l’abnégation et une ouverture d’esprit.

A cela je rappelle aux citoyens que nous sommes là pour eux. La Gendarmerie nationale est un rempart de la société mais aussi selon le point de vue, un miroir.

J’ai envie de dire aux jeunes qui cherchent leur voie : posez-vous la question du sens que vous voulez donner à votre vie.

Il y a bien sûr de multiples possibilités pour aider son prochain.

Celle de rejoindre la Gendarmerie nationale en est une.

Afin de découvrir l’univers de la gendarmerie, il est possible d’assister à des cérémonies. Même si l’institution semble étrangère, l’imprégnation par la symbolique et l’écoute des souvenirs des anciens sont véritablement inspirants.

A ces mêmes jeunes, je leur dirai d’oser.

Oser prendre attache avec des gendarmes pour les questionner sur leurs métiers et les aspects de leur vie courante. Franchi les portes des casernes. Prendre rendez-vous et discuter avec ces militaires.

La Gendarmerie nationale est une grande famille dans laquelle chacun peut trouver sa place.

J’ai trouvé ma place au sein de cette grande famille et j’en suis heureux.
Il s’agit là d’une jeune expérience professionnelle, un parcours commun pour les uns, atypique pour les autres, dérangeant, questionnant, intéressant… un parcours personnel certes, avec des passages obligés, avec des projets, mais toujours au service de mon Institution et de mon pays.

Ce qui est certain, c’est que je poursuivrai mon parcours au sein de gendarmerie sans déranger ou gêner mes camarades.

Quels sont vos autres centres d’intérêt ?

L’Histoire dans toute sa complexité. J’aime approfondir ces petits détails qui ont modelés le cours des événements.

A ce propos, sachant que vous appréciez les citations, j’en ai préparé trois qui « m’inspirent ».

Sur le tombeau du maréchal Lyautey se trouvent ces mots : « Être de ceux auxquels les hommes croient dans les yeux desquels des milliers d’yeux cherchent l’ordre à la voix desquels des routes s’ouvrent des pays se peuplent des villes surgissent. »

Le maréchal Foch disait « Parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir. »

Et plus récemment, également « forte », la devise de l’école de gendarmerie de Châteaulin « En tout temps, en avant » (en breton : E pep amzer war raok »).

J’apprécie l’architecture, avec une préférence pour les vieilles pierres ; les livres et atlas divers que j’amasse en attendant de pouvoir tous les lire ; les vieux gréements …

Pendant mon enfance je pratiquais la voile, plus tard sur Paris je pratiquais le tir. Deux activités passionnantes : l’une pour ses sensations et le contact avec la mer, l’autre pour sa demande de concentration que cela me procure.

Je tiens à remercier Miss Konfidentielle qui m’offre la possibilité de m’exprimer alors que je suis encore un jeune gendarme, très loin de l’expérience des gendarmes interviewés antérieurementJe suis un jeune Padawan !

Je souhaite aussi remercier ceux qui me soutiennent : ma famille, mes amis, mes chefs, mes camarades… Et qui m’encouragent à suivre ce chemin qui ne fait que commencer. Un merci aux membres de l’association des jeunes de l’IHEDN pour le soutien et leur confiance !

Miss Konfidentielle a invité Nicolas Boulanger à réaliser des interviews filmées sur le terrain. Après hésitation, Nicolas Boulanger a osé et c’est très bien ! Une première pour lui, avec les aléas du direct. 

Nicolas Boulanger, Gendarmerie nationale à Maule (Yvelines)

Nicolas Boulanger, Gendarmerie nationale à Maule (Yvelines) chez Gisèle, primeur

Nicolas Boulanger, Gendarmerie nationale à Maule (Yvelines) chez Xavier, agriculteur


Note importante

Il est obligatoire d’obtenir l’autorisation écrite de Valérie Desforges, auteur de l’interview, avant de reproduire tout ou partie de son contenu sur un autre media.

Copyright de la photo et des vidéos publiées dans l’interview :  © Nicolas Boulanger

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