Femmes de justice : interview de Gwenola Joly-Coz, Ombeline Mahuzier, Sonya Djemni-Wagner

Le 15 juin 2022 – Une superbe expérience ce lundi 13 juin 2022 avec l’association FEMMES DE JUSTICE dans le cadre de « Portraits de Femmes de Justice », 2ème partie du cycle de conférences en Grand’chambre de la Cour de cassation à Paris. Ecouter les intervenantes Gwenola Joly-Coz, Ombeline Mahuzier, Sonya Djemni-Wagner, Sandrine Zientara et les invitées d’honneur Elisabeth Guigou, Noëlle Lenoir et Simone Gaboriau était très inspirant.

Puis j’ai eu l’honneur d’interviewer Gwenola Joly-Coz, première présidente de la cour d’appel de Poitiers, Ombeline Mahuzier, procureure de la République près le tribunal judiciaire de Châlons-en-Champagne et Sonya Djemni-Wagner, inspectrice générale de la justice, présidente de l’association « Femmes de justice ».

Présentation de l’association Femmes de justice.

Ombeline Mahuzier :

L’association Femmes de justice a été créée en 2014.
Elle rassemblait au départ les femmes du « top management » de la magistrature et de l’ensemble des directions du ministère de la Justice.

Après avoir présidé pendant 4 ans l’association Femmes de justice, qui rassemble aujourd’hui plus de 10 000 abonnés sur LinkedIn pour ne donner qu’un chiffre, je voulais témoigner dans le cadre de ce cycle de la force de l’engagement des femmes à travers cette association. L’analyser en détails permet aussi de percevoir le formidable levier qu’il constitue.

Cette association ne porte pas une posture militante ou le relai d’une communauté d’intérêt, mais propose un véritable projet d’ensemble, universel, d’égalité. Elle propose en réalité un projet qui peut s’apparenter à un projet démocratique.

En s’emparant collectivement de leurs sujets et en imaginant leur structure, les femmes de justice se sont engagées au sens politique, philosophique et opérationnel : elles ont pris position, formulé des concepts et défini des axes de travail. Elles ont mis en place un programme et décliné des actions.

En proposant des registres nouveaux que ce soit de l’ordre de l’action mais aussi en définissant des concepts,  je le disais, en utilisant de nouvelles méthodes, elles ont obtenu des changements structurels au sein de l’institution judiciaire.

Nous sommes à la Grand’chambre de la Cour de cassation à Paris en fin de colloque.

  • Quel a été le thème du colloque ?

Gwenola Joly-Coz :

Aujourd’hui, 13 juin 2022, nous étions à la Grand’chambre de la Cour de cassation dans le cadre d’un cycle de conférences.

Trois conférences qui s’intitulent « Justice : figures de femmes », dont j’assure la direction scientifique, avec pour objectif de faire réémerger les figures emblématiques de la magistrature. Il s’agit de faire des récits de femmes et ainsi de les commémorer.

La première conférence le 11 avril, fêtait les 76 ans de la loi ayant permis aux femmes d’accéder à la magistrature.

Aujourd’hui 13 juin 2022, nous nous souvenions ensemble des 25 ans de l’arrivée d’Elisabeth GUIGOU Place Vendôme. Elle était la première garde des Sceaux de la Vème république. 

  • Que s’est-il passé ?

Gwenola Joly-Coz :

Il s’agissait aujourd’hui lors de cette deuxième conférence du cycle « Figures de femmes » à la Cour de cassation de mettre à l’honneur des femmes qui se sont engagées au sein de l’institution judiciaire.

Engagement politique, et nous avions l’honneur pour l’illustrer de recevoir Elisabeth GUIGOU, première femme garde des Sceaux en 1997, et aussi Noëlle LENOIR, première femme directrice de cabinet en 1988.

Nous avons ensuite évoqué l’engagement syndical à travers la figure de Simone GABORIAU, première femme présidente d’un syndicat de magistrats, le syndicat de la magistrature en 1982.

J’avais choisi de réunir des intervenantes exceptionnelles qui ont pu conceptualiser la question de l’engagement des femmes.

Sandrine ZIENTARA, avocate générale près la chambre criminelle a ouvert nos travaux.
Sonya DJEMI-WAGNER, inspectrice générale de la Justice et aujourd’hui présidente de l’association Femmes de justice qui nous a très brillamment exposé la question de la présence des femmes dans les lieux de pouvoir. Comment leurs pensées pouvaient être entendues, écoutées, amplifiées dans ces lieux qui ne sont pas immédiatement favorables aux femmes.

Puis Ombeline MAHUZIER nous a parlé de la création d’un nouveau chemin de réflexion qui est ni politique, ni syndical mais associatif. Et elle a montré à quel point, l’axe de travail de l’association Femmes de justice avait pu radicalement changer l’approche de la question des femmes dans la magistrature.

Elle a notamment insisté sur la question de la sororité, beau et grand concept qui permettra à la pensée des années à venir de s’adosser à une communauté de femmes qui aujourd’hui est importante dans la magistrature puisque à ce jour c’est 70% des femmes qui composent le corps.

Madame Elisabeth GUIGOU invitée de Femmes de justice, le 13 juin 2022 © Valérie Desforges

Souhaitez-vous annoncer des projets de l’association Femmes de justice ?

Sonya Djemni-Wagner :

Dans le prolongement de ce qui vient d’être fait lors de cette conférence, grâce à Gwenola, l’association Femmes de justice souhaite continuer à conceptualiser l’engagement des femmes, la présence des femmes, l’histoire des femmes. Nous le faisons traditionnellement à travers un colloque annuel qui est un grand moment pour Femmes de justice et pour l’ensemble de la communauté judiciaire où nous développons un aspect thématique.

Nous l’avons fait sur la parole des femmes, sur l’histoire des femmes et cette année, avec les élections présidentielles, sur les femmes et le pouvoir. Et nous avons là aussi des invités de prestiges, des ministres, des femmes juges américaines par exemple et d’autres pays, et nous allons préparer activement ce moment qui aura lieu à l’occasion de la Journée internationale du droit des femmes le 08 mars prochain. C’est le premier projet.

Second projet, nous continuons à soutenir nos adhérentes en développant auprès d’elles des actions comme celles qui ont été évoquées aujourd’hui : des actions de mentorat, de coaching, de préparation à des entretiens de recrutement, etc. Pour être recrutée et occuper des postes de pouvoir, il faut se présenter dans tous les sens du terme et nous allons continuer à développer ces actions pour nos adhérentes.

Le troisième axe est celui de l’ouverture, que l’on poursuit.
Ombeline a évoqué le colloque 2GAP, réseau français à l’origine, qui a une ambition internationale et qui vise à unir les réseaux féminins du secteur public et du secteur privé. On parlait de sororité ; toutes ensemble, nous partageons nos combats, nos outils, nos pensées, et c’est extrêmement précieux.

On le fait aussi dans des collectifs, par exemple le collectif Ensemble contre le sexisme que nous allons intégrer à la demande de ses dirigeantes ou encore l’association internationale des femmes juges qui là aussi nous a sollicitées.
Et nous avons par exemple cette année, souhaité faire vivre cette notion de sororité aussi à l’égard de nos sœurs afghanes en premier lieu, par un système de mentoring pour celles qui ont été exfiltrées vers la France cet été, et aussi nos sœurs ukrainiennes. C’est extrêmement important.

Un événement mémorable, il est certain.
Les actualités sont ouvertes sur le site de l’association FEMMES DE JUSTICE.


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