Johann Heinrich FÜSSLI, le romantisme noir au musée Jacquemart-André, Paris

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Une exposition de romantisme noir à l’automne 2022 au musée Jacquemart-André, Paris. L’oeuvre du peintre britannique d’origine suisse, Johann Heinrich FÜSSLI (1741-1835) est exposée à travers une soixantaine de tableaux et de dessins issus de collections publiques et privées. Le parcours illustre les thèmes les plus emblématiques de l’artiste, l’imaginaire et le sublime. Des sujets shakespeariens aux représentations du rêve, du cauchemar et des apparitions, en passant par les illustrations mythologiques et bibliques sont ses sujets. Une expérience étonnante, dérangeante, à chacun sa vision. J’avoue être partagée au gré des oeuvres.

Artiste atypique et intellectuel, Johann Heinrich FÜSSLI puise son inspiration dans les sources littéraires qu’il passe au filtre de son imagination et de son expérience du théâtre. Il développe dans sa peinture un langage onirique et dramatique, où se côtoient sans cesse le merveilleux et le fantastique, le sublime et le grotesque.

L’exposition du musée Jacquemart-André permet de redécouvrir l’oeuvre saisissante de cet artiste rare dans les collections françaises, peintre très original qui développe une oeuvre paradoxale, alimentée par une imagination où terreur et horreur se marient, à l’origine esthétique du romantisme noir.

Johann Heinrich FÜSSLI, terreur et horreur au musée Jacquemart-André, Paris © Valérie Desforges

Peintre de l’étrange, Johann Heinrich FÜSSLI, londonien d’adoption, laisse derrière lui une oeuvre qui peut s’avérer déroutante.

Bien qu’il devienne pasteur en 1761, FÜSSLI rêve pourtant d’une carrière littéraire ou artistique. Encouragé par Joshua REYNOLDS, président de la Royal Academy, il décide rapidement de s’orienter vers le dessin et la peinture. FÜSSLI puise son inspiration dans des sources littéraires variées, qu’il interprète avec sa propre imagination. Personnalité complexe et fascinante, il se forme en autodidacte et développe une esthétique très atypique pour l’époque. Bien qu’il ait été élu académicien, puis professeur de peinture à la Royal Academy, FÜSSLI s’éloigne des règles académiques et introduit dans son oeuvre un imaginaire onirique très personnel.

Peuplée de créatures hybrides, de personnages terrifiants et mystérieux, sa peinture, qui marque une rupture entre le classicisme et le romantisme, est aussi spectaculaire qu’inquiétante. Johann Heinrich FÜSSLI crée des tableaux en clair-obscur avec un goût prononcé pour le drame. Amateur de théâtre, il s’inspire des jeux d’acteur et des mises en scène de l’époque, et réussit à donner à son oeuvre une dimension dramatique et une intensité émotionnelle inégalées.

Les portraits de FÜSSLI peints par ses contemporains font apparaître une personnalité constrastée et énergique. Son Autoportrait, au regard profond et pénétrante révèle aussi bien le génie créateur que l’inventivité du personnage. Artiste érudit et eclectique, il cherche aussi à intégrer à sa peinture l’idée du Sublime, tel que développé par le philosophe Edmund BURKE (1729-1797), pour qui terreur et horreur peuvent être aussi sources de délices. Tantôt décriée, tantôt admirée, l’oeuvre de Johann Heinrich FÜSSLI dit aussi bien sa folie que son génie et exercera une influence décisive sur toute une génération d’artistes.

Une exposition que je vous conseille, le week-end pendant le déjeuner, plus au calme.
Certains tableaux sont cauchemardesques, à méditer avant de faire la visite avec des enfants.

Il est toujours fort agréable de parcourir le musée en famille pour la beauté du lieu et son patrimoine, pour l’art de prendre des photos.

Musée Jacquemart-André, Paris © Valérie Desforges

Puis de déguster une pâtisserie au café Jacquemart-André, l’un des plus prestigieux salon de thé de Paris ! Je vous souhaite une superbe visite.


A propos

Le commissariat :

Christopher Baker est Directeur des départements d’art européen et écossais et des portraits aux National Galleries d’Écosse. Il est également responsable de la collection et de la programmation de la National Gallery et de la National Portrait Gallery d’Édimbourg. Il avait auparavant travaillé à Christ Church à Oxford et à la National Gallery de Londres. M. Baker a organisé de nombreuses expositions au Royaume-Uni et à l’international sur l’art britannique d’avant 1900, sur les dessins et les aquarelles, ou encore sur les peintures de Maîtres anciens. Il a notamment publié : J. M.W. Turner: The Vaughan Bequest (2019), Landseer: The Monarch of the Glen (2017), Jean-Étienne Liotard (2015, co-auteur), John Ruskin: Artist and Observer (2014, co-auteur), Catalogue of English Drawings and Watercolours 1600-1900, National Gallery of Scotland (2011), Collecting Prints and Drawings in Europe, c.1500-1800 (2003, direction d’ouvrage), The National Gallery [London] Complete Illustrated Catalogue (1995, ouvrage collectif).

Andreas Beyer est depuis 2003 titulaire de la chaire d’Histoire de l’art des débuts de la période moderne à l’Université de Bâle. Il a auparavant été professeur d’Histoire de l’art à l’Université d’Iéna et d’Aix-la-Chapelle et fut Directeur du Centre allemand d’histoire de l’art à Paris de 2009 à 2014. Depuis 2013, il participe notamment au groupe de recherche international « Bilderfahrzeuge » (Véhicules d’images), qui s’intéresse à l’héritage d’Aby Warburg et au futur du domaine de l’iconologie. Ses domaines de recherche principaux sont l’art et l’architecture de l’époque moderne, l’iconologie politique et l’histoire des humanités. Il a été commissaire de l’exposition « For your eyes only. A Private Collection between Mannerism and Surrealism » (Kunstmuseum Basel / Collection Peggy Guggenheim Venise 2014). Il a notamment publié : Portraits. A History (2003), Goethe et l’art (co-éditeur 2011), Die Kunst – Zur Sprache gebracht (2017), Künstler, Leib und Eigensinn (2022).

Pierre Curie est Conservateur général du patrimoine. Spécialiste de peinture italienne et espagnole du XVIIe siècle, il a également travaillé sur celle du XIXe siècle français au Musée du Petit Palais où il a commencé sa carrière de conservateur. Par la suite chargé du domaine de la peinture à l’Inventaire général, il a corédigé et conduit le Vocabulaire typologique et technique de la peinture et du dessin (paru en 2009). Nommé responsable de la filière peinture du département restauration du Centre de recherche et de restauration des Musées de France en 2007, il a coordonné et suivi quelques grandes restaurations de tableaux des musées nationaux (Léonard de Vinci, Titien, Rembrandt, Poussin…). Pierre Curie est conservateur du musée Jacquemart-André depuis janvier 2016 et depuis co-commissaire de ses expositions.

Scénographie : Hubert le Gall est designer français, créateur et sculpteur d’art contemporain. Il réalise des scénographies originales pour de nombreuses expositions, et notamment au musée Jacquemart- André avec « Rembrandt intime » (2016), « De Zurbarán à Rothko, la collection Alicia Koplowitz» (2017), « Le jardin secret des Hansen, la collection Ordrupgaard » (2017), « Mary Cassatt, une impressionniste américaine à Paris » (2018), « Caravage. Amis et Ennemis » (2018), « Hammershøi, le maître de la peinture danoise » (2019), « La Collection Alana » (2019), « Turner, peintures et aquarelles de la Tate » (2020), « Signac, les harmonies colorées » (2021), « Botticelli, artiste et designer » (2021) et « Gallen-Kallela. Mythes et nature » (2022).

Les aides à la visite :

Téléchargez l’application officielle du Musée Jacquemart-André et profitez de deux parcours : “Exposition temporaire” et “Collection permanente”.
Le parcours “Exposition temporaire” vous permet de découvrir les œuvres majeures de l’exposition grâce à une vingtaine de commentaires audio. Parcours payant 2,99 €
Le parcours “Collection permanente” contient 1h de visite commentée qui, grâce à 18 points d’intérêt et une vingtaine de notices d’œuvres vous entraînent à la découverte du lieu et des plus belles œuvres du Musée. Parcours gratuit. 

Pour réserver votre date, cliquez ici

Tarifs :
Tarif plein : 31,00 €
Tarif avec la gratuité de l’entrée au Musée : 16,00€
Tarif jeune : 23,00 €

Musée Jacquemart-André : 158 Bd Haussmann, 75008 Paris

Affiche de l’exposition Johann Heinrich FÜSSLI, le romantisme noir au musée Jacquemart-André, Paris © Valérie Desforges

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