Interview informelle du policier Abdoulaye KANTE 

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C’est dans un jardin de Nanterre pendant le déjeuner que je retrouve Abdoulaye KANTE. Nous avons peu de temps et l’envie d’une interview informelle.

Bonjour Abdoulaye,
Quelles sont tes fonctions et missions aujourd’hui ?

Je suis brigadier-chef à la Direction de la Coopération Internationale de Sécurité (DCIS) qui est basée à Nanterre (92).

Mes missions actuellement c’est de faire de la sécurité diplomatique, donc je m’occupe de tout ce qui est accompagnement de directeurs de police, assurer leur protection, et aussi leur montrer un peu tous les services opérationnels ou institutionnels de notre pays.

Ce qui veut dire que tu es très occupé dans le cadre des JOP2024.

Dans le cadre des JOP2024, je suis pleinement impliqué et sans congés comme tous les policiers.

Nous sommes en pleine préparation des JO. Pour préciser nous avons l’équivalent de 2000 à 3000 policiers étrangers qui viendront nous renforcer notamment sur cet événement et on s’occupe de cette coordination au sein de la direction.

Tu es très présent sur les réseaux sociaux. Quel est ton moteur ?

Je suis très présent sur les plateformes comme Twitter, Instagram, LinkedIn…

Mon moteur est simple. Il est d’essayer de parler du métier de policier autrement que ce que l’on voit, autrement que ce que l’on entend.

J’essaie de casser un peu les idées reçues, de faire un travail de déconstruction.

Il est vrai que lorsque l’on est sur les réseaux sociaux, on peut avoir l’impression de faire face à un « tonneau des Danaïdes ».

Mais c’est quelque chose qui me motive parce que je pars du principe que nous sommes 150 000 femmes et hommes qui assurons la sécurité de nos concitoyens et cela mérite aussi d’avoir des personnes qui défendent ce métier.

Les réseaux sociaux font partie de notre société et je pense important d’y faire de la pédagogie.

Pour l’anecdote, tout est parti de l’émission Salut les Terriens! de Thierry ARDISSON. Est-ce bien cela ?

J’étais invité pour commenter le livre « La peur a changé de camp » de Frédéric PLOQUIN.

J’étais avec ma collègue Maggy BISKUPSKI qui malheureusement s’est suicidée, et en face de moi j’avais le polémiste Yann MOIX. D’autres personnes étaient présentes.

Maggy et moi avons été interpellés pendant l’émission par un individu exprimant que Nous policiers, quand on rentre dans les cités, on chie dans notre froc et que Nous policiers, nous sommes des spécialistes de la violence. Je ne connaissais pas cette personne et je lui ai répondu de manière véhémente : Vos propos sont scandaleux, ils sont une insulte aux policiers ! En cela, je lui ai dit Qu’il était hors-sol. L’expression hors-sol vient de là.

Tu as souligné le livre de Frédéric PLOQUIN, tu as écrit le tien me semble-t-il depuis Salut les Terriens!

J’ai coécrit le livre « Policier, enfant de la République » avec le journaliste Jean-Marie GODARD, publié aux Éditions Fayard.

C’est un livre qui est arrivé par hasard parce que je n’ai pas l’âme d’un écrivain.

Ce sont les Éditions Fayard qui sont venues me chercher, notamment Isabelle SAPORTA, qui m’a fait confiance en me disant Il y a quelque chose à faire sur ton métier et susciter un peu d’espoir pour ces jeunes qui ont du mal à connaître la police.

Tu es très actif au sein de l’association Tous Uniques, Tous Unis auprès de Abel BOYI. Que fais-tu ?

L’association Tous Uniques, Tous Unis a été créée en septembre 2017. Je suis arrivé un an après.

Et je suis le référent police-jeunesse c’est-à-dire que je chapote un peu les relations entre les jeunes et la police. Ce sont des thématiques que l’on traite sous forme de dialogues.

Il faut savoir que nous avons faisont l’équivalent de plus de 300 interventions en 2023 sur l’ensemble du territoire.

On va dans des structures comme les EPIDE, les Écoles de la deuxième chance, la promo 16-18… des associations dans les quartiers très difficiles pour parler du métier de policier autrement. Le but est de leur parler avec des mots qu’ils entendent pour leur apprendre le métier de policier.

Abdoulaye Kante rencontre avec les jeunes volontaires du Centre Epide de Marseille dans le cadre des dialogues Police-Jeunesse © Tous Uniques, Tous Unis

Tous Uniques, Tous Unis est lauréat des Médailles de l’engagement 2024 de la MGP. Comment as-tu vécu ce moment ?

Être lauréat aux Médailles de l’engagement 2024 de la MGP est une consécration qui me tient beaucoup à cœur parce qu’au-delà de mes fonctions de policier, je fais cela de manière bénévole. Je ne gagne rien et c’est beaucoup d’investissement : des week-ends, des jours que je prends. Donc lorsque cette médaille arrive je me dis que le travail paie et qu’il faut que cela continue.

Tous Uniques, Tous Unis lauréat de la 3ème édition des Médailles de l’Engagement MGP – 26 mars 2024, Paris © F.Escriva

Je pense que la relation de la police et de la population passe d’abord par le dialogue.

Expliquer nos actions pour être mieux compris c’est ce que j’essaie de faire comprendre à mon petit niveau. Donc je suis content que la MGP remarque cela.

Et au-delà de la MGP il faut que la société se rende compte qu’il n’y a pas de rupture entre la police et la population.

Il y a peut-être des incompréhensions. A nous des deux parties de prendre le temps de s’expliquer, de se dire que nous policiers on est là pour les autres et qu’ils n’ont pas à avoir peur de nous.

Merci Abdoulaye !

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