Le jeudi 9 octobre 2025, je suis à la Direction de la Coopération Internationale de Sécurité, DCIS, à Nanterre dans le cadre de la 8ème édition du congrès international FRANCOPOL.
FRANCOPOL, Réseau international francophone de formation policière, est un organisme né d’une initiative de la Direction des relations internationales et du protocole de la Sûreté du Québec et de la Direction de la formation de la Police nationale française. (source)
Ce matin, je rencontre Mme. Sophie HATT et M. Georges SALINAS pour une interview « Regards Croisés ». Tous deux traitent d’enjeux majeurs de sécurité intérieure.
Dans ce sens, je vous invite à lire l’article en son entier, particulièrement intéressant pour comprendre : Comment fonctionne et évolue notre sécurité intérieure.
Sophie, quelles sont les actualités depuis notre dernier entretien daté du Colloque annuel de la DCSI (25 au 29 août 2025) ?
Sophie HATT : Ce colloque annuel de la DCIS a été le plus complet, celui de la meilleure qualité depuis que la DCI s’est transformée en DCIS.
Pour la première fois, tous les attachés de sécurité intérieure (ASI) étaient présents.
Une visite protocolaire de très haut niveau peut empêcher les attachés de sécurité intérieure de se déplacer en France, ou des indisponibilités personnelles. Cette année les ASI étaient tous présents ce qui est extrêmement important -exceptés les ASI Vénézuela et Algérie, dont les postes sont temporairement vacants. Soit 76 ASI sur un total de 78 ce qui est exceptionnel.
Ensuite, les thématiques.
Je pense que les thématiques qui ont été choisies étaient extrêmement intéressantes.
Bien évidemment, nous avons parlé des objectifs majeurs du ministère de l’Intérieur : la lutte contre l’immigration irrégulière, la lutte contre la criminalité organisée dont le narcotrafic, la lutte contre le terrorisme.
Au-delà de ces objectifs majeurs, nous avons beaucoup échangé sur les menaces hybrides, sur la revue stratégique qui vient d’être adoptée et qui a été présentée par le secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) lui-même. Et les intervenants étaient de très haut niveau.
Il y a eu beaucoup d’interactions avec la salle et pour la première fois en matière de renseignement, nous avons pu avoir un discours à deux voix : renseignement intérieur et renseignement extérieur, c’est une proposition que j’ai faite aux deux directeurs généraux, qui l’ont acceptée et qui l’ont trouvée très intéressante permettant ainsi une présentation de la menace globale. Donc, je pense que les intervenants ont été très satisfaits de l’expérience.
Ils sont très satisfaits de cette Tribune qui leur est donnée de s’exprimer devant les relais du ministère de l’Intérieur à l’étranger que sont les attachés de sécurité intérieure, mais également la centrale, puisqu’il n’y a pas de réseau sans centrale et pas de centrale sans réseau. Je pense que ce focus est important.
Après l’enjeu.
L’enjeu est d’être capable de se renouveler parce qu’on ne peut pas faire chaque année le même colloque. On doit trouver des fils conducteurs qui permettent de se regrouper. Cela est très important.
Depuis la fin du colloque, somme toute très récente, l’actualité a été de débriefer pour tirer des leçons pour l’avenir. Faire un retour d’expérience et de se dire : Comment être meilleur l’année suivante ? Cette démarche nous a beaucoup occupés.
Ensuite il y a une sorte de petite dépression, pas au sens moral, mais comme après un grand événement. Organiser le Colloque annuel de la DCIS demande beaucoup de mois de préparation et beaucoup d’énergie. Et c’est là qu’il faut retrouver un challenge !
Et puis l’actualité cela a été la nomination de Georges Salinas.
Georges Salinas a été nommé en Conseil des ministres pour occuper la fonction de directeur de la coopération internationale de sécurité, avec une prise de fonction le 15 septembre 2025.
Donc, l’actualité a été aussi de clôturer les dossiers qui devaient l’être et de préparer cette passation de direction. Pour se faire, j’ai travaillé avec les équipes de la centrale pour que le nouveau directeur puisse prendre connaissance de tous les dossiers et donner l’impulsion qu’il voudra.
Et tout cela avec une actualité qui ne s’arrête jamais.
Je dis souvent que « Le soleil ne se couche jamais sur la DCIS ». Certains ASI ont retrouvé leur poste, d’autres ASI ont pris leur poste pour la première fois après le Colloque annuel et la centrale doit être capable d’être à l’écoute de nos autorités pour prévenir, répondre aux questions, et surtout informer avant et interpréter. La plus-value est d’interpréter ce qui se passe pour donner l’appréciation de la DCIS à nos autorités.

DCIS, Sophie HATT Présidente de FRANCOPOL 2025 © DCIS
Monsieur le directeur. Tout d’abord je suis honorée de vous rencontrer. Comment vous présenter en premier lieu ?
Georges SALINAS : Si je devais présenter toute ma carrière, cela prendrait un peu de temps. Cela fait un moment que je suis dans cette boutique, parce que j’ai plus de 40 ans de service.
Je dirais que dans mes fonctions récentes et qui ont marquées ma carrière, j’ai été inspecteur général des services actifs de la police nationale, chef du groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR) et directeur de la sécurité de la présidence de la République (SDLP).
Précédemment j’étais chef adjoint de la Brigade de recherche et d’intervention de Paris (BRI Paris) rattachée à la Préfecture de police de Paris plus de 6 ans, chef opérationnel, avec une période très trouble puisque c’était pendant les attentats de 2015. Donc une période très sensible qui nous a tous profondément marquée.
Et j’ai été nommé directeur des services actifs de la police nationale, directeur de la coopération internationale de sécurité, à compter du 15 septembre 2025, par décret du 27 août 2025.
Le 15 septembre, je suis arrivé à la DCIS et bien évidemment Sophie m’a donné une direction qui elle marche très bien. Et c’est vrai que c’est très agréable d’arriver dans un endroit où le fonctionnement est clair et les choses fonctionnent parfaitement. C’est bien plus facile pour un directeur qui arrive avec une expérience de l’international qui est quand même différente de la DCIS.
J’ai beaucoup voyagé avec le président de la République (PR) dans mes anciennes fonctions. J’ai été au contact des ASI présents dans les pays où nous étions en voyage officiel. J’ai donc une idée de leur mission.
J’ai aussi travaillé pour à la DCI qui est devenue la DCIS en 2021, suite à une réforme structurelle. J’ai alors distillé comme expert des formations dans de nombreux pays, donc je connais un peu cette direction.
Mais disons, être à l’intérieur de cette direction et être à l’organisation de toute cette machine est un autre challenge. Et donc je vais essayer de faire au moins aussi bien que Sophie.
Miss Konfidentielle : Je reviens vers Sophie. Nous sommes aujourd’hui dans le cadre de FRANCOPOL. Quel est l’objet de FRANCOPOL?
Sophie HATT : FRANCOPOL est un réseau de policiers francophones qui est né d’une initiative franco-québécoise qui date de 2002 et qui s’est concrétisée en 2008 par le dépôt des statuts de cette association.
Aujourd’hui, ce sont plus de 70 institutions -ce ne sont pas des États- qui sont membres de cette association. Pour la France, il y a la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN), la Direction Générale de la Gendarmerie Nationale (DGGN), l’Académie Militaire de la Gendarmerie Nationale (AMGN), l’Académie de la police nationale et des institutions telles que l’IHEMI. Les institutions sont issues des quatre continents et ont pour objet de partager les meilleures pratiques et de réfléchir à la façon de les partager entre policiers francophones.
C’est un réseau qui est soutenu et en partie financé par l’Organisation internationale de la Francophonie, avec désormais des pays qui ne sont pas forcément francophones, qui n’ont pas forcément le français comme langue officielle, mais qui ont une appétence pour la francophonie.
Ce 8ème Congrès a été ouvert en présence de hautes autorités.
Tout d’abord, l’ambassadeur représentant la secrétaire générale de l’Organisation Internationale de Francophonie (OIF), le préfet de police de Paris M. Laurent NUÑEZ, le DGPN, le DGGN et de très nombreux directeurs, le secrétaire général de FRANCOPOL, tous les vice-présidents de FRANCOPOL et nous étions en présentiel et en distanciel. C’est à dire que certains membres de FRANCOPOL ont suivi les débats et suivent les tables rondes et les ateliers qui vont durer deux jours depuis certains pays de l’étranger tels que la Côte d’Ivoire, le Sénégal parce qu’ils n’ont pas pu se déplacer.
Et c’est près de 300 participants qui seront présents pendant deux jours sur la thématique « Les nouvelles technologies au service de l’action policière ».

FRANCOPOL 2025 – 8eme congrès international à la DCIS sur le thème : Les nouvelles technologies au service de l’action policière
Je suis intervenue en tant que présidente de FRANCOPOL. C’est une fonction que j’occupe depuis 8 ans. Et cette fonction je la quitterai à l’issue du Congrès parce que je présenterai ma démission.
Le directeur général de la police nationale proposera aux instances de FRANCOPOL un futur administrateur qui aura la vocation à devenir le président de FRANCOPOL. Il est temps de passer le relais. Là aussi.
Miss Konfidentielle : Je reviens vers vous Monsieur le directeur. Quel est votre retour sur la 8ème édition de FRANCOPOL ?
Georges SALINAS : Je dirais que FRANCOPOL est un gros événement. C’est d’ailleurs le premier pour ma part. On se retrouve dans l’organisation et on a notre présidente qui nous met la pression (sourire) pour que les choses se passent très bien.
On le fait dans nos locaux à la DCIS. On a un bâtiment qui est magnifique et qui permet d’organiser des congrès de haut niveau. Cela permet de recevoir les gens dans des conditions exceptionnelles.
Je pense que l’image de la France, c’est aussi ça. Quand on reçoit des délégations ou des invités de marque dans des locaux qui sont très beaux, très corrects, avec des espaces pour pouvoir parler, communiquer, échanger, je trouve cela très important. Et c’est mon premier constat, je trouve qu’on a un outil ici déjà qui permet de donner une image internationale de la France qui est extraordinaire. Et en particulier quand on reçoit des pays qui ont vocation à être francophones, même si parfois on sait qu’il y a quelques pays qui fonctionnent avec deux langues.
On a pu le voir hier, on a fait un « dîner des sages » avec le Cameroun. On sait qu’il y a deux langues qui sont l’anglais et le français, mais le français reste une langue très importante et je trouve que c’est ce qui me paraît le plus important dans ce que je vois. C’est justement cette langue commune, la langue de Molière, qui est là et qui est parlée par tous ces pays qui sont parfois loin de la France et qui nous rapprochent sur des thèmes.
C’est intéressant de voir justement à travers cette culture qu’on a de la France, du français, toute cette culture qui se développe au niveau de tout ce qui est fait au niveau des services de police.
Miss Konfidentielle : La langue française crée, permet de conserver et de développer le lien entre pays francophones notamment sur les thématiques de sécurité
Georges SALINAS : Si je devais rajouter quelque chose, c’est que c’est assez rare finalement, puisque dans notre monde actuel et surtout quand on est dans l’international, on a une langue bien plus prépondérante qui est l’anglais.
C’est un marqueur important de FRANCOPOL, que l’on arrive à faire des congrès internationaux en français. Je pense que c’est important de le mentionner. Cela marque la position importante de la France.
Miss Konfidentielle : Absolument. Vous parlez à une journaliste très attachée au patrimoine. Ce qui me mène à une prochaine question : Quid de la suite pour chacun ?
Sophie HATT : J’ai quitté mes fonctions le 15 septembre 2025 en passant le relais à Georges Salinas qui lui-même a été nommé.
Et depuis le 15 septembre, je suis chargée de mission auprès du directeur général de la police nationale et plus particulièrement en charge de la coordination de l’organisation du G7 pour le DGPN, le G7 se tiendra du 14 au 16 juin 2026 à Évian. Donc, c’est une tâche extrêmement intéressante qui me permet de mettre à disposition mes compétences en matière d’ordre public, en matière de renseignement, de sécurité rapprochée, de coopération internationale. Tout ce que je sais faire, je le mets au service de cette coordination au profit du DGPN.
Et puis tous mes remerciements bien évidemment puisque l’on est dans le cadre de FRANCOPOL à tout le comité d’organisation, dont la DCIS parce qu’il y a une partie du secrétariat général de FRANCOPOL qui fait partie de la DCIS. Ce sont des femmes et des hommes extrêmement passionnés. Il n’y a pas de permanents à FRANCOPOL. En fait, ce ne sont que des personnels qui font partie des institutions membres de FRANCOPOL, et qui consacrent une partie de leur temps à faire vivre FRANCOPOL. Donc merci.
Un merci très particulier à ceux qui, au sein de la DCIS, que je viens de quitter et au sein de FRANCOPOL, qui travaillent au quotidien à maintenir une haute qualité aux travaux de FRANCOPOL.
Miss Konfidentielle : Monsieur le directeur, le mot de la fin ?
Georges SALINAS : Comme je viens d’arriver, j’ai un recul assez faible pour le moment.
Ce que je vois c’est que la DCIS est quelque chose d’important.
L’international est quelque chose d’important et encore plus dans le contexte actuel bien troublé.
On s’aperçoit que notre rayonnement et notre aide dans tous les objectifs qu’on peut avoir en France, notamment en matière de sécurité, lutte contre les narcotrafiquants, l’immigration clandestine…. se fait grâce à notre réseau. On peut travailler et développer ces points très sensibles actuellement en matière de sécurité.
Ses sujets sont internationaux et seule une coopération efficace peut amener des résultats. D’où l’importance de cette direction, j’en ai bien conscience et je continuerai à ce que cette DCIS soit un outil vraiment performant, en tout cas au sein du ministère de l’Intérieur.
Miss Konfidentielle : Je vous remercie tous les deux pour ce moment de partage sympathique et constructif.

DCIS, FRANCOPOL – INTERVIEW « REGARDS CROISÉS » DE MME. SOPHIE HATT ET M. GEORGES SALINAS AVEC MISS KONFIDENTIELLE © Miss Konfidentielle
Je vous remercie Sophie, pour le travail réalisé en tant que directrice de la DCIS. A bientôt avec joie pour des informations à partager sur le G7.
Je vous souhaite, Monsieur le directeur, une grande réussite dans votre nouvelle mission passionnante et serai honorée de partager auprès de mes lecteurs le futur de la DCIS.
Un mot de remerciement aux équipes de la centrale, essentielle pour les autorités.
Et un mot de remerciement appuyé aux forces de sécurité intérieure (attachés de sécurité intérieure, officiers de liaison…). Policiers et gendarmes qui œuvrent au quotidien à l’international pour notre sécurité intérieure. La France a besoin de vous.
Pour aller plus loin dans votre connaissance de la DCIS, je vous partage Tous les sujets sur la DCIS publiés par Miss Konfidentielle.
Les recherches précises (2025 à 2021)
Virginie FONT, ASI Thaïlande (2 septembre 2025)
Sophie HATT, Directrice (28 août 2025)
Sylvie AYME, ASI Grèce (19 décembre 2024)
Report – Strengthening the fight againt crimes that affect the environment un South-East Europe (18 décembre 2024)
Stéphane BARBE, Chef de la division des partenariats (17 décembre 2024)
Eric BELLEUT, ASI GABON (28 septembre 2024)
Marielle SUISSA, Cheffe de l’unité nationale CEPOL (1er juillet 2024)
Rapport – Renforcement de la lutte contre la criminalité environnementale en Europe (16 janvier 2024)
Dominique BEZZINA, Officier de liaison Criminalité transfontalière -SSI Washington (20 novembre 2023)
Valentine RIOULT, Sous-directrice Monde (12 novembre 2023)
Regards Croisés de 4 ASI (1er septembre 2023) :
Norven FLORENDEAU (ASI Cuba) Didier PLUNIAN (ASI Tunisie),
Laurent Moscatello (ASI Singapour), Grégory CORNILLON (ASI Australie)
Pierre-Alexandre COUSIN, ASI Congo RDC (26 août 2023)
Éric BELLEUT, ASI Niger (19 juin 2023)
Laurent LESAFFRE, ASI Rwanda (26 janvier 2023)
Camille GLORIEUX, ASI Espagne (17 janvier 2023)
Céline GRASSEGER, Chef de la division Union européenne sur les sujets de la PFUE, Présidence française du Conseil de l’Union européenne (8 août 2022)
Céline GRASSEGER, Chef de la division Union européenne – avec Gérard VALLE et Sébastien CASSORÉ (9 novembre 2021)
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