Avez-vous pris conscience que la reconnaissance faciale se développe aussi vite dans les lieux publics en France ?

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Des sas de contrôle des passeports équipés d’un système de reconnaissance faciale entrent progressivement en fonction dans les aéroports d’Orly et de Roissy. Une technologie qui ne cesse de se développer dans le monde et bien sûr en France dont on a pas forcément conscience. Pourtant..

Qu’est-ce que la reconnaissance faciale ?

La reconnaissance faciale est une technique qui consiste à identifier une personne parmi d’autres. Une ou plusieurs caméras en 3D procèdent à un relevé de différents points caractéristiques du visage : l’écartement des yeux, les arêtes du nez, la forme du menton…

Cette technologie s’appuie sur des données préenregistrées, dites « biométriques », qui utilisent des caractères biologiques relevés au préalable. C’est déjà le cas par exemple avec la puce électronique du passeport biométrique, délivré en France à partir de 2009, qui stocke la photographie et deux empreintes digitales de son détenteur.

La reconnaissance faciale est de plus en plus présente au quotidien. De nombreux smartphones, tablettes ou ordinateurs sont, par exemple, équipés d’une caméra. Le visage du propriétaire permet de déverrouiller les appareils ou de se connecter sans écrire un mot de passe. Aujourd’hui, les champions du téléphone mobile que sont Samsung et Apple proposent systématiquement ces fonctions sur leurs produits.

Dans quels lieux publics est-elle utilisée ?

Après une expérimentation d’un an, des sas de contrôle des passeports équipés d’un système de reconnaissance faciale entreront progressivement en fonction dans les aéroports parisiens. C’est la société Gemalto, de droit néerlandais, qui a été choisie pour s’occuper du dispositif. Des sas de contrôle automatisés avec reconnaissance faciale ont également été mis en place à la gare du Nord, pour les passagers de l’Eurostar, depuis février 2017.

Dans quels buts ?

La raison première pour justifier l’emploi de cette reconnaissance faciale à l’échelle publique est de dégorger les flux de passagers. La compagnie aérienne néerlandaise KLM expérimente la même technologie pour accélérer l’embarquement à l’aéroport de Schiphol, à Amsterdam. L’Australie ambitionne d’automatiser 90 % du traitement des passagers aux aéroports d’ici à 2020 à l’aide de la reconnaissance faciale. La ville de Londres, qui réfléchit à l’utiliser pour son métro, prévoit qu’elle pourra faire passer environ 70 personnes à la minute par rangée de portiques.

Mais la reconnaissance faciale est aussi présentée comme un dispositif permettant de lutter contre les risques terroristes. « Ce sont des moyens sur lesquels travaillent nos services », avait déclaré le ministre français de l’intérieur Bernard Cazeneuve, après les attentats commis à Bruxelles en mars 2016. Au Royaume-Uni, les forces de police emploient déjà cette technologie à Londres pour identifier des suspects dans les foules.

En Chine, la reconnaissance faciale est très développée, sur le plan sécuritaire mais aussi commercial. Avec plus 170 millions de caméras placées sur la voie publique, la police chinoise peut repérer des individus qui traversent la rue au feu rouge. En 2017, un journaliste britannique de la BBC, qui se livrait à une expérience, a été retrouvé en sept minutes dans la mégapole de Shanghaï, au milieu de 24 millions d’habitants ! Au-delà de la seule surveillance, les distributeurs de la China Construction Bank, l’une des onze banques d’État en Chine, permettent de retirer de l’argent par reconnaissance faciale.

Des magasins aussi testent le paiement via cette technologie, notamment Alibaba, le géant chinois du commerce en ligne. Avec les sociétés SenseTime et Megvii, qui lèvent des milliards de dollars pour le traitement et l’analyse d’images, la Chine dispose déjà de champions industriels et technologiques dans la reconnaissance faciale, qui ne s’embarrassent pas des enjeux de protection de la vie privée des citoyens.

Cette technologie est-elle encadrée ?

En France, toute entreprise privée qui souhaite mettre en place un système de reconnaissance faciale doit d’abord obtenir l’autorisation de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), une autorité administrative indépendante. S’il s’agit de l’État, le fichier des données biométriques à traiter doit être prévu par un décret en Conseil d’État, et doit recueillir un avis consultatif de la Cnil.

« Le recours à la biométrie doit être strictement encadré », estime la Cnil sur son site Internet, qui rappelle que : « La donnée biométrique n’est pas une donnée d’identité comme les autres. Elle n’est pas attribuée par un tiers ou choisie par la personne. Elle est produite par le corps lui-même et le désigne de façon définitive. Le mauvais usage ou le détournement d’une telle donnée peut alors avoir des conséquences graves. » Pour les aéroports, la Cnil a toutefois donné son accord en janvier 2016 pour l’exploitation des passeports biométriques des voyageurs. En revanche, le gouvernement s’est opposé à l’emploi de la reconnaissance faciale par la ville de Nice, pour surveiller les supporteurs de l’Euro, à l’été 2016.

L’Union européenne cherche également à encadrer cette technologie. Depuis le 25 mai, un règlement européen transposé dans le droit français, appelé règlement européen sur la protection des données personnelles, impose des restrictions sur le traitement des données aux sites et aux titans du Web. Facebook doit, par exemple, demander à ses utilisateurs s’ils acceptent d’activer la reconnaissance faciale.

Qu’en penser vous ? 

Source : La Croix

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