Ile Maurice : hommage à la littérature francophone
Pour ceux qui rêvent à distance et veulent se remémorer des images, des odeurs et de doux souvenirs, l’île Maurice se raconte aussi en littérature. L’Office de tourisme conseille en ces temps de confinement trois romans pour fantasmer et s’imaginer dans cette île de l’océan Indien, en attendant le grand voyage…
Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre
Ce grand classique de la littérature française est un symbole de la jeunesse et de l’amour. L’auteur raconte l’idylle de deux jeunes élevés comme frère et sœur depuis le plus jeune âge, au sein d’une nature paradisiaque. Ce roman publié en 1788 entraîne le lecteur au temps de l’enfance, des jardins exotiques et du paradis perdu. Il est représenté par l’île de France au cœur de l’océan Indien, l’actuelle île Maurice, mise en valeur au 18e siècle par le gouverneur des Mascareignes le Malouin Mahé de la Bourdonnais. Ce succès de la littérature maritime a été écrit par Bernardin de Saint-Pierre. Cet ingénieur du roi a passé deux ans de 1768 à 1770 sur cette île qui paraissait à l’époque encore plus lointaine et idyllique. Son roman raconte l’amour passionné entre deux enfants devenus grands. Adolescente tourmentée, Virginie succombe aux mirages de la notoriété et de la réussite. Elle quitte l’île pour se rendre en France et fréquenter l’univers factice de la haute société. Paul se morfond à l’attendre. Quand elle se décide enfin à revenir vers son rivage natal, le destin s’acharne et elle est emportée à quelques brasses du bord par les flots. Un récit pastoral et mélodramatique qui transporte notamment le lecteur au beau milieu des paysages les plus spectaculaires de l’île Maurice, parmi lesquels le Morne Brabant. Coin de paradis à plus de 550 mètres d’altitude, le Morne Brabant est l’un des sommets les plus spectaculaires de Maurice. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, la montagne offre des flancs abrupts mais le sommet est désormais accessible en randonnée grâce à l’ouverture d’un chemin. Une fois sur les hauteurs, le visiteur est subjugué par la vue exceptionnelle sur le lagon.
Alma de J.M.G Le Clézio
Hymne à l’amour, ce roman du prix Nobel de littérature transporte le lecteur vers l’île Maurice, terre de ses ancêtres. « Alma » raconte une histoire de famille au passé. Deux personnages principaux parcourent le roman. L’un se rend à l’île Maurice pour comprendre ses ancêtres et l’autre la quitte pour rejoindre les siens. A travers, ses œuvres, telles que « Voyage à Rodrigues » ou encore « Le Chercheur d’Or », J.M.G Le Clézio rend régulièrement hommage à l’île Maurice. Avec cet ouvrage, il clôt en quelque sorte son cycle mauricien. L’auteur met en perspective et en abîme ses deux personnages, Jérémie Felsen qui est un européen à la recherche des traces de sa famille et un deuxième narrateur qui s’appelle Dodo, du nom du fameux volatile insulaire décimé jusqu’à la dernière plume par les premiers colons de l’île. Il s’agit d’un hobo, un vagabond, qui a toujours vécu sur le caillou. Il connaît et raconte les légendes insulaires dans un savoureux créole, la première langue des esclaves et des exclus. Pour se projeter un peu plus dans l’univers des pages de Le Clézio, rien de plus pertinent que de visiter la Maison Euréka. En effet, cette demeure transporte le visiteur sur les traces de l’histoire familiale de l’écrivain. L’ancienne maison coloniale bâtie en 1830 offre un aperçu très précis de la vie quotidienne au 19e siècle. Elle fut pendant longtemps la propriété de la famille Le Clézio et est aujourd’hui ouverte au grand public. Transformée en musée, elle possède des espaces dédiés à la musique, l’art et expose d’anciennes cartes géographiques, des antiquités, des objets usuels ainsi que des photos d’époque.
Le Portrait Chamarel de Shenaz Patel
Le roman de la journaliste mauricienne Shenaz Patel a reçu en 2002 le prix Radio France du Livre de l’Océan Indien, décerné par un jury de lecteurs qui fut justement présidé par J.M.G Le Clézio. « Le Portrait Chamarel » c’est l’histoire de Samia qui découvre au fur et à mesure des pages du roman la clé d’un lourd secret de famille. Une histoire publiée en français et en créole, les deux « langues maternelles » de l’auteure qui raconte l’amour impossible entre deux êtres aux appartenances ethniques et sociales différentes. D’un côté Jeanne, la grand-mère de Samia, une créole, descendante d’esclaves noirs, catholique, et de l’autre Hussein, un indien musulman qui appartiennent à une famille enrichie par le commerce du tissu et des épices. Cinquante plus tard, culture religieuse et morale, préjugés et conformisme créent des barrières que l’on ne peut franchir sans risque. Le titre du livre s’inspire du lieu-dit Chamarel dans le sud-ouest de l’île Maurice où le voyageur y découvre la mystérieuse terre des sept couleurs. C’est un phénomène géologique d’origine volcanique unique où la terre a pris sept couleurs distinctes et sur laquelle aucune végétation ne pousse. Pour accéder à Chamarel, il faut emprunter une route panoramique qui serpente à travers des champs de canne à sucre et une forêt tropicale. Tout en poésie, le livre « Le Portrait Chamarel » emmène tranquillement le lecteur dans ces paysages et le village de Chamarel. Il met en avant la société mauricienne métissée, plurielle et riche en diversité. Autant de pages à parcourir avant d’explorer pour de vrai lors d’un prochain fabuleux voyage, ces lieux de la conscience mauricienne qui inspirent les écrivains depuis des générations.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site de l’Office du Tourisme de l’Ile Maurice