IFOP – La France est-elle confrontée à une épidémie de solitude ?
Afin de ralentir la propagation de l’épidémie de Coronavirus, les pouvoirs publics se sont principalement appuyés sur des mesures de distanciation sociale visant à réduire les contacts physiques entre individus. L’intensification de « l’isolement relationnel » en 2020 a été largement documentée par des enquêtes, mais son impact éventuel sur le sentiment de solitude des Français n’a que peu été investigué. Les mesures de distanciation sociale s’accompagnent-elles d’une poussée du sentiment de solitude ? Quelles sont les catégories de Français souffrant le plus de solitude ? Quel est l’impact de l’isolement sur la santé mentale ? Afin de répondre à ces questions, l’association Astrée a missionné l’IFOP pour réaliser une grande enquête auprès de la population française. En voici les principaux enseignements :
Dans le contexte de la crise sanitaire, le sentiment de solitude progresse au sein de la population française. 18% des Français se sentent désormais toujours ou souvent seuls, soit une hausse de cinq points par rapport au niveau mesuré avant la crise du Covid.
Désormais, deux tiers des Français estiment que la compagnie des autres leur manque parfois, soit une hausse de 15 points par rapport à 2018. Les Français sont aussi significativement plus nombreux à indiquer qu’avoir des personnes autour d’eux leur manque (48%, + 18 points) ou à éprouver un sentiment général de vide (27%, + 9 points).
Alors que les universités assurent leurs cours à distance depuis plusieurs mois, les étudiants apparaissent comme étant un public particulièrement sujet à la solitude: 28% indiquent se sentir toujours ou souvent seuls et les ¾ d’entre eux font l’expérience de la solitude souvent ou parfois (75%, + 26 points par rapport à la population française).
Si la solitude est avant tout associée dans l’opinion à la vieillesse, dans les faits ce sont sur les plus jeunes qui en souffrent: 27% des 18-24 ans se sentent toujours ou souvent seuls (contre 10% pour les 65-74 ans).
Les indicateurs de cette enquête mettent en évidence une corrélation entre sentiment de solitude et santé mentale dégradée: les personnes se sentant seules se déclarent plus malheureuses, elles sont plus enclines à consommer des médicaments psychotropes (43% en ont utilisé au cours de l’année écoulée) et sont plus enclines à avoir des pensées suicidaires (63% en ont fait l’expérience au cours de leur vie contre 31% dans la population française).
Méthodologie de recueil
L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1502 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 9 au 14 décembre 2020.