Interview de Maddy Scheurer, porte-parole de la Gendarmerie Nationale
Après avoir interviewé Christian Rodriguez (DGGN), Miss Konfidentielle a l’honneur de mettre en lumière Maddy Scheurer, porte-parole de la Gendarmerie nationale. Maddy Scheurer telle que vous la connaissez en suivant les informations est une chose… Maddy au sein de cette interview en est une autre ! En acceptant de se livrer sur son parcours personnel et professionnel en quête d’un juste équilibre… En acceptant de partager des actualités relatives à la Gendarmerie nationale, vous découvrirez une femme engagée, bienveillante, humble, souriante.. dotée d’une forte faculté d’écoute et de soutien. Une maman aimante aussi. Respect.
Bonjour Maddy,
Vous avez commencé vos études en prépa HEC destinée aux grandes écoles de commerce et vous exercez aujourd’hui la fonction de porte-parole de la Gendarmerie Nationale. Que s’est-il passé ?
Alors que je suivais des études en prépa HEC à LYON, j’ai ressenti le besoin de prendre une autre orientation que celle initialement choisie.
A l’aube de mes 20 ans, j’étais assez impatiente d’entrer dans la vie active, et j’avais un besoin intrinsèque de me sentir utile. Fille d’officier marinier, habituée à vivre dans des quartiers d’habitations majoritairement composés de familles de militaires, j’ai changé d’environnement quand mon père a effectué sa reconversion professionnelle dans le secteur civil, l’année de ma terminale. Nous avons quitté la Bretagne pour rejoindre la région lyonnaise. Avec du recul, j’analyse ce changement familial comme le déclencheur d’une prise de conscience personnelle. Le besoin de servir, d’être tournée vers l’autre et d’éprouver de la satisfaction à aider des personnes dans la difficulté se sont imposés à moi. J’avais hésité à emprunter le chemin militaire à plusieurs reprises durant ma scolarité. A ce moment précis, j’ai franchi le pas, car c’était devenu une évidence.
J’ai passé le concours pour entrer en école de sous-officiers de gendarmerie. Dans l’attente de mon intégration, j’ai poursuivi ma scolarité en classe prépa afin d’obtenir plusieurs équivalences de DEUG, puis j’ai concrétisé cette réorientation, en entrant en école de formation à MONTLUÇON (03) en mai 1998, au moment où mes camarades de classe passaient les concours des écoles de commerce. Depuis plus de 20 ans maintenant, je suis un acteur enthousiaste du service du public. Je travaille à proximité de la population, des citoyens comme des élus, et je joue un rôle dans la construction des politiques publiques de sécurité. Je change régulièrement de métier au sein mon institution, et j’exerce des responsabilités croissantes. Cela suppose une remise en question cyclique des acquis professionnels.
Pour l’aborder au mieux, je continue à suivre des formations régulièrement. Des formations internes, certes, mais j’ai aussi repris le chemin de la faculté pour obtenir un Master 2 en parallèle de mon activité professionnelle. Actuellement, la gendarmerie me permet de suivre un cycle de formation de 18 mois dans le cadre des scolarités alternatives à l’enseignement supérieur du second degré: il s’agit de l’Executive MBA de Sorbonne Université au CELSA.
A la faveur d’un parcours atypique, je m’épanouis dans mon quotidien de Gendarme, j’interagis avec la population et je suis en prise directe avec des problématiques sécuritaires concrètes. Tout cela est très pragmatique, ça fait sens, et c’est ce qui me plaît.
Vous débutez votre carrière en 1999 comme gendarme en brigade territoriale. Quelle est la suite ?
J’ai découvert réellement le métier de gendarme à travers l’engagement territorial de proximité, qui allie sens du service public, relation au citoyen et aide à la victime.
C’était dans le VAR (83). Une première expérience au plus proche des attentes du terrain, au cours de laquelle on côtoie le désarroi, l’angoisse, la peur, la mort. Être gendarme revient à s’inviter dans l’intimité des gens, au moment où ceux-ci sont dans la difficulté voire dans la peine ou la souffrance. Être gendarme, c’est avoir le souci de l’autre. J’ai toujours mis un point d’honneur à traiter chaque situation qui s’est présentée à moi avec un mot d’ordre très simple : accompagner la victime comme j’aurais aimé être accompagnée en pareille situation. Cette approche, je la cultive depuis toujours. Elle est simple et pleine de bon sens. J’ai toujours veillé à ce que les unités que j’ai commandées l’entretiennent avec bienveillance.
Je me retrouve d’ailleurs très bien dans les mots du directeur général qui explique souvent qu’être gendarme, c’est aimer les gens et aimer les aider, c’est porter l’attention nécessaire au plus vulnérable.
Après deux ans et demi extrêmement enrichissants, j’ai rejoint l’institut de recherche criminelle de la gendarmerie (IRCGN) à ROSNY-SOUS-BOIS (93). J’ai eu la chance de participer au développement d’un projet, appelé à prendre une grande importance pour la police judiciaire : le fichier national des empreintes génétiques. A la faveur de cette affectation, au contact des gendarmes et personnels civils scientifiques, j’ai réalisé combien la science pouvait aider à faire émerger la vérité dans les enquêtes judiciaires, combien il était important de chercher, d’innover, pour rendre un service public de qualité, en permanence adapté à l’évolution de notre société. Au même moment, je préparais simultanément le concours pour entrer à l’école des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN).
Après un peu plus de deux années passées à l’IRCGN, j’ai étudié deux ans à l’école des officiers de la gendarmerie à MELUN (77) et ai suivi un cursus de formation à la fois militaire et universitaire. Armée pour exercer de nouvelles responsabilités, j’ai formulé le vœu de servir en sécurité du quotidien, ce qui m’a ramenée sur le terrain, cette fois en tant qu’adjoint au commandant de compagnie à CHATEAU-THIERRY (02). Durant quatre années, je me suis consacrée à la mission opérationnelle du service public, en faisant l’apprentissage du commandement. C’était une compagnie composée d’une centaine de gendarmes, au sud de la Picardie, mais surtout au carrefour de l’Ile de France et de la Champagne.
Puis j’ai rejoint une affectation parisienne particulièrement stimulante, endossant la responsabilité de chargée de mission, au sein d’une équipe pluridisciplinaire travaillant au profit du comité interministériel de prévention de la délinquance (CIPD). Placée en dehors de la gendarmerie, chargée de faire le lien avec mon institution, j’ai pu poser, pour la première fois, un regard nouveau sur la gendarmerie, un regard enrichi par la perception des fonctionnaires, élus ou responsables des associations nouvellement rencontrés dans ce cadre. C’est à cette époque, en 2009, que j’ai commencé à travailler sur le sujet des violences au sein du couple, au moment de l’écriture du plan national de prévention de la délinquance et d’aide aux victimes. A titre personnel, en parallèle de mon activité professionnelle, j’ai décidé de reprendre également des études, avec l’idée d’obtenir un Master 2 en droit et stratégie de la sécurité, pour enrichir mes connaissances et mon parcours.
Ces quatre années mises à profit, j’ai quitté cette affectation en administration centrale pour prendre le commandement d’une compagnie d’instruction, en école de gendarmerie à MONTLUÇON (03) et former les jeunes recrues, élèves-gendarmes ou élèves-gendarmes adjoints volontaires. Au-delà de la symbolique, la transmission des valeurs et de l’expérience acquise est un véritable enjeu pour l’Institution. Revenir aux fondamentaux du métier de gendarme, savoir les expliquer avec pédagogie aux générations montantes, transmettre la lettre, mais surtout l’esprit de la mission, ainsi que celui de la maison, aux gendarmes appelés à nous succéder…. Construire et nourrir au quotidien une ambition collective, cultiver la solidarité et la fraternité dans nos rangs. (A ce moment précis, j’ai une pensée toute particulière pour le major JM HERTGEN qui nous a quittés le mois dernier. Il a été mon premier cadre quand je suis entrée en gendarmerie, a guidé mes premiers pas de gendarme avec bienveillance. Je veux saluer son professionnalisme autant que ses qualités humaines).
A la suite de ce retour aux sources – pour l’anecdote, j’ai commandé la compagnie dans laquelle j’avais moi-même été élève-gendarme en 1998/1999 – j’ai pris le commandement de la compagnie de gendarmerie départementale de CERET, dans les Pyrénées Orientales. Il s’agit d’une compagnie à forte saisonnalité. La problématique sécuritaire de communes telles qu’ARGELES, COLLIOURE, BANYULS-SUR-MER ou encore PORT VENDRES en période estivale, dans un contexte très marqué par l’adaptation de la réponse de l’Etat à la menace terroriste a représenté un enjeu permanent. J’ai retiré énormément de satisfactions de ce commandement. J’ai vécu des moments humainement forts, certains très heureux, d’autres très douloureux. C’est le propre de notre métier, et c’est un sentiment renforcé par notre esprit de corps, et la vie en caserne associée à notre statut.
Quelles sont vos missions en tant que porte-parole de la gendarmerie depuis 2018 ?
Depuis le 1er août 2018, je suis porte-parole de la gendarmerie.
En prise directe avec l’actualité, au plus près du directeur général et en lien permanent avec le SIRPA, je réponds aux sollicitations médiatiques, au gré des besoins et des nécessités identifiés.
Mes prises de paroles consistent à expliquer l’action de la gendarmerie, renseigner ou prévenir, valoriser le travail des hommes et des femmes qui composent les rangs de la gendarmerie. Enfin, il m’arrive de devoir rétablir la vérité face à des allégations ou des attaques infondées, voire des mises en cause extrêmement rapides : pour ce faire, j’apporte l’éclairage demandé sur des situations présentées comme litigieuses. Je contextualise, en toute transparence. J’explique pour permettre à chacun de comprendre.
C’est un nouveau métier – dont il a fallu acquérir rapidement le fonctionnement et les usages – qui intègre une dimension « gestion de crise ». Cette dernière est à regarder, non plus sous l’angle opérationnel, mais plutôt sous l’angle de la communication. Après avoir vécu sur le terrain des crises de différentes natures, comme gendarme et comme chef, je dois aujourd’hui expliquer comment nous travaillons dans ces situations dégradées, comment nous mettons tout en œuvre pour accompagner la population en pareilles circonstances, comment nous venons en aide, tout simplement.
Les sujets sont nombreux, et les occasions de prendre la parole ne manquent pas. Pour les nécessités de la fonction, je m’exprime devant les médias classiques de la presse audio-visuelle et écrite et j’alimente un compte twitter « porte-parole de la gendarmerie nationale »(@PorteparoleGN), dans lequel je délivre régulièrement de courts messages en lien avec l’actualité de la Gendarmerie.
Exercer la fonction de porte-parole et finalement « incarner » la Gendarmerie nationale devant les médias nationaux représente une grande responsabilité. Fidèle à mes valeurs, je multiplie les contacts avec le terrain, afin de parler avec sincérité des situations que je suis amenée à développer et afin de trouver les mots justes.
Mais je ne détiens absolument pas le monopole de la parole. Nombreux sont les gendarmes qui parlent de leur métier. Les spécialistes sont également très souvent sollicités. Enfin, dans certaines situations, c’est le directeur général lui-même qui porte les sujets.
Pour finir, je partage mon expérience de « communicante » à l’occasion de formations, tables rondes ou colloques, suivant les sollicitations reçues. C’est un exercice qui oblige à revenir sur son action, à l’analyser, à faire du retour d’expérience un levier pour progresser.
Ainsi que les événements marquants de la gendarmerie nationale en 2020 ?
L’année 2020 a été très dense pour la Gendarmerie. Face à la crise sanitaire, sous l’autorité du ministre de l’Intérieur, nous avons adapté notre posture, réorganisé le travail quotidien des unités pour rendre un service public de qualité, en recherchant en permanence une adéquation – dans ce contexte inédit – entre les besoins nouveaux exprimés par les élus, par la population, et les actions conduites.
Je retiens donc un engagement très important sur le terrain de toutes les composantes de la gendarmerie, des personnels d’active comme de réserve, au profit de l’opération #RépondrePrésent. Cette opération, que nous avons mise en œuvre en métropole comme en outre-mer est une illustration de la capacité d’adaptation de la gendarmerie en temps de crise, de la souplesse et de l’agilité dont nous savons faire preuve. Concrètement alors que la Nation vivait des heures inédites d’inquiétude et de confinement, il s’est agi de ramener le gendarme à l’essence de sa mission ; non pas tant de contrôler pour réprimer (essentiellement le non-respect du confinement) mais bien plus rassurer, donner confiance et créer des solidarités et du lien social.
Je vous donne quelques exemples :
Des patrouilles de gendarmerie ont porté des médicaments à des personnes âgées isolées, ont déposé des devoirs à des enfants dans l’incapacité de suivre les cours à distance faute de connexion internet, ont pris le soin de contacter par téléphone des personnes vulnérables pour maintenir un lien et s’assurer que tout allait bien. Nous nous sommes rapprochés des commerçants susceptibles de rencontrer des difficultés en raison de l’accélération numérique, pour leur prodiguer des conseils de prévention. A travers l’opération HYGIE, nous avons souhaité apporter une réponse globale à l’ensemble des problématiques touchant le milieu médical, pour « prendre soin de nos soignants ». L’opération ZENO a permis de renforcer la sécurisation aux abords des bureaux de Poste, celle du personnel mais aussi celle des allocataires.
Les commandants des groupements de gendarmerie départementale – les hommes et les femmes qui commandent les gendarmes d’un département – ont bénéficié, pour cela, d’une très large capacité d’initiative pour imaginer les solutions adaptées sur leur territoire d’implantation. Liberté d’action et devoir d’audace : c’est le souhait du directeur général ! (Plus de précisions)
Depuis mars 2020, la crise sanitaire a évolué. A chaque nouvelle phase de la pandémie, c’est-à-dire à chacune des annonces de l’évolution des contraintes sanitaires, nous avons recherché comment protéger efficacement la population en veillant à être utiles pour la société, en maintenant les nécessaires liens sociaux dans un environnement privé de ses repères habituels.
Depuis lors, l’opération #RépondrePrésent se poursuit et continue de rythmer nos journées. Au fond, elle révèle ce que nous sommes, notre ADN de gendarme : une force humaine qui s’engage pour la population au quotidien, qui sait faire preuve d’adaptation et de dévouement, qui n’a pas peur de se transformer pour rester en phase avec les besoins de celle-ci.
En somme, cette opération, qui fait également écho à la façon dont est pilotée notre RSO (responsabilité sociétale des organisations), qui place le citoyen au cœur de la préoccupation des gendarmes s’inscrit pleinement dans le plan stratégique de transformation de la gendarmerie, appelé GEND 20.24, et porté par le directeur général (Plus de précisions).
La stratégie GEND20.24 vise à construire un nouveau modèle de la gendarmerie, pleinement adapté aux attentes d’aujourd’hui et, en même temps, prêt à faire face aux défis de demain. On peut en retenir les grandes lignes suivantes :
Tout d’abord, on ne le rappelle jamais assez : la population, les élus, les partenaires sont au cœur des préoccupations du gendarme, à l’image de l’énergie que nous avons déployée pour mener l’opération #RépondrePrésent sur le terrain. Le premier des piliers de la stratégie GEND20.24 est tourné vers les « usagers » de la gendarmerie. Il s’agit de construire une offre de sécurité sur mesure, ambitieuse et ajustée, qui protège et qui aide celles et ceux qui en ont besoin. Cette démarche va notamment jusqu’à proposer la mise en place d’outils et d’une méthodologie pour mesurer la satisfaction des personnes qui sollicitent notre intervention. Ce dispositif porte un nom : le DCAS, dispositif de consultation et d’amélioration du service. Il est accueilli très favorablement dans les 22 départements dans lesquels il est expérimenté.
La stratégie de transformation veille également sur le gendarme, sur ses conditions de travail, sa gestion RH et, au-delà, sur l’esprit général de l’institution, la cohésion qui fait sa force et l’éthique de l’action qui fonde sa légitimité et son exemplarité. Ce sont les gendarmes qui, au quotidien, sur le terrain, œuvrent pour rendre un service public de qualité. Il est important d’écouter leurs besoins, d’en prendre soin, de répondre aux attentes du corps social de la gendarmerie, d’entretenir les valeurs et de redonner à tous des clés. Nous sommes une force humaine.
Enfin, la stratégie GEND20.24 est porteuse d’innovation, de modernisation et de simplification, conditions essentielles pour piloter la conduite du changement. Les crises modifient les écosystèmes, transforment la société, modifient les usages. A titre d’exemple, la crise COVID a fait progresser le numérique à une vitesse vertigineuse. Il est absolument primordial de comprendre toutes ces évolutions pour se placer dans une logique d’anticipation. Nous devons progresser quant à nos équipements, à notre numérisation, mais aussi à nos processus de travail.
La stratégie GEND20.24, présentée par le directeur général quelques mois avant que nous entrions dans la crise COVID a démontré, au cours de sa première annuité qu’elle s’adaptait à des situations aussi inédites que celle-ci. Elle va continuer d’accompagner le travail du personnel de la gendarmerie au cours des quatre prochaines années. Intégrant désormais les leçons de la pandémie, notamment celles tirées du premier confinement, cette stratégie a pour ambition que la gendarmerie sache #RépondrePrésent, pour la population, par le gendarme.
Avec le recul, est-il plus difficile pour une femme d’intégrer puis d’évoluer au sein de la gendarmerie ?
Quand je suis entrée en gendarmerie en 1998, je n’avais pas conscience de faire partie des (seulement) 7% de « femmes gendarmes », quand bien même je faisais régulièrement le constat que nous n’étions pas nombreuses et que je ne croisais pas de camarade féminine tous les jours sur le terrain.
Aujourd’hui, les choses ont beaucoup évolué. En 1998, la suppression des quotas dans le recrutement des femmes aux postes d’officiers et de sous-officiers de gendarmerie a véritablement bousculé les habitudes. Aujourd’hui, la gendarmerie compte plus de 20% de femmes. Des femmes avec un statut militaire, et des femmes avec un statut civil !
Dans mes différentes affectations, j’ai servi sous les ordres de chefs qui m’ont fait confiance, en ma qualité de gendarme. J’ai fait la connaissance de camarades plus expérimentés qui ont partagé avec moi leurs analyses, leur sagesse. Je pense spécifiquement à trois d’entre eux qui m’ont tendu la main au moment des échéances importantes, qui m’ont coachée, encouragée et soutenue. Ce sont trois camarades masculins ; tous les trois ont fait leur scolarité dans des grandes écoles militaires. J’ai bénéficié de leurs conseils ; ils avaient beaucoup de choses à me transmettre. Ils n’avaient manifestement pas d’a priori sur ma condition féminine. Je veux croire que ce sont mon travail, mes qualités et ma motivation qui les ont convaincus de m’accorder du temps et de m’aider à progresser et à monter les marches les unes après les autres de l’escalier social. Tels des pairs, ils m’ont guidée avec bienveillance et je les en remercie chaleureusement. Le premier d’entre eux m’a d’ailleurs soutenue à une époque où l’on n’évoquait absolument pas les questions d’égalité professionnelle et de genre.
Je n’ai pas vu passer les 23 dernières années. Elles ont été passionnantes et stimulantes, avec un engagement de chaque instant, avec une disponibilité et une mobilisation permanentes. C’est un mode de vie spécifique dans lequel la mission prime et le sens du service prévaut sur le confort personnel. Mais cela représente un enrichissement personnel que les personnes qui servent dans la sphère publique, dans les métiers d’aide à la personne peuvent comprendre et partager. Et je le dis en pensant tout particulièrement à toutes celles et ceux qui ont accompagné, soulagé, rassuré pendant la crise sanitaire.
Je voudrais donc adresser un message extrêmement positif aux jeunes femmes qui lisent cette interview et hésitent à s’engager dans cette voie, par peur de devoir renoncer à une maternité, une vie de famille. Les jeunes femmes que je rencontre me demandent régulièrement comment faire pour tout mener de front, s’interrogent sur le côté réalisable. Alors, je pense qu’il est important de le dire : être gendarme n’empêche pas d’être aussi une épouse et une mère de famille. Une chose est certaine, il est primordial d’être dynamique et organisée, et de disposer de personnes « ressources » sur qui compter pour faire face à l’adversité et au caractère imprévisible de certaines interventions.
Néanmoins, chaque femme qui fait le choix de concilier vie professionnelle et vie personnelle est confrontée à ce devoir d’organisation pour faire face aux sollicitations multiples de la sphère familiale et de la sphère professionnelle. Cela passe souvent aussi par le deuil du schéma familial dont on a parfois pu bénéficier en tant qu’enfant, c’est-à-dire la présence d’une maman à la sortie de l’école avec laquelle on fait ses devoirs. Mais cela est réalisable et notre société le permet de plus en plus, en offrant une pluralité d’offres et de solutions pour la garde des enfants dont les deux parents travaillent (y compris dans des horaires atypiques).
Je suis moi-même la mère de trois enfants. J’ai un quotidien chargé. Mes enfants le savent ; nous en discutons souvent ensemble. Mais chaque fois que je dispose d’un peu de temps libre, je le leur consacre. C’est la règle et c’est de cette façon que nous trouvons notre équilibre tous les cinq.
Note importante
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Très beau parcours avec ces étapes d’une vie professionnelle déjà remplie de changements, et cette facilité d’adaptation qui mérite d’être soulignée.
Concilier une vie de maman et celle de porte-parole de la Gendarmerie ne doit pas être simple mais je vois que vous réussissez à surmonter toutes les difficultés.
Bravo “Valérie” MISS KONFIDENTIELLE, pour cette nouvelle interview de Maddy SCHEURER.
Cette présentation peut bien évidemment provoquer des vocations parmi de futures candidates à une carrière en Gendarmerie…
Daniel K.
Quel magnifique parcours de femme, de maman, d’officier de Gendarmerie, qui pourrait inspirer plus d’une personne et notamment… des hommes !
Ce parcours devrait provoquer de nouvelles vocations pour la Gendarmerie, cette belle arme !
Merci à Valérie Desforges pour son “art” de mettre en lumière et de s’adresser à de belles personnes, en ces temps encore compliqués.