Au fil des décennies, il s’est agi de constituer une école commune accueillant la totalité d’une classe d’âge jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire et cette idée est devenue la réalité essentielle du système éducatif malgré toutes les difficultés à la faire vivre. En réalité dans le monde éducatif, le terme de « réforme » recouvre deux significations : d’une part, des réformes institutionnelles importantes (lois), d’autre part, des modifications pédagogiques et administratives plus modestes (arrêtés, circulaires et notes de service) qui sont rendues quasi obligatoires pour la gestion d’une organisation affectant 15 millions d’élèves et plus d’un million de personnels.
1975 : la réforme Haby
Mais le collège unique est très vite confronté à des difficultés persistantes parmi lesquelles :
- Les conséquences de la massification de l’enseignement depuis les années 1960 et l’hétérogénéité des publics scolaires (niveau et origine sociale), entraînent des difficultés de gestion et d’adaptation à ces nouveaux élèves.
- Les pesanteurs sociologiques restent importantes. Les élèves âgés, redoublants, ou qui ont de mauvais résultats scolaires, sont souvent des enfants issus des catégories sociales les moins favorisées. Les procédés d’orientation ne sont donc pas satisfaisants.
- La qualité de vie dans les établissements ne convient pas toujours aux professeurs et aux élèves, notamment à cause du développement des incivilités.
- Le collège doit accueillir tous les enfants jusqu’à seize ans tout en préparant une partie d’entre eux à des études longues : c’est là une véritable ambiguïté.
La réforme Haby n’a cependant pas réussi à créer un véritable parcours unique. Par ailleurs l’accès généralisé en classe de troisième n’avait pas vocation à gommer la diversité des élèves à laquelle une certaine diversité de l’offre de formation doit répondre.
1982 : Alain Savary, « la rénovation du collège unique »
Il propose :
- d’aménager dans les classes de 6e et 5e des temps de travail en groupes d’élèves de niveau hétérogène et des temps en groupes de même niveau ;
- d’adapter les programmes nationaux à la diversité des publics et des situations locales ;
- de favoriser les activités d’expression et de production technique ;
- de renforcer les liens entre l’élémentaire et le secondaire pour faciliter le passage en 6e ;
- de favoriser l’autonomie des établissements pour prendre en compte la diversité des situations locales et transformer la vie des collèges en donnant des pouvoirs et des responsabilités aux partenaires ;
- de mettre en place un tutorat destiné à aider les élèves dans leur travail et leur vie scolaire ;
- de transformer les fonctions et les services des enseignants qui effectueraient 16 heures d’enseignement + 3 heures de concertation en équipe pédagogique et 3 heures de tutorat.
1989 : la loi « Jospin », la loi d’orientation sur l’éducation
Six titres constituent le corps de la loi :
- la vie scolaire et universitaire,
- les personnels,
- les établissements d’enseignement,
- les organismes consultatifs,
- l’évaluation du système éducatif.
1993-2005 : de François Bayrou à Ségolène Royal
- Le collège est réorganisé en trois cycles (le cycle d’observation en 6e, le cycle central 5e/4e, le cycle d’orientation 3e).
- Des parcours diversifiés sont mis en place pour les élèves en difficulté, des études dirigées sont instaurées en 6e et 5e.
- Les emplois du temps sont modulés sur la semaine.
- Des enseignements sont prévus en effectifs allégés.
- La possibilité de choisir l’enseignement du latin dès la 5e est prévue.
- la prise en compte de la diversité des élèves : les mesures sont centrées sur l’articulation primaire-secondaire et les classes de 6e et 5e avec un dépistage des difficultés des élèves en début de CM2, une remise à niveau à l’aide d’heures de soutien, un renforcement des études dirigées en 6e et 5e ;
- la diversification des méthodes d’enseignement : favoriser la pluridisciplinarité en créant des travaux croisés en 4e ;
- l’amélioration de la vie de la « maison collège » : il est instauré une « heure de vie de classe », tous les quinze jours, qui donnera lieu à l’élaboration d’une charte des droits et devoirs du collégien.
2005 : François Fillon, la loi d’orientation pour l’avenir de l’école
- faire réussir tous les élèves,
- redresser la situation de l’enseignement des langues,
- mieux garantir l’égalité des chances,
- favoriser l’insertion professionnelle des jeunes et l’emploi.
La loi engage la modernisation de l’Éducation nationale selon trois axes :
- mieux faire respecter les valeurs de la République,
- mieux organiser les établissements et les enseignements,
- mieux gérer le système éducatif.
Elle a pour ambition de répondre aux évolutions de la société française et de l’école depuis ces 15 dernières années. C’est la raison pour laquelle la Nation fixe au système éducatif les objectifs suivants :
- que 100 % des élèves aient acquis au terme de leur scolarité obligatoire un diplôme et une qualification reconnue ;
- que 80 % d’une classe d’âge accèdent au niveau du baccalauréat ;
- conduire 50 % de l’ensemble d’une classe d’âge à un diplôme de l’enseignement supérieur.
- la maîtrise de la langue française,
- la connaissance des éléments principaux en mathématiques,
- une culture humaniste et scientifique permettant le libre exercice de la citoyenneté,
- la pratique d’au moins une langue vivante étrangère,
- la maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication.
Le Haut Conseil de l’éducation est créé pour donner son avis au gouvernement sur les connaissances et les compétences qui doivent être maîtrisées à l’issue de la scolarité obligatoire. L’école primaire et le collège ont chacun, dans le cadre des cycles qui doivent donner du sens à la démarche pédagogique, un rôle déterminant :
- L’école primaire apprend à lire, à s’exprimer oralement, à écrire et à compter. La formation primaire apporte aussi aux élèves des repères en histoire et en géographie sur notre pays et l’Europe, ainsi que les premières notions d’une langue vivante étrangère. Elle développe une démarche scientifique de base, une ouverture culturelle et artistique, une éducation physique et sportive.
- Le collège donne à tous les élèves les connaissances, compétences et comportements indispensables à la poursuite des études, à l’exercice de la citoyenneté et à l’insertion professionnelle future.
Les élèves qui connaissent des difficultés graves et durables continuent à bénéficier des structures d’enseignement adaptées. Ils y sont admis après concertation avec la famille et avis d’une commission départementale spécialisée. Un effort exceptionnel est réalisé au profit des élèves boursiers ayant manifesté par leur travail une volonté de progresser et de réussir. Les bourses au mérite du second degré complètent les bourses sur critères sociaux et permettent aux élèves de poursuivre leurs études dans des conditions plus favorables. Les zones d’éducation prioritaire continuent à contribuer fortement à résoudre les difficultés individuelles.
Enfin, l’école doit garantir les conditions de l’égalité des droits et des chances aux élèves handicapés quelle que soit la nature de leur handicap. Le choix de scolarité doit être adapté dans le cadre d’un projet personnalisé de scolarisation qui garantit la cohérence des actions pédagogiques. De la maternelle au lycée, le parcours scolaire peut alterner ou combiner différentes modalités, et l’effort d’ouverture de structures de scolarisation adaptées est poursuivi et orienté vers le second degré.
2009 : Luc Chatel et la réforme du lycée
- réduire les inégalités,
- mieux préparer les lycéens à l’enseignement supérieur,
- les associer davantage à la vie de leur lycée,
- passer d’une orientation subie à une orientation choisie et réversible.
2013 : Vincent Peillon, la loi de refondation de l’École de la République
2013 : la réforme des rythmes scolaires
Les textes
- Décret n° 2013-77 du 24 janvier 2013.
- Circulaire n° 2013-017 du 6 février 2013.
Le samedi matin peut, dans certains cas, sur dérogation, remplacer le mercredi matin.
2016 : Najat Vallaud-Belkacem et la réforme du collège
Il s’agit de :
- redéfinir les compétences du socle commun et le contenu des programmes pour les rendre plus lisibles, plus progressifs et plus cohérents (trois domaines fondamentaux sont plus principalement concernés : le français, les mathématiques et l’histoire) ;
- consacrer 20 % du temps de cours à de nouvelles modalités pédagogiques : pratique d’enseignements pluridisciplinaires pour renforcer le sens des apprentissages et engager les élèves dans des démarches collectives, accompagnement personnalisé (AP), travail en petits groupes.
2018 : Jean-Michel Blanquer et « l’École de la confiance »
1. Faire de l’école maternelle un levier d’égalité et de réussite
2. Amplifier le dédoublement des classes de CP et de CE1 dans l’éducation prioritaire
3. 100 % de réussite à l’école primaire grâce à un enseignement renforcé du français et des mathématiques
4. Évaluations nationales des élèves de CP, CE1 et 6e
5. Soutenir la réussite des élèves : dispositif « Devoirs faits »
6. La culture et la pratique artistique, clés essentielles de l’émancipation des élèves
Deuxième objectif : Préparer les élèves à leur avenir
1. Vers le nouveau baccalauréat général et technologique en 2021
2. Les premières évolutions de la classe de seconde
3. Transformer la voie professionnelle
4. Mieux accompagner les élèves dans la conception de leur projet de poursuite d’études ou d’insertion professionnelle
5. Les internats, leviers d’égalité sociale et territoriale
6. Le numérique au service de l’École de la confiance
7. Ouvrir l’École sur l’Europe et le monde
8. Mobilisation pour Paris 2024
Troisième objectif : Rassembler autour de l’école
2. Interdiction de l’utilisation du téléphone portable dans les écoles et les collèges
3. Le Plan mercredi : une ambition éducative pour tous les enfants
4. Améliorer l’accueil des enfants en situation de handicap
5. Mieux recruter et mieux former les professeurs
6. Mieux accompagner les professeurs tout au long de leur carrière
7. Renforcer le soutien et le dialogue avec les familles
8. Améliorer le bien-être des enfants à l’école
9. Lutter contre toutes les formes de harcèlement entre élèves
10. Transmettre la culture de l’égalité et du respect entre les filles et les garçons
11. Sécuriser les écoles et les établissements scolaires
12. Une ambition pour tous les territoires
Conclusion
(1) Richard Descoings, Préconisations sur la réforme du lycée, La Documentation française, 2009.
(2) Ces valeurs seront rappelées par l’affichage de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et symbolisées par l’apposition du drapeau et de la devise de la République sur les façades de chacune des écoles et de chacun des établissements scolaires publics.
(3) Brochure « Pour l’école de la confiance », année scolaire 2017-2018.
(4) Édito de J.-M. Blanquer, « Ensemble pour l’école de la confiance : année scolaire 2018-2019 ».