Interview de Pascal SANCHO ou le parcours de PGHM, CRS … à écrivain

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Un déjeuner bien sympathique avec Pascal SANCHO loin de ses montagnes, de passage à Paris en promotion pour le lancement de son dernier ouvrage, ASCENDANCES. L’occasion de nous entretenir sur qui il est et son parcours. Un homme passionné de la vie, de sauver des vies, passionné par la nature, de transmettre des valeurs. Pour Miss Konfidentielle, sans filtre.

Bonjour Pascal,
vous êtes écrivain, quels sont vos ouvrages, leurs récits et leurs motivations ? 

Bonjour Miss K,
De la même manière que je m’étais promis d’aller au bout de mon engagement dans mon métier, j’avais toujours muri l’idée qu’à l’issue de ma carrière j’écrirais un livre : Bravo papa est né de cet idée forte. D’une part de ma volonté de rendre l’hommage qu’il se doit à mes anciens qui avait tracé un sillon indélébile, m’offrant dès mon arrivée en 1984 de très bonnes conditions de travail. Offrir également un soutien fraternel à tous ceux qui aujourd’hui perpétuent au quotidien l’engagement dans la mission exigeante du secours en montagne.

J’ai découvert par la suite que mes ouvrages étaient utiles à tous ceux qui pouvaient être attirés par ce métier en lisant un témoignage qui dépeint fidèlement ce que nous vivons dans notre quotidien.
Inconsciemment ce fut aussi un moment important pour extérioriser par l’écriture une somme d’émotions, de blessures parfois, longtemps contenues dans l’intérêt supérieur de la mission.

Pour Ligne de crête le contexte est différent. Face à l’engouement qu’avait connu Bravo papa et les questions qui m’étaient encore posées j’ai eu envie au travers d’un florilège d’interventions de secouristes d’aller plus loin dans l’analyse de nos comportements et valeurs que portent mon métier.

Ascendances, mon dernier ouvrage, reste l’hommage sincère que je rends à des hommes qui m’ont souvent impressionné par le très haut niveau de performance qu’ils produisent au quotidien ! Sans en faire une gloire, avec une profonde humilité, les équipages dessinent aujourd’hui très clairement dans la majorité des interventions (9 opérations sur 10 s’effectuent en hélicoptère) les contours de la réussite ou de l’échec d’une opération en offrant à la victime, grâce à leur capacité d’intervention rapide dans les endroits les plus inaccessibles, un regain de chances de survie. Secouristes et médecins urgentiste doivent alors concrétiser auprès des blessés ces chances supplémentaires que le moyen aérien aura permis. Les pilotes sont comparables à des pilotes de F1 à la différence qu’il n’y a pas en montagne de bac à sable et que lorsqu’ils approchent le bout des pales à moins d’un mètre de la paroi, l’erreur se paye cash ! Plus qu’une évidence leur rendre hommage était un devoir.

Avez-vous un projet d’écriture ? 

Après mon premier roman Fleurs de banquise paru en avril dernier, j’ai un manuscrit en attente d’édition qui relate une histoire sociétale qui se déroule en montagne.

Elle met en évidence un certain nombre de valeurs et de rendez-vous singuliers avec la vie qui m’animent et me touchent. Après une paralysie faciale qui m’a concerné il y a quelques mois, j’ai ouvert dernièrement un nouveau chapitre qui aborde le sujet difficile du handicap.

Un remerciement pour votre sincérité.
Poursuivons avec les étapes marquantes de votre parcours …

Lors de la modeste ascension à l’âge de 14 ans du Pic d’Aneto, point culminant des Pyrénées, j’ai découvert à cette occasion mon attachement à la cordée et au monde de l’altitude. Il m’a fallu attendre une rencontre insolite pour découvrir ma future passion.

Au détour d’un couloir je tombe en admiration, presque sidéré, devant un poster ou l’on aperçoit au cœur du massif du Mont-Blanc un hélicoptère de la Gendarmerie sous lequel est pendu un secouriste. Cette Alouette III (c’est le nom inspirant de cet hélicoptère) planté dans ce décor de rêve avec cette minuscule silhouette humaine suspendu en plein vide à un filin qui ne l’est pas moins sera le point de départ de ma passion pour le secours en montagne.

Dès lors une armée réalisée dans un PGHM (pelotons de gendarmerie de haute montagne) où je confirme cette envie folle, puis une Ecole de police où je finis major de promotion ce qui aurait pu m’orienter vers une tout autre carrière. Mais si mes pairs m’y autorisent mon chemin est tracé. Je serai secouriste en montagne des CRS (compagnies républicaines de sécurité, Police nationale).

Arrivée au CNEAS (centre national d’entrainement à l’alpinisme et au ski) des CRS, notre maison mère, première école de secours en montagne française qui forme les CRS du secours en montagne depuis 1958 date de sa création et dont la réputation n’est plus à faire sur l’exigence très élevée qu’elle impose à tous les prétendants. Contrairement à l’époque actuelle touchée par le déficit de vocation, en cette année 1983 nous seront une soixantaine à postuler pour porter la tenue prestigieuse liée à cette spécialité. 8 fonctionnaires de Police au final seront admis …

Quelques années dans les Alpes puis mes Pyrénées natales. Je ferais l’essentiel de mon chemin à Lannemezan siège de la CRS Pyrénées. Des joies immenses et nombreuses, de la fraternité entre les camarades. De la réussite en mission lorsque le scénario opérationnel se déroule bien mais aussi de la tristesse lorsque l’on arrive trop tard et que l’on ne peut ramener vivant dans la vallée le naufragé des cîmes. De la douleur incommensurable et indélébile lorsque l’on perd un frère. J’ai laissé en chemin six amis parti trop tôt parce que le don de soi allant jusqu’au sacrifice dans le secours en montagne n’est pas qu’un symbole ! Nous sommes la spécialité, que ce ce soit dans la Police nationale ou la Gendarmerie nationale, la plus durement touchée par les accidents mortels en service … J’aimerais d’ailleurs dédier ces quelques lignes aux camarades de tous corps qui ont payé de leur vie leur engagement au service des autres !

Un métier qui reste néanmoins un véritable cadeau de la vie dont l’ADN restera pour moi la force du collectif. Cette force indicible lorsque l’on ne l’a pas vécu nourrit de valeurs fondamentales qui fait que lorsque l’on est ensemble, les uns contre les autres, il n’existe pas d’obstacle que l’on ne puisse surmonter.

Avec le recul, avez-vous des messages à faire passer auprès des institutions et de la population ? 

Justement ! Dans Bravo papa, ma biographie, dans un chapitre intitulé une seule et même famille j’avais eu la dent dure envers mon institution. J’aimerais réactualiser mon propos en remerciant Monsieur Gérald DARMANIN, ministre de l’Intérieur qui a mis fin courageusement à plusieurs décennies d’injustice en attribuant à mes camarades une prime de spécialité tant attendue … L’inciter à poursuivre cet effort remarquable de reconnaissance en améliorant notamment le déroulement de carrière de ses serviteurs à l’investissement édifiant. Souhaiter aussi qu’il ne soit pas gravé dans le marbre que les décorations les plus prestigieuses que décerne notre nation ne leur soient uniquement attribuées qu’au titre posthume.

Quant à nos concitoyens amoureux de la montagne leur rappeler que l’information et la formation dans ce milieu hostile n’est pas un luxe. Qu’ils continuent à y prendre du plaisir en la respectant et comme le risque zéro n’existe dans aucun milieu naturel, qu’ils soient sûrs que quel que soit les situations ils peuvent compter sur le total dévouement des unités du secours en montagne de la Gendarmerie, des Sapeurs-pompiers et bien évidemment des CRS de la Police nationale !

Nous allons nous quitter … Quels sont vos autres centres d’intérêt ?

Multiples car une journée quelle que soit la saison ne dure que 24 heures !

Des voyages au bout du monde le plus souvent les skis aux pieds.
Lorsque la neige fond mettre la tête sous l’eau pour explorer nos océans.
Prendre l’air parfois avec mon parapente ou escalader encore quelques montagnes.
Lire quelques classiques pour ne pas rougir lorsqu’au trivial poursuit les questions littératures arrivent sur la table

… Écrire encore et toujours et le plus important rester proche de sa famille lorsque l’on en a été souvent éloigné même si cela était pour la bonne cause !

Nous avons échangé sur ses activités de guide de haute montagne, non relatées aujourd’hui et qui pourraient faire l’objet d’un prochain article avec de superbes photos, qui sait.

Je profite de ce sujet pour saluer les policiers et gendarmes spécialisés en haute montagne qui sauvent des vies et malheureusement se blessent gravement, décèdent. Je pense aussi à leurs familles et leurs proches. Respect. 

 

Une photo prise la lecture achevée.

Pascal SANCHO – Livre ASCENDANCES, Mareuil Editions © Valérie Desforges

Note importante 

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Il est strictement interdit d’utiliser les photos de l’article sans l’accord préalable écrit de son propriétaire.
En Une : Interview de Pascal Sancho © Valérie Desforges
N°2 : Hélitreuillage avec l’hélicoptère de la sécurité Civile de Pau devant la Brèche de Roland, Hautes-Pyrénées © Pascal Sancho
N°3 : S’entraîner sans cesse, l’ADN des unités CRS du secours en montagne © Pascal Sancho
N° 4 : La grande famille du secours en montagne de permanence à Gavarnie : Pilotes Mécanicien base sécurité civile de PAU, médecin urgentiste du SAMU 65 et secouristes de la CRS Pyrénées © Pascal Sancho
N°5 : Posé sur le plancher des vaches après un secours dans l’imposante face nord du Vignemale (pique Longue) © Pascal Sancho
N°6 : Nouvel exercice : séance de dédicaces en librairie © Pascal Sancho
Dernière photo : Livre Ascendances, Mareuil Editions © Valérie Desforges

 

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