Interview de Antoine BABU, Président de l’Ecole Marianne
Le 21 octobre 2022 – Très honorée d’avoir été invitée à la soirée de lancement de la Mallette Marianne, une belle initiative de l’École Marianne dont le président est Antoine BABU. L’événement se déroulait à Beauvau le 15 septembre 2022 en présence de Monsieur le préfet Christian GRAVEL, Secrétaire général du CIPDR. Intéressée par la chose publique, j’ai proposé à Antoine BABU d’aller plus avant et de l’interviewer place de la République à Paris.
Bonjour Antoine,
Nous sommes place de la République qui a certainement une signification pour vous.
Si je vous dis Res Publica (latin), que me répondez-vous spontanément ?
Spontanément et ce qui me définit beaucoup dans mon parcours c’est la chose publique, l’amour de la chose publique.
On peut la réaliser de plein de manières différentes.
Je l’ai fait dans le passé en étant gendarme en servant la France et les français, en protégeant les concitoyens.
Je l’ai fait aussi de manière plus politique et je m’attache toujours à dire que je parle de politique au sens étymologique du terme, donc de la vie de la cité.
Aujourd’hui, je participe avec des bénévoles à la chose publique dans le secteur associatif à l’École Marianne où on s’engage à proposer des politiques publiques toujours au sens étymologique du terme pour aider les concitoyens.
Nous allons évoquer les sujets de l’École Marianne et de la Mallette Marianne.
- Qui est Marianne pour vous ? Cela peut intéresser les jeunes qui nous lisent.
Marianne est un des symboles de la République.
Marianne pour moi doit avoir le visage, au sens du cœur, que chacun peut lui donner.
La beauté de Marianne est qu’elle doit toucher toutes les françaises et les français et chaque français doit pouvoir se l’approprier et être capable de lui donner une définition, une signification, un mot, une philosophie, une politique.
Mais ce qui est fondamental à mon sens est que Marianne représente aussi la fraternité, la sororité.
Elle a un visage de femme universaliste. L’universalisme est une des philosophies de la République française et Marianne la représente très bien.
- L’association École Marianne : quelle est son histoire ? L’objet ?
Il n’est pas toujours facile d’être synthétique sur l’École Marianne, il y a beaucoup à dire.
Il faut savoir que initialement les fondateurs de l’association École Marianne se sont connus à l’association Les Jeunes IHEDN qui regroupe les auditeurs jeunes formés par l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN) et qui s’ouvre à l’ensemble de la jeunesse.
Les jeunes IHEDN ont monté une task force sur les radicalisations au début du confinement, un hasard du calendrier. On avait travaillé sur les radicalisations dans le milieu carcéral, numérique et scolaire.
J’étais sur la partie scolaire.
Et donc on avait fait un état des lieux, des constats et surtout ce qui nous intéressait beaucoup c’était de travailler sur des solutions concrètes et opérationnelles. C’est bien de faire des constats, c’est mieux de faire aussi des propositions.
On a fait un rapport de 62 propositions que nous avons éditées dans un rapport à 3000 exemplaires.
On a diffusé ce rapport dans les milieux institutionnels, à l’exécutif, législatif et judiciaire auprès des contacts concernés dans le numérique, le scolaire, le milieu carcéral.
Parmi ces 62 propositions, il y avait justement la Mallette Marianne. C’est là qu’elle est née.
Nous avons pu présenter le rapport au ministère de l’Intérieur, à l’époque par l’intermédiaire du cabinet de Marlène SCHIAPPA, au ministère de la citoyenneté qui s’est tout de suite intéressé à la Mallette Marianne.
Après réflexion, avec les membres fondateurs de la task force, nous avons décidé en 2021 de créer notre association, c’est ainsi que l’École Marianne est née avec pour première mission de créer la Mallette Marianne.
La beauté des choses est que le ministère de l’Intérieur, le cabinet de Marlène SCHIAPPA a proposé non seulement de soutenir notre idée et aussi de financer sachant que notre association est indépendante, transpartisane. On a bien conscience que pour financer une association il faut aller chercher les subventions auprès des élus. C’est comme cela que ça fonctionne.
Etant donné que la thématique est très transversale, et en particulier interministérielle, on s’est tourné vers d’autres ministères pour être soutenus moralement et financièrement comme le ministère des Sports, le ministère de la Jeunesse qui dépendait de l’Éducation nationale. Cela fait trois ministères.
On ne s’est pas arrêté à cela puisque nous avons présenté notre projet à Valérie Pécresse. Elle a souhaité participer et en dernier ressort, nous avons rencontré l’Association des Maires de France. L’AMF ne va pas nous aider financièrement mais dans le déploiement et dans la gestion territoriale et la rencontre locale.
Voilà comment l’École Marianne est née et donc sa colonne vertébrale c’est la citoyenneté, à savoir la lutte contre les radicalisations de manière préventive avec des thématiques de laïcité, d’inclusion, d’égalité entre les femmes et les hommes et les femmes. On doit régler ces questions. Il ne devrait pas y avoir de débat.
Ce qui nous importe est d’être au contact de la population française et surtout au contact de personnes qui sont peut-être un peu éloignées de la citoyenneté, qui ne comprennent plus très bien ce qu’est la citoyenneté.
Je parle souvent de crise démocratique, surtout chez les jeunes, donc il nous importe d’être au contact des jeunes et aussi des personnes qui sont au contact de ces jeunes. Je pense au tissu associatif, les élus locaux, les écoles, les parents … En fait, on voit que l’on touche tout le monde donc notre démarche est très universelle.
Notre but est d’aller sur le terrain, sur le territoire et essayer de donner naissance à tout cela en priorité auprès des personnes qui sont en décrochage sur ces sujets.
- Souhaitez-vous dire un mot au sujet des membres de l’École Marianne ?
Il s’agit de femmes et d’hommes d’opinions politiques, philosophiques très diverses.
Lors de la préparation du rapport, nous avons bien vu que nous avons des opinions très différentes, on a respecté la parole de chacun et cela nous a unis. C’est très sain d’avoir du débat constructif. C’est très important pour moi.
Il serait pertinent de faire un focus sur la Mallette Marianne.
Je vais reprendre la question Qu’est-ce que la Mallette Marianne pour que les lecteurs comprennent bien.
La soirée de lancement était le 15 septembre 2022, c’était la pierre angulaire de la Mallette Marianne. C’était la première phase et la Mallette Marianne n’est qu’à ses débuts.
Donc la Mallette Marianne c’est 2 choses :
Un outil numérique, souvent les gens s’attendent à voir une mallette en bois, physique qui arrive sur la table, c’est bien un outil numérique que l’on trouve sur internet qui se compose de 2 parties et qui sont en construction:
La 1ère partie propose des cours de sensibilisation. Le 1er cours est sur le contrat d’engagement républicain résumant les principes de la République. On espère dans le temps en faire d’autres. Peut-être sur la laïcité … On appelle souvent cela un Mooc, et nous on aime bien reprendre la sémantique de l’école.
La 2de partie on y travaille en cette fin d’année et début d’année prochaine et c’est la partie la plus importante de la Mallette Marianne. C’est la partie ressource pédagogique.
C’est ce que l’on expliquait à la soirée de lancement et ce que l’on va construire maintenant, c’est un peu le résultat de toutes les auditions que nous avons menées avec les associations, le milieu institutionnel, l’Éducation nationale, les professeurs .. En fait il existe déjà beaucoup de choses sur ces thématiques de citoyenneté, laïcité, radicalisation … Il existe 1000 choses mais personne ne sait jamais où les piocher. Vous demandez à un acteur associatif et il vous répond, On se sait pas.
Pour cette ressource pédagogique là, vous aurez par thématique et également par géographie sur le territoire, des listes de conférenciers, de formateurs, d’experts, de la littérature, du cinéma, des associations … On va centraliser tout ce qui existe, on va servir un peu de catalyseur de tout ce qui existe. Il n’est pas utile de créer des choses qui existent déjà.
Très instructif. Après la soirée de lancement à Beauvau, avez-vous prévu des événements ?
Après la soirée institutionnelle à Beauvau le 15 septembre 2022 invités par Sonia BACKÈS, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur et de l’outre-mer Gérald DARMANIN, représentée par le préfet Christian GRAVEL, Secrétaire général du CIPDR, qui nous suit depuis toujours et son équipe, donc on aimerait bien faire un temps fort et alterner en allant sur le terrain. Aller dans une association dans un quartier et que l’on mouille un peu la chemise pour montrer la finalité de ce que l’on veut.
Et puis il est probable en fin d’année que l’on fasse une remise de diplômes de la Mallette Marianne pour la 1ère session évoquée, dans une association de quartier, avec les ministères qui nous soutiennent comme le ministère des Sports, par exemple. Un temps fort, ce serait bien.
On est content parce que nous sommes sollicités pour de beaux projets à venir.
A vous écouter, votre agenda est contraint. Vous reste-t-il du temps pour vous ?
Tout ce que je fais est du temps pour moi.
On a parlé de l’École Marianne, je suis aussi élu local et cela prend beaucoup de temps lorsque l’on est engagé, et en plus de cela j’ai un travail. Je suis Inspecteur commercial dans une compagnie d’assurance et j’ai une équipe de 10 personnes à faire monter en compétences pour laquelle je dois être présent tout comme dans l’association et en tant qu’élu local. Il faut être présent et ce n’est pas toujours évident.
Ce sont des sacrifices aussi parce que tout cela prend du temps même si je m’attache à voir mes parents une fois par mois dans cette magnifique presqu’île de Noirmoutier en Vendée, dont je suis originaire, ou à Cannes quand ils me rendent visite.
Lorsque vous cumulez trois agendas, cela limite les choses mais c’est un choix.
Dès que je peux je médite. Lorsque j’étais gendarme, je faisais de la sophrologie après les séances de sport notamment et cela me sert aujourd’hui.
J’aime la course, la natation, je m’attache à lire avec une vingtaine de livres sur mon bureau qui attendent. Je lis très peu de romans, même si des amis m’ont offert récemment un roman sur l’amitié. Je lis beaucoup sur la géopolitique à l’international notamment sur les conflits actuels.
J’ai retrouvé il y a peu l’ouvrage Obama – Guerres et Secrets de Sanger David E. et j’ai beaucoup aimé Le soleil ne se lève plus à l’Est de Bernard Bajolet qui est assez récent et déjà un classique. Mais encore des fondamentaux comme L’Art de la Guerre de Sun Tzu, ou la philosophie qui me pousse à lire du Pascal.
Je suis cinéphile et un grand passionné de Quentin Tarantino. On me demande souvent de les classer. Tarantino a fait 9 films aujourd’hui, les deux Kill Bill comptent pour un et je ne sais jamais comment les classer par ordre de préférence (sourire). Malgré tout, et en hommage à Cannes, je pourrais citer Pulp Fiction.
Je vis à Cannes dans une ville de cinéma, une très belle destination lorsque vous partez en vacances. Je dis souvent que je vis en vacances (sourire).
Un remerciement Antoine pour l’entretien spontané, sincère au café République.
De nos échanges constructifs avec la volonté commune de participer activement à la chose publique, j’ai proposé de rejoindre l’École Marianne afin d’apporter ma pierre à l’édifice. Proposition aussitôt acceptée. Suivez sur le compte LinkedIn de Miss Konfidentielle !
Souvenir de la soirée de lancement de la Mallette Marianne à Beauvau avec monsieur le préfet Christian GRAVEL et Antoine BABU.
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