Le 8 mars 2023, Journée internationale des droits des femmes – Dans la continuité de l’entretien mené avec Mme. Sophie BEJEAN, Rectrice de la région académique d’Occitanie, Rectrice de l’académie de Montpellier et Chancelière des universités, la place est donnée aux concours d’éloquence !
« L’éloquence est aussi, je l’ai souvent noté, un exercice pour lequel les filles, les jeunes filles et les femmes sont moins à l’aise. Et je leur dis, prendre la parole c’est assumer des idées, c’est entrer dans le dialogue avec les autres, c’est une part de pouvoir. » Mme. Sophie BEJEAN
Bonjour Madame,
Vous organisez des concours d’éloquence, de quoi s’agit-il ?
L’éloquence d’abord cela veut dire quoi ? C’est prendre la parole.
En étant Rectrice, l’enjeu est de valoriser l’expression orale et dans notre pays on ne le fait pas suffisamment.
Notre ministre M. Pap NDIAYE souhaite valoriser l’expression orale à l’école et en particulier auprès des élèves qui pensent que prendre la parole, s’exprimer en public, est compliqué.
Il y a des concours d’éloquence pour nos élèves comme nous en avons en Occitanie.
L’éloquence est aussi, je l’ai souvent noté, un exercice pour lequel les filles, les jeunes filles et les femmes sont moins à l’aise. Et je leur dis, prendre la parole c’est assumer des idées, c’est entrer dans le dialogue avec les autres, c’est une part de pouvoir.
Nous avons souhaité dans l’académie de Montpellier, lancer un concours d’éloquence pour les femmes, notamment celles qui sont en position d’encadrement parmi nos personnels.
Puis nous avons élargi à toute la région, aux femmes des collectivités territoriales, des hôpitaux… puis à l’ensemble des femmes de la fonction publique. Pour finalement l’ouvrir à la France entière (sourire).
Ce très beau concours s’est déroulé à l’automne avec plus de 120 candidates qui ont déposé une vidéo de 3 minutes présentant leur projet professionnel en 180 secondes.
Là je parle trop pour faire 180 secondes (rire).
Et dans le cadre de ce concours « A voix égales », le 31 janvier s’est tenu le jury qui a sélectionné 25 nominées pour ensuite élire 5 lauréates. Ces lauréates seront accompagnées par des séances de coaching pour mener à bien leur projet professionnel.
C’est une initiative de l’équipe de la direction des services de ressources humaines de mon académie que je tiens à valoriser, c’est leur idée au départ et je tiens à leur rendre hommage. L’année prochaine il y aura un deuxième concours et on élargira, on enrichira cela.
La démarche est-elle en lien avec l’Association pour les femmes dirigeantes de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation ?
Je tiens à relier cette action à mon engagement pour les femmes, la place des femmes dans les fonctions de direction, les fonctions à responsabilité puisque je préside une association qui s’appelle Association pour les femmes dirigeantes de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
C’est une association qui existe depuis 2014, qui mène des actions pour les femmes de l’ESRI, pour les aider à accéder à des responsabilités avec des formations, du mentorat, des rencontres autour d’une invitée ou d’un grand témoin. Il est inspirant de leur proposer ces rencontres.
Cette association a tenu son séminaire annuel ainsi que son assemblée générale le vendredi 20 janvier. Notre ministre Mme. Sylvie RETAILLEAU en a fait l’ouverture. Un temps fort intéressant.
Quel sera le déroulé de votre journée ce 8 mars ?
Une journée riche bien sûr et une journée d’engagement pour les droits des femmes et l’égalité femmes hommes.
Le matin, je signerai une convention avec le préfet de région et la présidente de région concernant l’engagement conjoint de l’Education nationale et de la jeunesse, des services de l’Etat en charge des droits des femmes et de la collectivité régionale pour favoriser les valeurs d’égalité filles-garçons à l’école et dans les parcours des élèves en matière d’orientation.
En début d’après-midi, je remettrai les labels égalité filles-garçons aux collèges et lycées qui ont déposé leur projet de labelisation, valorisant ainsi leurs actions, leurs projets éducatifs, leurs réalisations. 34 établissements seront ainsi labelisés et seront réunis aussi pour partager leurs pratiques au rectorat à Montpellier.
Le soir, à 17h, nous lancerons officiellement la création de l’association Femmes de l’éducation du MENJ. A cette occasion, sera présenté un état des lieux de la place des femmes dans notre ministère et nos académies. Puis nous aurons le plaisir d’accueillir Nathalie PILHES, présidente de l’association Administration moderne. Enfin nous présenterons nos projets d’actions : du mentorat, de l’entraînement aux entretiens de recrutement, des petits déjeuners, des rencontres… Et bien sûr, cette association est ouverte aussi aux hommes qui partagent notre cause !
Un remerciement Mme. Sophie BEJEAN pour ce moment de partage bien agréable et constructif. Je vous souhaite une excellente journée internationale des droits des femmes.
Le chemin est encore long pour les femmes.
Prendre confiance en soi n’est pas chose aisée et en cela l’école, la famille, jouent un rôle clef. Les activités sportives, culturelles sont bien souvent aussi une source d’inspiration, d’épanouissement.
Dans un souci d’égalité, les hommes ont aussi une part de responsabilité, à commencer par le respect de la femme. En cela, je pense au harcèlement à l’école, au harcèlement en ligne (« nudes »), aux violences intrafamiliales… J’en profite pour vous sensibiliser aux actions des écoles, des associations telles que Génération numérique, Point de Contact, l’Ecole Marianne qui font un formidable travail pour protéger nos jeunes.
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Photo en Une : Rectrice Sophie Béjean (à droite) lors d’un séminaire sur l’égalité fille-garçon, octobre 2022 © Académie de Montpellier
