Tribune de William HIPPERT, chef du SIRASCO et porte-parole adjoint de la Police nationale pour l’investigation

0

Le 23 août 2023 – Le commissaire divisionnaire William HIPPERT quitte ses fonctions de chef du SIRASCO et porte-parole adjoint de la Police nationale pour l’investigation pour rejoindre les rangs d’INTERPOL (Lyon) au 1er septembre 2023 en tant que sous-directeur en charge de l’analyse criminelle (CAS). J’avais eu l’honneur de publier une première interview le 09 juillet 2021 de William HIPPERT qui explique son parcours de vie que je vous invite à lire en amont.

Pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas encore, que signifie « chef du SIRASCO » ?

Le SIRASCO (Service d’Information, de Renseignement et d’Analyse stratégique sur la criminalité organisée) est un service de renseignement criminel créé en 2009.

Rattaché à la Direction nationale de la Police judiciaire (ex DCPJ), il a pour mission principale d’analyser les menaces criminelles pesant sur la sécurité intérieure en France pour éclairer les autorités (aide à la décision) et orienter les services répressifs (aide à l’action).

Plus qu’un service, le SIRASCO est un réseau composé de près de 200 agents spécialisés déployés en centrale et dans 26 services territoriaux de Police judiciaire en métropole et en Outre-mer. Le personnel est issu du monde policier (fonctionnaires de police de tous grades et gendarmes, agents administratifs) et de la société civile (agents contractuels, apprentis, réservistes). C’est un service qui exige de combiner des connaissances et compétences variées.

Mes missions, en tant que chef de service, sont :

– en interne, d’assurer la bonne marche du service (tâches managériales, RH), superviser et contrôler la production analytique mais également de l’adapter aux enjeux actuels et futurs (gestion de projets, adaptations aux réformes, accompagnement des équipes au changement).

– en externe, promouvoir l’action du service, développer des partenariats, communication et relations médias …

L’ensemble demande une solide expérience en police judiciaire, en renseignement criminel et en coopération internationale. Les connaissances techniques sont indispensables pour donner du concret aux orientations du service.

À votre prise de poste, quelle était votre feuille de route ? 

Le SIRASCO, service créé en 2009, devait s’adapter aux attentes de la direction et des partenaires dans un contexte où le renseignement criminel est devenu un pilier de l’activité des services de Police.

Il a donc fallu consolider l’équipe en perte d’effectifs, gagner en compétences sur les aspects coopération internationale, enrichir les capacités technologiques et consolider les partenariats avec les autres services de renseignement.

Enfin, la réforme de la Police nationale a demandé un effort particulier pour repositionner le service au sein de la nouvelle Direction Nationale de la Police Judiciaire (DNPJ). L’ambition est d’en faire la pierre angulaire de la stratégie de lutte contre la criminalité. Connaitre l’ennemi pour mieux le combattre.

Au 1er septembre 2023, vous quittez le poste de chef du SIRASCO, quel est votre retour d’expérience ?

  • Le retour d’expérience positif 

Le SIRASCO est un service passionnant. Il permet d’être au cœur des stratégies de lutte contre la criminalité organisée. Il permet une connaissance fine et transversale des menaces criminelles qui pèsent sur notre sécurité intérieure. J’ai particulièrement apprécié d’être en contact avec les nombreux partenaires du service qui nous font confiance et enrichissent nos analyses par leurs connaissances pointues dans leurs domaines.

Le réseau SIRASCO produit chaque année près de 400 notes d’analyse stratégiques et opérationnelles ainsi qu’un état de la menace annuel, document transversal et unique en France.

Il intervient également dans des dossiers complexes, en appui des services d’enquête. Mes équipes ont ainsi participé à de belles réussites opérationnelles dans des enquêtes contre la mafia italienne en France, les motards criminalisés ou, encore, l’exploitation de millions de communications entre criminels utilisant l’opérateur de téléphonie cryptée Sky ECC.

J’ai pu intervenir à de nombreuses reprises dans des enceintes variées pour parler des menaces criminelles et des stratégies de lutte (ENSP, ENM, IHEMI, Académie du renseignement, DACG, Sénat, Commission européenne, ENAP, Sciences Po, DUSI Nancy, …).

Le volet international est également prenant. J’ai beaucoup appris en échangeant avec les services homologues en Europe (Espagne, Italie, Lettonie, Belgique, Pays-Bas, Royaume-Uni, Allemagne, Suisse, Grèce, Croatie, …) et dans le monde (Panama, Émirats Arabes Unis, Balkans occidentaux, USA, …) ainsi que les organismes internationaux (Europol, Commission européenne, Interpol, ONUDC, …). Cela se traduit également par la participation à de multiples actions telles que EL PACCTO, EMPACT ou à des réseaux spécialisés (@ON, ENAA, …).

Ces échanges multiculturels et pluridisciplinaires sont une grande richesse et une source de motivation au quotidien. Mon appétence pour l’international m’a logiquement conduit vers Interpol.

  • Le retour d’expérience mitigé 

« Mitigé » n’est pas le bon terme. Il reste beaucoup à faire pour pleinement intégrer le renseignement criminel dans les stratégies de lutte contre la criminalité. Il y a eu des progrès conséquents mais cela passera par une professionnalisation accrue de cette filière au sein de la Police pour consolider les acquis et attirer des ressources. Elle peut apporter encore plus !

Depuis novembre 2021, vous êtes en sus porte-parole adjoint de la Police nationale pour l’investigation

  • En d’autres termes, que cela signifie-t-il ? 

Le porte-parolat s’est considérablement développé dans la police nationale sous la supervision du SICoP. Le réseau s’est constitué autour d’experts pour communiquer plus efficacement sur les sujets très variés de la Police nationale et mette en avant les compétences et savoir-faire.

A mon arrivée, il m’a été proposé, ainsi qu’à ma collègue Seraphia SCHERRER, de porter la parole de l’investigation auprès du public. Mon appétence pour ce type de mission et mon positionnement au sein du SIRASCO, m’ont conduit à accepter cette mission complémentaire.

  • Le retour d’expérience, quel est-il ? 

Au total, j’ai réalisé plus de 80 actions de communication aux médias presse et audiovisuels.

C’est une expérience particulière qui m’a permis de mieux connaître ce monde. Le public est très intéressé par nos sujets. La sécurité est une préoccupation pour nos concitoyens. La parole de la Police est précieuse puisqu’elle apporte une analyse technique basée sur la pratique et qui est dépassionnée.

Quel bilan global sur ces 2 années d’expérience ?

Bilan plus que positif. Je suivais le travail du SIRASCO et étais en contact avec mes prédécesseurs depuis plusieurs années. Je savais que je m’y épanouirai. Ce service est exigeant et atypique dans le paysage police. Il laisse une marge de manœuvre non négligeable, ce qui était important pour moi, et permet une vision complète des sujets de la police judiciaire. J’ai beaucoup appris et investi dans cette équipe.

Je vous cite « avoir le plaisir de rejoindre les rangs d’INTERPOL (Lyon) au 1er septembre 2023 en tant que sous-directeur en charge de l’analyse criminelle (CAS) ». En premier lieu, félicitations !

  • Que gère Interpol ? 

Merci ! C’est un grand honneur de rejoindre cette structure que je connais depuis mes débuts en PJ pour avoir eu accès à ses services dans mes précédentes fonctions. Par exemple, le SIRASCO participe, notamment, aux projets « ICAN » contre la ‘Ndrangheta, en tant que point focal national, et « Millenium » sur la criminalité eurasiatique.

INTERPOL est une organisation intergouvernementale dont le nom complet est « Organisation internationale de police criminelle ». Créée en 1923, elle fêtera ses 100 ans le 7/9/2023.

Loin des clichés véhiculés par le cinéma, Interpol n’est pas une police internationale. Cependant son rôle est essentiel : faciliter la coopération entre les polices des pays membres (195 aujourd’hui) et apporter un appui technique et opérationnel ainsi qu’un accès à des bases de données très pointues.

  • Vous serez sous-directeur en charge de l’analyse criminelle (CAS). Quelles missions vous attendent ?

Il s’agit de la structure en charge de l’analyse stratégique et opérationnelle d’Interpol. Un SIRASCO mondial, pour ainsi dire. Mes missions seront d’encadrer une équipe multiculturelle d’analystes et de techniciens et de superviser les chantiers d’ampleur qui lui sont confiés, tels que ENACT (appui au développement des capacités d’analyse des pays africains) ou INSIGHT (projet technologique visant à créer une plateforme sécurisée, intelligente et évolutive qui permettra de relever les défis liés aux mégadonnées (Big Data).

Vos lecteurs pourront trouver plus d’informations sur le site internet d’Interpol (https://www.interpol.int).

J’ai hâte de rejoindre l’équipe en septembre et d’apporter mes compétences pour avancer sur ces sujets majeurs.

Avant de nous quitter, avez-vous des messages à faire passer ?  

Je remercie l’équipe du SIRASCO et lui souhaite le meilleur pour relever les défis à venir. Je souhaite bon courage et pleine réussite à ma successeur, le Commissaire divisionnaire Annabelle Vandendriessche.

Je remercie également ma hiérarchie PJ qui m’a fait confiance et donné tout l’appui nécessaire pour tenter ma chance à Interpol. Notamment, j’ai bénéficié d’une aide précieuse de mes collègues de la Direction de la coopération internationale opérationnelle (DCIO) de la DNPJ : Emmanuel ROUX, Alexis DURAND et Agnès FOURNIER DE SAINT MAUR).

La PJ reste ma maison de cœur au sein de la Police nationale.

Enfin, je suis honoré de la confiance que les recruteurs, et futurs collègues, m’ont témoigné en me recrutant. Je ferai au mieux pour en être digne.

 

Un remerciement pour la prise de parole sur Miss Konfidentielle. Vous êtes toujours le bienvenu et je vous souhaite une excellente expérience à Lyon !


Note importante : il est strictement interdit de copier tout ou partie de l’article.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.