Interview du colonel Frédéric POULAIN, Chef de la Division Régionale des Réserves pour la Région de gendarmerie d’Ile-de-France (RGIF)

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Préambule – Meilleurs vœux à tous ! L’année 2023 a deux marqueurs majeurs pour Miss Konfidentielle : la présence au défilé le 14 juillet (photo en Une) place de la Concorde au côté du ministère des Armées et la collaboration à la Conférence régionale “Strengthening the fight against crimes that affect the environment in south-east Europe(Renforcement de la lutte contre la criminalité environnementale en Europe de l’Est) en Croatie (13-16 novembre) aux côtés de la Direction de la coopération internationale de sécurité (police et gendarmerie) et de l’ambassade de France en Croatie. 

L’année 2024 s’annonce riche d’interviews, d’articles qui font l’actualité… et de surprises ! Pour aller plus loin, je vous invite à poursuivre votre lecture sur le site et à me rejoindre sur le réseau social LinkedIn

La première interview de l’année 2024 : le colonel Frédéric POULAIN

La première interview de l’année : je me tourne vers mes amis de la Gendarmerie nationale. Souvenez-vous !  Le 09 novembre 2020, je cassais les codes en réalisant l’interview du colonel Frédéric Poulain, commandant le 1er Régiment d’Infanterie de la Garde républicaine. Une rencontre pleine d’enthousiasme et d’humour autour d’un déjeuner privé dans l’enceinte de la Caserne RATHELOT.

Le 08 janvier 2024, je publie une seconde interview de Frédéric tout aussi passionnante qui nous permet de suivre son parcours De la Garde républicaine à la Division Régionale des Réserves pour la Région de gendarmerie d’Ile-de-France (RGIF) ! Nous sommes au Fort de Charenton dans son bureau.

Bonjour Frédéric,
Quel est le bilan de votre mission à la Garde républicaine ? 

Les 3 années passées à la tête du 1er régiment d’Infanterie de la Garde républicaine de août 2020 à août 2023 ont été intenses.

Cela était un grand honneur de commander ce prestigieux régiment à plusieurs titres.

D’abord parce que c’est le régiment du président de la République que l’on appelle aussi le régiment présidentiel.

Ensuite parce que les personnels, les militaires qui composent ce régiment accomplissent au quotidien des missions qui sont peu connues, qui sont extrêmement valorisantes. Ils assurent la surveillance, la sécurité de toutes les emprises présidentielles et puis tout simplement la sécurité du président de la République.

C’est une mission noble qui est extrêmement dure avec des services de garde qui sont pénibles et je leur tire mon chapeau.

Ce sont des gens encore une fois très discrets, qui travaillent dans l’ombre mais qui exercent le rôle fondamental de garde prétorienne du président.

Si vous aviez deux marqueurs extrêmement forts de cette période à partager, quels seraient-ils ?

Je commence par l’investiture du président, le 7 mai 2022, dans les jardins du palais de l’Élysée. Un moment extrêmement fort d’une part parce que le chef de l’État était face à moi. De plus, j’avais énormément d’unités à citer pour présenter le dispositif au Président.

Et puis un moment extrêmement émouvant puisque le Président avant tenu à convier les chefs de corps de tous les militaires qui étaient décédés lors de son premier mandat au combat.

Donc un moment riche en émotions.

Et puis le second marqueur extrêmement fort, riche est est mon dernier 14 juillet où j’ai rendu pour la troisième fois les honneurs militaires au président de la République. Le 14 juillet est suivi par 12 millions de personnes et cela est un honneur de rendre les honneurs au nom de la Gendarmerie nationale au chef de l’État, chef des Armées.

Cérémonie du 14 juillet 2023 avec le général Christian RODRIGUEZ (DGGN) place de la Concorde, Paris ©Valérie Desforges
Cérémonie du 14 juillet 2023 – La patrouille de France depuis la place de la Concorde, Paris © Valérie Desforges

Un bilan qui inspire le respect. Un remerciement d’avoir assuré la surveillance, la sécurité de toutes les emprises présidentielles et la sécurité du président de la République. Une haute responsabilité de l’État français.

Depuis vous avez changé de fonctions. Racontez-nous…

Depuis le 1er août 2023, j’ai pris les fonctions de Chef de la Division Régionale des Réserves pour la Région de gendarmerie d’Ile-de-France (RGIF).

Cela comprend actuellement 1980 réservistes opérationnels 1er niveau répartis dans les 4 groupements de gendarmerie d’Ile-de-France puis au sein de l’État-major.

La mission que m’a confié le GCA Xavier DUCEPT, Commandant de la région de gendarmerie d’Ile-de-France et la zone de défense de Paris, est de monter en puissance la réserve opérationnelle notamment dans la perspective des JO2024.

Donc c’est un enjeu majeur et je suis particulièrement fier d’être à la manœuvre.

Quels sont les profils des réservistes opérationnels recrutés de la région gendarmerie de l’Ile-de-France ?

La question est vraiment intéressante puisque la région Ile-de-France est la seule région sur tout l’hexagone à avoir cette typologie de réserve.

Je m’explique. Nous avons essentiellement des actifs qui ont une activité professionnelle et qui s’engagent, et énormément d’étudiants.

Lors de notre dernière préparation militaire de la gendarmerie (PMG) réalisée au mois d’août 2023, on avait sur 200 militaires répartis à hauteur de 50% d’actifs et 50% d’étudiants. Une grande partie des jeunes avait minimum bac+5 et bon nombre d’entre eux sont candidats officiers en recrutement universitaires. 40% des femmes sont autant diplômées que les hommes avec des profils d’ingénieurs, des profils extrêmement intéressants. Le réserviste moyen est âgé de 22 ans et-demi.

En Ile-de-France, on a une particularité : seulement 4% de la réserve opérationnelle est composée d’anciens de l’Arme. L’explication est que nos anciens quittent la région parisienne pour aller s’installer en province. Une autre particularité : tous les jours nous avons en moyenne 160 à 170 réservistes engagés sur le terrain et pendant les périodes de vacances scolaires nous avons des pics d’activité puisque les étudiants sont davantage disponibles.

Il faut savoir que les réservistes servent leur pays et ils ont aussi une rémunération. La rémunération n’est pas le motif premier mais elle existe et elle est nette d’impôt.

Quelle était votre première initiative lors de votre prise fonction le 1er août 2023 ? 

Ma première initiative a été de souhaiter rencontrer les jeunes qui s’engageaient dans la préparation militaire de la gendarmerie.

La préparation militaire de la Gendarmerie dure 3 semaines, elle est assez dure et je voulais me rendre sur place pour découvrir qui sont ces jeunes qui acceptent de consacrer 3 semaines de leur temps de vacances scolaires à une PMG pour servir leur pays.

Préparation militaire de la RGIF en août 2023 en présence du colonel Frédéric POULAIN © RGIF (Gendarmerie nationale)

J’ai tenu à me déplacer et lors de mon déplacement j’ai demandé à un jeune de nous réaliser des capsules qui seront diffusées ensuite sur TikTok et sur la chaîne YouTube du Centre d’informations et de Recrutement de Paris (CIR-Paris) pour convaincre d’autres jeunes à signer un engagement à servir dans la réserve. Il faut absolument qu’ils se rendent compte de ce que l’on y fait. Ainsi, on a filmé des ruptures de rythme, des activités nocturnes, de la maîtrise sans arme de l’adversaire, des séances de tir, des séances de contrôle routier…

Les réseaux sociaux sont un vecteur de recrutement de manière à ce que les jeunes qui s’engagent aient bien connaissance de ce qui les attend. Il est important qu’ils sachent et qu’il n’y ait pas de mauvaise surprise.

Les réservistes opérationnels doivent être en forme physiquement.
La formation est dense et les ruptures de rythme sont nombreuses. Ils vivent dans des chambres collectives, portent un treillis et se préparent à des missions de contrôle de véhicules… Ils apprennent pour leur sécurité des actes réflexes pour ne pas s’exposer inutilement.

Un ensemble d’éléments auxquels il faut se préparer et permettre de voir, de s’imprégner est important. Les techniques enseignées sont identiques à celles des militaires d’active.

Préparation militaire de la RGIF (gendarmerie) en août 2023 en présence du colonel Frédéric POULAIN © GND (r) LAURENT

Permettre de voir pour comprendre avant de s’engager dans la réserve opérationnelle, une initiative efficace.

La montée en puissance de la réserve opérationnelle s’est traduite de quelle manière depuis votre expérience à la dernière préparation militaire de la gendarmerie (PMG) ?

La montée en puissance de la réserve opérationnelle cela veut dire recruter, cela veut dire former, cela veut dire faire vivre une réserve. Donc beaucoup de choses à faire.

Il faut également mettre en valeur l’activité de nos 1980 réservistes à ce jour. Une personne civile qui s’engage à servir son pays force le respect. Cela l’honore et cela nous oblige. Donc en contrepartie, il faut que l’on soit à la hauteur dans les événements qui marque la vie de chaque réserviste. Je les jalonne avec un écrit personnalisé, que cela soit un moment heureux ou malheureux.

Cela sera construit, il s’agit de faire rayonner cette réserve. Et faire rayonner cette réserve c’est découvrir de nouveaux vecteurs de communication tels que LinkedIn et je souhaite que l’on investisse également d’autres vecteurs qui touchent la jeunesse (Instagram…). Cela fait partie des projets.

Comment la fin de l’année 2023 a-t-elle été marquée ?

Ce qui a marqué la fin de l’année a été l’engagement des réservistes dans les missions de sécurisation des fêtes de fin d’année. J’en vois deux essentiellement.

La mission Poséidon, une mission d’intérêt national, qui se réfère à la lutte contre l’immigration irrégulière et clandestine dans le département du Pas-de-Calais et de la Somme. Des réservistes se sont engagés à passer Noël ou le jour de l’An à lutter contre ce fléau et cela force le respect. Il s’agit d’étudiants, d’anciens d’active et des actifs, il n’y a pas de profil type pour cette mission. Cela force le respect.

Et il y a ceux qui ont renforcés les unités d’active au moment des dispositifs de sécurisation des voies publiques de fin d’année. Des réservistes ont accepté de s’engager dans la nuit du 31 décembre par exemple. Cela est vraiment à mettre au crédit de cette réserve.

Depuis que je suis arrivé, je rencontre des gens extraordinaires, motivés, brillants qui servent leur drapeau et qui sont prêts à aller jusqu’au sacrifice ultime.

Le recrutement des réservistes opérationnels de la Région de gendarmerie d’Ile-de-France se fait-il dans le cadre de partenariats ?

Lorsque le CIR – Paris se déplace sur des forums, lorsqu’il intervient dans des bassins universitaires par exemples, il parle de la réserve et indique la marche à suivre pour candidater dans l’un des 4 groupements de la réserve gendarmerie d’Ile-de-France. Le site internet Minot@ur est précisé pour accompagner les jeunes qui s’intéressent à la réserve.

Un point que nous n’avons pas encore abordé est que la réserve de la Garde républicaine ne fait pas partie de la réserve gendarmerie d’Ile-de-France. Pour autant, elle nous apporte de plus en plus son soutien. La réserve de la Garde républicaine c’est 530 réservistes donc un vivier intéressant pour accomplir des missions quotidiennes.

Permettre aux jeunes d’intégrer la réserve opérationnelle auprès d’anciens de l’Arme est probablement une formidable opportunité de partage d’expériences. Avez-vous des retours sur ce sujet ?

Chaque expérience sur le terrain est unique et chaque réserviste a son ressenti. Ce que je sais c’est qu’il ressort avant tout une grande fierté de porter l’uniforme et d’appuyer les unités d’active. C’est ce que l’on perçoit le mieux.

Ensuite, tous les échanges que les jeunes ont avec les personnels d’active ou plus expérimentés ou au contraire des gendarmes volontaires du même âge qu’eux pendant 25 ou 30 jours dans une année sont enrichissants.

L’année 2023 est passée, nous sommes le 08 janvier 2024, que souhaitez-vous dire au titre de Chef de la Division Régionale des Réserves pour la Région de gendarmerie d’Ile-de-France ?

L’année 2023 aura été riche puisque la réserve a répondu « présente ». Elle était à tous les rendez-vous majeurs.

Nous avons une cible théorique à atteindre dans la perspective des JO2024 de 2400 réservistes puis une cible à  3300 pour une réserve opérationnelle gendarmerie nationale à 50 000 en 2027. Donc l’enjeu est majeur.
Cela signifie que l’on ne peut pas monter la réserve seul. Je souhaite saluer toutes les équipes qui travaillent au profit de la réserve, cela veut dire la section de gestion du réserviste (D2R) basée à Maisons-Alfort ; les sections de réserves des 4 groupements puisqu’ils font le maximum : ils recrutent, ils gèrent les dossiers, ils prennent en compte les rendez-vous des visites médicales, ils gèrent les entretiens de recrutement. Tout le monde fait un travail formidable au service de ce bel outil opérationnel que constitue la réserve.

Je souhaite le meilleur à tout le monde pour l’année 2024 avec en point de mire les Jeux Olympiques où la réserve sera massivement engagée, on le sait, dans différents types de missions opérationnelles. Des missions de sécurisation de sites, de sécurisation dans les transports… La réserve s’est engagée, les réservistes sont pour certains déjà engagés sur leurs disponibilités qui peut varier d’une journée à un mois, un mois et demi. Ils veulent faire partie de l’événement, pouvoir dire « J’y étais ». Et cela est vraiment à mettre au crédit de la réserve.

Conclusion – Tous mes vœux de succès dans le recrutement, la formation, la sécurisation des sites et de nos citoyens appuyés par des réservistes de la gendarmerie engagés ! Je transmets les vœux de la RGIF aux lecteurs.

La RGIF nous adresse ses meilleurs voeux pour l’année 2024 !

Note importante : il est strictement interdit de copier tout ou partie de l’article.

Photo en Une : (gauche) Colonel Frédéric POULAIN, Commandant du 1er régiment d’infanterie de la Garde républicaine, cérémonie du 14 juillet 2023 Place de la Concorde, Paris © Valérie Desforges

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